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COMPIEGNE ROYAL-LIEU LIEU DE MEMOIRE CONTRE LA GUERRE

Publie le samedi 16 août 2008 par Open-Publishing
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L’armée française s’est retirée de Royal-Lieu ; un mémorial de l’Internement et de la Déportation vient d’être créé dans trois bâtiments. Il a ouvert au public le samedi 23 février 2008.

Je l’ai visité ce samedi 16 août avec mon épouse.

Ce camp de Royal-Lieu hébergeait auparavant et notamment l’armée de l’air qui en avait fait un lieu de formation.

C’est à cet endroit que j’ai accompli mes classes en 1962 au moment où la guerre d’Algérie s’achevait. Nous étions des jeunes troufions aux mains des commandos de l’air pour nous apprendre comme on dit « le métier des armes ».

Je me souviens encore de tous ces gradés à l’allure martiale qui hurlaient leurs ordres et j’avais l’impression de me trouver devant des « clowns dangereux ».Je faisais partie de la génération de Yé-yé et manifestement ils n’aimaient pas cela.

Ce camp était composé de bâtiments alignés par rangées et destinés à loger la troupe et notamment, en dehors de nous, les rappelés d’Algérie qui rentraient et qui n’en avaient plus « rien à foutre de l’armée ».Je me souviens que pour l’anniversaire de la mort de l’enfant chéri de l’armée de l’air : Guynemer ; les gradés avaient prétendu les faire défiler dans Compiègne et ils durent leur faire rebrousser chemin devant le comportement indiscipliné des libérables.

Jamais ces « individus » qui nous formaient ne nous ont conté les heures tragiques de ce camp de déportés.

Pourtant ils étaient très diserts sur l’histoire des armes dans leurs harangues quand ils nous mettaient au carré dans la cour ; ils ne nous ont pas indiqué que des hommes, des femmes et des enfants ont été amenés à cet endroit pour partir dans les camps d’extermination ou pour être exécutés dans la forêt de Compiègne qui jouxte le camp.

Ils préféraient nous parler de leurs exploits militaires en Algérie.

Il y avait parmi les jeunes de mon âge une recrue qui pleurait et comme j’étais son voisin dans la chambrée je l’ai interrogé sur le pourquoi ; et j’ai appris que son père était parti de Royal-Lieu pour la déportation et qu’il n’en n’était jamais revenu.

C’était un résistant.

Les militaires de carrière ont donc ignoré ce camp de concentration.

J’ai donc revu ces lieux et je dois dire que ce mémorial est une très grande œuvre.

Est retracé le passage de plus 50000 personnes avec des témoignages de ceux qui en sont revenus.

Il a été comptabilisé plus de 39900 morts en déportation parti de Royal-Lieu.

Il y eut beaucoup de déportés politiques et en particulier les communistes mais aussi des gaullistes, des catholiques.

Des juifs sont partis de Compiègne ainsi que des tziganes.

J’ai pu voir, relaté dans les présentations, le rôle joué par les communistes pour animer la vie du camp ; notamment en matière de culture et de formation et j’ai été étonné de voir que dans ces moments là, les communistes enseignaient Marx et par exemple la théorie de la plus value dans des cahiers qui sont affichés.Ils faisaient aussi des cours de français, des maths, de la sciences naturelles etc.

J’ai écouté le témoignage de Marie Claude Vaillant Couturier sur les camps nazis au procès de Nuremberg ; elle était partie de Compiègne avec 239 militantes femmes et 39 revinrent des camps. Il y a aussi le témoignage d’André Tollet sur les évasions de Compiègne et j’ai découvert les galeries où les déportés s’étaient enfuis.

Ces galeries étaient dans un des bâtiments militaires où nous étions cantonnés ; elles étaient cachées ; jamais on ne nous a dit qu’existait des galeries creusées par les déportés pour s’enfuir du camp nazi.
J’ai vu bien d’autres choses dans ce musée du souvenir et j’invite à le visiter et à se rappeler que des hommes et des femmes ont été envoyées de cet endroit dans les camps de la mort par un individu nommé Pétain qui officiât à la guerre 14/18.

Les expositions sont très bien présentées avec des moyens modernes et permettant à chacun et en particulier aux jeunes générations de saisir que des français collaborateurs ont envoyés à la mort des hommes, des femmes et des enfants.

Nous avons griffonné quelques mots pour la paix sur le livre d’honneur et pour dire notre satisfaction de l’édification de ce mémorial.

Au moment où la haine, le nationalisme, le fascisme relèvent la tête en Europe, et dans d’autres partie du monde, il est utile de rappeler que des hommes et des femmes ont été victimes de ces théories nationalistes, xénophobes, antisémites, anti communistes et racistes.

Oui la paix est une revendication de classe face aux cliquetis des armes et de l’installation de nouvelles bases de l’OTAN en Europe Centrale et dans le Caucase.

Il faut interdire à Sarkozy le retour de la France parmi le va t’en guerre capitalistes de l’OTAN.

Babeuf 42

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