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Journée décroissance et antinucléaire - Paris : dans le cadre du FRAP

Publie le jeudi 27 mai 2004 par Open-Publishing

Dimanche 30 mai 2004 à la Ferme du Bonheur Journée Décroissance
(Dans le cadre du Festival des Résistances et des Alternatives de Paris)

PROGRAMME INDICATIF :

Toute la journée :
Tables de presse (Silence, Indésens, Le Publiphobe, Réseau Sortir du
nucléaire, Offensive, etc.), convivialité et bon air de la Ferme.

12h30 – Pique-nique/auberge-espagnole
et présentation de la Ferme du Bonheur.

14h – Passage d’enregistrements radiophoniques sur le nucléaire suivis
d’une discussion sur le nucléaire : décroissance énergétique,
totalitarisme et militarisme du nucléaire, critique du progrès technique,
gestion de la catastrophe… avec le Réseau Sortir du nucléaire, le
Collectif contre la Société nucléaire, Adhoc (Association pour le défense
des hommes qui osent contester), Offensive libertaire et sociale, et
autres ennemis du nucléaire.

16h – Jazz manouche avec la Brocante et bœuf musical.

18h – Discussions sur la décroissance :
le dogme de la croissance, la notion de décroissance soutenable,
aliénation dans le travail et la consommation, simplicité volontaire… avec
la Ferme du Bonheur, une AMAP (Association pour le maintien de
l’agriculture paysanne), la Décroissance, Silence, Adhoc, des antipubs, et
d’autres chercheur-euses-s d’une voie décroissante et conviviale.
Présentation générale des intervenants et des problématiques suivie de
discussions en plus petits groupes.

20h – Repas bio

22h - Discussions et projections

La ferme du Bonheur, 220 avenue de la République, 92000 Nanterre
Prendre le RER A jusqu’à Nanterre-Université, sortir du côté de
l’Université et aller en direction des chapiteaux, c’est juste après, en
face du bâtiment A de l’université.


Contre la croissance et le nucléaire

La croissance économique et le nucléaire peuvent sembler de prime abord
des problèmes bien distincts : d’un côté il s’agit d’une orientation
générale de l’économie et de la société vers une inflation continuelle de
la production et de la consommation (et donc une détérioration toujours
plus poussée des ressources naturelles et de la vie), de l’autre de
l’utilisation d’une source d’énergie qui fait peser en permanence la
menace d’une abominable catastrophe et produit en attendant une pollution
qui va perdurer pendant une quasi éternité.
Pourtant, quand on étudie ces questions d’un peu plus près, on découvre de
nombreux points communs entre elles, des logiques communes, au point
qu’il devient finalement difficile de les considérer séparément à nouveau.
La recherche de la sobriété et du bien-être, et la critique du scientisme
et de l’ordre productiviste-consumériste sont indissociables.

L’industrie nucléaire, qui par sa propagande essaie de faire croire que le
nucléaire est une technologie propre et sûre, permettant une production
énergétique illimitée et bon marché, encourage la consommation à outrance,
incite les individus, les ménages et les entreprises à ne surtout pas être
économes. Pourtant, comme les autres industries, celle du nucléaire a des
coûts cachés, qu’il s’agisse d’écologie (épuisement de ressources en
quantités limitées comme l’uranium, rejet de déchets radioactifs dans la
nature tandis que davantage encore s’entassent dans les installations
nucléaires), de finances (soutien public par divers biais plus ou moins
détournés), de risques d’accidents (au lieu de supprimer la menace, on la
cache en installant les sites nucléaires loin des lieux de consommation)
ou de justice sociale (à l’échelle mondiale, le pillage des ressources est
très inégalitaire, les gisements d’uranium des pays du Sud, par exemple,
sont exploités par les entreprises du Nord).

Cette dissimulation des coûts cachés favorise une sorte de virtualisation
de la vie, une perte de contact avec le monde réel dont on n’a plus
l’habitude de sentir la rugosité. On achète avec une certaine
inconscience des produits joliment maquillés et emballés, sans se soucier
ni de la façon dont ils ont été produits (destruction de l’environnement,
souffrance humaine et animale) ni des conséquences de leur consommation
(pollutions diverses et variées).

Ce mode de vie consumériste, présenté comme un grand progrès par la
société industrielle et ses tenants, nous conduit à nous empoisonner
nous-mêmes. Empoisonnement au sens propre et physiologique du terme quand
il s’agit de la détérioration de notre santé à cause de la pollution, mais
aussi dans un sens social quand il s’agit de négliger la qualité des
rapport humains pour aller perdre sa vie au travail ou au centre
commercial (quand on en a les moyens).

Tout ceci est favorisé par la délocalisation et la centralisation de la
production (d’énergie, de biens de consommation) mais aussi par
l’accaparement du pouvoir par quelques spécialistes qui se permettent de
prendre seuls des décisions qui ont des répercussions sur le quotidien de
chacun et chacune (choix des structures de production, de transport des
personnes et marchandises).

La foi scientiste dans la technique qui anime souvent ces spécialistes les
amène à croire que les problèmes posés par la technique seront résolus par
davantage de technique encore (la fusion nucléaire devrait soi-disant
régler les problèmes de la fission, par exemple) ou même que la technique
à elle seule est à même de résoudre les problèmes sociaux. Cela ne fait
qu’accentuer toujours plus la fuite en avant dans la technologie, la
spécialisation et les méga-structures incontrôlables.
Ce constat amène à s’interroger sur la maîtrise que nous avons vraiment,
individuellement et collectivement, de nos vies.
La démocratie exige en effet que tous et toutes puissent contrôler sens
dans lequel évolue la société.
Mais dans une société ultra-technique, on se trouve bien trop souvent
obligé faire confiance aux spécialistes, leur confiant des décisions qui
devraient être prises par tous et toutes. La spécialisation conduit à une
aliénation et une déresponsabilisation des personnes.

Chaque technique, chaque mode d’organisation de la société devrait être
soumis à un examen critique collectif, une sorte de bilan dans lequel on
comparerait ce que l’on gagne en adoptant une technologie, mais
également ce que l’on perd.
Si les transports à grande vitesse nous permettent de nous déplacer très
vite, par exemple, et de gagner du temps pour faire un trajet, ils nous
font aussi perdre le temps de faire des choses en route.
Cette croissance de la vitesse demande aussi des infrastructures toujours
plus complexes. Cela implique une augmentation générale de la quantité de
travail nécessaire pour la production et l’entretien des moyens de
ransport, ainsi que du temps de travail nécessaire pour pouvoir s’offrir
l’accès à des transports toujours plus payants. Cela contribue à
accentuer la précarité des "improductifs" qui ne peuvent payer et n’ont
plus le choix qu’entre rester à quai ou risquer l’embastillement pour
"fraude par habitude" (LSQ).

Le développement technologique et industriel semble souvent se faire au
détriment de la convivialité et de la démocratie. Ces dimensions
fondamentales de la vie en société sont à reconquérir.

Pour reprendre le contrôle de soi-même et, collectivement, de la société,
des choix sont à faire : croissance ou décroissance, sophistication ou
simplicité des techniques, production et décisions centralisées ou non,
exploitation ou entraide, autorité ou liberté…

Atelier Décroissance / Antinucléaire
du FRAP 2004

http://frap.samizdat.net