Accueil > Conseil de la création artistique : ministère bis ?

Conseil de la création artistique : ministère bis ?

Publie le mardi 3 février 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Christine Albanel, en bonne élève disciplinée, assiste ce lundi 2 février à la mise en place,
à l’Elysée, du conseil de la création artistique, nouvel avatar de la concentration des
compétences au profit de l’hyper-président.

La CGT-Culture dénonce ce nouveau coup contre le ministère de la culture et de la
communication. Après le démantèlement programmé des directions et délégations dans le
cadre de la RGPP, l’institution d’un ministre-bis, ou plutôt d’un « ministre + » en la
personne de Marin Karmitz, pour le domaine de la création artistique, est un pas de plus
vers la destruction de notre département ministériel, créé il y a cinquante ans sous
l’impulsion d’André Malraux.

A quoi seront réduites les compétences de la future direction générale à la création
artistique quand un conseil est chargé au dessus d’elle, et non à ses côtés, « d’éclairer les
choix..., de promouvoir la diffusion et d’arrêter les orientations..., de conduire des travaux
de prospection..., d’identifier les bonnes pratiques (sic)..., de participer au pilotage
d’expérimentations..., d’étudier les modalités de gestion et d’évaluation des aides à la
création... » ? Excusez du peu.

Louis XIV, reviens ! Il est devenu fou et se prend pour toi !

Comment admettre, au moment où la fusion de la direction de la musique, de la danse du
théâtre et des spectacles avec la délégation aux arts plastiques va se traduire par des
destructions d’emplois, qu’un budget et des moyens en personnels soient détournés au
profit d’un gadget présidentiel, dirigé par un entrepreneur privé !
Ce conseil tourne le dos aux aspirations de concertation démocratique exigée par les
créateurs, les professionnels de la culture, les élus et les usagers. La mise en place du
conseil de la création artistique au lendemain de la clôture des entretiens de Valois est une
véritable provocation.

Paris, le 2 février 2009


50 ans et un enterrement

Christine Albanel a lancé ce matin dans le hall de l’immeuble des Bons-Enfants les cérémonies du
cinquantenaire du ministère de la culture.

La CGT-Culture, soucieuse du respect de celles et ceux qui ont construit ce ministère au fil des ans,
a fait le choix d’assister, pour cette fois, à cette inauguration dans le silence.

Par notre venue, nous voulions aussi protester contre le fait que les personnels n’aient
volontairement pas été conviés.

Et si ce n’avait été la présence d’une trentaine de militants syndicaux, cette cérémonie aux accents
funèbres, aurait été tout à fait dépeuplée.

Craignant certainement d’être mise en grande difficulté comme à l’Opéra Garnier lors de ses voeux
aux personnels, Christine Albanel avait fait annuler discours et réception. Elle a achevé sa visite par
quelques mots de remerciement improvisés dans l’oreille des organisateurs.

Reconnaissons qu’il est sans doute difficile à Madame Albanel de célébrer dans la joie et la bonne
humeur les 50 ans d’un département ministériel qu’elle s’applique avec zèle à démanteler.

Le combat unitaire et rassemblé des personnels pour la défense du ministère, pour son
développement et son réel renouveau se poursuit et devrait encore s’amplifier dans les prochains
jours.

La CGT prendra quant à elle au printemps, dans le cadre de la célébration du cinquantenaire,
l’initiative d’un débat ouvert à tous sur le devenir du ministère de la culture et les enjeux
fondamentaux de la démocratisation de la culture et de la démocratie culturelle.

Paris, le 3 février, 12h30

Messages

  • détournés au profit d’un gadget présidentiel, dirigé par un entrepreneur privé

     !

    Le mot est lâché : "au profit d’un entrepreneur privé" ! Tout est là, comment se faire du fric avec de l’art ?

    La réponse a été partiellement donnée par des artistes, qui ne voulant pas jouer le jeu des marchands de tableaux, se sont lancés dans "l’art éphémère". Personne ne peut vendre un pont enrubanné, sauf les esquisses préparatoires que les collectionneurs s’arrachent.

    Malraux, c’est de Gaulle, et NS ne se réclame pas de cet héritage. Il pisse même dessus. je ne sais pas ce qui va en sortir de bien. La créativité artistique risque d’en prendre un sale coup.

    Il est fou ce NS d’allumer autant de feux en même temps. A moins que ça ne soit pour nous attirer sur ce front, pour nous détourner de notre envie d’en découdre dans la rue tous ensemble après ce qu’il aura blablater jeudi.

    Ce NS me fait penser au Coton de Tulear, ce petit chien blanc joyeux et intelligent, originaire de Madagascar, aimant vivre en bande, sachant s’organiser quand il s’agit de traverser une rivière remplie de crocodiles. C’est simple, pendant que l’un se met sur la rive, aboyant à ces monstres pour attirer leur attention, le reste de la bande traverse en nageant un peu plus loin ; et quand le groupe est arrivé sur l’autre rive, ils aboient à leur tour sur les crocodiles pour capter leur attention, permettant à celui qui a servit "d’appat", de traverser l’eau à son tour loin du danger.

    Voilà, Sarko nous joue la même sérénade, les journaleux se précipitent sur tel front, croyant entrainer les citoyens . Ca a marché au début. Maintenant c’est plus dur. Ne perdons pas de vue une nouvelle manif tous ensemble, public-privé, salariés, chômeurs, écoles, facs, étudiants, lycéens, retraités, artisans, commerçants, petits patrons honnêtes pris à la gorge, etc... et pourquoi pas une grève illimitée et une solidarité accrue entre nous tous au plan local ?

  • Et si l’initiative n’était que le résultat de 30 années d’immobilisme des instances existantes figées dans une tour d’ivoire à l’abri du monde ?... Qu’est-il sorti du ministère de la culture depuis l’invention de la fête de la musique, qui ne doit son succès qu’aux "vrais gens" qui la font ?...

  • II n’y a en a marre de cette culture modèle, fabriquée dans les ministères par des personnes qui décident l’esthétique, la pensée, les formes, jusqu’à la vision du monde, auxquelles tout le monde se raccrocherait. Nous sommes aujourd’hui dans un espace chaotique de création, il existe des choses fantastiques dans des petits endroits, des gens qui font un travail profondément lié à la relation humaine, mais ils ne l’affichent pas sous le label citoyen. D’autres qui représentent une culture de caste, qu’elle soit de droite ou de gauche, ont les moyens de produire de la publicité autour de leurs événements, qui ne rencontrent pas forcément un vrai public, mais des gens qui veulent s’identifier par projection, par transfert, à l’idéologie et au sens de l’esthétique du pouvoir dominant. II n’y a en a marre aussi de cette pseudo politique d’émancipation culturelle, dirigiste, élitaire. Aujourd’hui "élitaire" pour tous, ça tient plus la route.

    Antonio Gramsci -extrait
    L’idée que l’art est l’art, et non une propagande politique “voulue” et proposée, est-elle, en elle même, un obstacle à la formation de courants culturels déterminés qui soient le reflet de leur époque et qui contribuent à renforcer des courants politiques déterminés ? Il ne semble pas, et il semble bien plutôt qu’une telle idée pose le problème en des termes plus radicaux et qui sont ceux d’une critique plus efficace et plus concluante. Une fois posé le principe qu’il ne faut rechercher que le caractère artistique d’une œuvre d’art, il n’est pas du tout exclu que l’on recherche quelle masse de sentiments, quelle attitude envers la vie se dégagent de l’œuvre elle-même. On voit même, que cela est admis par les courants esthétiques modernes. Ce qui est exclu, c’est qu’une œuvre soit belle à cause de son contenu moral et politique, et non pas à cause de sa forme, dans laquelle le contenu abstrait s’est fondu, à laquelle il s’est identifié. On peut aussi rechercher si une œuvre d’art n’est pas ratée parce que son auteur a été détourné par des préoccupations pratiques extérieures, c’est-à-dire postiches, sans sincérité. Il semble que ce soit là, le point crucial de la polémique. Lorsque l’homme politique exerce une pression pour que l’art de son temps exprime un monde culturel donné, il s’agit d’une activité politique, non d’une critique artistique : si le monde culturel pour lequel on lutte est un fait vivant et nécessaire, son expansivité sera irrésistible, et il trouvera ses artistes. Mais si, malgré la pression exercée, ce caractère irrésistible ne se voit pas, ne se manifeste pas, cela signifie qu’il s’agit d’un monde postiche et fictif, d’une élucubration livresque de gens médiocres qui se lamentent du fait que les hommes de plus grande envergure ne sont pas d’accord avec eux. La façon même de poser la question peut être un indice de la solidité d’un tel monde moral et culturel. Le principe formel de la distinction des catégories spirituelles et de leur unité de “circulation”, même sous son aspect abstrait permet de saisir la réalité effective et de critiquer le côté arbitraire et la pseudo-vie de ceux qui ne veulent pas abattre cartes sur table, ou qui sont simplement des médiocres placés par le hasard à un poste de commande.

    Vive la révolution !! Merde à la compromission syndicale avec cette démocratie bourgeoise !

     Le cadre qui nous est proposé semble devoir être accepté sans discussion, il est démocratique. Le problème c’est qu’aujourd’hui, nous sommes contrôlés par un système de questionnement qui tend à nous faire croire que nous sommes maîtres de notre destin. Alors qu’en fait, on nous dirige comme des rats de laboratoire. On nous invente sans cesse de nouveau fil d’Ariane en nous prétextant une sortie probable du labyrinthe.

    Paso