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Cesare Battisti est désormais officiellement "en fuite" pour la justice française

Publie le mercredi 1er septembre 2004 par Open-Publishing

de Sylvia Zappi

La cour d’appel de Paris a lancé lundi un mandat d’arrêt contre l’ex-activiste italien, qui s’est soustrait le 21 août à son contrôle judiciaire. Des comités de soutien aux réfugiés italiens pourraient être créés.

Cesare battisti est désormais officiellement recherché. La cour d’appel de Paris a lancé, lundi 30 août, un mandat d’arrêt contre l’ex-activiste italien dont l’extradition est réclamée par Rome. Conformément aux réquisitions du parquet général, la cour a également révoqué le contrôle judiciaire auquel il était soumis depuis sa mise en liberté, le 3 mars.

L’ancien militant d’extrême gauche s’était soustrait le 21 août au contrôle judiciaire en ne se rendant pas au palais de justice de Paris, où il devait "pointer" chaque samedi. Il avait depuis envoyé une lettre à ses avocats dans laquelle il affirmait qu’il ne quitterait pas la France. "C’est mon pays, et je n’en vois pas d’autre dans mon futur", expliquait-il dans son courrier rendu public le 25 août (Le Monde du 27 août).

La cour d’appel a estimé que l’ancien activiste n’avait pas respecté ses obligations envers la justice. Elle a jugé, également, que M. Battisti était "en fuite", après le constat établi par la police qu’il avait quitté son domicile parisien. "La justice ne peut se satisfaire d’un pied de nez et doit tout mettre en œuvre pour que Cesare Battisti réponde de ses actes devant la justice italienne", a souligné le substitut du procureur général.

La décision n’a pas surpris ses soutiens, qui ont aussitôt réaffirmé leur solidarité lors d’une conférence de presse à quelques pas du palais de justice. "Cette décision annoncée n’enlève rien au débat de fond, a noté Michel Tubiana, président de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Il s’agit d’une affaire d’éthique et de morale : on ne peut pas revenir sur la parole donnée par un président de la République au nom de la France d’accorder l’asile."

"DÉSOBÉISSANCE CIVILE"

Un "appel solennel"à Jacques Chirac et au gouvernement a été lancé par les avocats de M. Battisti, afin "qu’il soit mis une fin définitive à cette persécution". Me Irène Terrel a précisé qu’il s’était "soustrait momentanément à la justice pour échapper à la trahison de l’Etat". Des élus Verts et communistes, et des personnalités, comme Mgr Jacques Gaillot, étaient aussi venus apporter leur soutien. "Il faut que cette traque cesse et que les réfugiés puissent continuer à vivre en paix et leurs enfants grandir avec eux", a insisté Pénélope Komites, maire adjointe (Verts) de Paris. Même sentiment du côté du Parti communiste : "Tout ce qui se passe est désolant et déshonore la France", a déclaré Henri Malberg, président de la commission justice du PCF et ancien élu de Paris.

Au fond de la salle, quelques réfugiés italiens se serraient les coudes. "Il faut répéter au gouvernement que retirer un asile devenu une coutume consensuelle pendant vingt ans est absurde !", s’emporte Oreste Scalzone, un des plus anciens d’entre eux. "Cet asile a autorisé un espoir qui s’est traduit notamment par des enfants. Aujourd’hui, on leur dit qu’ils seraient nés comme prédestinés à devenir des dégâts collatéraux !"

Les soutiens de M. Battisti veulent maintenant en appeler à l’opinion publique. La LDH a souhaité la mise en place de comités de soutien aux réfugiés italiens. Noël Mamère, député Verts de Gironde, n’a, lui, pas hésité à appeler à la "désobéissance civile" : "Si Battisti frappait demain à ma porte, je le laisserais s’installer chez moi parce qu’il est chez lui en France."

Les avocats de l’ex-activiste italien assurent qu’ils ne savent pas où est leur client et qu’ils n’ont plus aucune nouvelle depuis la lettre du 25 août. "Il attend en France la décision de la Cour de cassation", a précisé Me Jean-Jacques de Felice. Le 29 septembre, la Cour de cassation examinera le pourvoi déposé par les avocats de M. Battisti contre l’avis favorable à son extradition. En attendant, son nom a été diffusé sur le fichier des personnes recherchées. "Une fiche signalétique avec sa photo a été diffusée à tous les services de police et de gendarmerie", précise la préfecture de police de Paris.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-377282,0.html