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La Bolivie encore aux urnes

Publie le dimanche 31 août 2008 par Open-Publishing

Evo Morales consultera les Boliviens sur le projet de Constitution

C’est par décret que le président bolivien, Evo Morales, a fixé la date du référendum sur son projet de Constitution. Ce sera le 7 décembre. Le président n’avait pas le choix. Ce projet, rejeté par l’opposition libérale, n’aurait pas obtenu la majorité nécessaire au Sénat.

Fort du soutien qu’il a reçu le 10 août de plus de 67 % de la population, Evo Morales, poussé par l’aile radicale de son parti, le Mouvement vers le socialisme, a décidé de passer en force et d’écarter un éventuel dialogue avec l’opposition libérale et conservatrice. Le référendum sur le projet de Constitution au 7 décembre doit permettre de "consolider le processus de changement et de refonder la Bolivie", a déclaré au palais présidentiel l’influent ministre de la présidence, Juan Ramon Quintana.

Le 7 décembre, Evo Morales convoquera également une autre consultation sur la réforme agraire. Il s’agit de fixer la taille maximale des propriétés privées (5 000 ou 10 000 hectares), mesure qui sera ensuite ajoutée à la nouvelle Constitution. Cette initiative vise notamment les grands propriétaires agricoles de la région de Santa Cruz, la plus riche de Bolivie. Enfin, les électeurs seront aussi appelés à voter pour l’élection aux postes de gouverneurs de La Paz et Cochabamba, qui avaient été tous deux révoqués lors du référendum du 10 août.

"PAS PLUS DE VALEUR QUE DU PAPIER HYGIÉNIQUE"

Le dialogue politique est bloqué depuis plus de six mois en Bolivie entre l’opposition libérale et le gouvernement de gauche. Les députés libéraux contestent la tonalité "indigéniste et étatiste" de la Constitution, adoptée en décembre 2007. L’un des dirigeants de l’opposition, l’ancien président Jorge Quiroga (2001-2002), a même déclaré que la Constitution n’avait pour lui "pas plus de valeur que du papier hygiénique".

Le texte, qui viendrait remplacer, s’il était adopté, l’ancienne Constitution datant de 1967, accorde des droits nouveaux aux peuples indigènes, dont celui de "se gouverner eux-mêmes". Dans son préambule, le projet de Constitution indique que "la Bolivie est un Etat unitaire plurinational communautaire social de droit, libre, décentralisé, autonomiste, indépendant, souverain, démocratique et interculturel". Cinq des neuf gouverneurs de région (Santa Cruz, Tarija, Pando et Beni et Chuquisaca) avaient annoncé dès mercredi qu’ils refuseraient d’organiser un référendum sur la Constitution dans leur territoire. Ces régions, qui se déclarent "sur le pied de guerre", ont commencé dès lundi à manifester et couper des routes. Elles ont demandé mardi à l’OEA (Organisation des Etats américains) et à l’Eglise catholique de servir de médiateurs dans le conflit.

Le Monde