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Le "supermarkette" !

Publie le mardi 15 décembre 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

de Jacques

En se dirigeant vers la Grand’Rue, passée la façade de bois peint en gris de la boulangerie Chapelain, on arrivait à « L’ETOILE » . C’est ce qui était écrit en grosses lettres au- dessus de la porte, mais nous, on disait « Chez Louise » .

A cette époque, les enfants étaient souvent envoyés faire une course : le pain, le lait, le journal ...On vous confiait le porte-monnaie ; c’était une lourde responsabilité et une grande preuve de confiance . Il ne me serait jamais venu à l’idée d’y prélever la moindre piécette ! C’était donc une excellente pratique morale, en même temps que pédagogique, puisqu’il fallait aussi compter et vérifier la monnaie . Si on avait dit à ma mère qu’elle faisait de la morale et de la pédagogie en agissant ainsi, elle serait tombée des nues, telle Monsieur Jourdain apprenant qu’il faisait de la prose .« Jacquot, toi qui marches bien, va donc chez Louise me chercher un morceau de savon de Marseille, ou une demi-livre de café, ou un litre d’huile, ou 100 grammes de poivre en grain... ». On abandonnait incessemment le livre ou le jeu par lequel on était absorbé, et on filait .La boutique ne payait pas de mine, à peine trois mètres de façade , une fenêtre-vitine ornée d’une guirlande à Noël ( et pas deux mois avant ! ) et une porte .

Quand on poussait la porte, elle heurtait un mobile de tubes métalliques au milieu desquels une boule suspendue déclanchait un carillon harmonieux . On descendait deux marches et l’on se retrouvait dans la pénombre d’une échoppe d’un profondeur insondable remplie de produits hétéroclites, et on était assailli par une senteur sans pareille, faite du mélange de parfums divers : café, savon, huile, harengs, lessive, épices....

A gauche de la porte, le comptoir, qui m’arrivait au menton, et sur lequel trônaient des bocaux de berlingots multicolores, de rouleaux et de fouets de réglisse, et un immense moulin à café . Et partout des étagères croulant sous les boîtes de toutes tailles et de toutes couleurs : sardines « Les Dieux », petits pois « Cassegrain » etc, des fûts d’huile, de carbure, du café et des épices en vrac dans de grands sacs ouverts, des caques de harengs fumés, des pyramides de blocs de savon , des balais de coco, des brosses en chiendent, des seaux à charbon, des sinces et des ramasse-bourrier . Et puis Louise, petite vieille de noir vêtue, protégée d’un sarreau noir à pois blancs, chignon gris enrubanné de velours noir bardé d’épingles, qui allait à petit pas glissés vous chercher l’objet demandé et vous le tendait par dessus le comptoir . Et quelques mots échangés , « Comment va ta maman ? Travailles-tu bien à l’école ?.... » La vie quoi !

Au retour, on ralentissait le pas pour avoir le temps de sucer le berlingot offert, et parce que « Tu n’acceptes pas de bonbon, c’est bien compris ? »

Evidemment, les courses et le plein du caddie chez « Edouard » ou « Mamouth », avec des chiards qui réclament tout ce qu’on met à leur portée, c’est autre chose !

Bonnes courses de Noël, et portez-vous bien .J.B.

Messages

  • Putin, comme c’est vrais tout ça, et on payait avec des pièces trouées. Et oui c’était pas carouf, leclerc ou je ne sais trop quel bordel a se faire endoffer, non ce n’était pas des grandes surfaces mais c’était de grands magasins, grand par leur chaleur, grand par leur humanité, grand par leur générositée. Merci mère brossard, merci mère Charbonnier.

    Varenne

    • Et il arrivait souvent aussi que pour les salariés, ils payaient quand la paye arrivait, à la semaine, voire la quinzaine ou le mois...il n’y avait pas d’intérêts comme ont certaines cartes-crédits. C’était la necessité et non la spéculation du capital comme c’est maintenant le cas

    • et oui, en lisant cela j’ai eu des images fabuleuses qui me sont revenues à l’esprit ça se passait comme ça. Tout prés de chez moi en ardéche,dans mon village, je connais un petit épicier qui fonctionnait tout pareil, puis il a eu des soucis de trésorerie. Il a alerté le maire du village sur la difficulté de ses clients et du coup la sienne. Et bien des personne ne viennent plus chez lui, les clients se sont sentis trahis, et le maire lui a répondu :"Monsieur quand on tient un commerce, on ne fait pas du social, ce n’est pas votre rôle, je ne peux rien pour vous ni vos clients." Je tiens à préciser que l’épicier n’a donné aucun mon, mais il a pensé qu’il était pouvait signaler la détresse des personnes qui venaient chez lui, de leurs difficultés pour vivre et se nourrir. Ben non ça ne se fait pas, et en plus, il ne demandait pas une aide pour lui, non, simplement il croyait que une des fonctions du maire était de connaître la vie réelle de ses concitoyens et peut être trouver une ou des solutions. Etre maire, n’est ce pas la gestion de la citée ????
      Hé j’oubliais ce maire là, privilégie ces relations politiques et soigne son devenir de futur sénateur. Donc du coup ça fait pas bien sur son curriculum vitae d’avoir des salariés pauvres dans sa ville !!!
      Putain de quoi s’occupe cet épicier, il ne va pas me donner des leçons sur ce qui est bon de faire !!!! ça se passe prés de chez moi en ardéche.
      Je suis très peu nostalgique, mais là je revoie ces boulangers que je connais bien et qui disaient :" c’est pas grave vous paierez le mois prochain", c’étaient mes parents.
      Maintenant seul le profit compte et avec des dividendes svp !!!!! ce monde devient fou et court à sa perte, plus de convivialité, plus de solidarité. Profit profit est le maître mot. pauvres fous !!!!!!!!!!! quant à moi, je continue d’aller chez lui il me fait toujours crédit et je suis bien contente qu’il soit là.
      Voilà juste cette petite bafouille pour lui rendre une peu de considération et qu’il sache que j’aime aller chez lui aussi juste pour bavarder, et lui dire Bonjour.

  • Je ne voudrais pas paraître arrièriste mais je viens de recevoir ça d’un fournisseur d’acces : Plongez dans l’esprit de Noël avec le jeu de séries de 3 Fishdom - Frosty Splash Deluxe. ...

    D’abord, je n’ai rien compris ! Je ne suis pas sûr que ce soit aussi éducatif que certaines de mes lectures d’enfance, "Arthur le fantôme justicier", qui fit les beaux jours de Pif, avait quand même une sacré gueule !