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Foot : Acheter n’est pas jouer

Publie le jeudi 4 septembre 2008 par Open-Publishing
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Du quart de finale de la Coupe du monde 2006 (Italie-Ukraine) à un obscur match d’un championnat de jeunes en Ecosse, le journaliste canadien Declan Hill en est persuadé : le football est menacé par les mafias du jeu et la corruption. Pendant trois ans, il a enquêté dans les coulisses du sport le plus populaire du monde. Le résultat de son enquête est paru en France sous le titre Comment truquer un match de foot ? (éditions Florent Massot, 443 pages, 21,90 euros). Son message est pessimiste. "Le football court un danger très sérieux (...) car les hommes qui ont détruit certains championnats en Asie sont en train de débarquer en Europe", prévient l’universitaire. Selon lui, quatre matches de la Coupe du monde 2006 auraient été achetés : le match du premier tour Italie-Ghana du 12 juin (2-0) ; le huitième de finale Angleterre-Equateur du 25 juin (1-0) ; le huitième de finale Brésil-Ghana du 27 juin (3-0) ; le quart de finale Italie-Ukraine du 30 juin (3-0).

Le journaliste, docteur en sociologie de l’université d’Oxford, s’est spécialisé dans le crime organisé. Il assure avoir rencontré l’un des parrains de la mafia asiatique du jeu, un homme qu’il désigne sous un nom fictif, Lee Chin. Lors d’une de leurs rencontres à Bangkok en novembre 2005, Lee Chin répond à ses questions tout en menant ses affaires au téléphone. A l’issue d’un de ces coups de fil, il assure Hill que des intermédiaires sont en train d’approcher des joueurs du Ghana en vue de la Coupe du monde 2006. Deux jours avant le 8e de finale entre le Brésil et le Ghana, ils se parlent à nouveau : "Il m’a dit que le Ghana allait perdre avec au moins deux buts d’écart", rappelle-t-il. Après une belle résistance, le Ghana s’incline finalement 3 à 0 devant la Selecçao : "Je ne dis pas que tous les joueurs ghanéens ont été achetés, mais je dis qu’il y a eu, c’est certain, quelque chose autour de ce match", insiste Hill.

"LES INTERMÉDIAIRES SONT CONSTAMMENT LÀ"

Au cours de ses investigations, Hill a rencontré Stephen Appiah, un joueur ghanéen, qui reconnaît avoir été en contact avec des organisateurs de paris : "Les intermédiaires sont constamment là dans tous les tournois. Moi, j’ai reçu de l’argent deux fois lors du Mondial 1997 des moins de 20 ans et les JO 2004. Pas pour perdre mais pour gagner", explique-t-il à son interlocuteur. La Fédération ghanéenne de football (GFA) s’est indignée mardi des soupçons de manipulation sur le match Brésil-Ghana du Mondial 2006 et a clamé "l’innocence de ses joueurs". La Fédération équatorienne de football a annoncé qu’elle allait demander à la FIFA d’enquêter sur les possibles manipulations. En Allemagne, Der Spiegel a enquêté sur d’étranges mouvements autour de deux matches du championnat d’Allemagne 2004-2005. Ils ont mis au jour un réseau de paris organisé par William Bee Wah Lim, condamné en 2007 à deux ans et cinq mois de prison par le tribunal de Francfort pour tentative de manipulation, déjà dans le football, peine qu’il ne purge pourtant pas, puisqu’il a disparu dans la nature.

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