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Tamanoir - Les Verts Guyane : Brigitte WYNGAARDE à l’ile de la Réunion
Publie le lundi 7 juin 2004 par Open-PublishingSON DISCOURS LORS DU MEETING DE LA LISTE OUTRE MER DES VERTS MENÉE PAR HARRY DURIMEL À SAINT DENIS DE LA RÉUNION LE JEUDI 3 JUIN
LA FORET AMAZONIENNE EN GUYANE FRANÇAISE
Je ne sais pas si à la Réunion on a connaissance des problèmes relatifs à la forêt guyanaise et à l’exploitation minière. Il s’agit de problèmes de santé publique, de problèmes écologiques, mais aussi de problèmes sociaux particulièrement préoccupants.
Cela fait plus d’un siècle que l’on exploite l’or en Guyane. L’exploitation varie au gré des découvertes et du cours de l’or. Il se trouve que depuis plusieurs années le cours de l’or international ne cesse de monter, ce qui attire un nombre de plus en plus grand d’exploitants dans la forêt guyanaise. Il y a les grandes entreprises canadiennes, les petites entreprises guyanaises, mais aussi les innombrables aventuriers qui extraient l’or illégalement : en particulier il existe une forte immigration venant du Brésil voisin.
LES PROBLEMES DE SANTE PUBLIQUE sont liés à l’utilisation du mercure pour amalgamer l’or alluvionnaire. Ce mercure se répand dans l’eau des criques, et remonte la chaîne alimentaire pour empoisonner les villageois Wayanas. Une récente étude sanitaire montre que la plupart d’entre eux présentent des signes d’intoxication au mercure. Mais il y a aussi le paludisme qui se développe dans les eaux stagnantes des chantiers abandonnés. Il y a aussi la pénurie de gibier liée au fait que les salariés de l’orpaillage, mal payés, doivent chasser pour se nourrir.
LES PROBLEMES SOCIAUX sont liés à la vie très particulière des camps d’orpaillage : la prostitution est systématique, les conditions de travail sont épouvantables (ni réglementation ni contrôle en forêt). L’économie de l’or a profondément modifié les relations sociales : la méfiance est la règle et les violences sont très courantes. Le réalisateur Philippe Lafaix a diffusé un film, la Loi de la jungle, qui décrit les pratiques de l’orpaillage.
LES PROBLEMES ECOLOGIQUES : les ouvriers de l’orpaillage travaillent avec de puissantes lances à eau pour démolir le sol et en extraire l’or. La couche arable est évacuée, et les boues se répandent dans les criques voisines, ce qui accroît la turbidité de l’eau et étouffe la flore et la faune aquatique. Autour des chantiers se pratique une chasse intensive. L’orpaillage dévaste la forêt guyanais sur de larges surfaces. Dans la réserve naturelle des Nouragues, il existe plusieurs dizaines de chantiers d’orpaillage clandestins.
QUE FONT LES POUVOIRS PUBLICS ?
L’orpaillage a pris une très grande ampleur en Guyane. Pendant longtemps l’Etat n’a rien fait. Depuis quelques années, sous la pression d’une certaine opinion publique (disons certaines associations) relayés par les médias, l’Etat a mis en place des opérations dites "Anaconda" où les gendarmes recherchent, investissent les chantiers illégaux, appréhendent les clandestins et détruisent les machines (pompes, groupes électrogènes, armes etc.). Vue l’ampleur du problème, la situation ne s’est guère infléchie : on signale régulièrement de nouveaux chantiers. Les élus locaux ne se sont pour ainsi dire jamais préoccupé du problème.
– Que proposent les partis politiques guyanais ?
LA POSITION DES VERTS GUYANE
A l’occasion des élections régionales, les Verts Guyane ont exigé l’éradication de l’orpaillage clandestin par la force publique. Nous sommes les seuls à avoir pris position contre l’orpaillage légal, en proposant un moratoire pour mettre fin à une activité précaire et ruineuse pour l’environnement.
L’EUROPE ET LA FORET GUYANAISE
Nous estimons que les problèmes liés à l’Amazonie guyanaise ne peuvent pas être traitées dans un cadre local (par la Région Guyane par exemple), et qu’elles dépassent le cadre national (l’Amazonie est vaste). Les enjeux liés aux grands écosystèmes doivent être pris en compte à l’aide de grands moyens. L’Europe qui a mis au devant la protection de l’environnement dispose de ces moyens. Elle dispose par exemple des moyens de négocier avec le Brésil, membre du Mercosur, qui est en train de substituer à sa forêt du bétail ou du soja transgénique. Ou de participer avec ce même Brésil à un programme de surveillance satellite de l’Amazonie. Au Parlement européen, nous demanderons que l’Europe prenne la mesure de la valeur de ce patrimoine universel, fasse des propositions et prenne des mesures afin d’éviter qu’il soit dilapidé.
LA MAITRISE DE L’ENERGIE
Nous entendons tous parler du réchauffement de la planète, ainsi que de l’extinction prochaine des énergies fossiles. Les déclarations de bonne volonté (Kyoto, 1997) n’ont toujours pas été suivies d’effets probants.
Dans un article récent du journal Le Monde, un scientifique expliquait que du fait de l’accélération du réchauffement de la planète, le recours au nucléaire était inéluctable.
Le problème est que les Etats et les hommes ne sont pas raisonnables. A force de passer leur temps à se disputer, ils finiront par se trouver au pied du mur.
L’Europe a été construite pour soutenir les grandes ambitions : d’abord la paix, puis le développement économique. Demain peut-être, la question du réchauffement de la planète sera la question la plus cruciale : plus cruciale que la menace terroriste par exemple.
Je pense que l’Europe a la dimension nécessaire pour embrasser ces questions à dimension planétaire : la faim dans le monde, la protection des ressources halieutiques, le réchauffement de la planète.
Mais il est nécessaire que ces questions fassent l’objet de véritables débats démocratiques. L’élection au suffrage universel du Parlement européen (depuis 1999) n’est qu’un début. Je me suis engagée auprès des Verts parce que ce sont des enjeux écologiques qui sous-tendent l’avenir du monde. Parce que ce sont les Verts qui soutiennent le plus sincèrement les solutions alternatives (le solaire, l’utilisation de la biomasse, les économies d’énergie), et défendent depuis longtemps une meilleure organisation économique (transport publics, choix du train ...).