Accueil > Et si l’Irlande faisait son "29 mai" !

Et si l’Irlande faisait son "29 mai" !

Publie le mercredi 11 juin 2008 par Open-Publishing
14 commentaires

de Bernard Duraud

Le ralentissement économique et les difficultés sociales font monter le scepticisme à l’égard de l’eurolibéralisme et pèsent sur le référendum. Le "Non" est donné gagnant dans un sondage pour l’Irish Times.

Le premier ministre irlandais,
Brian Cowen,
il y a peu grand argentier
du pays, se veut
rassurant : ce qui a été bon
pour l’Irlande pendant près de
trente ans le sera encore après
le traité de Lisbonne, si bien
sûr il est ratifié. Les affiches appelant
au « oui », « Good for
Ireland, Good for Europe »,
lors du référendum sur le traité
de Lisbonne qui aura lieu demain,
sont là pour le rappeler
à tout instant. Mais le « Tigre
celtique » est essoufflé et le ralentissement
économique de
l’Irlande pèse lourdement sur
le scrutin.




Selon le dernier rapport de
la Banque d’Irlande
, en 2008,
la croissance devrait tomber à
1,9 % contre environ 5% en
2007 et 6,5 % en moyenne depuis
1994. La crise de l’immobilier,
le moteur du miracle irlandais
avec les industries de
pointe et les finances, et le resserrement
des conditions de
crédit frappent de plein fouet
la classe moyenne.

Face à ces mauvais indicateurs,
l’avenir du « modèle irlandais
 », cet exemple de réussite
économique et sociale cité
en Europe, « se dessine en
pointillés », souligne Clare
Batt, une enseignante dublinoise.
« La morosité est perceptible
chez les citoyens, tentés
par un vote négatif lors du
référendum à cause des prix du
gaz et de l’électricité qui ne cessent
d’augmenter ou de la maison
qu’ils ne peuvent pas ou
plus se payer. » Le marché de
l’emploi largement soutenu
par le recours à une forte population
immigrée (Européens
de l’Est, Africains, Chinois) est
comprimé, le taux de chômage
atteint les 5,5 %, du jamais-vu
depuis 1999.

Le Tigre celtique a généré
des inégalités sociales
et une
forte dépendance du pays aux
investissements étrangers,
américains (Intel, Google, Pfizer),
qui peu à peu délocalisent
leurs unités de production
dans les pays de l’Est européen,
malgré les conditions
avantageuses offertes dans ce
quasi-paradis fiscal comme le
faible taux d’imposition des
sociétés (12,5 %).

20 % D’IRLANDAIS
MENACÉS
PAR LA PAUVRETÉ

Mais toute tentative d’harmonisation
fiscale européenne
est âprement combattue par
des tenants du « non », comme
le milliardaire Declan J. Ganley,
trente-neuf ans. Son entreprise,
Rivada, construit des réseaux
de télécommunication
pour des entreprises et gouvernements
à travers le monde,
dont l’armée américaine. Cet
entrepreneur est également le
fondateur de Libertas, un petit
groupe menant une efficace et
riche campagne contre le traité
de Lisbonne. « Impôts. Ne laissez
pas Bruxelles rentrer par la
petite porte », proclame un slogan.
Libertas se fait ainsi
l’écho de la crainte majeure de
nombre de chefs d’entreprise
irlandais : perdre ce qui a fait
leur fortune.


Là n’est pas la question,
affirme pour sa part Sinn
Féin, comme pour s’éloigner
de cet encombrant voisinage.
Sinn Féin, principal parti représenté
au Parlement opposé
au traité, est le véritable pivot
d’un vaste comité « No Vote »
regroupant 14 organisations
de gauche. « Le traité de Lisbonne
est une vraie déception
en matière de droit du travail,
il n’aborde pas la question la
plus importante pour les travailleurs
européens : la protection
de leurs droits », explique
Mary-Lou McDonald,
en précisant qu’il délite encore
un peu plus les services
publics. « Il ne s’agit pas de
déterminer si nous sommes à
l’intérieur ou en dehors de
l’Europe, car nous sommes
déjà au coeur de l’Europe,
nous la voulons meilleure »,
explique l’eurodéputée du
groupe GUE/NGL.

L’ampleur des inégalités
sociales
met en péril le consensus
politique national basé notamment
sur un partenariat
syndicats-patrons-gouvernement
bridant actuellement
toute initiative revendicative
et provoquant le trouble chez
les syndiqués à l’heure où ils
s’apprêtent à voter (voir cidessous).
On estime aujourd’hui
à 20 % le nombre d’Irlandais
menacés par la pauvreté,
10 % sont pauvres, les
femmes et les chômeurs étant
les plus exposés. « Dans le
même temps, le nombre de bénéficiaires
des aides sociales
n’a cessé de croître alors que
les dépenses de protection sociale
de l’Irlande sont parmi
les plus faibles d’Europe », explique
Eugene McCartan, dirigeant
du CPI (Parti communiste)
et partie prenante du
collectif du « non ».

La question du système de
soins
est sans doute une des
plus aiguës que se posent aujourd’hui
les Irlandais. Elle
est un des thèmes récurrents
de la campagne. Malgré un
rattrapage, le système de
santé, que la coalition au pouvoir
entend privatiser en fermant
certains établissements
régionaux et en créant des
pôles d’excellence, comme un
peu partout en Europe, est en
retard. Ce n’est pour les partisans
du « non » qu’un prélude
à ce qui attend tous les
Européens, a fortiori avec le
traité de Lisbonne.

Bernard Duraud
envoyé spécial à Dublin

http://www.humanite.fr/Et-si-l-Irlande-faisait-son-29-mai

Messages

  • sauf erreur, l’Irlande est le seul pays où la ratification est soumise obligatoirement à référendum par la constitution, ne peut être faite par une "élite" parlementaire

    Tous nos journaux (exception faite de l’Huma) ont omis ce fait essentiel

    Faut-il s’étonner d’un tel acharnement de la classe politique et médias (tous aux mains des grands capitalistes) contre les Irlandais ?

  • Je souhaite et espère ardemment que le peuple irlandais bloque le cassage de l’Europe sociale.

    Respect si ils ont courage de dire NO !

  • For all the people of Europa, for a social Europa, against the trust, please irish people vote no.

    Friendly.

    The Red Fox

  • Et rien qu’en 24 heures, hier, les élites parlementaires ouistes ont adopté ce traité en Grèce, Finlande et Estonie.Et le fourbe Barroso en rajoute et "salue ce signal fort" donné aux Irlandais.
    De qui se moque-t-on ? On veut forcer la main des Irlandais ?

    Il devient de plus en plus clair -c’est ce que montre la réaction de Barroiso- que cette Europe est une Europe qui se construit contre les peuples et que les parlements nationaux sont de plus en plus coupés de leurs populations à tel point qu’ils en deviennent ridicules.

    Boris XX°

    Ps : je donne procuration aux Irlandais pour qu’ils votent Non en mes lieu et place étant donné qu’en France j’en ai été privé par Sarkozy et les socialistes.

  • j’ai peur que si le non l’emporte, comme cela ce précise !!!!

    que malgres tout, ont nous sorte un oui !!!

    ils sont tous tellement mafieux et malhonnêtes , ceux qui veulent nous imposer cette europe du capital.

    • Justement, j’aimerais bien savoir qui va garder les urnes cette nuit, car le comptage démarrera demain matin et les résultats seront connus demain soir.

      Si se sont les partis politiques, ou qui que ce soit, qu’ils vérifient qu’il n’y a pas de trou dans le fond du coffre-fort, histoire de changer les votes s’ils sont en faveur du NON majoritairement !

  • For us, all workers and european people, worker of irland, irish people, please, vote no.

    Pour nous, travailleurs et peuples d’Europe, travailleur d’Irlande, peuple irlandais, s’il vous plait, votez non.

    For a social europa, vote no.

    Pour une europe sociale, votez non.

    Salut fraternel.

    Friendly.

    The Red Fox

    Le Renard Rouge

  • j’ai peur que si le non l’emporte, comme cela ce précise !!!!

    que malgres tout, ont nous sorte un oui !!!

    ils sont tous tellement mafieux et malhonnêtes , ceux qui veulent nous imposer cette europe du capital.

    Inquietude confirmée,France Inter bulletin 12H :

    Toutes les urnes du pays seront depouillées ensemble a Dublin ,tout devient possible !!!

  • The Lisbon treaty is bad, and only bad, for all of us, workers, sick personns, old people, disabled, children, unemployed and so on.

    It’s bad for Ireland, it’s bad for France ,it’s bad for every european country.

    Many governments ( far too numerous, unfortunately) have STOLEN the choice of their people, by deciding not to organize a referendum.

    You, Irish men, Irish women, are our last chance to stop all that. Your people can be the voice of all the people.

    If you say no it is also a strong signal that we do not want this Europe.

    PLEASE, VOTE NO for all the voices in Europe which desired to say it but were empeached to do so by illegitimate politicians.

    THANK YOU

    LL

  • Pensée pour le peuple et la classe ouvrière irlandaise en butte à la clique anti-sociale, anti-démocratique de la nomenclatura européenne....

    Concert de casserolles cette nuit contre l’Europe du capital ?