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Grenoble, parc Paul Mistral : une réunion publique se retourne contre le maire

Publie le mercredi 16 juin 2004 par Open-Publishing

Vendredi dernier, Destot (maire PS de Grenoble) convoquait une réunion publique pour présenter « l’avis des Grenoblois » quant à l’avenir du Parc Mistral, où un stade est en train d’être construit malgré des mois de lutte. Le public était moins « participatif » que prévu...

Vendredi 11 juin à 20h30, Destot et son équipe comptait présenter aux « Grenoblois » l’avis des « Grenoblois » au sujet du futur du parc Paul Mistral. « Extension » à droite ou à gauche ? Petit train ou barbe-à-papa ? Les questions soumises par courrier à 90.000 foyers éludaient soigneusement l’énorme verrue au milieu de tout ça, le stade, déjà « démocratiquement » choisi par la mairie et ses lobbies.

Une belle démocratie de fiction, largement médiatisée, et toujours aussi criante d’à-propos : les thèmes sur lesquels on veut bien faire semblant de solliciter la population naviguent allègrement autour des « couleurs des façades » et ne posent jamais les questions principales.

La petite salle, pleine à craquer (au moins deux centaines de personnes), n’a pas été aussi docile que prévu. Une majorité d’opposant-e-s au stade, membres de l’association SOS Parc Mistral ou non, avaient amené leur créativité et leur détermination. Des banderoles artisanales étaient déployées sur les marches de l’Hôtel de ville et ont suscité nombre de klaxons d’approbation. Des personnes âgées trottinaient au milieu des discours d’introduction, brandissaient vaillamment des pancartes maison (« Destot menteur », « Destot démission », « comment voulez-vous le parc ? - SANS STADE ») puis retournaient s’asseoir aussi vite qu’elles étaient apparues. Le collectif « Pièces et main d’oeuvre » diffusait ses textes sur l’urbanisation ravageuse du Grésivaudan. Des squatteureuses élégant-e-s, en noir et en voiles, venaient afficher leur deuil du parc, et diffusaient un droit de réponse à la mairie concernant l’avenir de la traverse des 400 Couverts, ainsi qu’une analyse des communiqu !
és de la même mairie au moment de l’expulsion des accro-branchistes.

Destot ouvrit la « réunion publique » par un discours copieusement hué et ponctué d’interventions impromptues... Le maire, bien formé aux techniques de communication, ne se démonta pas, en appela comme d’habitude au « dialogue » et à la « démocratie », demanda à la salle de se calmer comme s’il parlait à des élèves, et fustigea les sempiternels « provocateurs » qui devaient être à l’origine de tout cela. Il suffisait d’observer la situation, la variété des opposant-e-s présent-e-s (âge, look, milieu social...), la quantité d’initiatives autonomes, pour comprendre que les gens n’avaient pas eu besoin de leaders violents et que les « voyous » étaient de simples grenoblois-es, las de jouer encore une fois le jeu de la participation « citoyenne » face aux arguments mielleux et omniprésents de la mairie.

L’introduction presque inaudible du maire fut suivie d’une présentation en images du questionnaire, marquée par un silence tendu. L’architecte qui commentait les questions et les réponses lisait à voix haute le texte qui apparaissait à l’écran, mais évitait de prononcer le mot « stade » (le document le mentionnait rarement, faisant référence par exemple aux parkings attenants). Des cris de colère couvrirent son exposé quand il évoqua « l’avis des Grenoblois » représenté en camemberts : 7000 questionnaires avaient été reçus et dépouillés sur les 90.000 envoyés...

Le brouhaha ne cessa plus, des mots et des questions étaient hurlés sans relâche, « et le stade ? » « et votre dialogue c’est la police ? », « propagande ! », etc. La « réunion publique » se termina moins de vingt minutes après son inauguration. Certaines personnes du public, espérant y trouver du « dialogue démocratique », s’en prirent aux opposant-e-s au stade, houspillant notamment les filles en deuil que l’accoutrement rendait particulièrement visibles, faciles boucs-émissaires. Ces personnes ne voulaient manifestement pas envisager que les empêcheurs/euses de démocratie étaient peut-être ces honorables politicien-ne-s qui jouaient les offusqué-e-s.

Ni Destot ni Carignon, autogestion !