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Apprendre pour comprendre. 17 et 18 octobre 1961

Publie le dimanche 18 octobre 2009 par Open-Publishing

Apprendre pour comprendre.

17 et 18 octobre 1961 : qui se souvient de ces massacres ?

17 octobre 1961 au soir, des centaines d’Algériens décident de manifester pacifiquement dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu que le gouvernement français de l’époque leur impose à eux seuls. Le soir même et dans les jours qui ont suivi, la répression est d’une extrême brutalité ; elle fera, selon les sources au minimum 200 morts. Certains furent tués par balles, d’autres furent froidement assassinés dans la cour de la préfecture de police de Paris que dirigeait alors Maurice Papon, d’autres encore furent battus à mort ou noyés dans la Seine après y avoir été jetés par des policiers. Une nuit de « cristal » à la française mais organisée par un serviteur zélé des nazis 18 ans plus tôt.

Qui se souvient aujourd’hui de ces manifestations oubliées parce qu’elles sont, entre autres, occultées par la raison d’Etat ?

Qui se souvient aujourd’hui de ces victimes massacrées pour défendre un ordre colonial moribond ?

Qui se souvient aujourd’hui qu’en ces jours d’octobre 1961, des crimes contre l’humanité furent commis par l’Etat français ?

Qui se souvient aujourd’hui que c’est cette toute jeune Ve République qui, 13 jours après avoir fêté ses trois ans d’existence organisa une répression dans laquelle elle donna libre cours à sa toute-puissance meurtrière contre une catégorie « à part » de travailleurs et, avec le plus grand des cynismes, couvrit des fonctionnaires de police après qu’ils eurent exécuté sommairement des personnes, organisé de nombreuses disparitions, pratiqué la torture et des actes inhumains pour des motifs politiques et raciaux ?

« L’Algérien » de l’époque, c’était le colonisé méprisé, outragé, soumis à un régime d’exception lequel prospère au cours même de la République qui l’organise, le défend quoi qu’il en coûte et viole ainsi les principes fondamentaux des droits de l’homme dont elle se réclame pourtant, cependant qu’elle porte ainsi atteinte à l’unité du genre humain.

« L’Algérien », c’était aussi, presque nécessairement, « le terroriste » du FLN, le musulman enfin, corps étranger, depuis longtemps déjà réputé inassimilable, qui osait braver les autorités au cour même de la capitale et revendiquer, pour lui-même, la plénitude de cette liberté, de cette égalité et de cette dignité que la France républicaine a toujours, obstinément et violemment, refusé de lui accorder.

Quarante huit ans se sont écoulés depuis que ces crimes ont été commis et ceux qui les ont organisés ou permis n’ont jamais eu à rendre compte ni de leurs décisions ni de leurs actes.

Quarante huit ans plus tard, la haine est encore là contre les « algériens » qui ont osés défier les armes à la main, l’empire colonial français et le faire tomber malgré les massacres organisés, les assassinats et la torture.

Cette situation est inacceptable ; elle ajoute à ces massacres l’outrage aux victimes et à leurs proches ; elle autorise toutes les négations et toutes les révisions politiquement intéressées de ceux qui, de ce passé, ne veulent rien savoir.

Cette injustice est soutenue par un silence complice et délibéré de la République et de ses présidents, ses ministres, ses députés, ses sénateurs, qui doivent reconnaitre qu’il y a eu crime contre l’humanité.

Un oubli volontaire, car en occultant les crimes, il permet à ce passé de passer sans qu’aucune mémoire ne vienne rappeler l’extrême gravité de ces événements, et cet oubli permet de créer une nouvelle situation tout aussi répressive et violente.

La justice, la vérité, le combat indispensable pour s’opposer aux crimes contre l’humanité qui ont été commis et perpétrés sur ordre du pouvoir en octobre 1961.

La justice, la vérité, le combat indispensable contre une raison d’Etat qui triomphe encore, pour exiger que les plus hautes autorités politiques de ce pays fassent droit à l’histoire sans la galvauder ni la réviser.

Libérez-les !

18 octobre 2009