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Euskal Herria internazionalista : Malmö

Publie le jeudi 2 octobre 2008 par Open-Publishing

herrien mundurantz
Euskal Herria internazionalista

boga !

Malmö : quelle orientation pour le mouvement de mouvements ?

La Ve édition du Forum Social Européen vient de s’achever à Malmö, en Suède. Une brigade d’une vingtaine de personnes organisée par le réseau Herriak Aske (dont la Coordination Simon Bolivar (Venezuela), Health Work Comittes (Palestine), et Askapena (Euskal Herria), y a pris part dans l’enthousiasme.

Les représentants des mouvements et organisations populaires basques ont participé à l’organisation de 5 séminaires. Séminaires qui sont le reflet du mouvement populaire basque, pour la construction d’une autre Euskal Herria, dans une autre Europe et dans un monde différent et nécessaire et, dans certains cas, le reflet également de la répression qui s’abat sur ce mouvement parce qu’il lutte pour une autre Euskal Herria.

Pourquoi une lutte pour une autre Europe ?

• En Euskal Herria, de nombreuses raisons nous poussent à lutter contre l’Europe de l’Union. La première de ces raisons est évidente puisque, comme les États espagnols et français, l’UE refuse l’officialité et le développement de notre langue et notre culture, et ceux de dizaines d’autres nations sans État, en Europe. C’est pourquoi, aux côtés des participants venus des Pays Catalans, du Pays de Galles, du Kurdistan ou des Flandres, nous avons revendiqué l’autodétermination linguistique, en tant qu’instrument de décision et de mise en place des ressources nécessaires pour qu’un peuple puisse garantir la transmission, le développement et la normalisation de sa langue et de sa culture.

• Il ne fait pas de doute que l’autodétermination linguistique est consubstantielle et découle du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un droit essentiel à la compréhension de la presque totalité des conflits au niveau mondial, un droit clé dans la recherche d’une solution. Autour de la table du séminaire traitant de l’autodétermination se sont assis les représentants de la Fondation des Nations sans États Ciemen, la Fondation Galiza Sempre et le Comité du Forum Social de Hongrie (outre Herria Aske). Parmi le public, étaient présentes des personnes du peuple Tamil, du Kurdistan, d’Allemagne, et des Philippines... Il est évident que, dans un monde où l’on dénombre entre 5.000 et 6.000 peuples, pour seulement deux cent États environ, le droit à l’autodétermination est la clé de la survie de milliers de peuples. Par ailleurs, il est également évident que même des peuples ayant un État sont la proie de conflits politiques et armés, précisément parce que d’autres États impérialistes violent leur souveraineté politique, et entravent la voie qu’ils ont choisie pour construire leur pays. C’est pourquoi il est décevant de constater que le Forum Social Européen, et de nombreuses organisations qui en font partie, n’accordent pas au droit à l’autodétermination l’importance qui lui revient en matière de régulation de la coexistence et des relations entre les peuples, ni au niveau européen ni au niveau mondial.

• Une autre participation, importante aux niveaux qualitatif et quantitatif, est celle du réseau des jeunes internationalistes Kamaradak (le groupe le plus nourri de la délégation basque) qui ont tenu un stand et organisé un débat pendant le Forum, sur le thème « Le processus de construction d’un mouvement internationaliste de jeunesse », débat qui a vu la participation d’organisations de jeunesse internationalistes européennes, comme les « Fighters + Lovers » du Danemark.

• En matière d’internationalisme, et compte tenu de la campagne de criminalisation touchant les camarades du groupe danois à la suite de campagnes de solidarité avec les FARC de Colombie et le FPLP de Palestine, Askapena a lancé un appel à l’Assemblée de mouvements sociaux pour que le FSE prenne position face à la criminalisation et à la persécution de la solidarité internationaliste entre les peuples, allant des incarcérations de Sebas Bedouret ou de Remedios García Albert (assortie de tortures dans le premier cas) aux menaces paramilitaires récemment reçues par un membre basque d’une brigade de la part du groupe colombien « Aigles Noirs », en passant par les poursuites judiciaires de l’exercice de la solidarité comme dans le cas danois. L’exercice d’un internationalisme engagé, qui dénonce les États fascistes comme Israël ou la Colombie ou qui lance des boycotts contre des transnationales aux mains tachées de sang telles que Coca Cola, n’est en effet pas exempt de risques en Europe aujourd’hui.

• Comme il n’est pas exempt de risques d’agir ou de se montrer solidaire avec ceux qui luttent au sein de chacun des peuples, comme en ont témoigné des représentants du Réseau Anti-répression venus de Palestine, de Colombie, de Turquie, de Grèce, de Belgique, du Danemark et d’Euskal Herria, dans un séminaire intitulé « Une lutte de libération, ce n’est pas du terrorisme », où ils ont décrit comment les politiques stratégiques, impulsées par les États dans le cadre de la « lutte antiterroriste », visent en fait à priver de tout droit civil et politique les secteurs les plus solidaires et engagés au niveau social et politique. Face à l’Europe du mandat européen et des listes noires, nous revendiquons le droit à la résistance et à la solidarité.

Quelle est notre position au sein des forums ?

• Cela est facile à comprendre si l’on examine de plus près la délégation partie d’Euskal Herria : des personnes qui travaillent et qui luttent jour après jour, et dans différents secteurs, pour une Euskal Herria libre et socialiste, ou, en termes antiglobalisation, pour une Euskal Herria différente.

• La « lutte globale » ne peut être appréhendée que dans un contexte de « lutte locale ». Et dans le cas de l’Euskal Herria, c’est seulement du point de vue d’une lutte pour la libération sociale et nationale du peuple basque que l’on peut appréhender la construction d’un nouveau monde où les États n’exploiteraient ni leur population, ni d’autres peuples ou États par l’intermédiaire du « commerce », c’est-à-dire d’une spoliation menée par des entités impérialistes transnationales.

• Compte tenu des deux points précédents, nous considérons que, même si tous et toutes ont leur place au sein des forums (tous ceux qui croient qu’un « autre monde est possible » et qui luttent pour le faire émerger), l’avant-garde de ce mouvement de mouvements sociaux est constituée par ceux et celles qui font face au monde du capital, de la globalisation et de l’impérialisme, et par ceux qui bâtissent des alternatives réelles au jour le jour.

Les forums sociaux constituent un instrument qui devrait permettre de connaître directement les luttes et les réalités sociales d’autres latitudes et aux visions différentes, un instrument qui contribue à la communication et à l’interaction, un instrument enfin susceptible de coordonner et d’organiser le calendrier des différents mouvements sociaux. Il s’agit en définitive de comprendre et de développer ces mouvements dans l’internationalisme, en regardant les autres peuples avec bienveillance, et en luttant ensemble contre les injustices commises contre qui que ce soit, où que ce soit dans le monde.

Actuellement en effet, il est clair que certains participants aux forums travaillent dans, depuis et pour la social-démocratie ou, selon le forum lui-même, pour un monde « on prend les mêmes et on recommence » ; et qu’on y trouve trop de gens qui, ne représentant qu’eux-mêmes, exercent trop souvent un rôle de censeurs ou opposent leur veto sur des sujets importants.

Par conséquent, il en va de la responsabilité des organisations et mouvements qui luttent jour après jour depuis les peuples respectifs, de faire des forums et du mouvement antiglobalisation en général un instrument plus efficace pour construire cet autre monde si nécessaire, avant que les gérants du monde actuel ne l’aient définitivement détruit.

www.askapena.org