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OGM : L’empire MONSANTO

Publie le mercredi 11 juin 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

OGM : L’empire MONSANTO
Si les Etats-Unis sont la terre d’élections ses OGM (Organismes génétiquement modifiés), la multinationale Monsanto en est son prophète. Venue à Genève et à l’ONU présenter son livre, Le monde selon Monsanto (qui a fait l’objet d’un documentaire sur la chaîne de télévision Arte), Marie-Monique Robin livre un vrai réquisitoire contre cette multinationale, basée à Saint-Louis (Missouri). Pourquoi cette compagnie ? Parce qu’elle possède 90% des OGM cultivés dans le monde, qu’elle met la main « sur les semences du monde » au mépris de la biodiversité et en privatisant cette richesse naturelle grâce à des brevets sur la propriété intellectuelle. Les autres compagnies (Aventis, Syngenta, DuPont, Dow, Basf) actives dans le secteur sont, en comparaison, des « nains » selon la journaliste d’investigation.
Mais reprenons depuis le début. Entreprise centenaire, Monsanto est au départ spécialisée dans les produits chimiques. Au cours du XXe siècle, elle vendra aussi bien des polychlorobiphényles (PCB), du polystyrène, des herbicides, que des composantes de l’agent orange pendant la guerre du Vietnam ou la très controversée hormone bovine de croissance laitière BST (commercialisé sous le nom de Posilac).

Complicité de la FDA

Dans les années 80, l’entreprise prend le virage de la biotechnologie avec « l’appui » de la Food and drug administration (FDA) du gouvernement américain (Bush père puis de Clinton). Peu de tests sont réalisés sur les nouveaux produits au nom du « principe de l’équivalence en substance ». « Cette autorisation de mise sur le marché de produits OGM a été une décision politique, de l’aveu même de James Maryanski, ancien ponte du service et non scientifique », rappelle Marie-Monique Robin. Ce principe consiste à affirmer que des organismes existant à l’état naturel et déjà utilisés dans l’alimentation, et qui ont donc prouvé leur innocuité, sont équivalents à des produits composés d’OGM ou issus de ces derniers. La législation américaine, où souffle un vent fort de « déréglementation » néolibérale, sera reprise dans le monde entier. Dans son documentaire et son livre, Marie-Monique Robin tire à boulets rouges sur le système de chaises musicales (revolving doors) qui permet que des huiles de l’administration, comme l’ancien secrétaire au commerce américain, Mickey Kantor, puissent passer, sans autre, au conseil d’administration de la multinationale.
Fort de cette législation, le premier soja transgénique Roundup apparaît en 96. Il a été breveté pour résister à l’herbicide de Monsanto, le produit le plus utilisé dans le monde. Pour les grands céréaliers américains, cette variété permet un gain de temps et d’argent comme le vante John Hoffman, le vice président de l’association américaine du soja, défenseur inconditionnel de la biotechnologie.

Des sols exténués

Cette invention permet-elle de réduire l’épandage de pesticide ? C’est tout le contraire selon Marie-Monique Robin et l’organisation écologique Greenpeace. « En Argentine ou aux USA, les quantités de pesticides utilisées ont augmenté. Avec une plante résistante à l’herbicide, l’agriculteur peut utiliser le produit tout au long de sa croissance. Ce qui n’est pas le cas avec une plante non-modifiée ». La mise sur le marché de plantes OGM Bt (du nom d’une bactérie, la Bacillus thurigiensis, introduite comme insecticide dans une plante) n’a pas changé la donne. « D’après le professeur Benbrook, agronome et ancien secrétaire de l’Académie des sciences des Etats-Unis en charge de questions d’agriculture, on retrouve 10’000 à 100’000 fois plus d’insecticide dans un champ de maïs Bt que dans une culture de mais non transgénique », souligne Greenpeace. « Il n’y a pas de bons OGM », juge Marie-Monique Robin. La biotechnologie favorise-t-elle de meilleurs rendements ? Non selon Greenpeace. Le soja Roundup offre des rendements inférieurs de 5à 15% par rapport aux variétés de soja traditionnel. « Les filières coûtent chers. En Allemagne, les semences de maïs transgéniques Bt reviennent 35 euros plus cher par hectare à l’agriculteur ».
Dans son documentaire, Marie-Monique Robin tire aussi la sonnette d’alarme sur les dangers produits par la dissémination des OGM dans la nature. Au Paraguay, l’utilisation de plantes transgénique transforment les transforment les champs en « déserts verts », soumis à une stricte monoculture. « En Argentine, les sols sont intoxiqués, morts. Pour favoriser la croissance du soja transgénique, on multiplie les nouveaux cocktails d’herbicides ». Au Mexique (pays qui a pourtant interdit le maïs OGM), les communautés rurales du sud du pays voient, apparaître des mutants de cette plante, du fait de la dissémination, dans les champs de la province d’Oaxaca. Un patrimoine naturel de 10’000 ans et de 150 variétés de maïs est ainsi mis en péril. Une perte pour l’humanité. Marie-Monique Robin en appelle à une prise de conscience de la société et des consommateurs face à cette éradication de la biodiversité. « Aux USA, les agriculteurs qui veulent produire du soja naturel, sont maintenant obligés d’importer des semences de l’étranger ». Mainmise grandissante de Monsanto : ces dernières années, la compagnie a racheté une soixantaine de compagnies de semenciers dans le monde (notamment Cargill seeds ou l’Indien Mahyco).

Des suicides de paysans

Si la dépendance des paysans à la firme à travers des contrats contraignants a déjà été largement documentée, Marie-Monique Robin montre les conséquences de ce nouvel asservissement des paysans. Dans le sud de l’Inde (Maharashtra, Andra Pradesh et Karnataka), on dénombre des milliers de suicides de paysans. Acculés à l’endettement par leur investissement dans une production de coton Bt, ils n’ont que cette échappatoire pour fuir la désespérance.
« La première révolution verte dans les années 60 était conduite par les pouvoirs publics, la révolution transgénique est conduite pour le seul profit des entreprises privées et de leurs actionnaires (qui peuvent soit dit vous ou moi à travers les fonds de pension, ndlr) », souligne Vandana Shiva, critique de ces deux étapes et fondatrice de l’association « Navdanya », association pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des fermiers.
Malgré toutes ces tares, les OGM continuent pourtant d’étendre leur emprise. En 2005, le nombre d’hectares de culture transgénique s’élevait à 90 millions d’hectares (soit 6% des surfaces agricoles mondiales). Cinq pays comptent à eux seuls les 95% des cultures transgéniques. Premier du classement : les Etats-Unis (avec près de 50 millions d’hectares). Suivent l’Argentine (17,1 millions), le Brésil (9,4 millions), le Canada (5,8millions) et la Chine (3,3%). L’Europe, de son côté résiste. Seule l’Espagne cultive des OGM. L’Allemagne, la France, le Portugal et la république tchèque en ont semé quelques centaines d’hectares en 2005. Rappelons aussi qu’aujourd’hui, le soja présente 60% des cultures OGM, le maïs 24%, le coton 11% et le colza 5%.
Face à cette déferlante, Marie-Monique Robin croit au pouvoir des citoyens et des consommateurs qui doivent se mobiliser pour s’opposer à cette uniformité transgénique. Mais il y a urgence, car un champ d’OGM qu’on voudrait remplacer par une plantation naturelle doit attendre au moins 15 ans avant d’être replanté. Elle en appelle aussi à plus de transparence. Si l’étiquetage des aliments existe en Europe, tel n’est pas le cas aux Etats-Unis, où le consommateur ne sait pas s’il ingurgite un produit avec ou sans OGM. « Si ce type d’indication existait, je suis persuadée que le consommateur américain refuserait les produits OGM », souligne-t-elle. Elle plaide pour une généralisation de cet étiquetage aux animaux de plus en plus nourris aux OGM. Son livre traduit en neuf langues et qui devrait aussi sortir aux USA (« après relecture de trois cabinets d’avocats », plaisante la journaliste) devrait permettre d’ouvrir les yeux du monde.
JDr

Messages

  • MONSANTO le plus grand criminel de la planète et de tous les temps ! C’est lui qui empoisonne toutes les terres, quand il n’est pas impliqué dans les sales guerres ! Combien de morts a-t-il à son actif depuis 100 ans ?

    Donc, il revient une fois de plus aux consommateurs en bout de chaîne de refuser de manger des OGM, soit directement soit par le biais des animaux qu’il consomme ! Donc, un étiquetage doit être obligatoire !

    Et comme près de 80 % des français n’en veulent pas, l’agriculteur niais ou naïf prend de lourdes responsabilités à s’engager dans les OGM, parce que s’il veut revenir en arrière, il devra attendre 15 ans de sa vie avant d’engranger des bénéfices ! Que de temps perdu, gaspillé !

    • oui , refuser de consommer des ogm , je suis à 1000 pour cent pour . Mais que faire aupres de nos politiques qui ,eux ,vont à l’encontre de 80 % des français et votent des lois iniques ?

    • En fait, il faudrait arriver à faire venir à la surface le problème des l "lobbistes", ces VRP de grands groupes de pression de droite et d’intérêts particuliers qui tournent autour de nos députés pour leur forcer la main sur tel ou tel dossier lors de votes. Le système politique est complètement dévoyé au parlement. Nous, nous leur confions un mandat clair et net et à l’autre bout ils sont noyautés par ces fameux "lobbistes".

      Quand arrivera-t-on à mettre ça au grand jour ? Tous les électeurs doivent prendre conscience de ce fléau qui dénature la politique !

  • Pour l’heure, seule l’Espagne développe une production de mais transgénique d’importance en Europe. Autant dire que si l’UE décide de se favoriser les OGM, cela se fera 1.sous l’emprise de Monsanto, qui détient 90% du marché mondial.
    2. contre la volonté de tous les citoyens-consommateurs européens. Bref, économiquement aberrant et politiquement anti-démocratique
    René Valentin

  • On est là face à l’exemple type des dégâts que peuvent créer les grands groupes financiers.
    L’immédiat de leurs revenus est plus important que l’avenir de l’humanité

    Et que font nos élus qui ont la lâcheté de leur céder ?

    Et que font les associations de consommateurs qui devraient faire de ce type de problème un combat prioritaire ?

    Et que font les médias qui au lieu de consacre la moité des journaux télévisés aux résultats du foot ( et je n’ai rien contre le foot) feraient mieux de relayer ces évènements d’une importance capitale ?

    Et que faisons nous, nous qui sommes informés ?car nous nous contentons d’être indignés et n’avons pas forcément le courage d’aller arracher les OGM en plein champs.

    Il sera pourtant bien réagir un jour avant que l’avenir alimentaire de la planète n’ait subit des dégâts irréversibles

    Hubert

  • Je vous conseille vraiment de lire "le monde selon monsanto", ca donne beaucoup d’arguments contre les OGM....et tout le reste. Par contre c’est très très déprimant quand on voit tout ce qui se passe.... : (