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leo ferre pourrait il sauver ou nous donner de la force

Publie le lundi 8 décembre 2008 par Open-Publishing
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Un jour, dans dix mille ans ?

Marre d’écouter les déclarations des députés, des sénateurs, des ministres, des conseillers du Prince et l’incapacité de leur opposition à nous proposer un autre avenir que des caméras vidéos ou des prisons toujours plus pleines (alors que des enfants de 13 ans y séjourneront peut être un jour).

Las de savoir qu’on aura remis à flot des incompétents ou filous de financiers alors qu’au patronat on demande l’abaissement des cotisations et une diminution de la durée des allocations chômage. Honte de savoir qu’il y a de plus en plus de gens qui sont obligés de "mendier" pour pouvoir nourrir leurs enfants. En colère d’apprendre qu’on trouve normal de faire travailler des gens le plus longtemps possible car "ça diminuera la durée de paiement des pensions" et que le possible "droit" de refuser le travail du dimanche soit assimilé par une dirigeante patronale comme une régression sociale.

Frustration de savoir qu’on ne peut rien faire et qu’en fin de compte, qu’il n’y ait plus rien qui compte. Il n’y a plus rien, tiens, c’est justement le texte d’une des merveilles que nous a légué Léo FERRE en 1973. Vous savez, un des magicien de la chanson française qu’on ne vous passe jamais sur les radios et que vous ne risquez pas de voir dans les nombreuses émissions rétrospectives dont le seul but est de vous prouver que "c’était mieux avant".

1973, c’est en plein dans les "Trente glorieuses". Que n’a t-on raconté comme sottises sur l’insouciance des années 70. On a inventé la consommation et qualifié les classes moyennes de "triomphantes".

On essaye de montrer aux salariés d’aujourd’hui que leur situation est due à ces "rentiers" des "belles années" en oubliant que chaque petite parcelle d’avantage social était arrachée par des mouvements sociaux d’ampleur ... En bref on essaye de fourguer aux gens d’aujourd’hui de l’imagerie de bazar destinée à leur faire avaler les couleuvres d’une crise, qu’un système (pérennise par des politiciens imbus de leurs prérogatives) au bout du rouleau nous invite à partager ... entre nous.

En 1973, la majorité était à 21 ans. Moi, j’avais 18 ans et je militais dans mon coin ou avec des francs tireurs dans mon genre qui refusaient le système dans sa globalité. De Gaullle semblait loin et on ne savait pas encore que le futur Président de la République serait Giscard et son accordéon. Giscard dont la politique se résumerait à s’inviter pour dîner chez des français ou offrir le petit déjeuner aux éboueurs. Le même dont le premier ministre nationalisera et indemnisera grassement les "maîtres de forges". Le tout sur fonds de média cherchant à s’attirer les bonnes grâces du pouvoir.

Mais en 1973, le Président c’était Pompidou. Selon ses mots, il entendait à l’époque : "Moderniser la France". Cette modernisation qui prise dans le chaos du premier choc pétrolier se heurtait à de nombreux conflits sociaux méprisés bien entendu par l’exécutif. Que voulez-vous, Mai 68 était aussi loin que les accords de Grenelle (les vrais ceux là !!!) et il fallait "recadrer" les salariés.

Modernisation ça voulait dire développement de l’automobile au détriment des autres modes de transport. Il déclarait à ce propos en 1971 : « Il faut adapter la ville à l’automobile ». Le nombre de cyclistes régresse et le nombre d’automobilistes augmente significativement. Dans bon nombre de villes beaucoup de vieux quartiers sont détruits pour faire place à des voies express ou élargir certains axes comme à Lyon avec le tunnel de Fourvière. Georges Pompidou a fait partie de la classe politique ayant fermé de nombreux réseaux de chemins de fer secondaires au nom de la modernité. En outre, Il a favorisé le développement de l’agriculture intensive et de l’agro-industrie par la mécanisation et l’utilisation d’engrais et de pesticides.

J’en vois qui trouvent que ça ressemble bigrement à ce qu’ils vivent. C’est vrai que l’histoire prend parfois le temps de bégayer. La seule vraie différence entre ces deux époques, c’est le nombre de grands compositeurs interprètes qui vivaient dans les années 70 comme Léo FERRE que j’ai évoqué plus haut. Léo qu’on peut entendre une fois par an au maximum parce qu’une radio de grande écoute va proposer 4 à 5 de ses chansons les moins engagées comme "C’est extra".

En 1973, Léo FERRE chantait sur scène l’un des titres qui a le plus marqué ma génération : "Il n’y a plus rien" Le texte est un coup de poing dans la gueule et semble avoir été écrit la semaine dernière. Pour les amoureux de beaux textes, les fans de Léo et les tous jeunes qui s’intéressent au Slam, nous vous donnons ci-dessous des extraits et une vidéo complète(13’34)

Ecoutez, ré écoutez et vous ne serez plus jamais le même.

Ecoute, écoute... Dans le silence de la mer, il y a comme un balancement maudit qui vous met le coeur à l’heure, avec le sable qui se remonte un peu, comme les vieilles putes qui remontent leur peau, qui tirent la couverture.
 
Immobile... L’immobilité, ça dérange le siècle. C’est un peu le sourire de la vitesse, et ça sourit pas lerche, la vitesse, en ces temps. Les amants de la mer s’en vont en Bretagne ou à Tahiti... C’est vraiment con, les amants.
... / ...
Te marie pas !
Tu peux tout faire :
T’empaqueter dans le désordre, pour l’honneur, pour la conservation du titre...
 
Le désordre, c’est l’ordre moins le pouvoir !
 
Tu as droit, Citoyen, au minimum décent
A la publicité des enzymes et du charme
Au trafic des dollars et aux traficants d’armes
Qui traînent les journaux dans la boue et le sang
Tu as droit à ce bruit de la mer qui descend
Et si tu veux la prendre elle te fera du charme
Avec le vent au cul et des sextants d’alarme
Et la mer reviendra sans toi si tu es méchant
 
Les mots... toujours les mots, bien sûr !
Citoyens ! Aux armes !
Aux pépées, Citoyens ! A l’Amour, Citoyens !
Nous entrerons dans la carrière quand nous aurons cassé la gueule à nos ainés !
Les préfectures sont des monuments en airain... un coup d’aile d’oiseau ne les entame même pas... C’est vous dire !
... / ...
Mon fils, il faut lever le camp comme lève la pâte
Il est tôt Lève-toi Prends du vin pour la route
Dégaine-toi du rêve anxieux des biens assis
Roule Roule mon fils vers l’étoile idéale
Tu te rencontreras Tu te reconnaîtras
Ton dessin devant toi, tu rentreras dedans
La mue ça ses fait à l’envers dans ce monde inventif
Tu reprendras ta voix de fille et chanteras Demain
Retourne tes yeux au-dedans de toi
Quand tu auras passé le mur du mur
Quand tu auras autrepassé ta vision
Alors tu verras rien
... / ...
Monsieur !
Madame !
 
Laissez donc ces gens-là tranquilles
Ces courbettes imaginées que vous leur inventez
Ces désespoirs soumis
Toute cette tristesse qui se lève le matin à heure fixe pour aller gagner VOS sous,
Avec les poumons resserrés
Les mains grandies par l’outrage et les bonnes moeurs
Les yeux défaits par les veilles soucieuses...
Et vous comptez vos sous ?
Pardon.... LEURS sous !
 
Ce qui vous déshonore
C’est la propreté administrative, écologique dont vous tirez orgueil
Dans vos salles de bains climatisées
Dans vos bidets déserts
En vos miroirs menteurs...
 
Vous faites mentir les miroirs
Vous êtes puissants au point de vous refléter tels que vous êtes
Cravatés
Envisonnés
Empapaoutés de morgue et d’ennui dans l’eau verte qui descend
des montagnes et que vous vous êtes arrangés pour soumettre
A un point donné
A heure fixe
Pour vos narcissiques partouzes.
Vous vous regardez et vous ne pouvez même plus vous reconnaître
... / ...
Et vous comptez vos sous
En long
En large
En marge
De ces salaires que vous lâchez avec précision
Avec parcimonie
J’allais dire "en douce" comme ces aquilons avant-coureurs et qui
racontent les exploits du bol alimentaire, avec cet apparat vengeur
et nivellateur qui empêche toute identification...
Je veux dire que pour exploiter votre prochain, vous êtes les
champions de l’anonymat.
 
Les révolutions ? Parlons-en !
Je veux parler des révolutions qu’on peut encore montrer
Parce qu’elles vous servent,
Parce qu’elles vous ont toujours servis,
Ces révolutions de "l’histoire",
Parce que les "histoires" ça vous amuse, avant de vous interesser,
Et quand ça vous intéresse, il est trop tard, on vous dit qu’il s’en prépare une autre.
Lorsque quelque chose d’inédit vous choque et vous gêne,
Vous vous arrangez la veille, toujours la veille, pour retenir une place
Dans un palace d’exilés, entouré du prestige des déracinés.
Les racines profondes de ce pays, c’est Vous, paraît-il,
Et quand on vous transbahute d’un "désordre de la rue", comme vous dites,
à un "ordre nouveau" comme ils disent, vous vous faites greffer au retour et on vous salue.
 
Depuis deux cent ans, vous prenez des billets pour les révolutions.
Vous seriez même tentés d’y apporter votre petit panier,
Pour n’en pas perdre une miette, n’est-ce-pas ?
Et ces "vauriens" qui vous amusent, ces "vauriens" qui vous dérangent aussi,
on les enveloppe dans un fait divers pendant que vous enveloppez les "vôtres" dans un drapeau.
 
Vous vous croyez toujours, vous autres, dans un haras !
La race ça vous tient debout dans ce monde que vous avez assis.
Vous avez le style du pouvoir
Vous en arrivez même à vous parler à vous-mêmes
Comme si vous parliez à vos subordonnés,
De peur de quitter votre stature, vos boursouflures, de peur qu’on vous montre du doigt,
dans les corridors de l’ennui, et qu’on se dise : "Tiens, il baisse, il va finir par se plier, par ramper"
Soyez tranquilles ! Pour la reptation, vous êtes imbattables ; seulement, vous ne vous la concédez
que dans la métaphore... Vous voulez bien vous allonger mais avec de l’allure,
Cette "allure" que vous portez, Monsieur, à votre boutonnière,
Et quand on sait ce qu’a pu vous coûter de silences aigres,
De renvois mal aiguillés
De demi-sourires séchés comme des larmes,
Ce ruban malheureux et rouge comme la honte dont vous ne vous êtes jamais décidé à empourprer votre visage,
Je me demande comment et pourquoi la Nature met
Tant d’entêtement,
Tant d’adresse
Et tant d’indifférence biologique
A faire que vos fils ressemblent à ce point à leurs pères,
Depuis les jupes de vos femmes matrimoniaires
Jusqu’aux salonnardes équivoques où vous les dressez à boire,
Dans votre grand monde,
A la coupe des bien-pensants.
 
... / ...
 
Et ce rien, on vous le laisse !
Foutez-vous en jusque-là, si vous pouvez,
Nous, on peut pas.
Un jour, dans dix mille ans,
Quand vous ne serez plus là,
Nous aurons TOUT
Rien de vous
Tout de nous
Nous aurons eu le temps d’inventer la Vie, la Beauté, la Jeunesse,
Les Larmes qui brilleront comme des émeraudes dans les yeux des filles,
Le sourire des bêtes enfin détraquées,
La priorité à Gauche, permettez !
 
Nous ne mourrons plus de rien
Nous vivrons de tout
 
Et les microbes de la connerie que nous n’aurez pas manqué de nous léguer, montant
De vos fumures
De vos livres engrangés dans vos silothèques
De vos documents publics
De vos réglements d’administration pénitenciaire
De vos décrets
De vos prières, même,
Tous ces microbes...
Soyez tranquilles,
Nous aurons déjà des machines pour les révoquer
 
NOUS AURONS TOUT ...

A vous, à nous d’en décider !!!

 http://slovar.blogspot.com/2008/12/...

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