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« La loi de la jungle Chronique d’une zone de non droit : la Guyane française »

Publie le lundi 14 juin 2004 par Open-Publishing

Un film de Philippe LAFAIX (53’) 2003

"La loi de la jungle : chronique d’une zone de non droit" est un documentaire réalisé par Philippe Lafaix sur la tragédie qui se déroule actuellement en Guyane au détriment à la fois des ouvriers esclaves et des Indiens contaminés au mercure.

 voir le film

Un documentaire primé à quatre reprises, en France et à l’étranger et toujours pas diffusé à la télévision française !!

Le documentaire LA LOI DE LA JUNGLE, Chronique d’une zone de non-droit : la Guyane française
vient d’obtenir, en juin, le Prix du Meilleur Documentaire de moyen métrage au Festival de Goias au Brésil.
et le Prix du Meilleur Documentaire au Festival d’Albena en Bulgarie.
Il avait déjà obtenu :
- le Prix du Meilleur Film pour les Droits de l’Homme. Festival de Seia - Portugal (Jury jeune) - Octobre 2003
- et celui du Meilleur Documentaire au Festival International du Film d’Environnement de Paris - Novembre 2003

Ce film qui a révélé à ceux qui ont eu la chance de le voir sur internet ( http://loidelajungle.fr.st ) ou sur des sites pirates tels qu’Edonkey Emule ou dans le cadre de nombreuses projections organisées par des associations de défense de l’environnement, notamment au Forum social européen (FSE) de Paris, la situation catastrophique provoquée en Guyane — le plus grand département français mais aussi la plus grande forêt française — sur les plans sanitaire, environnemental, et des droits de l’homme, par le fléau de l’orpaillage.

Constat sans concessions, innovant dans sa forme, le film a reçu un incroyable accueil auprès du public dans les festivals où il a été diffusé, tant en France, qu’au Brésil et ailleurs. Indignés, souvent émus jusqu’aux larmes, les spectateurs sortent des projections bouleversés et désireux d’interpeller les pouvoirs publics sur les graves atteintes aux droits de l’homme — travail forcé, tortures, assassinats— et à l’environnement ? pollution de masse par le mercure — perpétrés dans le cadre de l’exploitation aurifère en Guyane.

" Terrible ! Et dire qu’on ne savait pas !", "Comment est-ce possible ?", "Pourquoi ce film n’est-il pas diffusé ?", " J’ai honte d’être française." "Ce film donne une image crue de notre monde global, où l’idéologie du profit domine et produit des résultats dévastateurs pour l’humanité et la planète."

Après cette reconnaissance des qualités du film au plan international, les arguments des directeurs de programmes des chaînes françaises qui n’ont pas voulu diffuser le film, frisent le ridicule.
"Ce n’est pas pour nous", "Un début difficile pour le téléspectateur
lambda", " Ce film ne répond pas à l’exigence de notre ligne éditoriale ", etc.

En attendant le gouvernement, a compris depuis longtemps que le film pouvait déclencher une véritable "affaire" en France et s’efforce de réagir depuis que la presse française et internationale ont fait grand écho au film, lui donnant une aura de film « censuré » .

Une des premières décisions du nouveau gouvernement Raffarin fut d’envoyer, dix ans après le début de la fièvre de l’or en Guyane, des gendarmes et des hélicoptères pour remettre un peu d’ordre sur les chantiers d’orpaillage clandestins du département. Mais les chantiers légaux continuent d’exploiter tranquillement, développement durable oblige.
Quelques mois plus tôt le premier gouvernement Raffarin avait lancé avec le WWF tout un programme pour la défense de la biodiversité dans les DOM-TOM dans les cartons depuis longtemps (sous le haut patronage de Jacques Chirac). Enfin ! Mais n’est-il pas un peu tard ?
En tout cas, les 12 tonnes de mercure — chiffre officiel du CNRS, certainement très inférieur à la réalité — répandues depuis au moins 12 ans par les chercheurs d’or légaux et clandestins — soit 120 tonnes officielles en 10 ans — dans "le pays des mille fleuves" sont toujours là.
Mais personne ne s’en souvient vraiment, sauf peut-être quelques Amérindiennes dont les enfants sont morts-nés de la terrible maladie de Minamata. Ou encore une petite Française polyhandicapée qui a 13 ans aujourd’hui, et ne pèse que dix-sept kilogrammes, et dont la mère en poste à Kourou il y a quelques années mangeait souvent du poisson alors qu’elle était enceinte.. Personne ne l’avait prévenue que la Guyane était polluée au mercure...
Et les tonnes d’or extraites depuis plus de dix ans, ou sont-elles passées, à qui ont-elles profité ? Certainement pas à la forêt et aux fleuves éventrés sur des dizaines de kilomètres ?Un orpailleur témoigne dans le film : l’or a dû profiter aux partis politiques locaux, voire de la métropole ... Surtout, que les Français n’entendent pas ça !

Voir ci-dessous le synopsis du film
et pour les journalistes le texte intégral des dialogues et commentaires en français.
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SYNOPSIS

La loi de la jungle

Chronique d’une zone de non-droit : la Guyane française.

Un film de Philippe Lafaix - F productions - _ Documentaire 2003 (53’)
Prix du documentaire - Festival international du film de l’environnement, Paris.
Prix du meilleur film pour les droits de l’homme - CinéEco, Portugal.

La Guyane française : dernière possession européenne en Amérique latine, et plus grand département français, aussi vaste que le Portugal. Côté face : Kourou, point de départ de l’aventure spatiale européenne, et orgueil de la France. Côté pile : une forêt tropicale dense et un labyrinthe de fleuves où nous fait pénétrer La loi de la jungle, chronique d’une zone de non-droit. Avec la jungle, finit la loi ; avec elle, commencent tous les trafics : d’or, d’armes, ou de drogues. Avec la jungle s’évanouit la frontière qui transforme les habitants de la forêt en parias que l’Etat français s’évertue à expulser. Des expulsés qui reviennent en pirogue en quelques minutes par ces frontières-passoires. Avec la jungle enfin s’ouvre une zone de non-droit pour les aventuriers sans scrupules à la recherche d’or, dont le film, document inédit, démasque les crimes, jusqu’ici impunis et largement ignorés. Au nom de l’or, ils éventrent forêt et fleuves, qu’ils souillent de mercure.

La Loi de la jungle nous emmène sur des sites d’orpaillage clandestins, cernés de miradors, où les braquages fréquents déclenchent de véritables chasses à l’homme. « La vie d’un homme, ça peut valoir 500 Francs, presque rien, une dispute, une bagarre, un contrat aussi, ça arrive... personne ne dit rien, par peur, parce qu’on sait que c’est un pistolero », témoigne un fonctionnaire. Lorsque des conflits éclatent entre clans, l’Etat français se décharge du problème en confiant à des orpailleurs locaux le soin de rétablir l’ordre dans la forêt impénétrable. Depuis dix ans, ces anciens « jungle commandos », organisés en milices, maintiennent l’ordre à leur façon en toute impunité, sur ce qu’ils estiment être leur territoire.

Un médecin du Samu de Cayenne explique avoir soigné « deux Brésiliens tabassés à mort, mis dans un puits avec des fourmis rouges » Wilame, Claudivan, Isaïs, Raimundo, chercheurs d’or brésiliens exploités quelquefois pendant des années, racontent leur calvaire face à la caméra : « Là-bas ils tuent, ils volent, ils violent ». Le film nous précipite dans l’horreur. des hommes battus, torturés au fer rouge, scalpés, pendus par les testicules, et laissés pour morts. « Il y a cinquante passeports d’amis à nous qui sont enfermés dans le coffre... on pensait qu’ils les payaient et qu’ils partaient, mais ces gens ne sont jamais arrivés chez eux, les familles n’ont plus de nouvelles d’eux », poursuit l’un des rescapés. « Les ressortissants brésiliens en Guyane sont réduits, encore de nos jours, aux indignités du plus complet esclavage », écrit le 17 mai 2002 au président français Jacques Chirac, le sénateur brésilien de l’Amapa, Gilvam Borges.

« Nous sommes bien en France, dans un Etat de droit, et il y a une zone de non-droit qui a été tolérée par l’autorité publique, qui a longtemps fermé les yeux », conclut l’avocat René Kerhousse. Mais à qui profite ce système, et où va l’or ? Et quel est l’avenir de la Guyane française, ravagée par les orpailleurs ? Le film révèle l’ampleur de la tragédie. Comme à Minamata, au Japon, dans les années 50, une contamination massive de toute la région par le mercure commence à décimer les dernières populations amérindiennes de Guyane, qui jusque là vivaient dans un havre de paix. Un document exceptionnel, un constat lucide, véritable pavé dans la mare.

LA LOI DE LA JUNGLE
Liste des dialogues dans l’intégralité
(Version Française)

COM = commentaire off.
ITV = Interview.

code : Première image (Début du premier titre « Pascal Bensoussan présente » ) = 00’.00’’

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TITRE : La loi de la Jungle (pavé carré en haut à droite)

00’ 29’’
COM
La Guyane française : point de départ de la fusée européenne Ariane mais aussi, le plus grand département français.

TITRE :
Sur Gros plan Fusée Ariane aérienne qui s’éloigne de la Terre
Chronique d’une zone de non-droit
La Guyane française

..
TITRE
Sur image des fesses du militaire au garde à vous (Défilé 14 Juillet)
Un film de Philippe Lafaix

01’10’’
COM (Forêt)
Aussi vaste que le Portugal, ce « département » situé au nord-est de l’Amérique du sud, est recouvert à 90 % d’une épaisse forêt tropicale.
Des terres qui, fait exceptionnel, appartiennent intégralement à l’Etat..

Carte 1 Plateau guyanais : 01’26’’
Petite partie du plateau guyanais, cette région est peuplée essentiellement d’Amérindiens, de Brésiliens au sud, de descendants d’esclaves, de colons, et de quelques fonctionnaires européens.

01’38’’
C’est ici qu’ont été tracées arbitrairement, il y a trois siècles, les frontières de la Guyane française.
Cette dernière possession européenne en Amérique Latine, enclavée entre le Suriname, ex-colonie hollandaise et l’immense Brésil, compte officiellement 157 000 habitants, concentrés sur la bande littorale.

1’57’’
COM
Mais ces frontières politiques, issues d’une logique européenne, sont devenues des autoroutes incontrôlables, comme ici à l‘Ouest, où le fleuve Maroni sépare la France du Suriname dans un labyrinthe de 520 kilomètres de méandres. Elles sont opposées aux frontières traditionnelles, perpendiculaires au fleuve, qui depuis des siècles séparent les différentes populations : Bushi-Nengué au centre, Amérindiens sur le littoral et près du Brésil.

De cette contradiction, naissent des conflits de nationalités, comme pour les Kalinia, installés à l’embouchure du Maroni.

ITV De Michel Thérese. 02’37’’
On est kalinia d’abord et puis on est Français après.
On est Kalinia, parce qu’on est chez nous ici, on est pas en France.

02’57’’
COM
Pour les Bushi-Nengué, le problème est identique. Dénommés aussi « noirs Marrons », ils sont des descendants d’anciens esclaves. Dès le 17ème siècle, ils ont fui la barbarie des colons Français et Hollandais pour fonder, dans la forêt profonde, des sociétés libres et indépendantes, reposant sur le principe de la liberté individuelle, avec leurs lois orales, leur langue et leur culture.
Héritage de l’histoire, aujourd’hui encore la France peine à imposer son autorité à ces habitants du fleuve. Tous se considèrent chez eux sur le fleuve Maroni. Rive droite : une France riche, rive gauche : un Suriname au Produit National Brut par habitant 24 fois inférieur. Une situation qui accentue les inégalités entre les familles, déjà divisées par la frontière.

03’45’’
Aux yeux de la France, les commerçants sont des trafiquants, aux yeux des commerçants, la France ne respecte pas la réalité de leur territoire.
Tyson, négociant surinamais, est confronté quotidiennement à ces problèmes.

ITV TYSON 04’02’’
Il y à beaucoups de gens qui ont peur. Ceux là on déjà essayé de traverser le fleuve mais les gendarmes surveillent tout le temps. Les gendarmes leur on couru après, alors il sont revenus, mais maintenant les gendarmes vont prendre leur pause, alors ils traversent !

COM 04’26’’
En moins de trois minutes, les pirogues chargées de caburant, d’or, d’armes ou de drogue, rallient l’autre rive, pendant que l’unique vedette de la gendarmerie reste à quai.

CARTE FRONTIERE BRESIL IMAGE TAPUI

COM 04’45’’
Frontière du Brésil, 673 km de fleuve et de forêt. Une limite invisible qui craque sous la pression du géant Brésil, où 54 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté.
Une frontière politique sans véritable signification pour les Brésiliens de cette région qui n’ont souvent pour maison que leur bateau, les « Tapui »

Synthé : Route Nationale 2

COM 5’14’’
En Guyane, 30.000 personnes, soit un habitant sur cinq, vivent dans la clandestinité. Sur la Route Nationale numéro 2, seul axe routier venant du Brésil, les contrôles sont vite repérés.

05’29’’
ITV du Lieutenant de gendarmerie Française (chemise bleu)

(OFF) Là franchement, on ne sait pas. C’est pas logique puisque ça fait quelques jours qu’on est là. Hier soir on à réussi à en arrêter 30 et puis aujourd’hui il n’y à personne.
(IN) Malheureusement je ne m’explique pas les raisons pour lesquelles c’est comme ça.

COM (après le MAJOR RN2) 05’52’’
Comble de l’absurde, les 30 travailleurs clandestins brésiliens arrêtés retournaient dans leur pays et n’étaient plus qu’à 5 kilomètres de chez eux.

COM (Dans la gendarmerie après 1ère photo). 06’21’’
Toute la journée, les gendarmes débordés et manquant de moyens remplissent des formulaires pour expulser ces indésirables qui reviendront très vite.

06’30’’
ITV du gendarme (en vert) qui prend des photos.
Nous travaillons avec des moyens personnels.
Oui, c’est mon appareil de photo personnel.

COM 06’41’’
Chaque année, environ 15.000 personnes sont ainsi reconduites aux frontières, soit plus, pour ce seul département, que pour toute la France.

06’51’’
ITV gendarme Freddy CANON (en chemise verte)
Ils peuvent essayer de revenir demain ou la semaine prochaine.
Le problème c’est qu’on à une Grande frontière et qu’on ne peut pas la contrôler complètement.

07’04’’
ITV gendarme Freddy CANON
Mais le problème de cette forêt c’est qu’on ne la connait pas. Dès l’instant ou ils prennent la fuite ou qu’ils veulent se servir de cette forêt pour rejoindre un site d’orpaillage on n’est pratiquement perdant.

COM 07’22’’
En 1992, un évènement va aggraver les problèmes frontaliers de la Guyane et créer dans cette forêt les conditions d’une zone de non-droit.

Un jour, un chercheur d’or gagne un site abandonné depuis la glorieuse époque de l’or qui prit fin dans les années 50.

07’38’’
Un peu magicien, l’homme fait revenir à la surface un kilo et demi de métal jaune. Le magot déclenche une série de conflits entre clans, et ce chahut médiatise la nouvelle : il y a de l’or là-haut.

07’55’’
Immédiatement, tout le monde s’enfonce dans la jungle, et en l’espace de quelques mois, c’est la ruée vers l’or.

08’01’’
Féroces, motivés par le désir de survivre et de s’enrichir, les orpailleurs, artisans esseulés, caïds locaux ou industriels puissants, se lancent dans l’or au nom du « développement inéluctable » et essaient de se partager, avec l’accord des autorités ou non, une part du gâteau.

COM 08’20’’
A cette époque, des grosses sociétés canadiennes et américaines, acquièrent les meilleures concessions, mais préfèrent exploiter l’or dans d’autres pays d’Amérique du sud où la main d’ ?uvre est moins chère.
Pour se décharger du problème, et récupérer quelques dividendes, elles sous-louent donc leurs concessions à des orpailleurs locaux qui exploitent l’or alluvionnaire de surface sur des chantiers très mobiles qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus.

08’47’’
La technique est rudimentaire : on utilise des lances à eau et des petits moteurs Diesels. Une fois aspirées, les boues coulent sur un tapis sur lequel l’or, métal lourd, se dépose. Il est ensuite récupéré grâce au mercure avec lequel il s’amalgame.

09’11’’
COM (sur visage du Brésilien)
Pour la main d’ ?uvre, on va chercher des Brésiliens par charters entiers. Ils sont les seuls à accepter ce travail terrible, souvent clandestin, pour un salaire de misère.

09’34’’
Mais très vite les Brésiliens, habitués à ce milieu depuis toujours, comprennent. Eux aussi ils peuvent, dans cette forêt française incontrôlée et libre d’accès, orpailler à leur compte.

09’52’’
Progressivement ils organisent leurs propres réseaux de ravitaillement, d’acheminement du matériel de la main d’ ?uvre et des femmes. Capables de traverser la forêt à pied en quelques jours en portant des moteurs de 200 kg à dos d’hommes, les travailleurs brésiliens installent sous les arbres des sites impossibles à repérer.

10’16’’
Avec le temps, autour des chantiers légaux, l’orpaillage clandestin se généralise, incontrôlable et pour tout le monde beaucoup plus rentable que l’orpaillage légal. La forêt devient un gruyère.

10’30’’
COM
Un autre un évènement va favoriser la recherche de l’or en Guyane.
En 1990, EDF construit le Barrage de Petit-Saut et engloutit 350 kilomètres carrés de forêt primaire, soit la surface d’une ville comme PARIS.

10’46’’
ITV de Claude Renoult
Directeur DOM TOM EDF (Directeur Electricité De France pour les Départements d’Outre Mer)

Les barrages de hauteur faible et au fil de l’eau, dans des zones tropicales, c’était pas une technique qu’on maîtrisait très bien.
Donc cela à été pour nous l’occasion d’acquérir un savoir faire que nous avons d’ailleurs réutilisé dans d’autres régions du monde.
Nous n’avions pas de compétence pour ce genre de barrage a fleur d’eau et en milieu tropical ce qui nous a permis d’acquérir un savoir faire pour le revendre à l’étranger. Pour permettre à la France de vendre son savoir faire en milieu tropical à l’étranger.

11’03’’
ITV Michel ECHAUBARD
Ecotoxicologue - Institut National Agronomique (INA)

Le Barrage de saut est une catastrophe écologique. Pour plusieurs raisons, mais on va en résumer deux ou trois.
La première, c’est la destruction de cette forêt primaire, et c’est donc certainement des espèces inconnues qui ont disparues.
La deuxième, c’est qu’au lieu d’exporter cette matière organique on l’a noyée, et cette matière organique en pourrissant, à libéré du mercure.
Ce qui produit une contamination de tout l’aval du barrage de Petit Saut en méthyl-mercure et a conséquences sur la vie des poissons et la vie des hommes.

11’39’’
ITV Claude Renoult , Directeur DOM TOM EDF
(Directeur Electricité De France pour les Départements d’Outre Mer)
Est-ce que le barrage représente un risque suplémentaire, du fait qu’il existe, au regard de ce problème du mercure. Nous, la réponse qu’on fait, c’est non. Il existerait de toute façon.

11’54’’
COM
Pourtant un article de la Recherche publié en décembre 2002 par des chercheurs du CNRS conclut le contraire :
« La retenue de petit saut constitue donc un bioréacteur extrêmement efficace pour produire de fortes quantités de méthylmercure. »

12’12’’
ITV Michel ECHAUBARD (INA)
Troisième question : l’ouverture pour aller à Petit Saut favorise la pénétration dans cette forêt primaire... Les chasseurs, les orpailleurs, les clandestins, etc... On ne s’est pas posé la question.

12’29’’
COM
Véritable labyrinthe, le lac de petit Saut crée les conditions idéales pour que les orpailleurs clandestins rasent les nombreux îlots et y rejettent avant de disparaître, boues, huiles et mercure.

12’41’’
De l’autre côté de ce lac digne d’un western, au-delà d’une piste d’une douzaine de kilomètre, on accède à un village, isolé dans la forêt.
Saint-Elie, commune française, avec une population à 95% brésilienne.

13’33’’
COM (sur danseurs)
Dans cette zone laissée sans contrôle pendant des années, c’est le Far-West.

13’41’’
ITV SOBAZEK
Il y à un an environ j’ai été réveillé la nuit par des coups de feu en bas de chez moi. On ne passait pas une nuit sans dix coup de feu. Des coups de revolver, des coups de fusil...dans la ville. On à l’impression de vivre dans une chambre à Gaz. C’est à dire que la moindre petite étincelle peu provoquer un drame.

14’14’
ITV : Un homme plie un billet de 200 ? avec de l’or dedans.

Or et euro... les deux sont forts !

14’28’’
COM
Pendant que nous filmions, un piroguier s’est fait assassiner sur le lac de Petit Saut.

14’34’
Dialogue Piroguier et femme (en Brésilien)

Piroguier
Un des frères, celui-ci qui a tiré sur le gars, il est arrivé, il a pris sa main comme ça et lui a dit que la dispute qu’il avait eue avec leur frère etait terminée. Le gars a répondu « oui, c’est terminé » et alors, l’homme l’a tué... pan ! pan !

Femme
Et naturellement, il venait pour se venger ?

Piroguier
Oui. Et avant que le gars tombe, il l’a frappé au visage et finalement, quand il était à terre, il a tiré encore une fois sur lui.

Femme
Et la police française intervient dans un cas comme ça ?

Piroguier
Non, c’est difficile.

Femme
Même quand il y a un meurtre, la police n’intervient pas ?

Piroguier
Non... avant cette fois-là , il y a eu déjà un autre cas de meurtre, ils ne sont pas venus. Je ne sais pas si maintenant ils vont faire quelque chose.

15’39’’
COM (sur affiche Chirac)
Le maire qui n’habite pas sur place mais à Cayenne, vient d’arriver en hélicoptère pour le conseil municipal.

15’49’’
ITV Charles Ringuet(Maire de Saint-Elie)
Je ne vois pas de problème particulier, à moins qu’on m’apprenne tout à l’heure qu’il y ai un problème particulier. Donc, non, il me semble que tout va très bien.

15’57’
ITV ROSE (infirmière)
Le fait du silence et le fait qu’on ne connaisse pas le nombre de gens qui vivent ici, cela crée se désordre. _ Par ce que, ils n’ont pas d’identité, ils ne sont pas reconnu donc ils pensent qu’ils peuvent faire n’importe quoi parce qu’ils n’ont pas d’identité dans le pays.

16’17’’
COM sur la mairie
Pourtant, le Maire est pris à partie par des habitants. Depuis son élection, des rumeurs d’expulsions circulent. Les Brésiliens réclament leurs droits. Résidents depuis parfois dix ans, des habitants n’ont toujours pas de papiers. Même les enfants nés sur le sol français, n’existent pas.

16’36’’
Charles Ringuet (Maire de Saint-Elie) et ROSE se disputent.

Charles Ringuet :
Tu as soulevé les gens, hein !
Rose :
J’ai soulevé les gens !
Charles Ringuet :
Oui, tu as soulevé les gens !
Rose :
_ ?? J’ai soulevé les gens !
Charles Ringuet :
Quel est le problème de gens alors !
Rose :
Quels sont les gens que j’ai soulevé ?
Charles Ringuet :
Messieurs dames, vous êtes là alors dite moi quel est votre problème et qu’est-ce que vous demandez ?

16’52’’
Un Brésilien :
Moi, j’ai une déclaration à faire.
Ici, il y à quatre vingt quinze pour cent de brésiliens, nos revenus sont toujours à Cayenne et nous sommes là, sans transport, sans route, sans poste médical, sans eau, sans lumière, sans école. On nous jette comme des animaux. Je pense que nous avons le droit, d’avoir une vie meilleure. Le Maire, lui, il arrive ici en hélicoptère et qu’est-ce qu’il veut faire ? On va aller où ?

17’29’’
Charles Ringuet (Maire de Saint-Elie) :
Il faut savoir qu’ici, on ne paie pas l’eau, on ne paie pas l’électricité.
C’est à dire que c’est la commune qui paie l’eau et qui paie l’électricité en achetant du Gazoil pour que la centrale puisse fonctionner.
L’école ! Quand nous sommes arrivé l’école était fermée, l’école n’appartenait pas à la commune mais au département.

17’53’’
Rose
Vous voyez, dès qu’il y a un problème « il y à l’Hélico qui nous attend »

18’14’’
ITV SOBAZEK le FAR WEST
Et il est fréquent que des orpailleurs, clandestins ou non, se fassent voler leur tapis, le tapis ou l’or se dépose pendant la production.
C’est assez fréquent, c’est arrivé avant hier.
Non, il y à une semaine.

18’32’’
COM
Surgies de nulle part, des bandes organisées font régner la terreur dans la forêt, les orpailleurs s’organisent pour se défendre.

18’46’’
Michel Beaujar (pilote d’hélicoptère) Mirador
Ici, c’est un mirador, pour ce protéger quand ils ont une production d’or.
Il y a des gens qui sont armé et autour de ça il y à des grosses plaques de tole accrochées avec des grillages. Ils gardent l’or là et l’hélico la récupère.

19’01’’
COM
Insécurité oblige, l’or est convoyé en hélicoptère, et les braquages fréquents, déclenchent des chasses à l’homme. Un fonctionnaire de l’Etat témoigne anonymement.

19’12’’
ITV du fonctionnaire anonyme.
La vie d’un homme ça peu valoir 500 Francs (100USD), rien, presque rien, une dispute, une bagarre, un contrat.
La méthode est toujours la même, des gens qui surgissent, qui vous tuent et qui repartent aussi vite.
Tout le monde les connait, tout le monde c’est qui c’est, personne ne dit rien. Par peur, par ce qu’on sait que c’est un Pistoleros, on sait qu’il vient du Brésil, on sait qu’il est dangeureux. Donc personne, par peur de représailles, ne dira quoique ce soit.

19’47’’
COM
Il y a quelques années, un orpailleur français qui avait réclamé les têtes des bandits les aurait obtenues.

(Carte)

19’55’’
COM
Dans cette ambiance, la forêt guyanaise se divise en deux grandes zones d’influence. L’une dominée par les Bushi-Nengué et notamment les Alukus à Maripasoula, l’autre dominée par les Brésiliens. Bientôt, une lutte acharnée pour la terre et l’or commence au nez des autorités.

20’15’’
ITV de René Kherousse (Avocat)
Ce qui ‘c’est passé, et cela a été publié donc je peu le dire, qu’un ancien préfet de police de la Guyane se soit déchargé, au nom de l’autorité publique, du maintien de l’ordre la bas, sur ces orpailleurs locaux.

20’36’’
COM
(Article du « Monde Diplomatique » lu par Ph. LAFAIX )

« A l’évidence, l’or jaune séduit davantage le préfet de l’époque, M. dominique Vian, que l’or vert. Il fait de Monsieur Béna l’un de ses contacts priviliégiés. C’est donc à ce dernier qu’on demande « de faire le ménage » l’orsqu’on découvre la présence de brésiliens clandestins... »

20’52’’
ITV de René Kherousse (Avocat)
Et donc les orpailleurs locaux se sont emparé du maintien de l’ordre..
C’est ambigu, par ce que au travers du maintien de l’ordre on élimine des concurents dans la recherche de l’or.

20’08’’
COM
Cette politique va avoir des conséquences désastreuses, et loin des regards indiscrets une tuerie sans merci va commencer.
De leur quartier général, une ferme dénommée METAL située sur une île surinamaise en face de Maripasoula, ces orpailleurs locaux, organisés en milices, vont maintenir l’ordre à leur façon sur ce qu’ils estiment être leur territoire, Dorlin, situé coté français.

21’31’’
A leur tête, Jean Bena, un jeune Aluku, ancien « jungle commando » pendant la guerre civile du Suriname qui se reconvertit dans l’or et fait fortune rapidement.

21’44’’
ITV ARMAND ACHILLE
On à interdit aux opérateurs Bushi Nengué d’aller travailler sur leur site a Dorlin et en même temps les brésiliens contournaient le barrage qui avait été installé sur le fleuve, passaient par la montagne et travaillaient avec le matériel qui appartenait aux Bushi Nengué. Les gens ne pouvaient pas accepter cette situation, donc ce qu’ils ont fait, ils se sont organisé et ils ont été expulsé ? c’est le terme qu’il faut employer ? expulsé.

22’18’’
COM
Mais les Brésiliens, qui travaillent jour et nuit, pas payés parfois depuis des années, résistent et des révoltent éclatent
Très vite, on parle de violences. A Maripasoula, défendu alors par trois gendarmes, un climat de terreur s’installe.
Les premiers témoins seront les hommes du SAMU qui évacuent les morts et les blessés.

23’38’’
ITV de Jean-Honoré TOUKOUMBANE.
Il y à une fois deux brésiliens qui ont été tabassé à Mort et mis dans un puit ou il y avait des fourmis rouges. Ils ont été piqué à mort et ensuite quand ils sont arrivé ici ils étaient peint en couleur avec une peinture bleu, jaune, rouge. Ils étaient peint de partout.

23’02’’
ITV ARMAND ACHILLE
Il y a beaucoup de « On dit », il y a beaucoup de rumeurs, il y à beaucoup de mythes.
On parle de Jean Béna. Jean Béna c’est un ami à moi, officiellement on ne reproche rien à Jean Bena. Il n’y a rien, aucune poursuite judiciaire qui est engagée contre lui.

23’26’’
ITV Armelle Kayanakis
Vous parlez de Jean Bena, c’est vrai que c’est un personnage particulièrement remarqué par un certain nombre d’observateurs, c’est vrai qu’il y à un certain nombre de dossiers le concernant. Maintenant ma position aujourd’hui ce n’est pas de dire ce que je vais faire ou ne pas faire. Maintenant je peux vous dire qu’il n’est pas question de protection ou de complaisance.

23’53’
COM
Cependant, dans la forêt, les preuves manquent, et il faut attendre plusieurs années pour que les premiers témoins directs sortent de l’anonymat.

24’02’
ITV René KHEROUSE
On arrive petit à petit à faire le schéma de cet ensemble. En fait on à une milice organisée et qui règne par la terreur

24’16’’
COM(sur plan de nuit)
Claudivan qui possédait son propre chantier a été enlevé en 1998.

24’23’’
ITV Claudivan (en brésilien)

À Dorlin, j’ai été pris par le groupe de Rasta, ils m’ont emmené à son campement, moi et d’autres brésiliens. (PAULISTA IRMAO)... Ils prenaient tout le monde. Là-bas au campement, ils nous ont battus.
Ici c’était Soupé. Il a attaché mes mains et mes pieds, et m’a mis une cigarette ici. Elle a entièrement brûlé ici, et moi je ne pouvais rien faire, j’étais couché par terre. Il a dit qu’il fallait qu’elle brûle entièrement là, et c’est ce qui s’est passé.
Ici, j’avais les jambes toutes enflées, Soupé, c’est lui. Vous voyez ces taches ? Il frappait là, là et là. Mes bras, ma tête ont été toute coupée, plus de neuf trous sur ma tête.

19 :54 : 48
Des épines enfoncées sur tous mes doigts, ici, ici ? Ici. Il y a la marque d’une épine qui est sortie par là. _ Ça rentrait ici et ressortait par là. J’en avais partout sur le corps. Mon dos est tout taché à cause des coups de bâton.
//
Il m’ont mit un bout de bois dans la bouche. C’est absurde ce qu’ils ont fait. Même aux bêtes féroces, on ne fait pas ça.

26’20’’
COM
Dans la jungle, une chasse à l’homme commence et de nombreux Brésiliens sont faits prisonnier par de mystérieux commandos. Plusieurs fois le Brésil affrète des avions pour rapatrier à Belém ou Para Bari les corps de ses ressortissants.

27’34’’
Apres trois années de calvaire à Métal, Antonio Whilame Pereira Da Souza, s’est enfui en mars 2002 poursuivi par quatre tueurs.

26’45’’
ITV de WHILAME PEREIRA DA SOUZA (en brésilien)

Jean Béna a beaucoup d’or. / Et toutes les semaines Jean Béna ramène 15 à 20 kilos chez lui, et ne paye personne ! Il a beaucoup d’or Jean Béna ! Le service est mécanisé. Tout le monde dans le ravin fait 5 ou 6 kilos. Le jour où l’on m’a emmené là-bas, j’ai fait 4 kilos 400 grammes ; il ne me paye pas et ramène l’or ici. Ce jour-là il avait 20 kilos dans son sac et est reparti avec, il n’a payé personne.

On travail sous pression, ils ont beaucoup d’armes , fusils, mitraillettes, kalashnikov, grenades. Ils ont une maison que pour garder des munitions. Il y a Soupé, qui a changer de nom, Il a trois noms pour confondre la police. Soupé, tune, Youkou Bye Bye, c’est le bras droit de Jean Bena.
Jean ordonne et Soupé il fait.
Il y a soupé connu comme El TUNE, il y a RASTA connu comme NACHI.
Et il y en a plus encore mais moi je ne connais pas leur nom et ils se divisent en groupes et Soupé commande tout. Soupé est le bras droit de Jean Béna
Là-bas, ils tuent, ils volent, ils violent.

Là-bas ils sont toujours drogués. Ils sniffent de la cocaïne, ils fument des joints, ils fument du crac, boivent du whisky en permanence. Ils sont toujours comme ça, toujours paranos.

Il a un peu pres 50 passeports d’amis a nous qui sont enfermé dans le coffre.
Ces gens la descendent du camp d’orpaillage jusqu’a la ferme, on pensait qu’ils les payaient et qu’ils partaient mais ils ne sont jamais arrivé chez eux. Les familles n’ont plus de nouvelles d’eux.

Tout le monde a peur. Quand on marche au fond de la ferme, ça pu vraiment très fort, ça pu ! Ils arrivent à minuit, ils enroulent des choses et les emmènent en voiture vers le fond de la ferme, mais personne ne sait ce que c’est. À la ferme, ils ont de tout : des voitures, des tracteurs, des pelleteuses.

Quand ils vont les tuer ils les emmènent avec le canot un peu plus loin pour qu’on ne les voient pas. Mais battre j’en ai vu beaucoup. Ils les battent attaché a des poteaux, ils les laissent au soleil et ils bavent. Ils nous demandent de l’eau, mais on nous interdit de leur donner de l’eau sinon ils feront la même chose avec nous.
Toute la journée ils restent attaché au poteau et ils sont tout ensanglantés, et ils nous demande de l’eau et nous on ne peut rien faire. Toute la journée comme ca et j’en ai vu beaucoup, beaucoup . Ensuite ils arrivent avec des couteaux qui ont été chauffé à blanc et ils posent sur les bras, et la peau vient avec le couteau. Il scalpe la tête avec la machette.

Ils ont pris aussi Goyano, celui-là je le connais, il est un brésilien. On l’a attaché nu, par les couilles, là-bas au soleil et ils l’ont frappé.

Ils ont pris trois autres amis à nous, les ont frappés. Jean Béna avait une mitraillette et un pistolet, et il ordonnait qu’on les frappe. Il y en a un qui frappait sur le crâne avec un bâton tellement fort que le crane s’est ouvert. Ils les jettent ensuite par terre, les couvrent d’une toile pour les piétiner. Jusqu’à ce que les mecs puissent seulement respirer, puis ils partent et les laissent là.

Ils disent qu’ils vont faire ça car les blancs ne savent rien. Ils sont enragés. Il dit qu’il va faire au blanc ce que son grand père faisait . Il va enlever la noix de coco du corps du blanc pour boire la Cachaça dedans. Jean bena à dit qu’il allait faire ça parce qu’il n’a pas de père blanc ni de fils blanc. Donc, lui il dit qu’il ne parle pas avec les blancs et qu’ils ne les payent pas.

30’35’’
COM
A chaque problème, les Brésiliens sont montrés du doigt et les rafles deviennent une habitude.
Le 25 janvier 2001, alors qu’il arrive a Maripasoula, Isaïs est arrêté avec un de ses amis, Maragno, agé de 61 ans, par des hommes en uniforme paramilitaire qui se prétendent policiers. Devant la Mairie, les choses ne s’arrangent pas.

30’59’
ITV Isaïs SANTOS SOUZA (en brésilien)

Il y en a un qui de l’intérieur de la mairie lui a demandé « Combien en as-tu pris ? ». L’homme qui avait nos documents dans les mains a répondu « J’en ai pris deux ! ». On lui répondit « Tu as fait un bon boulot. » Notre destiné fut d’aller au bord de la rivière
Ils m’ont donc obligé à rentrer dans la pirogue.

Quand on est arrivé à trois minutes, quand on avait déjà passé les îles, en nous cachant de Maripasoula, ils ont arrêté la pirogue au milieu de la rivière et nous ont demandé nos mains pour les attacher.
Après ils s’arrêtèrent du côté du Suriname, ordonnèrent qu’on sorte de la pirogue. Nous sommes sortis, et l’on a commencé à marcher. Mon camarade entre deux d’entre eux, et moi un peu plus en avant, avec un homme armé derrière mon dos.
(...) ils m’ont tiré dessus : deux coups, un dans la cuisse, l’autre dans le talon, mes mains attachées, j’étais debout.

Arrivée à 50, ou 80 mètres de la rivière, ils nous ont encore attaché à un arbre. Ils tirèrent deux coups sur mon camarade, sur une jambe qui ne se cassa pas, sur l’autre jambe qui se cassa. Il se tourna vers moi, me regarda à 50cm de mon visage et me dit « je vais te tuer », je ne répondis rien, mais je vis la mort.

32’37’’
COM
Une autre balle casse le fémur d’Isaïs. Par miracle, il se détache en rongeant ses liens. Acharné, il rampe cinq jours dans la forêt et survit en mangeant des feuilles avant d’être sauvé par un Amérindien. Maragno, son ami, est enterré à cet endroit.

Depuis dix ans, dans l’impunité la plus totale, les pogroms se multiplient en Guyane française.
Un des rares survivants, Raimoudo, en a fait lui aussi les frais en 1998.

33’08’’
ITV Raimundo (en brésilien)

C’est arrivé le 18 juin. J’étais chez moi quand ils sont arrivés, ils ont battu tout le monde qui était à côté. Ils sont revenus et ont caché les autres sous la maison, et Jean a demandé qu’ils viennent chez moi car ils savaient que j’avais un fusil chez moi, un rifle et une arme courte. Ils sont rentré chez moi et ils m’ont demandé mes armes. Ils m’ont dit que si je ne les donnais pas, ils allaient tuer les enfants. Il y avait deux petites enfants chez moi. Alors la mère des enfants s’agenouille en pleurant et demande que je donne mes armes. Quand je leur donne mes armes, il y en a qui partent en courant, et une quinzaine qui monte là-haut et me tape. Ils ont cassé toute ma tête, mes côtes, mes doigts, tout a été déformé.

Après une demi-heure de tabassage, j’étais tout cassé, je ne voyais plus rien. Quand le gendarme arrive, ils disent « c’est lui qui allait tuer Michel Assançon ».Alors ils me passent les menottes et m’emmènent à la gendarmerie de Maripasoula, mais je ne voyais plus rien. _ Ils me mettent en prison. Là-bas, Jean Béna me met un pistolet contre la tête et me dit « dis-moi si c’est toit qui l’a tué, dis le que je te tue tout de suite ! ». Et le gendarme dit « attends, jean Béna, attends, par ce qu’il y aura une solution. »

Jean Béna dit « non, je veux tuer ce brésilien, c’est un salaud etc ? » Le gendarme demande « tu le connais ? » il dit « oui », « est-ce qu’il t’a déjà fait du mal ? » « non, mais maintenant oui. Je le connais, il est mécanicien, et je veux le tuer ». Le gendarme dit « non, non, il ira en prison et nous saurons si c’est lui ou pas qui l’a tué ». Alors je suis venu à Cayenne et suis resté emprisonné 7 mois et 21 jours, où j’étais en isolement ; je n’ai pas pu parler à ma famille et à personne car la police ne l’autorise pas.
Je faisais 45 kilos par ce que je ne mangeais pas. Je n’avais plus de dents. Je dormais la bouche vers le bas, et je vomissais du sang, et ceci pendant trois mois, tous les jours ; je ne pouvais rien manger.

35’45’’
COM (sur image d’expulsion a ST george / camion s’ouvre)
Laissé dans cet état, Raimoundo ne voit un avocat qu’après trois mois. Il est libéré et innocenté, après 7 mois et demi de détention.
En juillet 2002, il est arrêté à la frontière et expulsé du territoire français vers le Brésil d’où il reviendra le lendemain.

36’16’’
ITV Whilame Pereira da Souza
Ce qui m’impressionne le plus c’est que la police de Marripasoula voit et est au courant de tout ce que Jean Béna fait. La police elle rentre dans le Camp et elle voit ce qu’il fait. La police dit qu’elle veut attrapper soupé mais moi je n’y croit pas parce que soupé il passait deux fois par semaine devant le portail de la gendarmerie et pour retourner au Camp il repasse devant la gendarmerie et les gens qui sont tué, mutilé, ils sont apporté à la police qui sait tout ce qui se passe.
Jean bena dit que c’est lui qui commande parce qu’il paye.

36’57’’
ITV Claudivan
Par ce que si Jean est arrêté, il a dit qu’il dénoncerait tout le monde, et c’est pourquoi ça tient la route comme ça.

37’05’’
COM
Chaque jour, de nouveaux témoignages confirment les premiers. Aujourd’hui, on compte 6 survivants dont un Français, mais pour combien d’anonymes disparus.

37’16’’
ITV René Kerhousse (Avocat)
C’est la première fois que de tels actes peuvent être imputé a une organisation. Il y à sans doute eu des procès d’actes de barbarie individuel ? vraisemblablement de gens qui ont des problèmes ? mais là, on est en face de quelque chose d’organisé, de concerté, de systématique
Nous sommes bien en France dans un état de droit et il y à une zone de non droit qui, je l’ai dit au début, à été sûrement toléré par l’autorité publique qui à longtemps fermé les yeux.

37’57’’
Pour celui pour lequel j’ai déposé plainte auprès du Doyen des juges d’instruction je dois vous dire que cela à été un combat avant que ça démarre.

38’06’’
ITV Armelle KAYANAKIS
Je suis parfois blessé par cet affichage des choses. Il n’y à pas de volonté délibéré de ne pas faire et c’est parfois ce qu’on nous dit. Il n’y à pas de négligence de principe et c’est parfois ce qu’on nous dit. L’état n’a pas demandé de laisser tomber Maripasoula. Le procureur ne se désinteresse pas de Maripasoula ou d’autres zones... C’est pas vrai, on travail la dessus, on fait des efforts la dessus.

38’30’
COM
Le 17 Mai 2002, le sénateur Brésilien de l’Amapa, GILVAM BORGES, réagit et écrit à Jacques Chirac après avoir reçu Wilame Peirera da Souza

Monsieur le président, dans cette année de la grâce du seigneur de 2002, où le monde entier commémore le bicentenaire de Victor Hugo, ce géant qui a dénoncé les misères accablantes que subissent les ouvriers, les laboureurs, les travailleurs dans ce monde ingrat, je viens attirer votre attention sur les conditions pénibles que subissent des ressortissants brésiliens en Guyane, réduits encore de nos jours aux indignités du plus complet esclavage dans les travaux d’exploitation minière.
Monsieur le président, je vous demande avec empressement de vous renseigner vous-même, et d’employer les puissances dont vous disposez, pour aider à y mettre fin.

39’23’’
COM
À la même époque, Armand Moussa et Lando sont condamnés à 5 ans de prison en correctionnelle pour torture et actes de barbarie sur la personne de Claudivan. Même peine par contumas pour Soupé Poité.
Des gendarmes ont été dépêchés à Maripasoula, mais MÉTAL, situé en territoire surinamais, reste hors de leurs compétences. Le piroguier amérindien qui nous pilotait a refusé de nous y emmener.
Monsieur Jean Béna qui habite Kourou et orpaille toujours légalement à Dorlin, nous a fait savoir qu’il n’était pas disponible pour répondre à nos questions.

39’57’’
COM
En attendant le SAMU de Cayenne note pour la Guyane une augmentation de 98% blessures par armes à feu entre 2000 et 2001.
Lors de notre passage à Maripasoula, à deux pas des restaurants brésiliens en grillager, la jeunesse s’amuse chez Dédé. Mais ici, les lois Bushi-Nengues traditionnelles ont été depuis longtemps supplantées par celle des chercheurs d’or, et la nouvelle génération au pouvoir s’est forgé des rêves de puissance et d’autonomie.

40’27’’
À la moindre étincelle, la violence explose.

40’42’’
Ce soir-là, une jeune femme est poignardée. Dans la panique, elle est amenée au dispensaire. Le coupable, blessé, s’y rend lui aussi pour se faire soigner et y est interpellé. Mais les amis du coupable attaquent le dispensaire. Un gendarme est étranglé, qui s’en tirera grâce à l’arrivée tardive des renforts.

41’04’’
COM
Mais à qui profite ce système et où va l’or ?
Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui sont associés dans une affaire d’orpaillage. Des affaires juteuses pour beaucoup, qui sous couvert d’un chantier légal développent sous les arbres une multitude de petits chantiers illégaux. Peu de frais et pas d’impôts sur la production revendue aux comptoirs de la frontière brésilienne.
Entre l’or déclaré et l’or réellement produit, l’écart est immense.
Plus de 5 tonnes d’or déclarées par an selon les douanes, mais combien en réalité ? Quarante et voire plus, affirment certains orpailleurs ?
Et à qui profite cet or illégal ?

41’43’’
ITV ARMAND ACHILLE
Il y à un Bijoutier de la place, ? et c’est connu...je ne vais pas le citer par ce que c’est un honorable bijoutier ?, qui refuse d’acheter les pépites des opérateurs locaux. Et il nous dit fortement que les femmes de militaire au service de l’état qui sont là pour assurer l’ordre, viennent lui vendre des pépites à des prix défiant toute concurrence. Elles cassent la baraque.

42’22’’
ITV ROBERTO VARGAS.
Normalement, pour pouvoir avoir le droit de travailler dans ce secteur il faut donner des Pots de vin. Ca peut arriver jusqu’à deux ou trois kilogrammes d’or, ça représente en euro plus de vingt-cinq mille euro.

Question OFF :
A qui on donne ça ?

ITV ROBERTO VARGAS.
A toute l’administration qui entoure le secteur, c’est à dire, ONF(office national des forêts), DRIRE (Direction régionale de l’industrie), il y a plusieurs administrations.

42’50’’
ITV de Francois Calmail, ONF(office national des forêts)
Là ce sont des accusations qui sont faites pour déstabiliser et c’est de la fausse information. Moi, je suis dans l’établissement depuis près de trente ans. On connaît deux ou trois cas de détournement de bois sur lesquels des agents ont été impliqués et l’Office a déclenché tout de suite des enquêtes disciplinaires, dès lors qu’il y avait des preuves, et les agents ont été soit radié, soit déplacé.

43’17’’
ITV de PHILIPPE GIRARD (OFF au téléphone)
On à rien à dire la dessus par ce que si on se lance dans une réponse à des calomnies de ce genre on n’a jamais fini. Donc voilà, la réponse de la Drire, c’est qu’il n’y à pas de réponse.

43’33’’
ITV ROBERTO VARGAS.
Bien sûr, aux niveau local, il y à de l’argent de la production minière qui finance les Parti politiques. Je ne sais pas si c’est au niveau de la France mais il doit exister une centrale ?

43’47’’
COM
En attendant la forêt souffre.
En 92 à la conférence de RIO, François Mitterand annonce officiellement la création d’un parc national en Guyane pour préserver cette forêt unique
44’01’’.
Depuis, les chercheurs d’or sont passés par là et partout le paysage est dégradé.
Le parc n’est toujours qu’un projet.
Un exemple parmi tant d’autres, à Dorlin sur plus de cinquante kilomètres la rivière du Petit Inini est éventrée

44’20’’
ITV Michel ECHAUBARD/ INA
La déforestation crée plusieurs problèmes échelonnés dans le temps..
La première c’est la mise à nu du sol. Donc érosion selon la pluviométrie et toute cette vase va se retrouver dans les cours d’eau. Donc envasement des cours d’eau, impact sur le poisson, etc, etc....
Pendant plusieurs centaines d’années, la faune qui à été présente ne sera plus là. Et en plus ça fait une coupure dans la forêt. Donc perte de biodiversité et perte de richesse naturelle.

COM (CARTE 5 / La zone Interdite)
Dans les années 1970, pour protéger les Amérindiens des maladies et de l’invasion touristique, l’Etat crée la « zone interdite » sur un tiers du territoire Guyanais.

45’26’’
COM
Ces Amérindiens vivent encore dans un havre de paix grâce à l’énergie d’André Cognat, un Français qui a choisi de devenir Indien Wayana en 1965 à l’age de 25 ans. Initié aux rites traditionnels, il fonde le village d’Antécume Pata, dont il devient le chef, et où il réunit les dernières familles Wayanas. Respecté de tous, il est aujourd’hui leur porte-parole, et membre de la Fédération des Organisations Amérindiennes de Guyane.

45’55’’
Une population de seulement 1.600 membres gravement menacée par l’intrusion de la société de consommation
Devenus Français officiellement, les Wayanas qui vivent de chasse et de pêche, bénéficient maintenant du Revenu Minimum d’Insertion qu’ils dépensent souvent en alcool.
Pour parfaire cette politique, en 2002, certains élus, candidats aux législatives, n’ont pas hésité à apporter des caisses d’alcool aux Amérindiens de l’Oyapoc.

46’24’’
Mais aujourd’hui, sournoise, une menace terrible pèse sur les Amérindiens.
Le Monde Diplomatique écrit :
« le 10 Février 2000, les orpailleurs demandent l’autorisation d’accès sur la rivière Waki en Zone interdite. Au cours d’une réunion tenue le 17 à Maripasoula où le Grand Man amérindien est menacé, le Préfet autorise M.Bena à déposer son matériel sur la Waki mais sans exploiter, ce qui fait rire tout le monde note un participant. Depuis , la Waki et le tempok bouillone, des pirogues passent la nuit sans autorisation.

46’57’’
ITV de Liéu Kanélu (mère de famille Wayana)
On a un peu peur quand on est enceinte. Ils disent que le mercure c’est dangereux pour les femmes et les enfants. Moi j’ai peur par ce que j’ai une petite fille et je ne veux pas lui donner à manger n’importe quel poisson. Par ce qu’on voit pas le mercure dans le poisson alors on le mange.

47’35’’
COM
Le mercure, utilisé pour amalgamer l’or, à raison de 1,3 kg pour 1kg d’or extrait, soit en quantités phénoménales, est le plus souvent rejeté dans les fleuves par les orpailleurs et s’accumule dans les poissons, dont se nourrissent essentiellement les Amérindiens.

47’57’’
ITV ANDRE COGNAT
Depuis une dizaine d’année il y a eu plusieurs cas assez troublants.....Il y à certaines femmes qui ont accouché avant terme, des enfants mort-nés ou mal-formés et des enfants qui sont mort.

48’16’
ITV MICHEL ECHAUBARD
Les taux constatés en Guyane sont comparables à ceux qui ont provoqué des morts à minamata Minamata. Donc on peut s’attendre à ce qu’il y ait des morts de la maladie de Minamata en Guyane.

48’32’’
COM
À Minamata, au Japon, à partir de 1932, de faibles quantités de mercure sont répandues dans la mer. En 1954 apparaissent les premiers cas de cette maladie atroce.
Jusqu’aux années 1980, on comptera des milliers de morts, qui comme les Wayanas, se nourrissaient essentiellement de poisson.

48’53’’
Ces enfants sont-ils atteints de la maladie de Minamata ? André Cognat en a vu naître sans oreilles, sans anus, les pieds tordus, incapables de marcher.

49’10’’
ITV MICHEL ECHAUBARD
A Minamata nous avions une population concentrée dans un village. Tandis que là on est face à une population disséminée, donc on n’aura pas l’aspect spectaculaire qu’on à constaté à Minamata même si on à le même nombre de personnes atteintes.

(Enfant qui pleure)

49’50’’
ITV MICHEL ECHAUBARD
Est-ce que ce sera deux ou trois personne dans un village, deux ou trois ailleurs ? Et sur l’ensemble de la Guyane quelles vont être les conséquences ? Il serait important de faire une enquête épidémiologique ? Et la aussi est ce que les autorités françaises font les enquêtes ? A ma connaissance, non. Est-ce que des intérêts financiers ne sont pas supérieurs aux principes de précaution et de la santé humaine de cette population amérindienne qui n’est pas la population européenne de la côte.

50’25’’
ITV Patrick Twenké.
Elle à deux ans mais elle ne marche pas encore. Ca veut dire qu’elle à des problèmes pour marcher.

50’45’’
ITV MICHEL ECHAUBARD
On ne peut pas dire qu’on ne sait pas. Donc le responsable pour moi c’est les pouvoirs politiques qui ne mettent pas en ?uvre leur pouvoir régalien pour arrêté ce scandale.

51’06’’
ITV d’un Gendarme (en tee shirt vert)
Ici sur place on à aucun moyen d’aller sur le fleuve à l’aide d’une embarcation fluviale. Toutes les semaines la relève est effectuée par les militaires du camp « Lunier » qui nous amène ici avec leur pirogue. Sinon, on à aucun moyen de véhiculer sur le fleuve.

51’41’’
ITV Patrick Twenké
On ne compte plus vraiment sur l’état, puisque l’état il intervient qu’au dernier moment, quand il y à d’énormes dégats. Mais qu’il y ait des milliers de gens qui soit déjà mort, c’est ce que l’état attend. C’est à l’état de prendre sa responsabilité maintenant.
Et nous on n’est là comme des chiens, des boeufs, on n’est la pour faire joli. On n’est là que pour décorer la terre de l’état.

FIN

Voir le film sur le net :
http://loidelajungle.fr.st