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Votation sur le statut de La Poste : il y a un énorme problème.

Publie le lundi 5 octobre 2009 par Open-Publishing
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« Le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord avec ce projet ? »

Seuls 31.701 votants ont répondu « oui » (1,51 % des suffrages), contre 2.092.016 « non ».

http://www.liberation.fr/societe/0101595233-statut-de-la-poste-le-carton-de-la-votation

Aîe ! Il y a un énorme problème !

Le problème est le suivant : c’est le « oui » qui aurait dû gagner.

Nicolas Sarkozy a donc demandé une deuxième votation qui aura lieu la semaine prochaine.

Nicolas Sarkozy a précisé qu’il y aura des nouvelles votations sur le statut de La Poste jusqu’à ce que la réponse soit « oui ».

Nicolas Sarkozy a conclu : « Nous refaisons voter les peuples jusqu’à ce qu’ils répondent « oui ». C’est la nouvelle démocratie. C’est le progrès. C’est moderne. Ceux qui s’opposent à cette réforme sont des ringards. »


Statut de la Poste : le carton de la votation

Fort de ses 2.123.717 votants, le comité national contre la privatisation de la Poste, qui a organisé cette consultation citoyenne, réclame au gouvernement le retrait de sa réforme et la tenue d’un référendum. Bilan d’une semaine de mobilisation.

Ca va mieux qu’un lundi pour les syndicalistes, associatifs, élus et partis de gauche, réunis en comité national contre la privatisation de la Poste et massés, ce matin, à la mairie du IIe, le QG parisien de la mobilisation. Après un week-end de comptage des voix, le résultat de l’inédite votation citoyenne sur le statut de la Poste a, de loin, dépassé leurs espérances. Dopés par cette mobilisation populaire, les organisateurs entendent engager le bras-de-fer avec le gouvernement.

2.123.717 votants au compteur

Dans leur déclaration finale, les 62 organisations du comité ne boudent pas leur plaisir : « ce qui vient d’avoir lieu est énorme » ! Le côté plébiscitaire de la consultation était certes couru d’avance : à la question « le gouvernement veut changer le statut de la Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord avec ce projet ? », seuls 31.701 votants ont répondu « oui » (1,51% des suffrages), contre 2.092.016 « non ». Mais la participation, véritable indicateur, a pulvérisé l’objectif initial d’un million de votants. Un week-end pour synthétiser les résultats des comités locaux, le fax en surchauffe de la mairie du IIe, qui « n’arrête pas de sonner, ça remonte, ça remonte », se régale Nicolas Galepides, un des porte-parole, et le score tombe : 2.123.717 votants. Avec des piques dans les quartiers populaires et les milieux ruraux, les plus préoccupés par d’éventuelles fermetures de bureaux. « On a fait un coup, il faut le reconnaître. »

La votation citoyenne : une première

Au delà d’un « attachement profond de la population au servic public de la Poste » et à son « rôle de lien social indispensable et irremplaçable », ce résultat marque aussi le succès de la votation citoyenne, forme de mobilisation inédite, sans valeur juridique mais à fort impact politique, arme des plus efficaces pour s’emparer d’un débat public. En témoigne l’éclosion, au fil de la semaine de votation, des 10 000 bureaux de vote souvent montés de bric et de broc par des comités locaux qui ont téléchargé le matériel sur le site appelpourlaposte.fr. Secrétaire national du PS chargé du service public, Razzy Hammadi salue ainsi « l’initiative d’uine petite dame de 84 ans qui a installé son bureau de vote dans son village de 23 habitants en Haute-Corse ». Vantant « une leçon de choses », Olivier Besancenot fait un retour à l’envoyeur, rappelant que l’idée d’une votation citoyenne sur la Poste « est née au moment où Nicolas Sarkozy n’avait que le mot référendum à la bouche ».

Mais à ce jour, les organisateurs du comité ne pourraient contraindre juridiquement le gouvernement à organiser un référendum en bonne et due forme sur le statut de la Poste. Faute de texte d’application sur le droit au référendum d’initiative populaire, dispositif prévu dans la réforme constitutionnelle de juillet 2008. La loi organique permettant sa tenue devrait être discutée au Parlement d’ici fin juin 2010, probablement après la réforme du statut de la Poste. Et elle posera des conditions très strictes, comme l’approbation d’un cinquième des parlementaires, soutenus par 10% des électeurs inscrits.

Et après ?

Si cette fenêtre-là est fermée, reste à passer par la porte : « ce rassemblement historique doit se poursuivre », indique la déclaration commune. Alors que le PS tentera tout de même le coup en déposant une proposition de loi le 15 octobre pour demander un référendum et que les sénateurs PCF et PG défendront une « motion référendaire », le comité, fort des plus de deux millions de votes, va, évidemment, demander de nouveau l’ouverture d’un débat public. Et appelle le gouvernement à « renoncer définitivement » à sa réforme.

Pour maintenir le rapport de force, les comités locaux doivent interpeller les députés et sénateurs de leur cru et prendre contact avec les préfectures pour faire remonter les résultats de la votation. Le comité national réclame, lui, une rencontre avec le chef de l’Etat et les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. La forme des prochains rendez-vous n’est pas encore arrêtée : forums citoyens, journées nationale de manifestations, etc. La tenue d’une nouvelle votation, destinée à doubler le score de la première fait aussi partie des pistes. « Le gouvernement peut compter sur notre créativité », prévient Hammadi.

Le gouvernement a-t-il accusé réception ?

La majorité a trouvé, ce week-end, son angle de contre-attaque : balayer un scrutin à l’intitulé biaisé puisque, selon la droite, la privatisation ne serait pas du tout à l’ordre du jour. Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre le promet : « Chacun sait que le gouvernement veut que la Poste reste à 100% publique ». Il ironise sur le côté bricolo de la consultation, assurant, en citant des « témoignages », que certains avaient voté « 22 ou 23 fois » : « On me dit que Louis de Funès et Marlon Brando ont voté. »

Jean-Pierre Raffarin n’accorde pas plus de crédit à la votation : « de la fausse démocratie » revenant à « bourrer les urnes avec une information mensongère ». « On fait un référendum contre la privatisation » de la Poste alors qu’« il n’est pas question de privatiser la Poste », jure, à son tour, l’ex-Premier ministre sur LCI.

« Nous, on a pas de problèmes sur les mots », rétorque Nicolas Galepidès, accusant le gouvernement de camoufler ses intentions par des « ronds de jambe ». « Le gouvernement ne peut fuir le débat », renchérit Razzy Hammadi, « la droite doit cesser de se défiler ».

Pour toute réponse, le gouvernement a annoncé que le projet de loi serait examiné la semaine du 2 novembre au Sénat.

http://www.liberation.fr/societe/0101595233-statut-de-la-poste-le-carton-de-la-votation

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