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Mayotte, mon yacht

Publie le vendredi 3 avril 2009 par Open-Publishing
6 commentaires

de Chien Guevara

Les faits

Dimanche, au journal de 20 heures, nous avons appris que Mayotte était devenu le 101ème département français. Suite à un référendum en catimini, le peuple mahorais (71000 électeurs) s’est massivement prononcé en faveur de la proposition de devenir le cinquième département d’outre-mer, rejoignant ainsi…la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion.

Surprenant, non ? A l’heure où ces quatre DOM, après les crises sociales que nous connaissons, évoquent une possible réforme de leur statut, loin du modèle obsolète d’après-guerre. Il fut un temps où l’on parlait de « sens de l’histoire », et celui-ci allait dans la direction de la décolonisation ; à Mayotte, force est de constater que le vent souffle dans le sens inverse, celui de la recolonisation. Mais bon, vu que toutes les forces politiques locales, y compris le parti communiste, faisaient campagne pour le oui, on pouvait s’attendre au résultat.

Ceci dit, cette quasi-unanimité ne doit pas empêcher de se poser les questions de fond sur lesquelles les métropolitains sont peu informés.

Un peu d’histoire

Mayotte fut la première des iles comoriennes à devenir française, dès 1841, précédant de cinquante ans le reste de l’archipel. Ensuite, pendant un siècle, l’ensembl des iles des Comores sera traité par la France avec un statut de protectorat, puis de territoire d’outre-mer.
En 1974, ors du référendum d’autodétermination organisé dans l’archipel, Mayotte est la seule à voter pour rester française, alors que les trois autres (Grande Comore, Anjouan et Moheli) votent massivement l’indépendance. Depuis Mayotte est séparée de « ses trois sœurs », ce qui va à l’encontre des principes internationaux qui pronent le respect des frontières issues de la colonisation. Cette prise de position historique vaudra à la France des condamnations régulières de la part des Nations-Unies.
2009 : nouveau référendum avec le résultat que l’on connait. L’union Africaine avait condamné par avance ce referendum organisé sur une terre « occupée par une puissance étrangère » ; de son côté, le colonel Khadafi accuse la France de néocolonisation. Par contre, on ne peut que constater la lacheté de l’union européenne, qui préfère fouetter d’autres chats avec la France, et ne veut pas attaquer Paris sur ce sujet-là.


Démocratie baffouée

Ca n’est malheureusement plus un scoop, et ça devient hélas, presque une routine, mais sur ce coup là, on ne peut que dénoncer le manque d’information sur la chose. En effet, la nouvelle n’a été annoncée que lorsque tout était joué.On ne peut que , également, que constater labsence de débat, que ce soit dans l’haxagone ou aux Comores. Une première fois, en 1974, l’état français s’était octroyé le droit d’exploiter les scrutins ile par ile ; aujourd’hui, le referendum n’est proposé qu’à Mayotte…
En métropole, la constitution prévoit un referendum sur toute nouvelle adhésion à l’U.E, et là, les français ne sont même pas concertés pour l’extension de leur territoire.


Alors pourquoi ?

La presse indépendante, les médias alternatifs, font remonter des faits, des idées, assurément justes mais un peu trop « napoléoniennes » pour être les seules. N’oublions pas que notre grans maitre dirigeant est un calculateur, un préméditateur.
Donc, citons les faits relatés par ceux qui ont osé parler de Mayotte, en d’autres termes que les résultats du referendum, en se penchant sur les tenants et aboutissants.
 Le canal du Mozambique offre à la France des routes maritimes stratégiques au sud de l’océan indien.
 Plus largement, grâce à cette intégration de Mayotte, le droit de la mer va consacrer l’exercice par l’état français, de droits souverains sur plus de 11 millions de kilomètres carrés d’espaces maritimes, plaçant la France à la tête du deuxième plus grand état océanique du monde, après les USA.
 Mayotte pourrait devenir une importante zone d’investissement avec l’arrivée de grandes surfaces et l’installation de concessionairs automobiles.
Les élus de gauche et les associations, réunis lundi, dénoncent « la politique de puissance » d’une France prête à tout « pour rester la France des trois océans », une « France qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et qui pratique « la colonisation de consommation » tournée vers l’hexagone au détriment du développement de ces régions.

Les mahorais n’ont rien à y gagner

Loin d’être accueillis fraternellement dans la communauté nationale, nos « concitoyens mahorais », formant les 101ème département vont être gratifiés d’un RMI qui ne sra pas le même qu’en métropole ; il lui sera même quatre fois inférieur. Le SMIC sera également « adapté au sous-développement local ». L’état français va donc briller de sa traditon colonialiste du « deux poids, deux mesures ».
Mayotte est aussi, depuis des années un haut lieu de l’immigration clandestine. Des milliers de comoriens ont perdu la vie en tentant de passer à Mayotte dans leurs embarcations de fortune. Des morts dans l’indifférence totale d’une métropole distante de 8000 kms. Pour les plus cahnceux qui parviennet à bon terme, c’est l’expulsion qui les attend ( 16000, rien qu’en 2008).


La face cachée du projet

En créant un département de plus, on crée des élus en plus, des députés, des sénateurs. Au vu des résultats du referendum, on peut être certain que l’électorat sera acquis àl’UMP. Ca 101ème département ferait donc partie intégrante du stratégique redécoupage électoral ?
Dernier point, et non des moindres, comme le dit Christain Chavagneux, rédacteur en chef adjoint à Alternatives Economiques, et co-auteur (avec Ronen Palan) d’un « repères » sur les paradis fiscaux, c’est évident : « Vpus puvez utiliser les niches fiscales d’outremer pour faire fuir les capitaux, mais ces niches posent aussi la question du blanchiment. Dès que vous ouvrez des portes qui permettent légalement de réduire l’imposition, vous tentez des gens qui ont acquis des fonds illégalement de les réinvestir dans un circuit légal ».
A l’heure où Fillon veut supprimer les paradis fiscaux, départementaliser Mayotte, c’est en légaliser un, c’est offrir la possibilité aux amis capitalistes du président, de continuer, en toute impunité, à magouiller.

http://forget.e-monsite.com/rubrique,departementalisation-de-mayott,1121840.html

Messages

  • mayotte est un ile français despuit je ne voi pourkoi aujourd’huit on met en cause la departemenlisation de mayotte

    • Merdum : j’ai écrit tout ça pour rien !! Désespérant !!

      Au secours, ceux qui m’ont lu et compris, répondez-lui !

      Je ne veux pas que mon article, longuement préparé et travaillé passe dans l’historique avec ce seul commentaire...

    • Merci pour votre point de vue éclairant, argumenté et nourri de références.
      Celà dit, le colonisé est souvent celui qui intègre le mieux la domination...

  • Non non pas écrit "pour rien".
    Mais convaincre n’est pas toujours facile, (surtout les ignorants -même si c’est contre ses intérêts-, malhonnêtes ou intéressés !!) et par internet qui plus est !

    Ecrivant cela je ne stigmatise pas l’ignorance car débattre, éclairer, confronter est hélas compliqué pour beaucoup et c’est autre chose qu’affirmer par exemple "Mayotte est français depuis.... Mais pas du tout car Les Iles Comores ne sont et ne seront jamais françaises.

    Coloniser c’est quoi ? c’est comment ? c’est pourquoi ?

    Par contre les arguments malhonnêtes des intéressés à la colonisation -domination capitaliste- de Mayotte : ils sont abjects et antidémocratiques.

    Quand on est nu, même au diable on souhaite la bienvenu !!!! (Tiken Ja Fakoly)

    L’essentiel est écrit sur Mayotte dans cet article.

    Je soutien les combattants progressistes unificateurs des iles Comores (dont Youssouf Moussa pour qui j’ai une pensée amicale et fraternelle).
    Mais je ne suis pas nombreux !!! tant n’en ont rien à foutre !!!

    Bon combat de Chien !!!

    • L’article n’est pas écrit pour rien. Tout avis à le droit d’être exprimé. Donc, je considère que l’article, bien que son discours, s’inscrit dans le style classique du combat contre le méchant colon et la défense des opprimés qui, disons-le pour le cas de Mayotte, n’ont jamais sollicité l’aide de ces "bonnes âmes." Avec vous le débat se construit comme suit : "tous ceux qui défende l’identité de Mayotte, le fait qu’elle soit française, sont des malhonnêtes (ou des cons pour être précis.) Par contre, ceux qui souhaitent en faire une île comorienne politiquement sont les gentils éclairés.

      C’est bien là le problème avec les dits "progressistes" qui sont à des lieux de la réalité de la situation. Mayotte est Française et n’aspire aucunement à devenir comorienne politiquement. Car, disons-le, utiliser le terme "retour" de mayotte dans le giron comorien est bien incongru : car, il n’y a eu de comores "unis" que sous administration française. Donc le mythe d’un âge d’or où les îles formaient une seule entité politique est dénué de sens. Partant de ce constat, il était tout à fait normal que dans les années 70 chaque île ait son mot dire, que ce soit pour rester avec la France ou bien construire une entité politique comorienne.

      C’est bien là la question, les Comores n’existaient pas politiquement avant l’indépendance si ce n’est sous admnistration Française. Ainsi, il restait à construire ensemble, si on le consentait. Mais un homme, dictateur, croyant bien faire a ignoré le choix des mahorais et a unilatéralement choisi pour eux. Il s’est cru président des Comores qui n’existaient pas encore.

      Je pense que le problème des Comores politiques aujourd’hui est un manque d’introspection pour assumer enfin leur choix. Non pas en se lamentant mais en menant les bons combat pour la prospérité de leurs îles et l’avenir de leurs enfants. "Revendiquer" Mayotte n’a aucun sens puisque Mayotte n’a jamais signé le contrat de l’indépendance, ni même fait partie de ce projet. Quand bien même ce fantasme se réaliserait (il faut vraiment faire un effort d’imagination), les Comores n’irait pas forcément mieux. Bien au contraire, ce sont 200 mille bouches de plus à nourrir. Déjà avec 3 îles, cette Union n’arrive même pas à s’entendre (séparatisme d’Anjouan, président coulant changer la Constitution pour rester au pouvoir etc.)

      Le méchant Français verse des fonds, l’Europe, l’UA, La ligue Arabes, les Chinois versent des fonds. Le comorien en voit-il la couleur ? même pas d’eau courante, pas d’école, même pas les bases. Mais plutôt, un président qui va se plaindre pour cacher son bilan catastrophique en insultant la France. Et les gentils humanitaires soutiennent cette bêtise en condamnant le choix de Mayotte : celui de la liberté.

      Il est tant que les Comoriens mettent leur énergie dans autre chose que l’Utopie d’une Mayotte non Française. Aussi, réflechissez bien sur la notion d’"Union" et vous comrpendrez que chaque île a sa singularité.

    • Chaque région française aussi, a sa singularité. A t’on exclu de l’europe les régions qui avaient voté "non" au référendum pour l’europe ? C’est pourtant ce qu’il s’est passé en 1974 dans cet archipel, en traitant les résultats ile par ile...

      Personnellement, je ne revendique rien de particulier, mais sous le régime politique actuel, malsain et calculateur, je me questionnais juste sur le secret de ce referendum avant son résultat, et sur finalement, "à qui va profiter la chose ?".

      A l’heure de la "moralisation du capitalisme" et de la lutte contre les paradis fiscaux, je suis presque certain que les PDG de l’hexagone ont plus à y gagner que les autochtones Mahorais.