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Affaire Petrella : le président italien agacé par la demande de Sarkozy

Publie le jeudi 10 juillet 2008 par Open-Publishing

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La présidence italienne a réagi, mercredi 9 juillet, à l’annonce faite par Nicolas Sarkozy la veille concernant l’extradition de l’ancienne brigadiste Marina Petrella. Le chef de l’Etat français avait confirmé la démarche d’extradition, tout en demandant au président du conseil italien, Silvio Berlusconi, de solliciter la grâce auprès de son président, Giorgio Napolitano.

Seule personne habilitée à gracier, M. Napolitano a rappelé que M. Berlusconi ne serait que "le porteur" de la requête et que toute décision devra "tenir compte des normes en vigueur et de la jurisprudence constitutionnelle". Le communiqué rappelle, en outre, que Mme Petrella, arrêtée en août 2007, est "une personne condamnée à la prison à perpétuité pour de nombreux et très graves crimes de terrorisme et ayant jusqu’à présent échappé à la justice".

Son avocate, Me Irène Terrel, assure que l’état de santé de sa cliente est extrêmement grave et que "les conditions carcérales (...) ne sont pas adaptées aux types de soins dont elle a besoin". Elle tente d’enrayer le processus d’extradition en invoquant la "clause humanitaire" contenue dans la convention européenne d’extradition.
RECOURS DEVANT LE CONSEIL D’ÉTAT

Depuis la fin effective de la "doctrine Mitterrand" en 2002, avec l’extradition puis l’incarcération de l’universitaire Paolo Persichetti, les autorités italiennes n’ont accordé que très peu de grâces aux anciens activistes, et toujours pour des raisons sanitaires. En 2006, par exemple, M. Napolitano l’avait fait pour Ovidio Bompressi, un ancien activiste condamné à vingt-deux ans de prison pour le meurtre d’un policier.

"En général il faut que l’intéressé ait déjà effectué une bonne partie de sa peine ou encore qu’il y ait eu le pardon des parents des victimes", constate cependant le journaliste et spécialiste des "années de plomb" Giovanni Bianconi, cité par Libération. Ovidio Bompressi avait effectué neuf ans de sa peine en Italie avant d’être relâché. Marina Petrella y a été incarcérée huit ans, puis a été définitivement condamnée, le 4 mai 1993, à la réclusion à perpétuité pour la séquestration d’un magistrat, et l’organisation de cinq agressions, dont l’assassinat d’un commissaire de police. A ce moment-là, elle avait déjà quitté le pays pour la France.

Le décret d’extradition, signé le 9 juin par le premier ministre, François Fillon, est actuellement bloqué par un recours déposé devant le Conseil d’Etat par les avocats de Marina Petrella. Ce recours est non suspensif, mais il est d’usage que le Conseil d’Etat l’examine avant que toute décision soit prise. Un tel examen peut prendre plusieurs mois et retarder d’autant l’extradition effective de Mme Petrella. Ce qui permet à la garde des sceaux, Rachida Dati, d’affirmer que la procédure continuera "lorsque son état physique se sera amélioré". Des propos jugés scandaleux par Me Terrel, qui promet une saisie de la Cour européenne des droits de l’homme.

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