Secouez-vous !!!

de Michel MENGNEAU

Certes, on ne peut pas parler d’apathie généralisée car de temps à autre un éclat de voix secoue la torpeur générale, cependant l’espace de contestation sociale reste morose, voire souvent timide dans les sphères politiques d’opposition à la droite majoritaire. La revendication syndicale est parcellaire et fragmentée, ce qui entre parenthèse arrange bien les affaires du pouvoir en place, et ce ne sont pas les marches roboratives du printemps dernier qui ont fait avancer les choses ; dans la même lignée, on peut dire que les politiques font aussi par instant preuves de quelques velléités et puis tout retourne dans le train-train quotidien.

Les Sarkozys-bandes, qui ont bien assimilé cet état de fait, occupent donc l’espace public et politique, imitant en cela leur patron qui leur a bien montré l’exemple en faisant preuve d’une propension étonnante à la démultiplication de sa personnalité en étant partout à la fois, et tout ceci pour occuper le territoire médiatiquement, sans que cela déclenche une vindicte forte et farouche de l’opposition.

Dans cet état d’esprit, avec aussi une perversité et une morgue qui caractérise cette droite, le Ministre Estrosie est venu en catimini le 29 octobre visiter une usine de Fontenay-le-Comte. J’écris bien en catimini puisque les responsables locaux et du département de la Vendée ne furent prévenus qu’au dernier moment, le Maire de Fontenay étant d’ailleurs absent car parti outre-Atlantique !

Mais la duplicité du ministre ne s’arrête pas là, en plus il ne s’est déplacé que pour rendre visite à une usine en plein redressement alors que plusieurs autres des alentours sont prêtent à licencier. Une opération médiatique dans un département où le chômage est en pourcentage l’un de ceux les plus fort de France ; ce qui laisse d’ailleurs l’ineffable président du conseil général sans voix. Lui, l’agité du bocage, qui voyait pour son fief un département pilote, est bien obliger d’en rabattre et de taire son caquet qui, entre parenthèses, est la plupart du temps celui d’un individu rétrograde.

Bref, Estrosi c’est moqué d’un peu tout le monde, et les moqués sont pour la plupart restés cois. Hormis le très actif Collectif de Résistance Sociale (CRS), qui déjà en un premier temps avait accueilli le ministre –le moins que l’on puisse dire, sans lui manifester un enthousiasme débordant, bien qu’il fut sous la protection de la gendarmerie mobile venue par une trentaine de fourgons pour contenir environ 200 manifestants- devant l’usine en question, et qui ne voulant pas être toujours seul sur tous les fronts de la revendication s’est inquiété du relatif silence de la « gentries » politique. Ce collectif qui rassemble syndicalistes de différents bords, responsables politiques de la vraie Gauche, personnalité de la diversité sociale, a donc décidé, pour qu’on l’accompagne de façon plus active, d’interpeler les élus afin qu’ils aient un peu plus d’allant chez les partis politiques d’opposition.

C’est par une lettre ouverte rédigée par l’ensemble des membres du collectif que celui-ci a tenté de sensibiliser certains élus et responsables politiques…

Lettre ouverte aux élus de la majorité de la municipalité de Fontenay-le-Comte, de sa communauté de communes et aux responsables de leurs organisations politiques.

Mesdames, Messieurs,

Monsieur Estrosi, Ministre de l’industrie, est passé par ici le 29 octobre 2009…

Avec l’aplomb qui caractérise les responsables de la majorité actuelle, il a dit qu’il serait « attentif » à ce que les engagements déjà pris soient tenus à Plysorol…

Par la même occasion, sans s’éterniser sur le sujet, il a dit être « préoccupé » par la situation de la SAMRO, et a affirmé que « l’Etat prendrait sa part au plan de formation »…

Il a aussi « confirmé » le déblocage des 1,5 million de prêts déjà prévus, prêt du Fonds National de Revitalisation destiné aux trois communautés de communes du Sud Vendée. Ce qui, pour s’exprimer de manière familière, mais expressive, « ne mange pas de pain » !

Il nous semble un peu léger que nos élus se contentent de ces bonnes paroles en se limitant à « Déplorer ne pas avoir été invités » et à souligner simplement la récupération électoraliste de la majorité que constitue évidemment cette visite

Cette simple visite éclair d’une entreprise par un Ministre nous interpelle, d’où des interrogations qui devraient aussi être les vôtres….

D’une part, la tradition républicaine, la plus élémentaire des politesses à l’égard des élus du peuple, veulent qu’un ministre de la République prévienne les élus et responsables locaux assez longtemps à l’avance de sa venue, et se prête à les entendre sans distinction de partis politiques.

D’autre part, n’est-il pas temps de s’interroger sur le contenu concret du mot « revitalisation » ?

– Le ministre de l’industrie a-t-il des propositions précises et viables sur la question ?

– Pourquoi n’a-t-il pas voulu prendre connaissance des projets et actions de la communauté de communes de Fontenay-le-Comte ne serait-ce que pour répondre à votre « démarche d’ouverture et de solidarité toutes tendances politiques confondues » ?

– Pourquoi n’a-t-il pas voulu entendre les élus et représentants syndicaux de SKF et de la SAMRO ?

En effet, nous savons tous que ces derniers ont de solides arguments pour soutenir une stratégie industrielle porteuse d’avenir pour leurs entreprises. Ils ont élaboré un contre-projet ambitieux, dont la rigueur du prévisionnel n’a rien à envier à celui des habituels dirigeants d’entreprises.

Le ministre a abordé la question de plans de formations pour les licencié(e)s sans pour cela apporter la moindre réponse à la question suivante : quelles formations pour quels emplois ? Tout le monde sait, les travailleurs de l’industrie les premiers, que les compétences doivent évoluer avec l’apport constant des nouvelles technologies. Pour autant, dans un contexte industriel établi, faut-il accepter l’énorme gâchis de compétences que constitue la disparition pure et simple des emplois existants ?

Devons-nous baisser les bras et accepter de fait une disparition sous le prétexte discutable de restructuration comme cela est le cas à SKF ! L’emploi est alors considéré comme une variable d’ajustement au service des dividendes des actionnaires…

Ne nous laissons pas berner par des propos électoralistes tenus par le ministre, par les conseillers généraux qui n’ont jamais rien fait pour développer le sud Vendée !

Rappelons-nous l’intervention de M.de Villiers à l’usine SKF ou il dénonçait les profits du groupe suédois et s’opposait à la fermeture de l’usine. Il n’a même pas eu le courage de rencontrer les salariés encore sur place et il veut nous faire croire que tous les élus (ou étaient-ils !), tous les vendéens, sont derrière les ouvriers (600000 SKF, 600000 Vendéens). Cette venue n’avait qu’un seul but de soutenir et encourager la participation de M. De Villiers dans la campagne des européennes et celle des régionales.

Comme vous, Mesdames et Messieurs les élus et responsables locaux, nous savons que le désastre est avant tout humain, fait de la somme des inquiétudes et des souffrances individuelles que la résignation, le repli sur soi ne peuvent atténuer et qui, parfois, conduisent au désespoir, voire à des situations encore plus extrêmes.

Parce que vous vous réclamez de la gauche, vous avez le devoir de proclamer avec force et sans relâche qu’il ne faut pas se résigner. Vous avez le devoir d’exposer continûment aux citoyens vos explications sur le désastre qui s’étend, ainsi que les initiatives que vous entreprenez pour alerter et contraindre le pouvoir en place. A ce prix vous aurez la possibilité de mobiliser et de fédérer : le mouvement social alors sera prêt à vous épauler…

Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Camarades, nos salutations militantes les plus sincères.

Destinataires

– Hugues FOURAGE et sa majorité municipale, Mairie de Fontenay-le-Comte
– Hugues FOURAGE et sa majorité communautaire, Communauté de communes du pays de Fontenay-le-Comte
– Pierre-André METAY, secrétaire de la section du Parti Socialiste de Fontenay-le-Comte
– Sylviane BULTEAU, secrétaire fédérale du Parti Socialiste de Vendée
– Jean COIRIER, Président des Verts de Vendée
– Marie-Françoise MICHENEAU, secrétaire du Parti Communiste de Vendée

Copies à Ouest France, TSV, Télé Vendée, Le Sans-culotte 85, Les Nouvelles de Vendée…et divers sites sur internet.