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Le fric et la protection des populations en cas de désastre nucléaire

Publie le jeudi 2 septembre 2004 par Open-Publishing

Stop Nogent lettre n°103 juin-juillet 2004 : Roger Belbéoch
http://www.dissident-media.org/stop_nogent/sommaire_lettre_103.html

Le 14 décembre 1995 s’est tenue, sous l’égide de la Société française de radioprotection, une journée d’étude ayant pour titre " Optimisation de la Radioprotection et valeur monétaire de l’homme-sievert " (participer à une telle journée coûtait cher, 1150 francs).

" L’ouverture " de cette journée avait été confiée à un expert en la matière, J. LOCHARD du CEPN (Centre d’étude sur l’Evaluation de la Protection Nucléaire, voir la Lettre d’information 101/102, février-mai 2004, l’article " Des structures écrans au service du nucléaire "). Le thème de l’ouverture était " Le rôle de la valeur monétaire de l’homme-sievert dans la démarche d’optimisation de la radioprotection ".

L’homme-sievert est l’unité qui mesure le niveau d’irradiation d’une population suite à une exposition aux rayonnements, ce qui est le cas après un accident nucléaire. Cette irradiation va causer dans la population des " détriments " (c’est le terme habituellement utilisé par les experts) comme par exemple des cancers. Protéger les futurs irradiés coûte de l’argent et il ne faut pas faire de dépenses inutiles, il faut optimiser. Si le coût d’une protection efficace (l’évacuation des territoires contaminés) est plus élevé que le prix que l’on a attribué aux cancers radioinduits (il faut estimer le prix d’une vie), ce serait un vrai gaspillage de protéger ces gens.

J. LOCHARD a beaucoup travaillé sur ce thème pour établir d’une façon " scientifique " le prix de notre vie, de notre mort.

Il y a une dizaine d’années le " détriment " lié à l’homme-sievert consistait essentiellement à dénombrer les cancers radioinduits à venir. Mais l’épidémie inattendue des cancers thyroïdiens des enfants en Ukraine, Russie et surtout au Bélarus, a d’abord été niée. On a escamoté les autres affections thyroïdiennes, les problèmes nouveaux qui apparaissent chez les habitants contaminés d’une façon chronique par le césium radioactif, la dégradation de la santé des enfants au Bélarus avec des pathologies cardiaques dans les zones contaminées par Tchernobyl.

Un expert scientifique doit évidemment être à l’affût des nouveautés. C’est peut-être pourquoi M. LOCHARD patrouille depuis quelque temps au Bélarus dans les zones contaminées sous la couverture (et le fric) du programme CORE. Il est certainement impatient de compléter ses études " scientifiques " sur le " coût monétaire de l’homme-sievert " en évaluant " scientifiquement " le " prix " de ces curs d’enfants contaminés qui brutalement se mettent à se comporter comme des curs de vieillards cardiaques. Ces curs valent-ils cher pour M. LOCHARD ? A-t-il fait l’évaluation correspondante du prix des curs d’enfants français qui seraient contaminés par un accident nucléaire chez nous ? Valent-ils plus ou moins cher que les curs d’enfants du Bélarus ?

Les visites que M. LOCHARD multiplie au Bélarus lui permettront peut-être d’apporter des réponses à nos questions.

Ramener la vie à une quantité de fric est particulièrement obscène. Mais c’est bien dans les valeurs de notre société et les fondements de la modernité.