Accueil > Espoir

Espoir

Publie le lundi 5 mai 2003 par Open-Publishing

Depuis quelques mois un grand nombre de manifestations ont lieu en Belgique et partout à l’étranger. Des manifs contre qui, contre quoi ou pour quoi ? organisées et fréquentées par qui ? et surtout avec quels succès ?

A côté du thème central de la guerre largement relayé par la presse, on trouve des oppositions à l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS), aux
centres fermés, aux délocalisations sauvages et injustifiées, aux marées noires,… bref à tout un système (anti-) social et économique.

Tous ces évènements sont des conséquences de l’idéologie néo-libérale et unilatérale représentée par les dirigeants américains et européens avec le
soutien de nombreux pouvoirs illégitimes dans le monde. Les principales armes de ce système de pensée sont les institutions internationales comme
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le Fonds Monétaire International (FMI), la Commission Européenne ou la Banque Mondiale qui prétendent
représenter tous les citoyens du monde : à l’OMC chaque pays a une voix, parfait… mais en huit années d’existence, aucun sujet n’a été présenté au vote de
l’assemblée, toutes les décisions sont soumises à un consensus, à des luttes d’influence. Ces institutions imposent à tous les états du monde le modèle
ultralibéral au mépris des différences économiques et culturelles.

Les conséquences de cette politique sont catastrophiques pour l’Homme et la Nature à tous les niveaux :
Chaos en Afghanistan, marées noires, délocalisation de Cockerill, crise de l’Argentine, funestes projets pour tous les services dans tous les pays (AGCS), faillite
des "entreprises-modèles" comme Enron et Vivendi, ignorance délibérée du protocole de Kyoto réglementant la pollution, guerre en Irak, crise boursière et
récession mondiales,…

Ces attaques contre les droits des êtres vivants sont d’une telle violence et d’une telle ampleur que toutes les couches de la population sont concernées comme le
prouve la diversité des participants aux manifs : enfants d’immigré, fonctionnaires, universitaires, ouvriers, familles, écoliers,…
Nous assistons à la naissance d’un nouveau mouvement, local et global, de contestation sociale qui, après s’être développé à Seattle, Porto Alegre, Barcelone,
Florence,… est maintenant présent partout dans le monde.
En Belgique, des organisations comme ATTAC, Oxfam, Indymedia, Greenpeace, Résistance Internationale, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde,…
sont les fers de lance de cette contestation à laquelle viennent s’ajouter les syndicats. Le but de ces associations est d’amener le plus grand nombre à
réfléchir et à agir contre les mécanismes et les effets de la mondialisation néo-libérale.

Au-delà des actions de groupe, ce mouvement laisse une
grande place au sujet, aucune des associations précitées n’ont la rigidité et la lourdeur d’un parti, de plus en plus de personnes viennent aux manifs non en tant que représentants d’un syndicat ou d’une organisation mais en tant qu’individus. Les militants agissent au quotidien en tentant de mettre leur vie en accord avec leurs idées par petites touches successives. C’est là qu’est l’action la plus facile et la plus
accessible, chaque achat est un vote et chaque discussion peut éveiller quelque chose chez l’interlocuteur, il nous appartient de décider ce que nous voulons faire et qui nous voulons être.

Concernant les succès de cette vague de contestation, le bénéfice de ces actions individuelles est incalculable mais dans la sphère politique belge, les manifestants ont amené la Chambre des Représentants à voter une motion interdisant d’inclure dans l’AGCS l’eau, l’éducation, le logement, la santé, la culture et l’audiovisuel(hélas, pour les négociations à l’OMC, l’Europe est représentée par Pascal Lamy qui ne tiendra probablement pas compte de l’opposition belge).Les citoyens ont également lancé un large débat dans la presse qui a permis à chacun de mieux comprendre les enjeux de l’AGCS et de la guerre en Irak. Enfin, l’opposition à la guerre a poussé notre gouvernement à défendre la solution de la paix.

Tous ces points sont des victoires pour le mouvement altermondialiste mais l’ampleur de la tâche est immense et la contestation n’en est qu’à ses débuts, les pouvoirs financiers et commerciaux restent aux mains des intégristes économiques (dans les institutions internationales, à la Maison Blanche,…) et nous n’avons pas fini d’en subir les conséquences. La résistance devra se structurer jusqu’à influencer directement le pouvoir politique voire à y participer.

Dans cette optique, on remarque actuellement un foisonnement d’idées nouvelles et d’ouvrages critiques envers la mondialisation ultra-libérale (voir E. Todd, N. Klein, N. Chomsky, J. Ziegler, S. Halimi, J. Stiglitz, A. Jacquard, I. Ramonet,…), nous assistons à l’avènement de nombreux penseurs qui veulent replacer le respect de l’Homme et de la Nature au centre du mode de développement. Cette profusion intellectuelle peut être le signe avant-coureur d’un changement sociétal et d’une prise de conscience à grandes échelles.

Aujourd’hui, les alternatives existent mais elles ne seront prises en compte par nos dirigeants que quand nous les pousserons à le faire. Pour exemples : la réforme radicale des institutions comme le FMI et l’OMC (y associer des membres élus avec un réel pouvoir décisionnel ou les placer sous le contrôle des Nations Unies), la réglementation des transactions financières, la taxe Tobin qui améliorerait la stabilité économique mondiale et dégagerait des sommes colossales (pouvant être allouées à l’enseignement, la santé ou au remboursement de la dette de TOUS les pays,…), la revalorisation des institutions défendant les travailleurs et la santé, la suppression des paradis fiscaux,…

Toutes ces mesures sont aujourd’hui déclarées irréalisables ou utopistes mais les puissant ont toujours eu intérêt à maintenir le système tel qu’il est : comment étaient considérés au début du 20e siècle les congés payés, la semaine de 40 heures, l’éducation et la santé accessibles à tous, le suffrage universel,… ?
Toutes ces " utopies " sont maintenant réalités, des hommes se sont battus et sont morts pour les mettre en œuvre, aujourd’hui, c’est à nous d’agir pour préserver les acquis sociaux et les faire progresser, c’est à nous de choisir le monde dans lequel nous voulons vivre et de le défendre.

Jiel et Jonas