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G20 : de qui se moque-t-on

Publie le lundi 6 avril 2009 par Open-Publishing

Le G20 s’est clôturé hier avec l’annonce de mesures qui ne remettent aucunement en
cause le modèle de développement actuel, pourtant structurellement insoutenable et
responsable de la crise. Les Amis de la Terre sont consternés face à la volonté
contradictoire du G20 de restaurer la croissance sans remettre en question le
système actuel d’un côté, et celle de poser les bases d’une économie « verte », de
l’autre. La plupart des décisions se limitent par ailleurs à de belles promesses
sans mesure concrète, comme l’illustre le cas des paradis fiscaux où la lourde
responsabilité des multinationales est totalement occultée.

Le G20 a rendu hier sa déclaration finale à Londres, en dehors du cadre multilatéral
des Nations unies et sans aucune participation officielle de la société civile. La
réponse apportée à la crise n’est donc pas globale : elle émane d’une minorité de
dirigeants des pays les plus riches du monde.

Sébastien Godinot, coordinateur des campagnes aux Amis de la Terre, commente : « 
Restaurer la croissance, réparer le système financier. le G20 nous propose tout
simplement de revenir au système qui vient de s’effondrer, avec les mêmes recettes :
augmentation du commerce mondial, relance de la demande, liberté des capitaux,
libéralisation du commerce. Einstein disait : « Nous ne résoudrons pas les problèmes
avec les modes de pensée qui les ont engendrés. » Le G20 s’est montré incapable
d’innover ».

Le G20 va même plus loin en renforçant ce système défectueux, comme le précise
Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Finance publique aux Amis de la Terre : « 
La relance du cycle de Doha de l’OMC est symptomatique de l’absence de toute remise
en cause réelle du système économique actuel. Le renforcement des institutions
financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale, également. Les
politiques mises en place par ces institutions sont pourtant dénoncées comme
facteurs d’aggravation des inégalités, et leur gouvernance est extrêmement
critiquée. Il en va de même pour la politique des banques de développement
régionales telles que la Banque européenne d’investissement, ou celle des agences de
crédit à l’exportation comme la COFACE, dont les pratiques sont décriées depuis des
années pour leurs impacts environnementaux et sociaux massifs. En outre, soutenir
les pays les plus pauvres par des prêts du FMI revient à les endetter pour le futur,
alors qu’ils subissent actuellement les effets d’une crise dont ils ne sont pas
responsables ».

Ce programme s’accompagne d’une série de belles intentions et de promesses qui ne
franchissent malheureusement pas le stade des mesures concrètes, comme l’explique
Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre : « Sur la
régulation financière, malgré l’agitation autour des paradis fiscaux, les résultats
restent totalement insuffisants : une liste de paradis fiscaux grotesque et aucune
sanction concrète envisagée. De même, les agences de notation devront simplement
respecter un « code de bonne conduite » dont l’efficacité vient d’être prouvée dans
la crise actuelle. Les mesures proposées pour accélérer la transition vers une
économie « verte » sont soit insuffisantes (une « charte pour une activité
économique durable » de plus.) soit contradictoires ; tout comme les financements « 
verts » des banques de développement régionales, qui restent encore largement
tournés vers les énergies fossiles et non vers les renouvelables. Enfin, à peine un
mot sur la responsabilité des multinationales. Presque tout est à revoir ! En
attendant, les populations vulnérables

http://www.amisdelaterre.org/