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Quand on parle Décroissance à l’assemblée…

Publie le vendredi 29 mai 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

Certes, le mot n’a pas été ouvertement prononcé, mais les propos de Martine Billard du groupe lors de sa question au gouvernement sont sans équivoque. Voilà donc, pour ceux qui ont souvent l’impression de se battre contre des moulins à vent une reconnaissance explicite de ce que beaucoup considèrent comme une utopie.

Ce n’est pas tant le fait que cela puisse paraître une utopie qui gêne ceux qui sont conscients que l’avenir est dans une décroissance soutenable, mais le fait qu’il faille revoir nos façons de penser, d’agir. Il est sur que sortir du cycle infernal de la surconsommation n’est pas un cheminement facile lorsque l’on est abreuvé de pubs plus ou moins dithyrambiques les unes que les autres. Pas facile donc de sortir du formatage intellectuel que le système productiviste a inséré peu à peu chez l’individu pour en faire un consommateur inconscient.

A partir de cette constante bien ancrée dans les esprits, les capitalistes qui voient dans la demande de produits prétendus écologiques l’opportunité de nouveaux marchés, vont continuer à privilégier une croissance exponentielle en collant une appellation « bio » à grands coups d’atomiseurs de peinture verte. Il est évident que si on réduit en apparence quelque peu la production de carbone avec des subterfuges comme le nucléaire, ce qui n’est pas prouvé car malgré les contraintes apparentes le taux d’émission à encore augmenté considérablement, on ne réglera aucun problème.

A fortiori, c’est par une démarche intellectuelle et volontariste qu’il faut se sortir du concept de la civilisation de la bagnole, ne raisonner qu’en termes de nécessité pour divers produits devenus des symboles consuméristes. Ce cheminement des idées amènera donc à œuvrer sur des bases autres, à considérer une décroissance choisie en toute connaissance de cause comme salvatrice pour la planète.

Par conséquence, la science devra être mise au service de l’individu, et non à celui des multinationales. Bref, pour clarifier l’exemple le plus cité, il est évident que l’on n’est pas contre la voiture particulière qui il est évident devra être améliorée pour moins de pollution, car ce serait une aberration de la renier, mais pour que notre regard à son endroit soit différent en l’écartant de la priorité de nos sociétés au profit de diversités sociales et humaines.

Donc les paroles de Martine Billard vont tout à fait dans ce sens, voilà un extrait de son intervention :

"Nous savons qu’il faut impérativement contenir l’augmentation des températures en deçà de deux degrés pour ne pas atteindre le point de non-retour. L’urgence climatique nous impose des décisions courageuses et rapides afin de rompre avec un modèle de développement, de distribution et de consommation responsable de la crise écologique actuelle, mais aussi de la crise économique et sociale.

Les pays les plus riches, dont la France, doivent montrer l’exemple. Il est absurde et criminel au regard de la vie sur terre de vouloir continuer à surconsommer au Nord, de poursuivre la construction d’autoroutes et d’aéroports générateurs de gaz à effets de serre, de chercher à produire toujours plus d’énergie, notamment par le recours au nucléaire, au lieu de réduire massivement et sans attendre notre consommation énergétique.

Les pays les plus pauvres, pourtant les moins responsables de ce , s’en retrouvent les premières victimes. Pour y faire face, ils ont besoin de l’aide financière et technique des pays riches….
"

Allez-vous vous contenter de mesurettes ou réorienter le Grenelle de l’environnement à la hauteur des enjeux ? Ce n’est plus seulement la maison qui brûle : c’est la terre qui se transforme en cocotte-minute !
Enfin sur les bancs de l’assemblée on entend des propos responsables.

Certes insuffisants en insistant pas suffisamment sur la responsabilité première du productivisme capitaliste, néanmoins cette prise de conscience est tout à fait louable et doit être signalée.

Ce dont Europe Décroissance a prit en compte, et demande que cette manière d’envisager notre futur fasse partie des préoccupations premières de nos élus.

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • J’ai oublié de préciser que cette intervention avait eu lieu mardi 26 lors des questions au gouvernement.

  • De plus, il s’agit du groupe GDR puisque Martine Billard est affiliée aux Verts. D’ailleurs, que personne ne s’étonne que je cite un membre des Verts, parti que j’ai souvent critiqué, mais comme il n’est pas bon de faire de l’ostracisme il m’a paru logique de relater des propos qui vont dans le sens de mes convictions.

    Néanmoins, le fait de ne pas avoir une opposition farouche au capitalisme de la part des Verts fait que je reste dubitatif quand à sa véritable volonté de décroissance, l’avenir nous le dira, mais avec Cohn Bendit et son allégeance envers la sociale démocratie je suis septique.

    Pour plus de renseignements,, il y a eu une rencontre entre les Verts et le PPLD/MOC que l’on peut consulter sur le site :http://www ;europedecroissance.eu

  • Que voilà un texte qui me plait !

    Le capitalisme s’effondrera de lui-même : suffit de " revoir " notre mode de consommation et se poser les bonnes questions.

    utile/ inutile
    indispensable/superflu
    quel impact sur notre environnement ?
    etc..

    c’est tout un état d’esprit à développer.

    et laisser les pays pauvres et émergents se développer et prendre ensuite eux aussi conscience qu’une seule planète pour l’humanité , il faut en prendre soin.

    A bas le "bio " nouveau dada des bobos capitalos de droite comme de gauche qui se rachètent une conscience en pensant oeuvrer pour la survie de la planète alors qu’ils envisagent ENCORE une " croissance exponentielle " pour l’occident !!...

  • Moi les verts, souvent je les voies vert de gris, alors quand un vert me parle de décroissance je me demande toujours qui va payer ? En effet notre état social se délite, mais cela n’apporte rien au pays émergent. Les capitalistes s’en mettent toujours plein les fouilles, et la paupérisation gagne du terrain. Au fait sont ils pauvres les pays du sud, ou n’est ce pas que la population qui y est pauvre ?
    Sans l’appropriation collective des moyens de production avec véritablement l’idée de libérer les masses de l’exploitation, de et pour la production, nous n’arriverons jamais à mettre en échec les catastrophes écologiques et humaines que nous vivons.
    Le capitalisme vert est une erreur fondamentale qui nous entraîne dans le gouffre, la tonne de CO est déjà cotée en bourse.
    Alors entre les discours et la réalité il y a un fossé, et je n’accorde aucune confiance au vert.