Accueil > L’expulsion des ONG fait craindre un désastre humanitaire au Darfour

L’expulsion des ONG fait craindre un désastre humanitaire au Darfour

Publie le jeudi 12 mars 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

L’expulsion ordonnée par Khartoum de 13 ONG du Soudan inquiète la communauté internationale. "Avec le départ des ONG, et si le gouvernement ne revient pas sur sa position, 1,1 million de personnes seront sans nourriture, 1,5 million de personnes seront sans soins de santé et plus d’un million sans eau potable", explique la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) Elizabeth Byrs. Cette décision pourrait au total "menacer la vie de milliers de personnes", ajoute le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Rupert Colvill.

Action contre la faim (ACF), qui figure dans la liste noire de Khartoum, s’inquiète particulièrement du sort des enfants souffrant de malnutrition aiguë au Darfour. "Les enfants actuellement admis dans nos centres de nutrition sont menacés de mort (...) Nous n’avons aucun moyen de pérenniser nos programmes en quittant le pays et tous les produits nutritionnels, les équipements, les véhicules ont été confisqués par les autorités."

À El Fasher, dans le nord du pays, dans les camps d’Abu Shock et Al Salam, ACF s’occupait avec deux autres organisations expulsées, IRC et Oxfam, de 100.000 personnes dont 20.000 enfants de moins de 5 ans avec des taux de malnutrition aiguë de 18 %, soit un enfant sur cinq. "Sans ces trois acteurs, il existe un risque accru d’augmentation de la morbidité et de la malnutrition" parmi les déplacés, rappelle ACF.

Confiance et indifférence

Par sa décision, Omar el-Béchir tente de faire un pied de nez aux puissances occidentales. Depuis l’annonce du mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) , le Soudan tente d’afficher une attitude de confiance, voire d’indifférence, face à la justice internationale. Le mandat d’arrêt ne changera "rien" aux politiques du gouvernement. C’est ce qu’a affirmé le président soudanais Omar el-Béchir. Des propos qu’il a tenus jeudi soir à des membres de son parti et de l’opposition lors d’une réunion, selon l’agence officielle Suna. La décision de la CPI, "nous allons la dissoudre dans l’eau et la boire", "elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite", elle est "une mouche dans l’oreille de l’éléphant", a ironisé récemment Omar el-Béchir.

Lors de la réunion de jeudi, Omar el-Béchir a par ailleurs réitéré son engagement en faveur "d’élections libres et justes" au Soudan. Arrivé au pouvoir en 1989 à la faveur d’un coup d’État militaire, il a, depuis, remporté l’élection présidentielle de 2000 avec près de 87 % des voix dans un scrutin qui a été considéré comme une mascarade par l’opposition. Des élections générales sont prévues cette année au Soudan, mais la date du scrutin n’a pas encore été déterminée. D’après plusieurs analystes, Omar el-Béchir, 65 ans, devrait briguer un nouveau mandat. Il pourrait ainsi tenter de regagner une légitimité par les urnes.

"Malgré cette façade de confiance, le régime est très nerveux", analyse un diplomate sous le couvert de l’anonymat, précisant qu’il y a de vives tensions au sein du parti au pouvoir, sur la marche à suivre pour sortir de cette nouvelle crise. D’autant plus que la décision de la CPI survient au moment où le gouvernement soudanais est frappé de plein fouet par la crise économique. Plus de 60 % des revenus de l’État dépendent des royalties sur le pétrole. Or, avec un baril autour des 40 dollars, le gouvernement est privé de revenus clés pour mettre en oeuvre toute réforme, voire pour prendre en charge l’aide humanitaire au Darfour, soulignent plusieurs experts.

http://www.lepoint.fr/actualites-mo...

Les ONG expulsées du Darfour étaient des nids d’"espions" et de "voleurs", accuse le président soudanais

Les travailleurs humanitaires expulsés du Soudan étaient des "espions" et des "voleurs", a déclaré samedi le président Omar el-Béchir.

Treize ONG ont été renvoyées du Darfour jeudi, au lendemain du mandat d’arrêt international pour crimes de guerre lancé par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais.

"Ces organisations sont pour les espions", a lancé Omar el-Béchir lors d’un meeting à Khartoum. "Ce sont des voleurs", a-t-il dit, en accusant les ONG d’utiliser pour elles-mêmes les dons destinés au Darfour. AP

http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...

Messages