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Action anti-jouets sexistes dans un magasin parisien

Publie le jeudi 12 février 2009 par Open-Publishing

Un putsch anti-jouets sexistes dans un magasin parisien

C’est la récré samedi après-midi à La Grande Récré. Devant le grand magasin du boulevard Barbès, des manifestants hurlent " Princesse un jour ! Boniche toujours ! Princesse un jour ! Boniche toujours ! "
A l’intérieur du supermarché de jouets, le personnel du magasin tente de bloquer un petit groupe qui s’est mis dans la tête de déplacer des jouets de garçons au rayon des petites filles et inversement.
Un grand blond s’agite devant une pile de Docteur Maboule. Il a rempli un panier de magasins de flingues en plastique et armes en tout genre, et brandit un signe " jouets toxiques" . Des agents de sécurité et des vendeurs qui portent des bonnets rouges à pompon tentent de l’emmener vers la sortie, quand il se jette au sol devant les boites de poupons Calinou. Là-dessus, un enfant effrayé se met à pleurer. Ouiiiin.

C’est la deuxième " action" contre les jouets sexistes du "collectif contre le publi-sexisme" , un groupe d’associations qui s’inquiètent à l’idée que les jouets des petites filles " évoquent la maternité et les tâches ménagères" quand ceux des garçons légitiment la violence. Ils ont notamment édité un " catalogue" brocardant les clichés véhiculés par les fabricants.

Un balai serpillère " pour faire le ménage comme maman et papa"

C’est vrai que les aspirateurs (à partir de 3 ans) et les pelles à poussières (2,49 euros) sont au rayon des petites filles. Mais l’étiquette du seau vendu avec son balai serpillère précise " pour faire le ménage comme maman et papa" . (On imagine les discussions au sein de l’entreprise avant de décider de rajouter " et papa" .) Mais, filles ou garçons, pourquoi offrir un égouttoir à vaisselle en plastique à des enfants pour Noël ?

Pas très loin, il y a la poupée Nicole avec ses longues jambes, ses dim-up, ses sous-vêtements en dentelles rouges et ses sacs de course, la poupée Pam dont l’emballage dit " jaime me maquiller et faire du shopping" , des kits à tatouage pour les filles (avec des coeurs) et pour les garçons (avec des altères), une poupée dont les poils des jambes repoussent et qu’on peut épiler comme maman (non, ça on la inventé).
Sur le boulevard Barbès, les membres du collectif continuent à distribuer leurs tracts réclamant que les garçons et les filles aient accès aux mêmes jouets. " Y a des masques de Sarkozy ? " demande un passant, qui semble s’être trompé de manif.

A l’intérieur du magasin, un bambin interdit demande des explications à sa mère. " Cest pour que les petites filles n’aient pas des fers à repasser à Noël" , répond t-elle, pleine d’empathie. Le fils hoche la tête, planté devant des " shotguns" pour ressembler au GIGN américain.

" N’importe quoi Les garçons voudront jamais de poupées"

" Ils veulent qu’on puisse donner des jouets de filles aux garçons" , résume une femme pour son mari. N’importe quoi Les garçons voudront jamais de poupées" . " Espèces de chiens" , crie un client aux manifestants. " Cédric est demandé à la caisse 2" , répète une voix qui sort des hauts-parleurs.

" C’est pas à vous de le faire" , lâche le jeune de tout à l’heure à l’attention du personnel du magasin qui l’escorte vers la porte. " Si vous croyez que ça m’amuse, faut que je travaille comme tout le monde" , lui répond un vendeur tandis que les sapins verts brodés sur son bonnet de père noël clignotent au dessus de son front.
Les putschistes ont tous été reconduits dehors. " Ben moi, faut que je remette les jouets des filles chez les filles" , dit un vendeur. " Ben oui, fais le" , lui répond quelqu’un qui a le ton d’un supérieur devant un stock de " coiffeuses interactives" .

Deux fourgons de police viennent d’arriver. Un des agents se dirige vers le gérant du magasin " vous avez déjà eu des précédents ? "

Photo : " Hopelessly lonely and long bitter over her sister barbie’s success, stacie succumbs to the voices in her head and leaps to her death from the balcony of her malibu beach house" (" Désespérée, seule, amère devant le succès de sa soeur Barbie, Stacie cède aux voix qui résonnent dans sa tête et saute du balcon de sa maison de Malibu" ), une oeuvre du photographe américain Doug Wilson iboy_daniel/Flickr).

Publié sur (Rue89

Collectif contre le Publisexisme

http://publisexisme.samizdat.net/

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Condamnation clémente pour l’antipub du RER

Le procureur avait requis 300 euros d’amende, lors de l’audience au tribunal de proximité de Charenton-le-Pont (Val-de-Marne), en décembre. Alexandre Baret, l’"alterafficheur" poursuivi pour avoir apposé dans le RER un autocollant stipulant que "la pub manipule", devra seulement s’acquitter d’une amende non majorée de 75 euros.
Ce père d’une famille de quatre enfants bénéficie aussi de la clémence du tribunal pour les dommages et intérêts, puisqu’il ne versera qu’un euro à la SNCF, partie civile. Elle demandait 500 euros.

Il avait posé cet autocollant pastichant le fameux lapin (celui qui conseille aux enfants de ne pas approcher leurs doigts des portes sous peine de pincement) pour "protester contre les 57 000 affiches de la SNCF et les nouveaux écrans espions" qui peuvent envoyer de la pub aux passants par Bluetooth.

Poursuivi en vertu d’une loi de 1942 proscrivant "la publicité non autorisée dans les voitures ou stations de chemin de fer", Alexandre Baret regrette de n’avoir pas été dispensé de peine, "une décision qui aurait pu être historique, et aurait donné du crédit à des notions juridiques neuves telles que la liberté de réception [de la publicité] et la légitime réponse".

De son côté, la SNCF avait plaidé que "quand il y a une affiche, il y en a 150 qui sont collées à côté, et ça représente un coût" :
"De plus, nous n’avons pas à faire une différence entre les différentes affiches ou graffitis qui sont faits sur le réseau. Nous n’avons pas à soutenir une cause particulière."

Augustin Scalbert