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Etre Anticapitaliste, est-ce pour beaucoup une utopie ?

Publie le samedi 20 juin 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

Les événements récents, la faillite des « subprimes » entre autres, ont été qualifiés de crise. Crise qui serait d’après les avis compétents de l’ampleur ou supérieure au crash de 1929, qu’en est-il en réalité…Sans doute est-il un peu tôt pour donner un avis péremptoire et justifier cette appellation de crise qui est pour le moins discutable et tendancieuse, disons qu’elle ne reflète peut être pas exactement la situation.

Il est fort probable que cette sémantique à volontairement été employée pour cacher sous un terme fort une situation embarrassante pour les capitalistes qui se voient dans l’obligation d’admettre que jouer avec de l’argent virtuelle pouvait conduire à faire exploser une partie du système. Néanmoins le système sur son fondement n’a pas été remis en cause, au contraire, il semblerait qu’il s’en tire bien et l’occasion aura permis de purger les anomalies sur le dos de la population.

Cependant, les licenciements, le ramdam médiatique autour des subsides accordés aux banques et à l’industrie automobile ont laissé un goût amer au simple quidam qui s’est senti spolié, écarté de la manne providentielle versée aux capitalistes et cela a donné matière à réflexion sur le système à certains. Des voix se sont élevées pour condamner l’ultralibéralisme débridé, d’autres pour vouloir vaseliner le système à la mode Sarkozy, d’autres inconscients pour faire avec dans la mesure où ils n’envisagent pas d’autres solutions, soit par peur de l’inconnu, soit par paresse, soit parce que la pensée unique sert leurs intérêts.

Ceux qui sont anticapitalistes par réflexion intellectuelle et qui voit dans le capitalisme l’esclavage moderne suivant la vieille expression qui est plus que jamais au goût du jour, « le capitalisme c’est l’exploitation de l’homme par l’homme », se sont sentis confortés dans leurs idées par les événements récents. Puis il y a ceux que la nouvelle donne a titillés et qui ont pris conscience que le système avait quelque chose de mauvais, mais dans qu’elle mesure en ont-ils pris conscience ?

Certes, on a vu un vrai parti anticapitaliste se constituer, le nom est significatif et ne serait donner lieu à contestation quant au but de ce parti. Mais il y a aussi parallèlement d’autres composantes de la vraie gauche où apparaît un flou artistique posant l’interrogation, vraiment anticapitaliste ou pas ?

Ce n’est pas moi qui apporterai la réponse pour les gens qui gravitent dedans et autour de ces partis, ce que je peux simplement constater c’est que cette attitude est souvent en fonction des circonstances. Quand on annonce des licenciements abusifs tout le monde est tout d’un coup anticapitaliste et crie haro sur le système. Mais il n’empêche que si certains vont défendre becs et ongles leurs emplois, le respect de la valeur travail, une autre partie des travailleurs, même si cela n’est pas avoué ouvertement, ne voient pas d’un mauvais œil le versement d’une prime substantielle versé lors du licenciement. Je ne dis pas que cela n’est pas justifié, au contraire, mais simplement que par ce biais, souvent âprement discuté, le patronat s’en tire à bon compte sans qu’il y est une véritable remise en cause de l’appréciation qu’ils ont du capital travail. Donc le ver est dans le fruit, et l’anticapitalisme pur et dur s’émousse avec une compensation permettant soi-disant d’attendre des jours meilleurs, ce qui malheureusement est souvent un leurre, on en reparlera d’ici quelques années. Donc, les syndicats qui se veulent d’apparence apolitique favorisent cette approche du problème, ce qui en l’occurrence n’est qu’un règlement de surface qui ne soigne pas le fond, l’exploitation de l’homme par l’homme.

Il semble évident alors que l’anticapitalisme, la remise en cause du système passe au second plan, ça s’il n’est pas parfait il permet de limiter les dégâts. Cela suffit donc à ceux qui en plus ont la trouille au ventre de l’avenir, une situation plus ou moins quiet et un abonnement à l’équipe de foot du coin.

Vous rendez-vous compte, tout changer ! Plus de patron, de l’autogestion, mais comment on va faire. La banque, elle est maintenant à nous, comment on va s’en sortir avec tout cet argent à gérer. Et puis on va travailler moins, sans doute différemment, on va déplacer les priorités, la bagnole restera plus souvent au garage, on la changera moins souvent, et puis on aura peut-être un petit jardin familial, un truc ou on verra pousser ses légumes, etc. C’est vrai que c’est un programme dangereux, qui fait peur.

Et puis, en dehors des peureux ils y a ceux que l’inconscient dirige, la pensée unique étant le seul moteur de leur culture il ne peut être d’autre avenir que sous forme d’utopie ? Tout changer, vous rêvez, c’est impossible ! Ce qui est sur c’est qu’on le saura pas si on n’essaye pas. Bon, après tout, pourquoi changer, on est pas si malheureux que cela. On crève pas de faim, y-a la télé, le match de foot avec les copains…

Donc, ces apparences de bien-être font que sont vite oubliées les chaines qui de plus en plus asservissent les individus à l’entreprise. Celle-ci, qui devrait permettre à l’homme de tirer sa monnaie d’échange de par son travail, est devenu avant tout un instrument au service d’une oligarchie sans foi ni loi. Du moins, avec des lois qui sont les leurs, et une foi, celle du profit, la religion ne servant qu’à donner le change et bonne conscience. Mais la foi en l’Homme avec un grand H, ainsi que le respect qui est une valeur obsolète pour les exploiteurs.

Ces réflexion sont aussi venues après les élections européennes et les commentaires sur divers articles que j’ai commis. Les européennes, si l’on ne peut les considérer comme vraiment significatives de la pensée profonde des citoyens, néanmoins on peut en tirer quelques enseignements. Il est évident, et c’est un constat amer que je fais, que l’anticapitalisme véritable n’atteint pas les objectifs qui devraient être les siens. C’est pourquoi, on a vu un peu plus de voix se reporter sur une alliance comme le FdG qui a donné une sorte de flou à l’anticapitaliste où se sont retrouvés des septiques, des pas tout à fait convaincus, dès qui sentent que c’est une bonne solution mais qui n’osent pas faire le saut… Force est de constater que cette frange de la population est encore dans l’expectative et envisage l’anticapitalisme comme un vague projet, certes intéressant, mais à leur yeux un peu utopiste.

Quand je vais à fond dans mes articles en dénonçant haut et fort le capitalisme, entre autre pour l’écologie, je sens tout de suite des résistances car effectivement je fais souvent des réflexions sans concession qui, si elles peuvent paraître provocatrices, on l’avantage d’amener le vrai débat. Et à partir de là, j’ai constaté qu’il y a beaucoup de réticence à la remise en cause totale du capitalisme. Pour ceux qui sont englués dans un système de pensée conceptuelle, il y a toujours l’argument plus ou moins valable qui freine l’évolution intellectuelle vers le changement.

Il est évident, que le but des hommes conscients et lucides est maintenant de faire sentir le véritable poids des chaines à ceux qui n’en ont pas conscience ou qui s’en accommodent pour divers raisons plus ou moins valables. Et surtout de démontrer qu’une société autre que celle que l’on veut nous imposer n’est pas une utopie.

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • mais non...

    regarde 1917 : une utopie ?
    regarde 1959, Cuba : une utopie ?
    regarde 1949 en Chine : une utopie ?
    regarde 1975 au Vietnam : une utopie ?

    Etre anti-capitaliste pourquoi pas si on a une idée meilleure à avancer !
    Le Socialisme est toujours une idée neuve.

  • On peut raisonnablement penser que les conditions objectives sont plus favorables qu’avant pour le pouvoir des travailleurs :

     Sur la planète , comme en France, la proportion de la classe exploitée dans la population est beaucoup plus importante qu’avant, plus importante qu’en 14 18, + qu’en 36 , + qu’en 68.
    Elle est maintenant, à l’échelle mondiale la plus grosse classe (passée devant la Paysannerie).

     L’instruction de cette classe a fait un grand pas en avant, partout , le niveau est bien plus élevé, les connaissances bien plus vastes.

     Si individuellement chaque travailleur ne peut gérer une entreprise, sauf exception, collectivement la classe ouvrière (au sens large du mot) , possède très largement les capacités de contrôler une gestion socialiste (bien mieux que des actionnaires qui ne sont pas dans l’entreprise et la connaissent pas aussi intimement que la classe.

     La mondialisation capitaliste, dans l’économie comme dans les médias, a amené aussi son corolaire qui mine le système : une connaissance de ce qui se passe ailleurs, même déformée.

    Je rajouterai que certains points forts du capitalisme sont aussi ses faiblesses, il est par exemple terriblement dépendant de son contrôle des médias , un seul qui ne marche pas droit dans le système produit de formidables déstabilisations (leçon sud-coréenne de la mobilisation contre la viande de boeuf américaine importée) ;

    L’existence également du réseau internet produit de la déstabilisation (comme lors des référendums sur le TCE néerlandais et français, comme celui en Irlande sur le traité du petit agité).

     Mais disons que la question médiatique et du pouvoir bourgeois dessus renvoient aux problèmes dus à la concentration de la classe capitaliste. Cette domination idéologique est d’autant plus indispensable que la bourgeoisie a liquidé la plupart des classes sociales avec lesquelles elle était alliée, ou flattait, pour dominer . La paysannerie est tombée de 40% à 2 ou 3% en quelques dizaines d’années, la petite bourgeoisie a été largement liquidée et prolétarisée, les petits commerces sont passés à la trappe, et/ou rendus dépendants de grands groupes industriels, commerciaux ou de services, etc.

     Enfin le capitalisme dans sa concentration a également prolétarisé largement des couches sociales de la classe ouvrière au sens large qu’elle flattait largement ou acceptait qu’elles prenennt une part importante du gâteau.

    Pêle mêle les fameux ITC chers au PCF, les fonctionnaires et agents de l’état, les petits et moyens encadrements, toutes catégories qui ont largement été mis à la diète et à la cuisine commune (sauf dans les fantasmes réactionnaires de certains).

    L’ensemble de ces tendances lourdes d’affaiblissement numérique de la bourgeoisie et de la symétrique extension de la classe exploitée , son homogénéisation, sa mondialisation, créent des conditions objectives bien plus favorables pour renverser le capitalisme, pourvu que la classe exploitée ait confiance en elle et surtout qu’elle se dote des outils nécessaires à cette fin.

    (Un détail pour l’ami Mengneau la composition sociale, et la pyramide des âges, de l’électorat du FdG par les deux sondages sortis d’urnes, montre qu’il n’y a pas grand chose à espérer de là, un peu mais ils sont out pour l’instant, hors de ce qui est nécessaire, le travail immense est ailleurs, même sur l’anticapitalisme).

  • Etre anticapitalistes ,c’est être pour une vie décente pour tous et donc en premier pour la destruction et l’interdiction du boursicotage et pour obliger ,oui je dis obliger au partage des ressources !
    Voilà ,il y en a que cela fat rigoler, mais misère sur misère , on va se coller une très jolie peste brune et après on pleurera sur notre tas de ruine ;"mais pourquoi, ?,plus jamais cela ! ,gna,gna etc...." Bref déjà ado cela me minait alors imaginez maintenant ! Dehors les néo-libéraux et avec une peau de banane sous les pieds, marie.lina

  • Gérer tout cet argent,mais pourquoi ?Les besoins seront différents et la vie aussi. L’entreprise,simple ,société coopérative ouvrière.Enfin,la solidarité,l’arrêt de l’exploitation et le rejet de la consommation outrançière,voila un programme qu’il est bon,pour tous.momo11

    • Tout fais d’accord avec l’article sauf sur le sujet qui caractérise l’Utopie ;
      L’utopie n’a rien a voir avec l’illusion car elle est active et projective dans le devenir dans la mesure ou la personne qui imagine un autre système et d’autre valeurs basé sur la réflexion et la construction d’un devenir
      imaginaire ne s’illusionne pas puisque son projet n’est pas mi en pratique.
      Tout au plus nous pouvons dire qu’il se trompe après analyse mais cela reste du domaine de l’utopie.
      L’illusion ne fait vivre que les ignorants puisqu’il ne peuvent pas déjouer l’illusion.
      Cordialement Alain 04