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Sarkozy fait le beau, Obama met des râteaux

Publie le mercredi 1er avril 2009 par Open-Publishing
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Sommet du G20 / mercredi 1er avril par Doug Ireland

A quelques heures de l’ouverture du G20, Sarkozy fait monter la pression et montre les crocs. Dans sa ligne de mire : Barack Obama. Mais au fait, comment le président français est-il perçu à Washington ?

Nicolas Sarkozy se fait des illusions égocentriques dignes d’un chapitre d’« Alice au pays des merveilles » au sujet du G20 qui s’ouvre ce soir à Londres. Et la presse française, victime d’une opération de com’ de l’Elysée, le suit sans trop s’interroger.

A croire le french hyperprésident, il se situerait au centre du « Grand Jeu » mondial. Mais, vu de Washington, sa présence au G20 est loin d’être vitale même si c’est lui qui, dans les derniers jours du mandat de George W. Bush, en a eu le premier l’idée.

Sarkozy et son « copain » Obama

En juillet dernier, Nicolas Sarkozy confiait au Figaro que Barack Obama était son « copain », qu’ils allaient marcher main dans la main sur les plages de Normandie pour avoir des discussions profondes. Faux et archi faux ! Non seulement Sarkozy devra attendre le 6 juin avant de se balader avec son « copain » mais, en plus, l’utilité d’un tête-à-tête avec le président français lors de la première tournée européenne d’Obama n’a pas sauté aux yeux de la Maison-Blanche.

Si cette rencontre devrait finalement avoir lieu le 3 avril à Strasbourg en marge du sommet de l’Otan, selon un article du Washington Post du 28 mars, « la Maison-Blanche avait promis une série de conversations en tête-à-tête avec les leaders de Turquie, d’Espagne, d’Arabie Saoudite, de Corée du Sud, de Chine, d’Inde et du Royaume Uni. » De Nicolas Sarkozy, point de trace.

Mais c’est vrai que le Français n’est même pas capable d’avoir un tête-à-tête seul avec Obama puisque son anglais est loin d’être au niveau. Il ne peut que balbutier quelques mots, ce qui contraste avec son prédécesseur, Jacques Chirac, qui avait passé une partie de sa jeunesse aux Etats-Unis.

On se gondole doucement à Washington

Le quotidien français Le Parisien rapporte que, faisant allusion à l’arrivée d’Obama à la tête de la première puissance mondiale, Sarkozy a déclaré que « le monde est assez vaste, on peut être deux, trois ou quatre », ajoutant qu’ainsi « il se place sur un pied d’égalité avec le chef de la première puissance mondiale ».

Franchement, à Washington, on se gondole doucement. Car dans les allées du pouvoir de la capitale américaine, si l’on parle de Sarkozy (ce qui est assez rare…) c’est pour se demander comment ce petit nain surexcité qui avait besoin de talonnettes pour arriver au niveau des yeux de George W. Bush a pu rafler un top-model comme Carla Bruni…

L’idylle naissante de Sarkozy et Obama
© Oliv

Objectivement, il n’y a guère qu’un Américain sur dix mille capable de citer le nom du président français. Résultat : dans l’optique politicienne d’Obama et de ses conseillers, gagner les faveurs de Nicolas Sarkozy n’apporte rigoureusement rien au président américain car le vrai et unique champ de bataille de tous les locataires de la Maison-Blanche reste l’opinion publique américaine. Et quand l’Amérique tourne les yeux vers l’étranger, elle regarde d’abord en direction de l’Irak et de l’Afghanistan où elle est en guerre.

Relations avec l’Europe : les Américains font confiance à Obama

En clair, l’Europe n’est pas la première des priorités. La France encore moins. Le dernier sondage publié le 31 mars dans le Washington Post et par la chaîne ABC ne manquera pas de conforter Barack Obama dans son attitude à l’égard de Paris : 86 % des Américains font confiance à leur président pour gérer les relations avec l’Europe.

Toujours selon Le Parisien, Nicolas Sarkozy prétend que lui et Obama se rapprochent sur les questions principales dont le G20 doit s’occuper, à savoir la « régulation des marchés financiers et même la moralisation du capitalisme ». Mais, selon le Washington Post du 31 mars, dans « les premiers brouillons d’un communiqué que les leaders du G20 publieront à la fin du somment, il y aura très peu de déclarations explicites sur ces questions…

A la place, les analystes disent que le plus concret sera le nouveau statut accordé aux pays en voie de développement comme La Chine, l’Inde, le Brésil et le Mexique. Même le président brésilien, le gauchiste Lula da Silva, est plus important que Sarkozy aux yeux d’Obama !

Pour l’équipe d’Obama, Sarkozy est un « pain in the arse »

Ainsi, la menace du président français de pratiquer la politique de la « chaise vide » et de quitter le sommet du G20 si sa ligne politique n’est pas suivie ne fait que renforcer, à Washington, l’image de « pain in the arse » (« emmerdeur »), dixit un membre de l’équipe d’Obama, de Nicolas Sarkozy. D’autant plus que la nouvelle administration démocrate ne lui doit rien tant il léché les santiagues de George W. Bush.

Cette menace juvénile de quitter le G20 est celle d’un petit écolier gonflé et mal élevé qui ne jouera pas avec les autres s’il n’est pas élu capitaine de l’équipe. Sarkozy ne l’a surement fait que pour se faire remarquer au milieu des autres chefs d’Etats. Mais s’il met sa menace à exécution, on entend déjà Obama et les autres leaders du G20 pousser des soupirs de soulagement…

http://www.bakchich.info/Sarkozy-fa...

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