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ANTILLES : BELLACIAO SOUTIENT ET PARTICIPE A LA MANIFESTATION

Publie le vendredi 20 février 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

A Paris, de la République à la Nation à 14 h. Plus d’info ici

Le Collectif Bellaciao rappele son soutien total aux luttes qui
se déroulent actuellement dans de nombreux endroits des Antilles et
notamment en Guadeloupe, ainsi que ses encouragements les plus vifs à tous les membres du collectif Lyannaj Kont Pwofitasyon, et notamment à la CGTG qui vient de perdre l’un de ses membres, Jacques Bino, froidement abattu à un barrage, on ne sait par qui à ce jour.

Nos plus sincères condoléances vont bien sûr aux membres de la famille de notre camarade, victime non pas de la lutte du LKP comme le disent les médias ici et là, mais victime de la politique absurde et colonialiste, de la stratégie de la tension, du gouvernement de la métropole à l’encontre de la Guadeloupe en particulier, et des Antilles/Caraïbes en général.

Non, nous n’oublierons pas ses combats, et sans l’avoir jamais connu, nous le remercions pour ceux qu’il a menés.

Les forums de Bellaciao sont ouverts et disponibles pour les camarades en lutte, tant nous savons à quel point l’information libre et non faussée est importante pour tous les combattants de la liberté.

Retrouvez toutes ces infos dans le dossier "Outre Mer" et n’hésitez pas à publiez vos articles, photos et vidéos...

Nous en profitons enfin pour rappeler notre soutien à nos camarades kanaks de l’USTKE, et notamment, leur secrétaire général, G. Jodard, qui ont été bastonnés, arrêtés, condamnés et emprisonnés dans l’indifférence quasi générale de la métropole, pour leur action syndicale en Nouvelle Calédonie.

AVANTI POPOLO ! YA BASTA LES BEKES !

Messages

  • lire l’excellent blog d’un "métropolitain", vivant en guadeloupe, solidaire de la lutte

    Chien créole

    je reproduis tant bien que mal son article à propos de notre camarade Jacques Bino, assassiné dans des circonstances bien troubles

    Sincères condoléances à sa famille, à ses amis

    Ce crime, que l’on peut attribuer sans risque de se tromper à la politique coloniale des gouvernements successifs ne doit pas rester impuni

    Hommage à notre camarade Jacques Bino, secrétaire du syndicat CGTG des impôts, militant infatigable

    Solidarité avec les Antillais en lutte, ils montrent l’exemple à la métropole !

    En Guadeloupe, ils ont obtenu par leur obstination que les "négociations" soient publiques, exigeons en autant en métropole (cela éviterait les trahisons déjà en cours)

    Patrice


    La mort de Jacques Bino

    ABATTU A POINTE-A-PITRE

    1° Sur les lieux

    Ce matin, en me réveillant au local de la CTU, après une nuit mouvementée, j’apprends la nouvelle : hier soir un syndicaliste de la CGTG, Jacques Bino, membre du LKP et du groupe culturel Akyo, a été abattu dans sa voiture alors qu’il rentrait avec un ami du meeting du LKP à la Mutualité. Tout de suite, j’entends parler de balle perdue. Au local de la CTU se trouve l’ami Nanette, président de l’association des locataires de la cité Henri IV, où Bino a trouvé la mort. Il se propose de m’accompagner sur place.

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    Cité Henri IV (photo FG)

    Il a le souci de ne pas stigmatiser ce quartier, certes populaire et qui rencontre des difficultés sociales mais qui n’est pas le coupe-gorge que les médias à sensation dépeignent. L’ambiance est tendue sur place, les visages graves. Nanette accorde une interview aux journalistes de France2.

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    Cité Henri IV (photo FG)

    A quelques pas de là où Jacques Bino est tombé, ironie de l’histoire, se trouve l’appartement où vivaient les parents de Jacques Nestor, grande figure syndicaliste, tué par les gendarmes lors de la répression de 1967.

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    Appartement des parents de l’autre Jacques, Nestor, en vert-pomme au-dessus de la clim (photo FG)

    2° Deux heures à se vider de son sang
    Jacques Bino faisait demi-tour, hier soir, à un barrage érigé par les jeunes du quartier quand une balle l’a atteint au thorax. Les pompiers, prévenus aussitôt, ont refusé de se déplacer sans la protection de la police, laquelle a déclaré être trop occupée. Les secours sont arrivés après plus de deux heures.
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    Jacques Bino

    Pendant ce temps, Jacques Bino s’est vidé de son sang sous le regard impuissant de son ami, qui était sur le siège passager lors du tir.

    3° Une situation explosive

    Tout le monde a aussitôt montré du doigt les jeunes. Il faut répéter qu’il y a toute une jeunesse en Guadeloupe qui n’a aucun avenir. Près d’un jeune sur deux, ici, est sans-emploi. Cela crée une situation sociale explosive et la violence était latente bien avant la création du LKP.

    P1220564.JPG Bijouterie dévalisée par les casseurs (photo FG)

    Lorsque la grève générale a commencé, certains jeunes ont brûlé des poubelles, quelques voitures, comme je l’avais souligné dans un article, il y a un mois. Depuis, le LKP avait réussi à temporiser, à les calmer, à les persuader de respecter l’esprit pacifique et déterminé du LKP. Seulement voilà, ils ont vu toutes les portes du dialogue se fermer les unes après les autres, le gouvernement revenir à plusieurs reprises sur sa parole, et surtout les gendarmes mobiles faire usage d’une violence brutale avec des insultes racistes à l’encontre de manifestants pacifistes qui tentaient de fuir la répression.

    4° Une politique pyromane

    Il est évident que gouvernement et patronat portent une lourde responsabilité dans l’explosion des violences urbaines. Cela fait longtemps que sur Chien Creole, je dénonce cette logique du pourrissement, les risques qu’il y a à jouer avec le feu, l’irresponsabilité de Nicolas Sarkozy dans ce dossier. Aujourd’hui, la jeunesse la plus radicale n’écoute plus le message du LKP appelant à renforcer la mobilisation sans répondre aux provocations policières.
    P1220561.JPG Des survols incessants (photo FG

    Ce ne sont pas des manifestants du LKP qui se livrent aux exactions que l’on peut constater aujourd’hui. Le LKP a, au contraire, tenté de trouver des solutions pour que cette jeunesse marginalisée trouve une place et un avenir dans cette société et pour éradiquer à la racine les conditions objectives qui motivent cette violence. Pour l’heure, la seule réponse de Mme Alliot-Marie, ministre des DOM-TOMs (Jégo n’est que secrétaire d’Etat) est de renvoyer après ce drame, encore quatre escadrons de gendarmes en Guadeloupe. Voilà une mesure qui devrait faire plaisir à son gendre béké mais qui n’est certainement pas de nature à calmer la situation ici. Il faut le dire et le répéter à tous les médias : ce qui se passe ici n’est pas un combat racial, les violences urbaines doivent cesser mais il est de la responsabilité de l’Etat et des patrons d’apporter les réponses politiques et sociales que toute la Guadeloupe attend, y-compris la majorité de ceux qui n’approuvent pas les méthodes de la grève.

    5° Des conclusions trop rapides

    Cela dit s’il est vrai que certains jeunes se sont livrés à des actes de violence aveugle de nature à porter atteinte à la vie d’autrui, et même s’il est fort probable qu’un d’entre eux ait appuyé sur la gachette de l’arme qui a tué Jacques Bino, les conclusions des uns et des autres sont un peu trop rapides et légères en l’absence des conclusions de l’enquête.
    P1220563.JPG Douille retrouvée dans les rues de Pointe-à-Pitre (photo FG)

    D’autres pistes ne sont pas à exclure, telles que la bavure policière, même si cette thèse paraît plus improbable à priori. Seule une enquête sérieuse menée sous le contrôle d’une organisation internationale des Droits humains, pour en garantir l’objectivité, pourra désigner le responsable de cet assassinat.

    6° D’autres pistes

    Le procureur a déclaré dès hier que la balle utilisée était de type brenneck. Une expertise balistique, même sommaire avait-t’elle déjà eu lieu ? Les balles brenneck sont utilisées pour la chasse au sanglier ; on imagine mal la police les employer. Mais ça pose une autre question : peut-on se procurer ces munitions en Guadeloupe où il n’existe aucun gros gibier ? Les trouve-t’on dans les îles voisines ? Je n’ai pas de réponse à cette question et comme les armureries, à l’instar de tous les commerces, sont fermées ; il m’est impossible de vérifier ce point. Si quelqu’un peut m’apporter des éclaircissements, qu’il n’hésite pas à me contacter. L’UGTG, sur son site évoque une autre piste. « Jacques travaillait depuis quelque temps sur un dossier mettant en cause des personnalités ayant des fortunes mal acquises ou non déclarées... » Rappelons que le syndicaliste travaillait aux impôts.

    7° Le meilleur hommage

    En attendant les résultats de l’enquête, que l’un d’entre eux soient coupable ou non, il faut maintenant que les jeunes se ressaisissent. Les actes de violence commis font le jeu des ennemis du mouvement. Ils désignent le LKP comme un mouvement violent et en profitent pour tenter de discréditer la légitimité populaire dont il jouit tout en occultant les questions sociales. Chien Créole et tous ses lecteurs présente ses sincères condoléances aux membres de la famille et aux proches de Jacques Bino.

    P1220566.JPG Militant CGTG, ce matin (photo FG)

    Le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre est de poursuivre son combat, avec calme et détermination comme lui-même l’a toujours fait.

    8° Prendre en compte la jeunesse
    img src="http://2.bp.blogspot.com/_s6xeVjvOMPc/SZ2JgfU5gLI/AAAAAAAAALY/fIDwnQJxqVs/s400/P1220559.JPG"> Jean-Marie Nomertin, dirigeant de la CGTG (photo FG)

    Après être passé avec les camarades de la CTU au local de la CGTG qui se trouve également dans la cité de Bergevin, pour apporter un soutien militant aux cégétistes, j’assiste pour Chien Créole à la conférence de presse à la mutualité, aux côtés de tous les journalistes des médias locaux et internationaux. Nous commençons par respecter une minute de silence en hommage à Jacques Bino.

    P1220569.JPG Minute de silence à la Mutualité en hommage à Jacques Bino (photo FG)

    Puis Nomertin et Domota demandent une enquête et reparlent des zones d’ombre dans cette affaire. Ils rendent hommage à leur camarade tombé, d’une grande discrétion et d’une grande générosité, très impliqué dans le LKP. Revenant sur les propos de Victorin Lurel, président de région, qui fait porter au LKP la responsabilité de cette mort, Domota assène : « Lurel a délibérément craché sur le LKP alors que c’est lui le premier qui a demandé la répression des syndicalistes. » Il rappelle à tous les donneurs de leçons que c’est bien avant qu’il fallait écouter ce que dit le LKP et à quel point il est important de s’occuper de cette jeunesse guadeloupéenne à l’abandon. Il refuse de la stigmatiser et tout en appelant au calme, pointe du doigt la violence comme étant le fruit de la misère et de la désespérance. En même temps il demande aux journalistes dans quel pays développé, il aurait été possible de faire descendre pendant un mois des dizaines de milliers de personnes dans la rue sans le moindre débordement, dans une situation sociale aussi dure. Dans une interview récente, il rappelle que les Grecs ou les jeunes des banlieues dans l’Hexagone, sont très loin d’avoir eu cette patience, cette discipline.

    9° Appel au calme

    Avec la même force il condamne l’attitude de mépris du gouvernement et des socioprofessionnels qui après un mois avec tout le monde dans la rue, n’apportent aucune solution pour sortir de cette crise.

    Elie Domota rappelle en outre qu’on ne peut pas dissocier les évènements de la nuit dernière avec ce qui s’est passé au Gosier lundi (tabassage d’Alex Lollia et insultes racistes).
    P1220575.JPG Elie Domota pendant la conférence de presse à la Mutualité (photo FG)

    Revenant ensuite à Jacques Bino, il fait un parallèle avec Balaille, syndicaliste mortellement fauché par une voiture après deux mois de grève, en 1977. « En Guadeloupe, il est lamentable qu’il faille qu’il y ait du sang versé dès qu’un problème social est posé. » regrette encore le porte-parole du LKP. En conclusion, il appelle les jeunes des barricades à retrouver leurs esprits, à se calmer, se maîtriser. « La logique du LKP est de manifester sans violence. » Il précise avoir fait déjà passer ce message sur les ondes et avoir envoyé des membres du LKP sur les barrages pour parler aux jeunes. Des rassemblements sont prévus sur Pointe-à-Pitre en hommage à Jacques Bino.

    Frédéric Gircour trikess2002(at)yahoo.fr


    UN JEUNE TEMOIGNE

    Alors que beaucoup s’empressent d’accuser les jeunes du quartier Henri IV d’être responsables de la mort de Jacques Bino, le syndicaliste de la CGTG abattu hier soir à Pointe-à-Pitre, Jean-Marie Nomertin, dirigeant de la CGTG, demande qu’une enquête soit diligentée rapidement pour faire toute la lumière sur cette tragédie. Il indique qu’il y a des zones d’ombre dans cette affaire. Un témoin affirme avoir assisté à la mort de Bino, il préfère témoigner sous couvert d’anonymat. Nous l’appellerons Sonny. Je vous livre son témoignage qui me semble intéressant même si je n’ai pas encore pu recouper ses informations, qui sont donc à prendre au conditionnel. Il révèle l’état d’esprit dans lequel sont ces jeunes.

    Je voudrais avant tout replacer l’évènement dans son contexte. Lundi, quand Lollia s’est fait frapper par la police, les jeunes ont dit que ça suffisait et ils ont décidé de "casser la ville", Pointe-à-Pitre. Tout semble avoir été fait pour que la situation dégénère : il n’y avait pas l’ombre d’un gendarme ou d’un policier, la ville semblait livrée à elle-même. Et pour couronner le tout, elle était plongée dans le noir.

    C’est alors que des brigades de la BAC sont apparues. Les policiers ont tiré sur les manifestants, à balles réelles, dans les jambes. J’ai assisté à beaucoup de manifs en France et jamais je n’ai vu un truc pareil, jamais… Un rappeur assez connu ici, qui se trouvait dans la rue a été blessé et hospitalisé avec une balle dans la cuisse. C’est à partir de là que les jeunes ont décidé de s’armer. Hier soir, il y avait des échanges de coups de feu entre les jeunes et la police . Les jeunes utilisaient de petits calibres qui faisaient plutôt " traaac ", tirant des décharges de chevrotine alors que les policiers utilisaient de plus gros calibres, identifiables à leur détonation plus forte, "boum". Je ne peux pas prétendre qu’aucun jeune n’avait de gros calibre, je dis juste que je n’en ai ni vu, ni entendu du côté des jeunes.

    Le gars qui a été tué était en train de faire demi-tour à un barrage tenu par les jeunes, la balle qui l’a atteint en plein thorax ne pouvait pas venir du barrage, mais d’un côté, sinon il l’aurait prise dans l’épaule ou le bras, vu la position de la voiture au moment de l’impact. Elle est partie de loin même, avec un "boum" net. L’impact a été si violent que la voiture a bougé.

    Je suis inquiet pour ce soir, il risque d’y avoir des affrontements très graves. On veut faire porter aux jeunes un chapeau qui n’est pas le leur. Imagine, si on te désigne comme l’assassin d’un membre du LKP, ça fait de toi le pire ennemi du peuple. Ce soir, si les policiers reviennent dans la cité, des jeunes pourraient chercher à en abattre un, juste pour racheter leur image

  • AVANTI POPOLO ! YA BASTA LES BEKES !

    Bien résumé !

    Solidarité....