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Décès de Maxime Rodinson

Publie le mercredi 26 mai 2004 par Open-Publishing
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L’historien et sociologue Maxime Rodinson, spécialiste du monde arabe et musulman, est décédé dimanche à Marseille à l’âge de 89 ans, a annoncé mardi sa famille.

Ce grand orientaliste français, très connu pour ses nombreux ouvrages et articles, notamment une biographie du prophète Mahomet, était né le 26 janvier 1915 à Paris.

Une cérémonie de crémation aura lieu mercredi 26 mai 2004, l’après-midi au cimetière Saint-Pierre à Marseille, a précisé sa famille.
Maxime Rodinson, la disparition d’un grand homme spécialiste du monde arabe et musulman

Historien et sociologue, l’universitaire Maxime Rodinson,
décédé dimanche à Marseille à l’âge de 89 ans,
était un spécialiste du monde arabe et musulman.

Ancien communiste, il s’était fait connaître par plusieurs livres sur l’Islam, notamment "Mahomet" (1961), "Islam et capitalisme" (1966), "Marxisme et monde musulman" (1972), "La Fascination de l’Islam" (1980).

Né le 26 janvier 1915 à Paris, fils d’un ouvrier en confection, Maxime Rodinson, docteur ès lettres, diplômé de l’Ecole des langues orientales et de l’Ecole pratique des hautes études, devient boursier de recherches à la Caisse nationale de la recherche scientifique en 1937.

Il est en poste au Liban de 1940 à 1947, comme professeur au collège musulman de Saïda pendant un an, puis comme rédacteur et bibliothécaire à la Mission archéologique permanente de France au Levant, à Beyrouth. Il est ensuite pensionnaire de l’Institut français de Damas et chargé de cours à l’Ecole supérieure des lettres de Beyrouth (1946-47).

A partir de 1948, l’orientaliste poursuit sa carrière à Paris. Il est bibliothécaire à la Bibliothèque nationale, avant d’être nommé en 1955 directeur d’études (section des sciences historiques et philosophiques) à l’Ecole pratique des hautes études, où il est parallèlement chargé de conférences de 1959 à 1971.

Auteur également d’ouvrages sur Israël, "Israël et le refus arabe" (1968), "Peuple juif ou problème juif ?" (1981), Maxime Rodinson avait publié en 1993 deux recueils d’articles : "De Pythagore à Lénine" et "L’Islam, politique et croyance", puis en 1998 un livre d’entretiens "Entre Islam et Occident".

Il était chevalier de la Légion d’honneur et officier des Arts et des lettres

Messages

  • La Presse (Tunis)

    Youssef Alouane

    Homme engagé pour les causes de libération nationale, juif militant pour la cause palestinienne, juste parmi les plus justes, il a été pour notre génération l’exemple du savoir encyclopédique, de la rigueur scientifique et de l’honnêteté intellectuelle.

    Ses écrits, ses brillantes interventions dans les congrès et au cours des grandes rencontres de spécialistes ont toujours aiguisé la curiosité gourmande des jeunes générations assoiffées de savoir et de débats, au cours des belles années de lutte pour l’émancipation des peuples du tiers monde.

    Sa connaissance profonde de l’Islam, son érudition hors pair, ont toujours fasciné les esprits les plus critiques et les plus exigeants.

    L’Islam, pour lui, n’est pas une religion rétrograde et obscurantiste ; à l’instar des autres religions, elle n’est pas imperméable à la tolérance, au progrès et à la modernité contrairement à l’image que cherchent à en donner certains esprits sectaires.

    Maxime Rodinson a été, avec Jacques Berque, l’un des orientalistes les plus engagés scientifiquement, culturellement, et j’allais dire politiquement, aux côtés des peuples du sud de la Méditerranée. Tous deux ont oeuvré inlassablement pour le rapprochement des cultures et des sociétés des deux rives de cette mer si généreuse et si féconde.

    Maxime Rodinson, juif de naissance, dont les parents sont morts en déportation à Auschwitz, a été de tous les combats intellectuels pour la Palestine et pour le rapprochement entre les valeurs et les cultures juives et arabo-musulmanes.

    Il est parti alors que la haine, la violence aveugle semblent malheureusement l’emporter, par on ne sait quelle logique dévastatrice, sur tout espoir de paix et de dialogue.

    Il est parti alors que l’on commence à désespérer de la capacité de l’homme à transcender les égoïsmes et la bêtise.

    Mille raisons de douter de l’homme en ce début de siècle aux allures barbares et guerrières, mais mille et une raisons de continuer, malgré et en dépit de tout, à espérer en l’homme et à ne pas insulter l’avenir.

    Oui, professeur Rodinson, nous préférons croire que la raison finira par l’emporter sur la bêtise. Ce sont ces valeurs que vous nous avez inculquées, mon cher maître.

    http://fr.allafrica.com/stories/200405280775.html

  • Issu d’une famille juive de l’immigration russo-polonaise, l’orientaliste Maxime Rodinson, décédé dimanche à Marseille à l’âge de 89 ans, occupe une place particulière au carrefour des cultures juive et musulmane, selon l’écrivain-historien Gérard Khoury.

    Linguiste hors pair - spécialiste d’une trentaines de langues et dialectes et notamment de l’éthiopien ancien (guèze) -, écrivain prolifique, Maxime Rodinson fut aussi un homme engagé, notamment en faveur de la cause palestinienne. Il avait qualifié le sionisme de « virus dans le corps juif », il y a 36 ans dans Israël et le refus arabe et crée avec Jacques Berque, le Groupe de recherches et d’actions pour la Palestine.

    Né dans une famille modeste à Paris le 16 janvier 1915, d’un père russe et d’une mère polonaise - tous deux sont juifs et mourront à Auschwitz -, le jeune Rodinson devient coursier dès l’âge de 13-14 ans.

    Autodidacte, il présente et réussit à 17 ans le concours d’entrée à l’Ecole des langues orientales et passera ensuite son baccalauréat. En 1937, il se marie, entre au CNRS et au Parti communiste français et commence ses recherches.

    Doté d’un sens de l’histoire des hommes et de l’humanité qui plongeait ses racines dans le siècle des Lumières, Maxime Rodinson oeuvrait pour le rapprochement des deux rives de la Méditerranée, par le pluralisme et un dialogue des cultures.

    http://www.michiki.com/breve.php3?id_breve=57

  • Paris, La Découverte, 1997, 337 p. (préface de Maxime Rodinson) (coll. « Sciences humaines et sociales »)

    Cet ouvrage est la réédition, seize ans après, d’un recueil d’articles paru en 1981 chez Maspero.

    Articles écrits entre 1967 et 1981, dans un contexte proche-oriental marqué par les guerres des Six Jours (1967) et de Kippour (1973) et en France par l’arrivée de la gauche au pouvoir. Ceci explique le ton souvent polémique des articles, dans lesquels l’auteur analyse les relations entre Juifs et Arabes, du fait de l’existence d’Israël et du sionisme.

    En fait, cinq des sept articles qui composent l’ouvrage développent une réflexion sur ce qui pour l’A., pour reprendre le titre de ce livre, correspond plus à un « problème » qu’à un « peuple ».

    « Problème » juif ? c’est ce que tentent de montrer « Un peu de clarté au départ » (1981), essai de définition de ce que sont les juifs, « de la Nation juive au problème juif » (1968 ) , réponse me semble-t-il à la question de départ, « qu’est-ce que le sionisme ? » (1972), « Israël, fait colonial ? » (1967), « Antisémitisme éternel ou judéophobies multiples ? » : ces deux dernières interrogations donnent en fait la réponse dans leur formulation : pour Rodinson, Israël est un fait colonial, et il n’y a pas d’antisémitisme éternel, mais de multiples judéophobies.

    Le sixième article « sur les visions arabes du conflit israélo-arabe » (1969) présente les discours arabes les plus représentatifs sur la question, et le septième est une « Autocritique » dans laquelle le lecteur découvre avec frémissements que M.R. soutint, en tant (souligne t’il) qu’intellectuel juif, communiste et français, la thèse de la culpabilité des médecins juifs accusés d’assassinat ou de tentative d’assassinats de dirigeants communistes (dont Staline) lors du procès des « blouses blanches » à Moscou.

    Ce qui est nouveau dans l’ouvrage, c’est la préface écrite en 1997, dans laquelle l’A. considère toujours valables les thèses exprimées alors, et analyse les possibilités d’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens ouvertes par les accords d’Oslo de 1993.

    Jöelle Allouche-Benayoun

    http://www.ehess.fr/centres/ceifr/assr/N110/091.htm