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José écrit à la Confédération

Publie le dimanche 27 juillet 2003 par Open-Publishing

Salut à toutes et tous,

Je tiens tout d’abord à vous rassurer : je vais bien. Le moral
est bon et la prison n’est pas prête d’émousser ma détermination
et ma combativité. Que ceux qui pensaient que mon incarcération,
après un enlèvement digne des pays les plus totalitaires,
allait me plonger dans la désolation en soient pour leurs
frais ! Il n’en est rien. C’est à la fois un aveu de faiblesse
de leur part et une tentative d’imposer, par la force, ce
que nous refusons tous.

Le débat sur les OGM est revenu au premier plan. La levée
du moratoire ne pourra pas se faire en catimini. Les Etats
devront assumer leurs responsabilités. C’est bien un choix
de société auquel nous sommes confrontés. La logique marchande
du monde face au respect des droits fondamentaux, voilà l’enjeu.
Et l’avenir des paysans et de l’agriculture est au centre
de cette alternative fondamentale.

Depuis le 22 juin, il n’est pas un jour sans que j’ai les échos
de ce qui se passe dehors. Je reçois des témoignages quotidiens
par vos lettres, de la mobilisation qui se développe sur
tout le territoire et même à l’étranger. Ici, derrière les
barreaux, lire, entendre à la radio ou voir à la télé comment
vous réagissez, comment vous inventez la solidarité, donne
des forces considérables.

Je tiens particulièrement à vous remercier pour tous les
efforts que vous avez déployés pour exiger du Président Chirac
que je sois libéré après le 14 juillet. D’après ce que je
lis, vous avez été plus de 800000 à le harceler pour qu’il
prenne une position politique cohérente avec ses discours
internationaux. Il n’en a rien été ! Les masques sont tombés.
Plus personne ne se fait d’illusion, au moins les choses
sont claires maintenant. Seuls les rapports de force permettront
de conquérir et d’acquérir de nouveaux droits. L’élan de
solidarité a montré, plus que jamais aussi, que le combat
de la Confédération paysanne n’était pas isolé et qu’il s’intégrait
dans l’ensemble du mouvement social de résistance au modèle
néolibéral.

Je suis frappé dans les lettres que je reçois de la diversité d’origine
sociale, syndicale ou politique qui soutient notre combat.
C’est une preuve concrète de ce que nous affirmons depuis
des années. La Confédération paysanne, par sa pratique, sort
des corporatismes archaïques et contribue à mener le débat
pour la construction d’un véritable mouvement social de luttes.
OGM, souveraineté alimentaire, répressions anti-syndicale
et anti-sociale, droits fondamentaux, services publics et
culture se rejoignent pour dénoncer la marchandisation accélérée
de la planète. C’est pourquoi, plus que jamais, le rendez-vous
des 8, 9 et 10 août sur la Larzac est fondamental. Il sera
le point de départ pour la mobilisation contre les politiques
de l’OMC, mais aussi, pour la mise en place de convergences
afin d’affronter les visées antisociales du gouvernement
Raffarin en septembre. Ma participation à vos côtés pour
ces journées, comme vous le savez, est fortement compromise.
Toutefois, je serai à vos côtés par la pensée. Je vous soutiendrai à ma
manière.

Le combat continue, globalisons les luttes pour globaliser
l’espoir !

José Bové

le 21 juillet 2003

- traduction
en italien : altragricoltura

27.07.2003
Collectif Bellaciao