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Communisme : la digue cèdera !

Publie le mercredi 18 juin 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

J’ai eu l’occasion de dire ici ce que je pensais de "la recomposition de la gauche". C’est une opération politique de plus, sans grande portée pour les intérêts populaires. Pourquoi ? Tout simplement parce que les forces qui entendent y participer renoncent à reconnaître la réalité de la lutte des classes et ont décidé qu’il n’y avait pas d’autre horizon que celui du "marché".

Il y aura toujours en politique des gens qui se penseront investis du pouvoir de penser pour les autres, qui vendront leur esprit critique pour un poste, qui se prostitueront pour quelques places auprès de mieux placés qu’eux dans la hiérarchie du pouvoir. Beaucoup de gens ont compris comment tout cela fonctionne et ils sont conscients que ces politiciens de droite comme de gauche sont à mille lieues des préoccupations réelles des citoyens.

Rien n’est plus ridicule pour un parti de faire de grandiloquentes déclarations sur le socialisme et en définitive de soutenir le capitalisme dans des actes très concrets, comme de s’abstenir face à des mesures criminelles contre le droit du travail, lesquelles vont conduire à un recul social sans précédent.

Alors, me dit-on, tu les mets tous dans le même sac ? Non pas du tout, autant il est compréhensible que les politiciens de droite ont tout naturellement la tâche de promouvoir le capitalisme, autant il est nécesssaire de démasquer la duplicité de tant de politiciens de gauche qui récupèrent les aspirations socialistes pour renoncer en définitive à combattre résolument le capitalisme. Toute l’histoire de la gauche de ces dernières décennies a été traversée par cette problématique.

"Alors en fait tu es un vieux stalinien, tu refuses l’évidence et la modernité, tu refuses d’accepter l’évidence : le capitalisme est indépassable, il faut le réguler, limiter sa nocivité" me disent certains. Non pas du tout, je ne suis pas stalinien, je suis communiste !. Je suggère simplement d’analyser la réalité de l’évolution des forces productives car c’est là que réside l’avenir du communisme, ce n’est pas une invention de mon cerveau : c’est la réalité en mouvement à laquelle se confronte la conscience des hommes, une réalité qui a ses exigences : concentration gigantesque de la production dans des unités qui sont des villes à elles seules, augmentation colossale de la productivité, accélération des échanges, prédominance de la finance, migrations humaines sans précédent, employabilité immédiate de centaines de millions d’hommes, harmonisation mondiale du droit du commerce, utilisation des nouvelles technologies dernier cri pour les transactions, phénomènes où tout est conçu pour augmenter l’accumulation du capital afin de rémunérer au mieux celui-ci. Toute cette révolution se fait au prix de sacrifices humains et écologiques jamais atteints dans l’histoire de l’humanité, des centaines de millions de victimes de la pauvreté, du chômage, de la précarité dont le nombre croît chaque jour beaucoup plus vite que celui des riches qui profitent du système justement sur la base de l’inégalité, intrinsèque au capitalisme. Cette paupérisation grandissante relativement aux richesses créées est la preuve que le capitalisme n’est pas le système qui peut donner une perspective de développement juste et durable à l’humanité.

"Alors tu veux nous rejouer le communisme avec prise du pouvoir par le parti pour imposer aux capitalistes l’étatisation de la société ? Mais ça on a dejà vu ce que ça a donné en Union soviétique, alors non merci !" Non pas du tout, je ne propose pas de rejouer ce très mauvais scénario qui a démoralisé tout le mouvement ouvrier et révolutionnaire et de surcroît a fait tant de victimes, en premier lieu les révolutionnaires eux-mêmes ! Je propose d’essayer la démocratie poussée au plus loin, c’est à dire de permettre à chacun et de façon définie par la loi, le droit d’apporter son expérience, son opinion, ses propositions sur tous les choix qui se font dans la société tant dans les entreprises que dans les institutions. Plus de domaine réservé à quiconque, obligation pour l’Etat de créer toutes les conditions pratiques de la participation des citoyens à la réflexion, l’élaboration, la mise en oeuvre et l’évaluation des projets. Droit à la formation et à l’éducation permanente en vue de cette citoyenneté moderne. Ne serait-ce prendre que quelques mesures en ce sens et le moteur de la révolution politique se mettra en marche parce que tout pousse à cela : l’affirmation de la créativité individuelle dans la stimulation coopérative pour résoudre les problèmes, répondre aux défis de notre temps. Il faut donc libérer la politique de son cadre surrané et faire confiance à l’initiative populaire en lui donnant les moyens de s’éclore et de se développer comme un objectif politique fondamental. Evidemment ce programme est insupportable pour tous ceux qui dirigent aujourd’hui la société et les entreprises, dont beaucoup sont convaincus que leur position dominante leur donne la légitimité d’être porteur de la science infuse. On a connu et il en existe encore, des souverains qui se pensent Dieu sur terre. Le dernier en date, cela ne lui a pas réussi, vient d’être détrôné au Népal. La tentation permanente du pouvoir fait perdre l’humilité, la modestie et l’empathie que l’on devrait à tout être humain. Elle conduit à la reproduction de rapports dominants-dominés structurés par la nature même de la lutte de classes.

"Alors tu penses vraiment que les gens sont capables de s’engager dans ton projet ? C’est peut être un peu trop utopique non ?" Je ne pense pas qu’il s’agisse de mon projet. Je n’ai rien inventé. Je crois pour écouter ce qui se dit autour de moi que cela correspond à une aspiration profonde des gens. Mais la plupart de nos concitoyens sont en souffrance non seulement à cause du chômage, de la vie chère, de la crise du logement, de la précarité, je crois qu’ils le sont aussi et surtout parce qu’on ne les considère pas à la hauteur de ce qu’ils méritent, parce qu’on ne les écoute pas, ou parce qu’on fait semblant de les écouter pour mieux leur confisquer le pouvoir.
Mais le moment se rapproche où la digue cédera, et le flot des exigences retenues se déversera sur toute la société. C’est là que réside l’avenir du communisme, bien loin de toute recomposition de la gauche. Telle est mon opinion, bien loin, elle aussi des tractations politiciennes, de positionnement derrière tel ou tel dirigeant ou tendance. Je suis un communiste indépendant de tout pouvoir parce que je suis d’abord un homme libre !

Messages

  • *jean-paul LEGRAND*, ta vie est UNE BELLE CRÉATION et tu la peaufines –AU FIL DU TEMPS- chaque fois plus CISELÉE*.

    Tu t’engages *de tout ton être* et ça se voit, et ça se sait !

    de CREIL à CARACAS en passant par PARIS tu files CONCRÈTEMENT *ta superbe MÉTAPHORE* que tu mets -au fil du temps- AU SERVICE DE L’À-VENIR de *l’humanité tout entière*.

    ta PENSÉE vécue/vraie -au plus profond- NOURRIT chacune de tes actions que tu poses avec compétence et dévouement -jour après jour- en TON QUOTIDIEN le plus prosaïque.

    tu te veux *COMPLET* et TU L’ES !

    en relisant toutes tes apparitions sur *BELLACIAO !!*, impossible de ne pas sentir ta capacité à tenir compte du Réel et à le transcender.

    nous aurions grand intérêt, tous -LECTEURS ASSIDUS- à te relire.

    IL N’ EST PAS UN MOT de toi QUI NE TENTE D’ÉCLAIRER au plus près du vécu des autres et de *chacun-de-nous* LE CHEMIN ... ankysté mais sain ... QUI CRIE QUE *LUTTER C’EST CRÉER* !

    FRATERNELLEMENT
    RBBR agio ;-) GRAPHE !

    • Tu as raison,le camarade Legrand voit juste et il mérite toute notre sympathie pour ses contributions.Encore faut-il qu’il soit entendu par une majorité de communistes proches de ses positions comme nous .

      Mis à l’index à Aubagne pour ma critique de l’alliance avec le Modem,j’ai démissionné de la direction de section en attendant les assemblées de préparation du Congrès .Le 20 Juin,première assemblée,je vais écouter les interventions pour voir si les camarades Aubagnais penchent pour ce nouveau parti de gauche ou s’ils préfèrent toujours la référence "communiste" comme objectif stratégique d’avenir ......L’alliance avec le PS a perverti notre parti et l’a affaibli dans les masses populaires et cela dure depuis l’époque Thorézienne.Mais nous ne voulons pas nous rappeler cette erreur historique et nous poursuivons dans cette voie mortifère pour le mouvement ouvrier.L’outil PCF n’est plus performant pour le mouvement populaire qui attend de nous un renouveau révolutionnaire à la mesure des attaques terribles du capital .

      Le camarade Legrand doit être accompagné dans sa démarche par des milliers de communistes en réflexion comme lui pour valoriser la future socièté communiste à construire dés maintenant sur une base autogestionnaire dans les entreprises et les quartiers de nos villes .La jeunesse mérite autre chose que l’appel de Politis et de dirigeants autoproclamés,Besancenot critiqué au nom de sa promotion médiatique parle "juste" et MGB n’est plus la porte-parole fiable pour être entendue par le peuple en colère .Alors qu’attendons-nous pour réagir vivement contre Sarko et sa bande de malfrats ??????????

      Le peuple attend de nous autre chose que la recherche de places dans les institutions bourgeoises corrompues et autoritaires ......

      Bernard SARTON, militant à aubagne sans enthousiasme .

    • très beau moi aussi je me revendique communiste, mais n’ayant jamais été capable de changer le parti de l’intérieur (comme tant d’autres que moi) je m’en suis éloigné. L’enjeu est aujourd’hui de recomposer une gauche de gauche, sans oeillères mais sans compromission.
      Il faut être ferme sur le principe de la lutte des classes et ne pas oublier que ce sont les "patrons" qui l’ont déclenché et qui continuent par tous les moyens de la mener.
      Il va falloir se réapproprier le terrain idéologique que nous avons à tort déserté au profit des explications techniciennes l’exemple typique en est la gestion de l’eau . On s’évertue à prouver qu’une gestion en régie est moins cher, je dirais qu’on s’en fout et que le seul VRAI problème est que l’eau est un bien commun qui ne peut être la propriété de personne mais seumlement celle de tout le monde c’est ce discours qui fait la différence avec les gestionnaires "socialistes".
      Le droit au travail n’est pas le droit d’être exploité mieux (Chérèque,Hollande et même la CGT ) ; mais de participer à la définition des besoins et objectifs des productions dans l’intérêt du plus grands nombre.
      Le respect de l’Environnement et de l’Homme dans cet environnement doivent être la base idéologique de la définition du travail utile socialement.

      Faisons de la politique et revendiquons haut et fort que nous sommes en lutte contre toutes les injustices , contre le Capital et ses représentations bourgeoises ou siègent tous les corrompus de la socièté libérale. Q’ils se disent de droite ou de gauche importe peu, ils font la même politique depuis 25 ans, et leurs alliés Verts, "communistes" les ont cautionné dans tous les cas ; besoin d’élus , besoin d’argent... Argent =cancer de la volonté politique, l’argent justifie la prudence plus que l’audace car on a tellement peur de le perdre, que serait on sans lui ?