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PCF : les opposants dénoncent les "méthodes de purge" avant le congrès

Publie le vendredi 5 décembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

Une semaine avant le congrès national du PCF, les opposants ne veulent pas se laisser faire. Après avoir été éliminés lundi 1er décembre par la "commission de transparence" qui prépare, sous la houlette de Marie-George Buffet, la composition de la future direction, les refondateurs, proches de Patrick Braouezec et Pierre Zarka, et les amis de Jean-Claude Gayssot ont tenu à raconter comment la "purge" s’est déroulée. C’est dans un café parisien, vendredi 5 décembre, qu’ils ont expliqué les différentes recettes appliquées à tous les opposants un peu trop voyants.
Avant le congrès, Marie-George Buffet verrouille les instances
Edition abonnés Archive : Robert Hue prend le large du PCF
La direction a d’abord annoncé sa volonté de réduire d’une centaine le nombre de membres du conseil national (sur 254). Il fallait donc que chaque fédération s’applique cette cure de minceur. Et certaines plus que d’autres. Ainsi, les fédérations où les opposants comptaient des élus au conseil national ont vu leur nombre de représentants diminuer de moitié. "Quand il faut éliminer des candidatures pour des raisons politiques, les quotas sont minis", raconte un proche de M. Gayssot.

Ensuite, la direction a insisté pour que les secrétaires de section se présentent systématiquement face à ces opposants : ils ont la légitimité auprès des troupes et peuvent faire passer les consignes. Et surtout on blinde la salle avec des militants fidèles.

"CÉDER LA PLACE"

Les arguments pour écarter un "mauvais candidat" peuvent varier : ils sont déjà élus "à l’extérieur du parti" ; ils sont sortants et doivent "céder la place" ; ils n’ont pas assez soutenu le parti voire ont "exprimé des désaccords avec la ligne".

C’est ainsi que Dominique Grador, responsable aux élections, a été évincée en Corrèze : elle avait le tort d’être élue deux fois, comme conseillère générale et première adjointe à Tulle, et membre du CN depuis dix-huit ans. "Mais Marie-George, ça fait vingt-et-un ans et elle reste...", souligne un de ses proches.

Elisabeth Gauthier, membre de l’exécutif sortant, et Bruno Piriou, candidat contre Serge Dassault à Corbeil-Essonnes, ont été écartés dans l’Essonne car jugés trop "ouverts". Gérald Briant, responsable de la communication interne, proche de Marie-Pierre Vieu, a été barré un échelon plus haut, par la commission transparence. Sa fédération avait eu le tort de l’élire.

Quand la fédération n’est pas "sûre", l’affaire est suivie place du Colonel-Fabien. C’est ainsi que tous les candidats critiques de Seine-Saint-Denis - le département de Maire-George Buffet - ont vu leur sort réglé directement par Michel Laurent, responsable de la vie interne du parti. Avant même que se tienne le congrès fédéral, prévu dimanche 7 décembre.

"Depuis vingt ans, les sensibilités s’étaient imposées puis avaient été promues au nom de la diversité. Aujourd’hui elles sont devenues insupportables pour la direction et, comme au pire des années staliniennes, on les élimine", explique Gilles Alfonsi, membre des refondateurs, lui aussi "viré". Les opposants espèrent un sursaut des délégués du congrès pour éviter "une image catastrophique de fermeture".

Sylvia Zappi

http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/12/05/pcf-les-opposants-denoncent-les-methodes-de-purge-avant-le-congres_1127075_823448.html

Messages

  • Le PCF à deux doigts de l’implosion.¨
    Mais pourquoi les refondateurs n’ont pas soumis leur texte au vote des militants ?????

    Pierre

  • "Ah j’entends déjà les commentaires des légitimistes de service (cexu là qui
    ont gravé ces pratiques dégueulasses dans le marbre) "Ah c’est encore
    Zappi", "Ah c’est ça votre source, le Monde" ? etc...

    On connait - ça va ; des années qu’on les lit ici ou ailleurs .

    On pourrait rigoler si ce n’était pas des manipulateurs manipulant d’autres
    manipulateurs...au détriment des militant-e-s , du communisme... des
    travailleurs sans doute aussi...

    ... Que toutes ces belles personnes aient attendu d’être VICTIMES d’un
    système qui leur a largement profité voire, qu’elles ont, pour certaines
    cautionné sinon appuyé quand ça les arrangeait bien, FRANCHEMENT on a envie
    de se réjouir - jen e le cache pas.

    C’est exactement comme tout ces journalistes qui se réveillent sur la
    violence des interpellations et GAV après l’affaire de Filippis - comme si
    on savait pas, comme si c’était un premier...

    Alors les Zarka, Gayssot , Vieu (qu’on appelait dans son bled "la génisse
    des carpettes" et connue pour son caractère avenant et souple) etc.... ils
    ne savaient pas que ça se passait "comme ça " dans "le Parti" et depuis des
    lustres ?

    MENTEURS ! On le sait officiellement AU MOINS depuis l’article bombe
    d’Althusser dans Le Monde...(et oui déjà)

    "Rien à foutre de leur sort " et "bien fait pour leurs gueules" - voilà ce
    que pensent des milliers de camarades qui ont vécu cela bien plus
    violemment que ces dirigeants arroseurs arrosés, finalement, qui l’ont vécu
    sans la protection d’un mandat, sans le pouvoir des médias, qui l’ont vécu
    isolés, seuls, malheureux, en colère.... Moi aussi je l’ai vécu, et j’en
    connais des tas qui l’ont vécu.

    Et ça nous a fait si mal.

    ALORS AU MOINS, C’EST UNE BONNE CHOSE, ENFIN, "CELA" SORT !

    Jamais nous n’aurions du accepter que de telles pratiques aient court dans
    le parti qui devait être celui des communistes - JAMAIS.

    Mais voilà le problème, c’est qu’un jour où l’autre la plupart d’entre nous
    l’ont toléré , voire approuvé, car ça touchait des "ennemis politiques".
    Combien ont trouvé cela "acceptable" de voir un ou une camarade "opposant" à
    la ligne descendu en flèche par un "commando spécial" en réunion de section
    ou de cellule, pour lui faire fermer sa gueule ? Atteinte à son honneur, à sa
    probité, à sa réputation ? Diffamation, mensonge, calomnie publiques ? !

    Oh après on peut aller lui faire des petites tapes dans le dos genre "tiens
    bon mon vieux " "allez ma vieille tu sais on y est tous passés !" --- comme
    toutes ces familles où l’on se tait quand le petite dernier hurle sous les
    coups du père, quand la mère avale sa boîte de Lexomil pour ne pas entendre
    les cris de sa fille sous les caresses du beau père etc... On ne dit rien,
    ça va passer, on attend, on la ferme...

    On se tait, on tue parfois. Un jour le petit dernier s’est pendu au milieu
    du salon et "ahhhh... on ne sait pas pourquoi"- un jour la fille a claqué
    dans les chiottes une seringue dans le bras et "ahhh- on ne sait pas
    pourquoi".

    Et on sait que "dans le parti" il n’y a pas loin d’opposant politique ,de
    "dissident" à "ennemi de classe" - c’est la guerre et tous les moyens sont
    bons - qui n’a pas été "dressé" comme ça à l’école PCF ?

    Celui a vécu par l’épée périra par l’épée.

    Je suis contente de voir que tous ces beaux messieurs et dames qui ont
    contribué à faire du PCF ce qu’il est aujourd’hui, parce qu’ils en firent ce
    qu’il a été hier ( c’est à dire dès les années 50 un pur système bureaucrate
    et oppressif, anti-prolétariste et contre révolutionnaire) se couvrent eux
    mêmes de HONTE à nos yeux et aux yeux de tous en ne déballant que
    MAINTENANT ce qu’ils firent, ce qu’ils virent, ce qu’ils ont su et tu
    pendant des DIZAINES d’ANNées !

    Mais là, dans ce condensé de mauvaise foi qui cache pourtant une sordide
    vérité, nous avons la clef du pourquoi le PCF a tué le mouvement ouvrier,
    tué la révolte prolétarienne, tué le goût de la révolution dans notre
    classe : parce que cette machine (qui n’a pas toujours été ainsi) a
    domestiqué et décérébré les meilleurs éléments de la classe ouvrière -
    c’était l’armée en pire- le bizutage, le cassage, l’usinage.

    On ne peut pas être communiste si on n’apprend pas être libre et à aimer
    (oui, AIMER) la liberté avant toute chose. On ne peut pas être communiste si
    on n’apprend qu’à dresser et à être dressés. Si on ne sait pas faire la part
    des choses entre le camarade qui ne partage pas notre avis, le prolétaire
    égaré, et l’ennemi de classe. Si on ne sait pas mener le combat avec ses
    poigns et AUSSI avec sa tête et sa langue.

    Voilà pourquoi NOUS EN SOMMES LA AUJOURD’HUI.

    Oui, nous devons nous soigner, nous guérir, nous sommes toutes et tous des
    polytraumatisés de la politique par ce système. Y compris les bourreaux, que
    je ne plains pas, car faut pas charrier quand même, mais qui ne purent
    l’être que parce qu’ils furent aussi victimes avant nous !

    Il faut pour une fois DÉDOUANER BUFFET - qui ne fait que se servir d’un
    système mis en place longtemps avant elle, ne lui prêtons pas plus qu’elle
    ne peut rendre - pour se servir d’un PCF il faut une sacrée intelligence et
    de gros moyens car c’est une machine de guerre redoutable (contre SES
    militants et contre le communisme avant tout) - ni HUE ni BUFFET n’avaient
    le profil ou les moyens.

    Tout le monde ou presque a mangé de ce pain là , toute cette génération des
    gros bébés du "1er stalinien de France" (le Thorez que je n’aime pas ), de
    Marchais --- toute cette génération de dirigeants qui préfèra un Fajon à un
    Tillon....

    Je pourrais développer des heures. Mais je n’ai pas le temps. Aujourd’hui
    ceux là même qui ont donné du grain à moudre à cete machine ignoble en
    acceptant "les traitements d’exceptions" fondés sur aucune justice, aucune
    garantie , sur rien, pour complaire aux grosses huiles, ceux là même
    chouinent. Que ceux qui leur offre une oreille complaisante deviennent
    sourds - voila ma malédicition pour cette génération gâtée qui a tout
    gâché.

    Je vais me faire étriper sur place par mes camarades qui liront ces lignes ?
    Ce n’est pas grave - je le sais i l y a aussi bcp de camarades qi se
    reconnaîtront dans ce petit commentaire.

    En tout cas pour une fois merci à Zappi - je ne sais pas si elle se rend
    compte qu’elle vient de faire quelque chose de POSITIF pour le mouvement
    communiste.(A condition que nous en fassions quelque chose de bien)

    OLGA (ex adhérente)

  • La purge en direction des refondateurs n’est qu’apparente, je connais au contraire la montée de leurs jeunes second couteaux pour certaine, par contre la véritable purge dont les journaux bien pensants ne parleront pas concernent ceux qui ont soutenu le texte 3.

    Alors, non moi, je n’ai aps envie de faire la moindre place aux arrivistes,carriéristes et opportunistes de tous poils.

    Voir ce qui c’est passé à Lyon et à Paris (un peu plus bas)

    Conférence de section à Lyon novembre 2008
    A Lyon, le 30 octobre au soir, à la fin du dépouillement, le nombre de votants était de 151, le texte de la direction nationale totalisait 113 voix et le texte alternatif 18, furent compté 15 nuls ou blancs et 5 voix pour le texte de « La Riposte ».

    C’est d’abord un constat terrible, l’effondrement des effectifs (≈ 250 militants à jour de leurs cotisations !), une perte de prés du quart par rapport à la situation au 33ème congrès, il y a trois ans !

    Ce week-end, la conférence de section s’est déroulée avec 27 présents le vendredi soir et une quarantaine le samedi. Durant toute sa durée, les communistes en désaccord avec la "base commune" ont présenté pratiquement seuls un feu continu d’amendements qui ont presque tous été repoussés, sur la base de 2/3 contre 1/3 le vendredi et 3/4 contre 1/4 le samedi.

    Deux amendements importants sont cependant passés (un sur le maintien du parti communiste et un autre sur la réorganisation des communistes en cellules).
    Pour finir, il vient une délégation à la conférence fédérale bétonnée au couleur d’une direction sortante reconduite dans ses grandes lignes.

    Après l’altercation du vendredi soir (Alphonse y a laissé ses lunettes !).
    La tension a grandi encore tout le samedi matin, à la reprise (nous avons participé de la manifestation « Pour La Poste »), nouvel esclandre !
    Jean-Batiste quitte la salle en laissant sa carte.
    Louis L. lance à l’assemblée un "je ne me laisse pas dicter ma conduite" il quitte à son tour l’assemblée, suivie dans la foulée par Nicole G.
    Bref, ... En même temps que la tension, la procédure des intervention se durcissait, (pour un amendement de déposé était toléré deux interventions, une "pour", une "contre" et Basta !).

    Quant vint la question du fonctionnement de la section, il est 17h environ, on distribue une feuille.
    Sur cette feuille, une liste, des indications ("des pôles d’action" ) auquel est attaché une suite de noms.
    Du coup, si tu voulais dire quelque chose, tu te retrouvais soit à proposer "d’autres pôles" soit à contester les personnes.
    Voilà comment la discussion sur ce point essentiel fut étouffé.

    Le samedi matin je disposais de l’assurance d’être de la délégation envoyée à la conférence fédérale et cette conviction qu’il fallait être "porteur d’apaisement", c’est pourquoi, j’adoptais un "profil bas".

    Un jeu bien funeste en vérité et il y a des matins plus pénibles que certain soir.
    Finalement le coup de Jarnac a diaboliquement porté. A aujourd’hui,
     je ne serai pas de la délégation à la conférence fédérale !
     je ne suis plus membre du comité exécutif de la section !

    Pour porter véritablement le débat, l’enrichir, contester, ... dans (ou malgré !) les règles, il aurait fallu présenter une liste alternative (c’est compris & enregistré, merci bien !).
    De même si tout au long de la conférence une "vrai opposition" s’était manifestée elle n’était pas suffisamment cohérente pour peser sur les discussions face à "une machine" parfaitement huilée et terriblement efficace !

    Les questions embêtantes demeurent :
    "représentativité des dirigeants", "place du militant", "place des élus", "cumul responsabilité élective et responsabilité au sein du parti", la question de " l’intérêt général ou de celui de l’immense majorité", l’unité, la question du rassemblement ... comment prendre en compte dans notre organisation le fait urbain et notamment de l’échelon communautaire, … .
    Mais n’oublions pas que le pouvoir où qu’il se trouve aime à nous voir triste, alors ... ! ?
    Contre le pessimisme de la raison, opposons l’optimisme de la volonté et ... Avanti !

    LES MYSTÈRES DE PARIS
    Fantaisie politique en plusieurs tableaux,
    sans ordre ni raison,
    ni foi, ni loi.

    AVERTISSEMENT IMPORTANT.
     Lecteur, si tu crois que ce texte n’est pas une fiction, tu te trompes. Que dis-tu ? Qu’on dirait à s’y méprendre le congrès départemental de Paris, tel qu’il s’est tenu les 28, 29 et 30 novembre 2008 ? C’est bien mal connaître le PCF. La réalité, ce n’est pas dans cet ouvrage frivole que tu la trouveras, mais dans l’auguste livre qu’un de nos plus illustres anciens vient d’écrire. Les dirigeants sont révocables lors des congrès. Voilà la réalité ! C’est l’autorité et le respect qu’on porte à leur action et à leur comportement qui les fait élire. Voilà encore la réalité !
     Maintenant, au diable la réalité et place à la fiction !

    TABLEAU PREMIER : CONVERSATION ENTRE A ET B

    La scène se passe pendant la commission des candidatures.

    B : Pourquoi votes-tu contre cette proposition ? Tu figures sur la liste !

    A : Je suis mandatée par ma section pour voter contre toute proposition sur laquelle figure C.

    B : Tu n’es pas assez politique : tu n’arriveras à rien si tu cherche à éliminer les sortants. Fais plutôt comme moi : la seule chose qui compte, c’est d’entrer sur la liste, peu importe avec qui.

    A : Même avec C ?

    B : Bien sûr. Une fois que tu es élue au CN, tu ne peux plus en sortir. Les sortants sont toujours reconduits. Tu es beaucoup plus jeune que C. Il partira avant toi. Il te suffira d’attendre un congrès ou deux.

    Lecteur, que croyez-vous qu’il arriva ? La candidature de B fut retenue, bien sûr. Quant à A, elle respecta le mandat qui lui avait été donné et son nom ne fut pas retenu.

    TABLEAU SECOND : L’UNION SACRÉE

    Chef A, Chef B, Chef C et Chef D sont des dirigeants nationaux qu’il est question de reconduire. Depuis toujours ou presque, ils se combattent les uns les autres, et cette guerre interminable paralyse le parti. Petit x, Petit y et Petit z sont des militants, un peu naïf assurément, qui souhaitent un renouvellement de la direction. Vieux H est un ancien dirigeant.

    Petit x : Je propose un critère de choix très simple. Chef C et Chef D siègent au Conseil national depuis bien plus de dix ans chacun. Ne retenons pas leurs deux candidatures.

    Petit y : Je voudrais une précision sur le vote que nous allons avoir. Si je comprends bien les nouveaux statuts, nous allons pouvoir rayer des noms, c’est bien cela ?

    Chef B, de la tribune : C’est bien cela, oui. On peut aussi en ajouter.

    Petit z : Je suis d’accord avec Petit x. Rayons les noms de Chef C et de Chef D, d’autant que Chef D, il y a bien longtemps déjà, nous a joué des tours dont nous nous repentons, et que Chef C, lui, est l’artisan principal de la stratégie qui nous a conduit à notre échec le plus retentissant.

    Chef B, de la tribune : Les camarades ! Les camarades ! Permettez-moi d’intervenir. D’abord, je crois qu’il nous faudra revoir ces nouveaux statuts. Vraiment ! Rayer des noms, c’est méchant. Soyons gentils et n’en rayons pas ! Ensuite, je voudrais dire que ce qui compte vraiment, c’est de savoir quels sont ceux qui travaillent. Et bien moi, je peux vous dire que ceux dont nous parlons me rappellent toujours au bout de dix minutes quand je laisse un message sur leur répondeur. Vous voyez !

    Chef A, de la tribune : Si vous me permettez d’intervenir, je voudrais dire quelques mots à propos de Chef B, de Chef C et de Chef D. Ce sont des camarades absolument remarquables et je tiens à faire savoir que je soutiendrai pleinement ces trois candidatures.

    Petit x, à Petit y : Je n’ai pas rêvé, A était bien là à notre conférence de section ? Elle a nécessairement entendu que toute la section était opposée à la reconduction de C à la direction nationale, non ?

    Vieux H, la voix tremblante : Mes amis, mes camarades, nous sommes une grande famille ! Nous nous aimons. Nous devons tous nous aimer. Aimer, c’est bien ! Regardez ! Moi ! J’aime A. J’aime B. J’aime C. J’aime D. Nous devons nous aimer. Aimons-nous ! Aimons-nous ! Aimons-nous ! Je vous aime !

    Lecteur, que croyez-vous qu’il arriva ? A, B, C et D furent reconduits tous les quatre et ils purent à nouveau s’entredéchirer à loisir.

    TABLEAU TROISÈME : LAISSE BÉTON.

    On amende la base commune. C’est l’occasion d’un débat sur les transformations nécessaires du Parti.

    A : Je demande un vote sur le nom du Parti. Plusieurs Chefs se sont prononcés pour un changement de nom. Pourquoi n’en parlons-nous plus ? Dans notre section, nous souhaitons que le Parti affirme clairement qu’il gardera son nom actuel et que le congrès soit l’occasion d’un vote clair à ce sujet.

    B : Évidemment, c’est vrai, si un tel vote devait vraiment avoir lieu, je voterais pour. Mais en realité, ce serait beaucoup mieux de ne pas voter, non ?

    À la demande insistante de A, le vote a lieu. Une majorité très nette se prononce pour le maintien du nom. La discussion sur le texte continue.

    C : Nous devons nous métamorphoser.

    D : Non ! C’est une novation qui est nécessaire.

    C : Dans ce cas je propose que que nous parlions de révolution.

    B : Nous avons besoin de refonder notre action et de repenser les changements nécessaires.

    E : Créons une commission pour décider des transformations nécessaires !

    Étrangement, la salle semble majoritairement hostile à cette frénésie transformiste. Des votes étonnants se succèdent : Cuba est à nouveau considéré comme une « référence », on supprime le mot « métamorphose », les amendements qui poussent à la transformation sont repoussés. Cela ne peut pas durer !

    F, Grand Rédacteur : Le texte que nous amendons l’affirme d’emblée : dans la phase critique que traversent le monde, notre pays, les forces de gauche et notre propre parti, il s’agit bel et bien de repenser le sens et les moyens de la transformation sociale, et d’engager pour notre part « un travail de refondation de nos analyses, de notre projet et de l’avenir de notre parti ». C’est ambitieux, mais avons-nous le choix ? Ne pas le faire serait mettre en péril l’avenir de notre combat. La question de l’amplitude de notre ambition est importante. Il n’y a aucune issue aux difficultés que nous rencontrons sans chercher à prendre la mesure, dans nos analyses, dans nos choix, dans nos actes, de la profondeur des attentes qui travaillent notre peuple. Renoncer à y apporter des réponses, c’est à coup sûr se marginaliser. Or, ces attentes mêlent de très fortes urgences sociales et un réel désarroi politique sur les moyens d’y répondre. Les questions du sens et de la crédibilité des changements taraudent sans cesse nos concitoyens justement parce qu’ils n’ont pas renoncé à espérer ce changement. Relever le défi de notre avenir, c’est répondre à cette question : à quoi sommes-nous utiles pour retrouver le chemin d’un changement utile à notre peuple ? Par conséquent, il est parfaitement clair que nous ne devons pas bétonner le texte comme nous sommes en train de le faire ! Il faut faire un choix clair et un seul. On ne peut pas dire à la fois qu’il faut faire le choix du Parti et qu’il faut le transformer. Nous n’avons pas d’autre choix que celui de la transformation ! Assez de béton, assez de béton !

    Pourtant, la tendance à ce que F appelle le bétonnage se poursuit. Juste avant le vote final sur le texte, un enfant de cadre supérieur, qui avait tant d’espoir dans la transformation, laisse éclatter son dépit.

    G : Camarade, je voterai contre le texte tel que nous l’avons amendé. Mesurez-vous la portée de vos choix ? Obstinez-vous dans l’erreur, et vous verrez ! Bientôt, à cause de vous ou grâce à vous, le Nouvel Autre Parti, aura de nombreux nouveaux adhérents ! Vous verrez, vous verrez… Mais heureusement la Fédération de Paris ne dirige pas le Parti ! Heureusement, il y a d’autres fédérations, et je garde un espoir : le Congrès national réparera toutes les fautes que vous avez commises !

    Lecteur, que croyez-vous qu’il arriva ? Le texte fut voté par une majorité très nette… et pourtant c’est G qui fut désigné comme délégué pour porter ce texte amendé au Congrès national. – G ? Celui que nous venons d’entendre ? – Lui-même, lecteur, lui-même.

    TABLEAU QUATRIÈME : CUBA SI ? CUBA NO !

    La scène se passe pendant une pause, devant une machine à café.

    A : Qu’est-ce que c’est que ce vote favorable à Cuba ? On se croirait revenu cinquante ans en arrière !

    B : En tout cas, ils peuvent toujours voter… S’ils croient que nous défendrons des amendements pareils au Congrès national, ils me font bien rigoler !

    Lecteur, que croyez-vous qu’il arrivera ? A et B participeront au Congrès national, aux côtés de G, et personne ne saura que la fédération de Paris a dit « Cuba si ».

    TABLEAU CINQUIÈME : OÙ L’ON VOIT LES STATUTS ENFIN DÉBOULONNÉS.

    Il faut élire une délégation au Congrès national.

    A, de la tribune : Qui veut réagir à la proposition de délégation que B vient de nous présenter ?

    Petit w : G peut-il nous représenter après ce qu’il a dit ?

    Petit x : H n’a pas dit un mot du congrès. Qui sait ce qu’il pense ?

    Petit y : I, J, K et L sont des défenseurs acharnés de la transformation. Ils sont surreprésentés dans la délégation au regard de nos débats.

    Petit z : M et N se comportent comme des animateurs de tendances et pourtant ils sont proposés dans la délégation. Ce n’est pas comme cela que nous pourrons construire du commun.

    A, de la tribune : Je redonne la parole à B, pour qu’il réponde au nom de la commission.

    B, de la tribune : Il est tard. Je propose de garder la délégation en l’état et de voter sans plus attendre.

    A, de la tribune : Qui est pour ?

    Lecteur, que croyez-vous qu’il arriva ? Le vote eut lieu à main levée et la délégation choisie par B fut ainsi désignée. – Et les statuts ? – Les statuts, lecteur ? Ils imposaient un vote à bulletins secrets pour l’élection des délégués. Mais entre nous, lecteur, qui a lu les statuts ?

    MORALITÉ
    Pour que notre Parti enfin soit plus charmant,
    Il faut changer, dit-on, de veste et de figure.
    Le militant trop droit qui craint ces changements
    Et gagne ici ou là quelque réécriture
    Croit changer le Parti par ces amendements.
    Rien ne change pourtant pour les candidatures !