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Des indésirables à la table de la FAO

Publie le mercredi 4 juin 2008 par Open-Publishing
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Des chefs d’État et de gouvernement du monde entier convergeront lundi à Rome, en Italie, pour prendre part au sommet du fonds des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) sur la sécurité alimentaire.

La rencontre de trois jours tentera de trouver des remèdes à la flambée des prix des denrées alimentaires qui frappe de plein fouet les pays pauvres et qui provoque des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie.

Les travaux du sommet seront inaugurés par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui est déjà arrivé sur place. Il devrait annoncer un plan d’action élaboré en concertation avec le FMI et la Banque mondiale et qui contiendrait des principes d’action pour faire face à la hausse des prix.

Ce plan d’action devrait être mentionné dans la déclaration finale du sommet, en vue d’une éventuelle adoption à l’Assemblée générale de l’ONU à New York, en septembre prochain.

Le sommet pourrait aussi être sanctionné par la création d’un fonds d’urgence pour l’aide alimentaire d’urgence, même si son but n’est pas de collecter des fonds. La FAO réclame de 1,2 à 1,7 milliard de dollars pour des programmes urgents de distribution de semences et de fertilisants afin de sauver la production agricole de l’année 2008-2009.

La conférence devrait aussi définir de nouvelles normes pour la culture de biocarburants, qui est désignée comme responsable de la hausse des prix des céréales.

Inquiétudes

Selon un rapport conjoint publié cette semaine par la FAO et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les prix agricoles demeureront à des niveaux très élevés au cours de la prochaine décennie, même s’ils devraient progressivement redescendre des sommets atteints ces derniers mois.

Plusieurs organisations ont émis des craintes et des critiques à la veille du sommet de la FAO. La semaine dernière, le Comité international de la Croix-Rouge a tiré la sonnette d’alarme pour mettre en garde la communauté internationale contre l’impact de la crise alimentaire mondiale sur les millions d’habitants de zones de conflits armés.

D’autres ONG et associations de pêcheurs et d’agriculteurs ont critiqué les politiques dans le domaine de la sécurité alimentaire. « Nous avons les assiettes vides et un vide dans les politiques [alimentaires]. Laissez-nous protéger un système agricole qui nourrit le monde et rafraîchit la planète », a déclaré Paul Nicholson, un dirigeant de La Via Campesina, un mouvement international d’agriculteurs.

Des indésirables

Signe que la crise alimentaire devient de plus en plus inquiétante, le sommet de la FAO à Rome verra la participation de nombreux chefs d’État. Y assisteront, entre autres, les présidents français Nicolas Sarkozy, argentin Cristina Kirchner, brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, égyptien Hosni Moubarak et iranien Mahmoud Ahmadinejad, ainsi que les premiers ministres espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et japonais Yasuo Fukuda.

Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, et le président du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, seront également présents.

Le président zimbabwéen Robert Mugabe est arrivé dimanche soir à Rome, même s’il est interdit de séjour dans l’Union européenne. Il a toutefois pu accéder au territoire italien grâce à une dérogation ponctuelle. Il s’agit de son premier voyage à l’étranger depuis les élections générales du 29 mars, dont l’issue est encore incertaine, mais qui préfigurent une déroute du régime en place.

La présence de Mugabe au sommet de la FAO est « particulièrement regrettable [...] étant donné sa contribution aux difficultés liées à la situation alimentaire au Zimbabwe », a estimé lundi le porte-parole du premier ministre britannique Gordon Brown.

Pour sa part, le ministre australien des Affaires étrangères, Stephen Smith, a jugé « obscène » la présence de Robert Mugabe, car « c’est la personne responsable de la famine dont souffre son peuple. C’est la personne qui a utilisé l’aide alimentaire à des fins politiques ».

La présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad en Italie crée aussi des remous. Outre les critiques de l’ambassadeur d’Israël en Italie, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a déjà refusé de le recevoir en tête à tête.

Plusieurs associations et partis de gauche italiens ont appelé à une manifestation de protestation mardi à Rome contre la venue des présidents Ahmadinejad et Mugabe.

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