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Les mesures Sarkozy

Publie le jeudi 20 mai 2004 par Open-Publishing

Esbroufe

Les mesures nouvelles proposées par Nicolas Sarkozy lors de sa
conférence de presse ont permis de voir les limites de sa méthode,
tout entière fondée sur l’esbroufe.

Si le ridicule tuait, la carrière politique de Sarkozy aurait dû
s’achever sur le champ. Il commence d’abord par vendre
l’argenterie, à savoir 100 000 m2 de bureau et 500 à 600 tonnes
d’or de la Banque de France : une goutte d’eau dans l’océan. Il va
autoriser, pendant un an, aux parents et grands-parents de
transmettre en franchise d’impôt 20 000 euros à leur
descendance ; mais les heureux bénéficiaires vont-ils pour autant
s’empresser de les dépenser et de relancer la consommation ? Même
question pour la déduction d’impôts sur les crédits à la
consommation qui, de surcroît, ne concerne pas la moitié non
imposable des consommateurs, ceux justement qui sont les plus
dépendants du crédit à la consommation. Cela fera un petit cadeau
fiscal aux acheteurs de grosses voitures, aux frais de l’Etat,
mais sans effet identifiable sur le volume des achats. Les réserves
de participation vont être débloquées par anticipation, et
probablement recyclées immédiatement par les plus hauts salaires en
placements plus rentables.

Bref, le ministre s’obstine dans l’erreur des baisses d’impôts.

Elles aussi étaient censées relancer la consommation ; mais comme
elles ont favorisé les plus hauts revenus, elles se sont
traduites par un supplément d’épargne, et donc par un moindre
dynamisme de l’activité. Il y aurait pourtant un moyen simple et
garanti de relancer la consommation, qui serait d’augmenter les
minima sociaux et les plus bas salaires, car ceux-ci seraient
immédiatement consommés. Rien ne sert d’ouvrir les magasins le
dimanche si le pouvoir d’achat de ceux qui s’y rendent (au
détriment des conditions de travail dans le commerce) ont un
pouvoir d’achat aussi faible qu’avant.

Cette poudre aux yeux tient plus de la stratégie médiatique que de
la définition d’une politique économique, qui se trouve ailleurs,
dans la réaffirmation des orientations néolibérales. Sarkozy a
ainsi confirmé le projet de privatisation partielle d’Alstom et de
deux nouvelles sociétés autoroutières (Sanef et SAPRR) ; il ne
remplacera les départs de fonctionnaires à la retraite qu’à
concurrence d’un sur deux. De manière tout aussi significative,
Sarkozy a réaffirmé son respect des contraintes budgétaires
européennes et relancé l’attaque contre les 35 heures, qualifiées
de "contresens économique".

Il fait enfin miroiter la perspective de nouveaux cadeaux aux
patrons, sous forme d’une franchise fiscale censée favoriser la
constitution de "pôles de compétitivité" industriels. Mais il
est pour une fois dépassé dans le cynisme et la démagogie par
Raffarin qui voudrait, ni plus ni moins, transformer l’Etat en
paradis fiscal. Une "amnistie" permettrait aux capitaux sortis
illégalement de se faire blanchir, moyennant une modeste
commission. Ces propositions ne suffiront pas à regagner la
"confiance". Elles permettent au moins de mesurer le désarroi de ce
gouvernement, et l’urgence de le faire déguerpir.

Michel Husson

Rouge