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France : les résultats du G20 sont exploités par la droite

Publie le dimanche 5 avril 2009 par Open-Publishing
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tageblatt (lux) :
France : les résultats du G20 sont exploités par la droite

L’opinion française, du moins à en juger par la plupart des médias et des commentateurs politiques, semble plutôt satisfaite des résultats du sommet du G20 de Londres.
Même si, en sourdine, une certaineinquiétude persiste./ De notre correspondant Bernard Brigouleix, Paris

„Un G20 pas vain“ : pour Libération, quotidien de la gauche non conformiste que l’on avait connu plus critique à l’égard des grands de ce monde, la réunion de Londres a au moins eu le mérite d’appeler les choses par leur nom, de dresser la liste (en deux volets très inégaux, il est vrai) des „paradis fiscaux“ réels ou supposés, et de proclamer fortement des intentions susceptibles de satisfaire tout le monde, des Etats-Unis à l’Union européenne en passant par la Chine et l’Inde, l’Amérique latine et l’Afrique, l’OMC et le FMI.

Son titre d’hier, et son éditorial, reflètent au fond le sentiment général en France au lendemain du sommet extraordinaire consacré à la crise économique mondiale : sans doute n’y a-t-on pas donné la solution, mais du moins y a-t-on bien identifié les problèmes et, tout de même, tracé des règles pour l’avenir. Non sans tenter la synthèse, qui semblait impossible au début, et qui s’est finalement imposée, entre nouvelle réglementation – chère au tandem franco-allemand – et relance à l’échelle mondiale, souhaitée par Barack Obama.

Il est vrai que le communiqué final de Londres aura permis à la droite présidentielle d’exulter : l’accent a finalement été mis, pour moitié au moins, sur ce que réclamait Nicolas Sarkozy, conjointement avec Angela Merkel. Ce qui a pour l’UMP le double mérite de souligner que les grandes affaires internationales offrent à l’Elysée des occasions de succès que des réformes intérieures aussi laborieuses que controversées lui refusent bien souvent, et d’apporter un démenti (en fait très ponctuel et formel, mais l’effet d’affichage est là) à ceux qui se lamentaient d’un divorce franco-allemand de plus en plus patent.
Nicolas Sarkozy lui-même a estimé que le sommet avait produit des résultats allant „ au-delà de ce que l’on pouvait espérer de mieux“, après avoir annoncé, avant de gagner Londres, qu’il n’hésiterait pas à quitter la salle de réunion si „les propositions mises sur la table n’étaient pas à la hauteur des attentes de la France“. Une „gesticulation“ abondamment répercutée par les médias français, dont la plupart mettaient hier l’accent sur le caractère „inespéré“ des résultats de cette vaste confrontation.

L’embarras de la gauche

Mais il y a aussi, dans cette quasi unanimité de façade, un certain embarras de la gauche. Non qu’elle n’émette des réserves sur la suite des opérations, et sur le caractère purement déclamatoire, en tout cas pour l’instant, d’annonces de décisions dont il serait prudent, estime-t-elle non sans raison, d’attendre la mise en œuvre et les premiers résultats pour les saluer avec autant d’empressement qu’on ne le fait du côté officiel.

Pour autant, il n’est pas simple, pour les dirigeant(e)s du PS, de critiquer ouvertement un dispositif qui a reçu l’aval, et même l’appui chaleureux, de personnalités socialistes, travaillistes ou social-démocrates européennes, comme José Luis Zapatero ou Gordon Brown, voire d’autorités mondiales elles aussi socialistes (et de surcroît françaises !) comme les „patrons“ du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, ou de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy. Sans parler de Barack Obama, enfant chéri de la classe politique française en général et de la gauche démocrate en particulier. Ou du président sud-africain … La critique du PS s’est donc concentrée hier, et que ce soit chez Martine Aubry ou chez Ségolène Royal, sur le fait que le président Sarkozy avait en quelque sorte „surjoué“ son rôle de sauveur des intérêts européens face aux Etats-Unis et au reste du monde. Alors que, comme on le sait bien dans les milieux spécialisés, les principaux résultats de la rencontre avaient déjà été acquis grâce au travail des différents „sherpas“ gouvernementaux, avant même qu’elle s’ouvrît …

Si la gauche modérée limite donc pour l’instant sa contestation au rôle abusivement glorieux dont se prévaut le chef de l’Etat par hérauts interposés, l’extrême gauche anticapitaliste, elle, qu’elle soit communiste orthodoxe ou trotskiste, conteste beaucoup plus radicalement le fond même des résultats du sommet du G20. L’organe central du PCF, l’Humanité, expliquait ainsi, hier, que le G20 „se moque du monde“ et „cherche à donner le change“ face à ce qui reste à ses yeux, non pas tant une crise des marchés financiers qu’une crise mondiale du capitalisme.

„Le G20 se moque du monde“

De même pour certains économistes très engagés dans la contestation radicale du système, comme Bernard Maris, auteur de nombreuses chroniques et de plusieurs ouvrages et brillants et paradoxaux, qui a exprimé, dès jeudi soir sur France-Inter, de fortes réserves sur cet accord des plus grandes puissances économiques et financières de la planète.

En fait, ce qui ressort des premières réactions en France est que manifestement, le décryptage des modalités de cet accord laisse un peu perplexe une classe politique „hexagonale“ dont l’économie, qu’elle soit nationale ou à plus forte raison mondiale, n’est pas le fort. Beaucoup, et toutes étiquettes confondues, ont été soulagés de voir que le voisin luxembourgeois ne figurait pas sur la „liste noire“ des paradis fiscaux, et que son secret bancaire, au demeurant de plus en plus provisoire, ne serait plus officiellement confondu avec les pratiques de pays qui ont, eux, choisi de bâtir leur prospérité financière sur l’évasion fiscale organisée.

Mais pour le reste, chacun s’abrite derrière la nécessité de mesurer à l’épreuve des faits le caractère enfin opératoire, ou bien encore factice, des bonnes résolutions affichées jeudi soir à Londres par les dirigeants du G20.

Messages

  • "sans doute n’y a-t-on pas donné la solution, mais du moins y a-t-on bien identifié les problèmes et, tout de même, tracé des règles pour l’avenir."

    C’est sans doute la plus belle connerie que j’ai lu jusqu’à maintenant§

    Les problème on les connaissait, la liste on la connaissait d’autant que celles qu’ils nous ont servie sont incomplètes à la limite fausses, et tout est à l’avenant.... Surtout les règles pour l’avenir, quand on voit que c’est la Sec qui pourrait réguler les fonds spéculatifs, ça me fais rigoler quant ont sait qu’elle a été incapable d’empêcher Madof de s’en foutre plein les pôches ! Ils nous prennent pour des billes...

    http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com