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OMC : lettre d’un biologiste, le "meilleur" n’est pas synonyme de "progres"

Publie le dimanche 1er août 2004 par Open-Publishing

bonjour,

Docteur en biologie cellulaire et moléculaire des plantes et maître en biologie des populations des écosystèmes (écologie) je me permets de joindre en document attaché un article dont je suis l’auteur et qui est (je crois) en totale adéquation avec le combat qui est le vôtre. Cette article tente (sans prétention) d’expliquer les vrais craintes qu’il faut nourrir à l’encontre des OGMs (et surtout des firmes agroalimentaires).

Pour précisions, il y a 3 ans j’ai quitté l’organisme de recherche public dans lequel je travaillais (pour des raisons éthiques) et ai ré-orienté ma carrière. Ma spécialité était la genèse de mutants végétaux et de plantes transgéniques afin d’en étudier les conséquences (recherche fondamentale) !

Si cet article ou mes compétences scientifiques peuvent vous être d’une quelconque utilité je me mets à votre disposition.

cordialement

Olivier Caiveau


O.G.M : le « meilleur » n’est pas synonyme de « progres ».

Pourquoi une telle sentence concernant les OGM ? Cette abréviation, encore mystérieuse, est au centre d’un grand nombre de controverses et de débats dont les tenants et les aboutissants restent obscurs pour la majorité des gens. Il est temps de faire tomber le mythe !

Un organisme génétiquement modifié est un être vivant, au sens le plus large du terme (animal, végétal ou autre), dont le patrimoine génétique à fait l’objet de modifications permettant, dans la majeure partie des cas, l’acquisition d’une ou plusieurs nouvelle(s) fonction(s) dites « d’intérêt(s) ». De telles manipulations font appel aux techniques les plus récentes en biologie cellulaire et moléculaire et permettent de traverser la barrière des espèces. C’est à dire que, pour la première fois, l’homme dispose d’un outil scientifique permettant d’introduire dans une espèce donnée une fonction originaire d’une autre espèce. Par exemple un gène de vers luisant a déjà pu être introduit dans le patrimoine génétique d’une souris, un gène de méduse dans celui d’une plante etc.
Loin d’être « loufoques », de telles manipulations représentent un réel espoir pour la recherche fondamentale ou encore la médecine car celles-ci permettent une meilleure connaissances des règles régissant l’expression et la régulation des gènes et participe au développement de tests et de « médicaments génétiques » susceptibles, dans un futur proche, de diagnostiquer et éventuellement de traiter un grand nombre de maladies génétiques (myopathie etc.).

L’utilisation industrielle d’OGM de type bactérien est pratiquée depuis plus de 10 ans et sert notamment à la production de molécules telles que insuline ou hormones de croissance etc., et représentent un progrès réel (abaissement des risques de transmission de maladies et réduction du coût des traitements). Si ces pratiques n’ont que peu ou jamais fait l’objet de controverses c’est parce que la mise au point et l’exploitation de ce type d’OGM est réalisée en milieux confinés, tels que laboratoires de recherche ou encore unités de productions industrielles, et par conséquent ne présentent que des risques limités au regard des avantages qu’elles présentent.

Il en est tout autrement pour la production en masse d’organismes modifiés (de type plantes) dans des environnements ouverts et/ou non sécurisés (tels que serres, champs etc.). Le cas le mieux connu du grand public concerne les autorisations de mise en culture de céréales ou d’oléagineux transgéniques (blés, Maïs, Colza etc) pour lesquelles, force est d’admettre, que le recul des scientifiques est très loin d’être suffisant pour pouvoir s’assurer du caractère anodin de telles pratiques. Les origines de la méconnaissance des risques encourus résultent plus des pratiques et des pressions exercées sur la communauté scientifique et les états par les grands groupes semenciers que d’une réelle complexité d’expérimentation à grande échelle. En effet il faut savoir que le développement d’une nouvelle variété de céréale transgénique nécessite au minimum 15 ans d’investissements et que pour cette raison (et principalement pour celle-ci) les bailleurs de fonds de telles activités exercent des pressions considérables et proportionnelles au retour d’investissement attendu. En bref, étudier les risques potentiels inhérents à la culture en masse d’OGM n’est pas complexe mais nécessite des fonds et des durées d’étude « inacceptables » pour les organismes finançant leur mise au point. En réponse à ce type de reflexion ces grands groupes font un raisonnement par l’absurde : puisque tous les risques connus (point de vue déjà très largement discutable) ont fait l’objet de contre-mesures, l’exploitation en masse de tels organismes ne pose plus aucun problème (connus).

Cependant, un esprit logique et intègre (donc indépendant) se doit d’admettre que la pauvreté des arguments scientifiques fournis pour assurer l’innocuité de telles pratiques, au regard des avantages concédés, conduit inéluctablement à l’application du « principe de prudence » et donc au refus d’utilisation de tels organismes pour une production de masse en milieux non protégés. Quels sont les arguments à considérer pour aboutir à une telle conclusion ? En d’autres termes, quels sont les avantages et inconvénients de telles pratiques ?

La réflexion sur les risques encourus doit être menée selon trois axes principaux : l’économie, l’écologie et la santé.

Considérons tout d’abord les inconvénients (et « avantage(s) ») d’un point de vue économique en prenant comme exemple celui de la culture d’une plante d’intérêt (Maïs, Blés, Riz, Colza etc.) génétiquement modifiée et résistante à un herbicide ou encore à un parasite. Si cette nouvelle caractéristique semble, de prime abord, aboutir à un gain substantiel de productivité pour l’exploitant agricole, le recul dont nous pouvons disposer en ce qui concerne l’exploitation en masse de tels organismes, autorisés aux USA depuis une dizaine d’années, nous oblige à considérer les données du problème de façon beaucoup plus globale.

Au début de la chaîne le semencier vend à l’exploitant agricole sa nouvelle semence, sans oublier d’y ajouter un mode d’emploi (très pompeusement dénommé procédé d’exploitation ou cahier de route) détaillant très précisément les moyens à mettre en œuvre pour aboutir au gain de productivité tant attendu. Dans la majeure partie des cas les efforts demandés concernent la modernisation constante des moyens de production ( machines, locaux, matériels) ainsi que l’achat de produits particulièrement adaptés à ce nouveau type de plante (engrais, désherbants etc.). Il va sans dire que non seulement ces produits « conseillés » sont développés et mis en vente par le groupe semencier lui-même (ou l’une de ses filiales) mais de surcroît les efforts financiers nécessaires à la modernisation de l’infrastructure de production (et définie dans la cahier de route) sont « facilités », soit directement par le sus-dit groupe semencier (grâce à une société de crédit spécialisée et développée au sein même du groupe) soit indirectement en intercédant en faveur de l’exploitant agricole après d’organismes de prêts « autonomes ». L’ensemble de ces « à côtés » abaissent considérablement les gains potentiels et est (quasiment) oublié par le semencier lors de l’élaboration du bilan prévisionnel à l’attention de l’exploitant agricole lorsqu’il est question de lui faire l’article.

Enfin, si la nouvelle variété conduit dans la plupart des cas à une augmentation de la production, il va sans dire que la situation d’oligopole des semenciers à l’échelle de la planète (4 ou 5 groupes au total) leur permet de spéculer sur les cours des céréales et donc de faire fluctuer les cours à leur(s) avantage(s) : c’est dire d’abaisser le prix lors des opérations de rachats aux coopératives (donc aux exploitants agricoles) et de maintenir ou d’augmenter le prix lors de la mise en vente sur le marché. A cela, il convient de ne pas omettre l’obligation qui est faite à l’exploitant agricole de revendre la totalité de sa récolte au semencier (notamment grâce à la notion de brevet ou de stérilité provoquée), éventuellement via une coopérative. L’exploitant agricole n’a donc plus la possibilité de ré-utiliser d’une année sur l’autre une partie de sa production pour ses propre besoins ou encore comme semis comme cela était de coutume.

Le système ainsi mis en place permet aux grands groupes semenciers d’être à la fois juges et parties et de faire des bénéfices une première fois en vendant leur « nouvelle création », une deuxième fois avec la vente de produits d’exploitation et / ou de systèmes de crédit et une « dernière » fois en jouant sur leur pouvoir spéculatif.

A l’inverse, et dans le meilleur des cas, l’exploitant agricole obtient bien une augmentation de sa production mais sans que celle-ci n’aboutisse à une augmentation substantielle de son chiffre d’affaire et ou de son bénéfice. Le bénéfice de son travail est donc nul ou sub-nul et bloque l’exploitant dans cette voie à cause des divers efforts qu’il lui a fallu faire pour respecter le cahier de (dé) route. D’une certaine façon, il s’agit ici encore d’un bénéfice supplémentaire pour les grands groupes financiers : la fidélisation forcée de leur clients (« victimes »).

Dans un tel contexte, on admettra par décence et par honnêteté, l’impossibilité pour les pays en voie de développement de pouvoir mettre en place, seuls, des structures adaptées à la culture d’OGM, tant il apparaît évident que si l’obtention d’un bilan même équilibré est un exploit dans les pays dits civilisés, un tel objectif est de l’ordre de l’utopie dans des pays où l’effort de modernisation des pratiques culturales à grande échelle en est à ses balbutiements. En réalité, sous couvert d’obtenir de nouveaux marchés ou encore de vouloir faire bénéficier ces pays des dernières avancées biotechnologiques, les intérêts (ou objectifs) réels de ces grands groupes sont tout autres et beaucoup moins avouables. En effet, dans un contexte où l’économie est dévastée, le bien-être des populations ou encore la pérennité des écosystèmes passe au second plan, le discours charmeur et économiquement alléchant de ces grands trusts aux différents gouvernements concernés aboutit à la mise à disposition « de champs d’essais » grandeur nature sans contraintes ni responsabilités.

Enfin, à l’autre bout de la chaîne de consommation, et toujours « grâce » aux divers procédés de spéculation mis en place, le gain financier du consommateur est très faible voire inexistant.

En résumé si les divers avantages économiques d’une production à grande échelle d’OGM sont indiscutables en ce qui concerne la plus value des grands groupes à l’origine de leur « fabrication », il apparaît que ces « biens-faits » sont, à l’heure actuelle, quasi-inexistants pour l’exploitant agricole ou encore le consommateur. Pire, les pratiques commerciales de ces grands groupes, archétypiques de la mondialisation des marchés économiques (devenir le plus influant possible le plus rapidement possible et quel qu’en soient le prix ou les moyens) conduisent à la disparition de l’économie et de la culture locale des pays conquis.

En terme de risques écologiques potentiellement encourus, trois types conséquences sont à considérer : celles découlant des risques de transmission du transgène à une espèce végétale apparentée jouxtant les zones de cultures intensives (je parlerai de transmission directe), celles découlant des risques de transmission du transgène à d’autres espèces via des vecteurs biologiques de type virus ou bactéries (transmission indirecte), et celles découlant de l’expression de la nouvelle fonction.

Concernant l’évaluation des risques de transmission directe du transgène à une espèce apparentée, le risque est (apparemment) connu : il suffit de définir si l’ensemble des plantes sauvages jouxtant la (les) zone(s) de culture de l’OGM sont apparentée à l’espèce cultivée. En d’autre terme, il s’agit d’évaluer la possibilité de croissement entre deux espèces végétales proches, l’une sauvage et l’autre produit de manipulations biotechnologiques. On comprend « l’inconvénient » que génèrerait le passage d’un transgène à une espèce sauvage jouxtant la culture de l’OGM, car, dès que cela se produirait la plante sauvage serait alors capable à son tour de résister au nuisible ou à l’herbicide et par conséquent parasiterais les zones de culture de l’OGM. 

Il s’agit en quelque sorte d’un retour à la situation de départ (le transgène mis à part). Afin d’estimer ce type de risque, la connaissance des foyers originels des plantes d’intérêt, zones potentiellement riches en plantes sauvages apparentées, permet (partiellement) d’évaluer ces risques de transmission. Ainsi, nous savons que les ancêtres et plantes apparentés au Mais sont retrouvés en Amérique du sud, ceux du Blé en Europe du sud ou encore ceux du Colza en Europe du nord. A partir de ce constat simple (pour ne pas dire simpliste) on serai tenté de dire que la culture du Mais transgénique en Europe ne pose pas de risques et que celle du blé transgénique en Amérique peut être réalisée sans danger. Ce mode direct de transmission, maintenant connu (et surtout scientifiquement irréfutable), sert très souvent d’alibi au groupe semenciers afin de (tenter de) démontrer, lors de l’élaboration des dossiers de demande de mise sur le marché, que les problèmes écologiques posés par l’exploitation de ce type d’organismes ont été pris en considération.

Ceci pourrait être considéré comme le début d’un sentiment louable si ces mêmes groupes n’était frappés d’amnésie en ce qui concerne les financements princiers d’études contemporaines réalisées en Europe du nord, en plein champ, et portant sur des variétés de colza transgéniques ou encore la culture à outrance du Maïs transgénique dans les grands espaces du continent Américain... Pouquoi dire une chose et faire son contraire ? Du côté des semenciers, la transmission du gène d’intérêt est-elle vraiment un « inconvénient » ? Mettons nous un instant à leur place : la disparition de l’avantage conduirait à de « fâcheuses conséquences ». Cela contraindrait alors l’exploitant agricole à cultiver une nouvelle variété, mise au point entre temps par un autre (ou le même) groupe semencier, avec évidemment la nécessité d’acheter l’ensemble des « à côtés » indispensables à l’épanouissement de la nouvelle fonction d’intérêt etc.

Etudions maintenant les conséquences découlant des risques de transmissions indirects du transgène. Ce type d’événement, couramment observés à l’état naturel, fait appel à des vecteurs de type virus ou bactéries. Il est à l’origine des techniques scientifiques de transformation des plantes. Considérant cette dernière donnée, le passage du transgène d’une espèce à une autre est alors possible : d’une plante à une autre plante, d’une plante à un animal, à l’homme etc.

Au final, si le mode fonctionnement de ces phénomènes n’est pas encore pleinement élucidé, réfuter leur existence ou encore leur « fréquence suffisante » serai faire preuve d’ignorance coupable ou de mauvaise foi caractérisée. Quelles pourraient-être les conséquences de la réalisation de tels phénomènes ? Comme cela a été décrit dans le capitre précédant, la transmission du transgène à d’autres plantes aboutit non seulement à un retour à la case départ en ce qui concerne l’intérêt de la culture de l’OGM mais peut ici également conduire à de véritables catastrophes écologiques. Le petit détail que constitue « ce petit gène en plus » dans une ou plusieurs espèces peut générer un effet « boule de neige » sur l’écosystème qui l’héberge.

Par exemple, si l’on assimile la biodiversité d’un écosystème au nombre d’espèces que celui-ci compte par unité de surface et si l’expression du transgène conduit à l’acquisition d’un avantage sélectif pour une espèces en particulier (maintenant mutante) le nombre d’individus de cette espèce va alors augmenter, jusqu’à un bouleversement de la représentativité de l’ensemble des espèces peuplant l’écosystème.

Poussé à son paroxcisme ce type d’événement peut conduire à la disparition non seulement de la quasi-totalité des espèces d’un même écosystème, mais également, pourra se propager à l’écosystème voisin avec des conséquences tout à fait similaires. Ce mécanisme de sélection se produit normalement en réponse à des changements climatiques ou tout autre phénomène naturel ; il est à l’origine de évolution des espèces. Cependant, dans le cas présent, seules les pratiques culturales incontrôlées de l’homme en seraient responsables et ne reflèteraient donc pas une réelle nécessité d’adaptation. A titre d’exemple, c’est le même processus écologique qui est à l’origine de la disparition des écrevisses et grenouilles Européens dans le sud ouest de la France au profit de leur homologue Américain : Ceux-ci possédant un avantage sélectif (plus gros, plus forts, plus fertiles etc.).

Evaluons maintenant les conséquences des risques découlant directement de l’expression du transgène. Il ne s’agit plus ici de considérer les risques de fuite mais plutôt de voir l’impact direct de l’expression de la nouvelle fonction. Au cas particulier, si l’on considère l’utilisation d’un OGM présentant une résistance accrue à un insecte dévastateur de cultures (grâce à la synthèse d’une molécule toxique), si cette nouvelle fonction permet effectivement l’élimination du nuisible celle-ci peut également provoquer des dégâts considérables sur la fertilité et la pérennité d’autres populations d’insectes potentiellement pollinisateurs.

Le contre-argument massue des semenciers en la matière est souvent le suivant : « l’effet nocif de la nouvelle molécule produite par transgénèse est sélectif et ne touche que le nuisible ». Même si cela était vrai, ils oublient encore une fois que, en réponse à la synthèse de la nouvelle molécule, l’ensemble du métabolisme de la plante est susceptible d’avoir été modifié. Ces modifications peuvent, par exemple, aboutir à une accumulation d’un composé toxique normalement absent ou faiblement présent à l’état naturel ou encore à l’affaibllissement ou à la disparition d’un composé utile aux insectes (phéromones, etc.).

Au final, les dégâts pouvant potentiellement être causés sont similaires en gravité à ceux décrits plus haut pour les risques indirects. Malgré les dangers qu’ils représentent, la prise en compte de ce type de risques est très souvent réduite à sa plus simple expression.

Pour conclure sur les risques écologiques, les pratiques des grands groupes semanciers sont au mieux, la preuve de leur manque flagrant de conscience écologique et, au pire, la démonstration d’agissement dangereux et calculés à de seules fins mercantiles. L’appauvrissement de la biodiversité, calculé ou non, ne peut-être que favorable à l’épanouissement de leur chiffre d’affaire et donc de leur rang mondial.

Enfin, la culture à grande échelle des OGMs présente des risques en terme de santé publique ?
Le problème doit être abordé en considérant deux types de conséquences : les directes, reflet de la présence d’un morceau d’ADN étranger au sein d’un autre organisme, les indirectes, conséquences de l’expression du transgène.

Concernant les conséquences directes, aucun argument scientifique ne permet de supposer que l’ingestion d’une plante possédant un gène étranger à son espèce pose un problème : les molécules constitutives de l’ADN (bases azotés) d’une plante ou d’un animal (de la souris à l’éléphant) sont les mêmes et ne constituent donc pas, en tant que tel, un risque en terme de santé.

Par contre, les conséquences indirectes, reflet de l’expression de la nouvelle fonction, pourraient être problématiques en terme de santé publique si l’on considère par exemple une plante OGM destinée à la consommation humaine (ex : céréales, huiles etc.). En effet, si l’on transpose à l’homme l’exemple développé plus haut pour les insectes pollinisateurs, aucune étude n’a pu démontrer qu’en réponse à l’expression de la mutation, l’accumulation ou la disparition d’une molécule plus ou moins nocive ou utile pour l’homme ne se produit pas dans ces OGM (vitamines, toxines etc.).

D’autre part, la possibilité pour ce transgène de traverser la barrière des espèces, peut toucher directement la santé de l’homme : par acquisition de nouvelles résistances à des antibiotiques pour des bactéries ou des virus déjà pathogènes pour l’homme ou encore par apparition d’un pouvoir pathogène et / ou toxique pour des micro-organismes jusque là inoffensifs.

Une fois encore, l’appât du gain et la recherche d’un retour rapide sur investissement conduit à négliger d’éventuels risques en terme de santé publique.

Pour résumer, l’exploitation d’OGM, tant animal que végétal, est prématurée à l’heure actuelle mais reste possible dans un futur proche pour peu que les limites fixées à leur utilisation soient évaluées scientifiquement et collégialement entre tous les protagonistes. Etudier les potentialités réelles des risques économiques, écologiques ou de santé décrits plus haut est à la portée des scientifiques pourvu que leur soient donnés le temps, l’argent et la liberté de pensée nécessaire. Malheureusement cette boite de Pandore reste inviolée et sévèrement gardée par des groupes financiers (ou semenciers) dont l’unique préoccupation est de devenir au plus vite les seuls interlocuteurs possibles.

Pour atteindre ce but ultime, ceux-ci n’hésitent pas à prendre en otage notre biosphère. Quelle immodestie de leur part que de penser qu’un savoir scientifique qui ne dispose pas même d’une génération humaine de recul, puisse contraindre à son aise et sans conséquence 4 milliards d’années d’évolution et plus de 6 milliards d’individus ! Dire momentanément non à ces pratiques dangereuses qui s’assimilent à une « roulette russe écologique » doit être considéré comme un acte de citoyen du monde. Si cela ne se produit pas il y a toutes les « chances » que l’homo sapiens-sapiens expérimente lui-même, et à ses dépends, le processus d’évolution au profit du plus récent « homo mercantilis ». Nous aurions là, tardivement, la preuve par l’expérience qu’une meilleure performance n’est pas forcément source de progres.

Olivier Caiveau

Docteur en biologie cellulaire et moléculaire des plantes et Maître en Biologie des Populations et des écosystèmes.

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