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En France en ce moment, il ne fait pas bon être militant.

Publie le mercredi 10 décembre 2008 par Open-Publishing
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09.12.2008

Une mode

Au moment où, en France en général et à Paris en particulier, les sociétés de transports publics, par tous les moyens possibles et imaginables, inondent en permanence leurs usagers de messages publiciaires, elles peuvent tout de même traîner ces usagers en justice pour… « publicité non-autorisée ».

C’est en tout cas ce qui arrive ce jeudi à un usager du RER D, honnête père de famille et par ailleurs militant anti-pub. En 2007, sur la porte de son RER, il colla un petit autocollant pastiche du célèbre sticker au petit lapin qui, depuis des décennies, sur les portes des métros parisiens, recommande aux enfants de ne pas se faire pincer les doigts. Pastiché à la mode anti-pub, cela donnait « Attention, ne mets pas tes yeux sur les pubs : tu risques de te faire manipuler très fort ». Surpris en flagrant délit par la police ferroviaire, le voilà qui doit désormais répondre de son « petit acte symbolique de résistance » devant un tribunal du Val de Marne (banlieue parisienne).

L’homme revendique le droit à la « désobéissance civique ». Pas sûr que cet argument le servira. En effet, en France, la dernière mode judiciaire en vigueur semble consister à poursuivre et à condamner des activistes pour leurs actions militantes.

Ainsi, à plusieurs reprises déjà ces derniers mois, les « Déboulonneurs », ces militants anti-pub qui barbouillent des affiches publicitaires dans le métro, ont été mis à l’amende pour « dégradation légère d’un bien par inscription, signe ou dessin ». Dans un autre registre, cette semaine, des intermittents du spectacle comparaissent en justice pour « violation de domicile » : lors de leur mouvement de grève contre leur nouveau régime d’assurance chômage, ils avaient brièvement occupé le siège du syndicat CFDT, grand défenseur de la réforme.

La semaine dernière, des militants contre la FrançAfrique ont été condamnés à des milliers d’euros d’amende pour « complicité de violence en réunion » : à la faveur d’une de leur manifestation contre les complicités françaises du génocide rwandais de 1994, l’ancien ministre Hubert Védrine avait été aspergé d’un peu de faux-sang (délébile). Enfin, faut-il le rappeler, la semaine précédant cette condamnation, c’est « Droit au Logement » qui a été mis à l’amende : l’association doit payer 12.000 euros pour dépôt d’objets encombrants sur la voie publique – les objets en question étant des tentes de camping remplies de personnes mal-logées.

Décidément, en France en ce moment, il ne fait pas bon être militant.
libre belgique

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