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COMORES : Le Silence Des Méduses

Publie le mardi 29 décembre 2009 par Open-Publishing

Une exposition sur les naufragés du destin

Ouverture ce matin au palais du peuple de Hamramba à Moroni de l’exposition du peintre guyanais, Denis Balthazar, consacrée au thème de la migration. L’artiste a trouvé dans cette thématique une inspiration singulière qui s’est exprimée d’abord sur l’île comorienne de Maore sous administration française, où il a vécu quatre ans. “C’est un regard sur une société, ses contradictions et ses souffrances, en tant que témoin”, a soutenu Denis Balthazar. Dix tableaux seront durant deux semaines, du 29 décembre au 13 janvier, soumis au regard du public. L’assemblage des matériaux insolites, tôles, tissus etc., non supposés se retrouver ensemble ainsi que l’éclatement des couleurs savamment effectué par l’artiste donnent à son oeuvre un réalisme saisissant. “J’ai mis trois ans pour arriver à ce résultat. Ces tôles rouillées, ces morceaux de tissus, fragments d’usure, sont prélevés directement dans les endroits où vivent ces migrants, ces chercheurs d’ailleurs”, a-t-il précisé.
Ce travail de recherche l’a amené jusqu’à Anjouan et à la Grande Comores. Il est le regard “bouleversé” d’un intellectuel et d’un artiste par la situation des enfants, des femmes et hommes venant des autres îles de l’archipel des Comores et de la sous région, traversant sans hésiter un bras de mer meurtrier qui les sépare de Mayotte.
L’oeuvre a déjà fait le tour du monde. Après une première présentation à Mayotte en 2007, elle a été exposée à Paris en mars 2008, puis lors de la 64ème assemblée générale des Nations-unies à New York en septembre 2009. Au delà du drame des kwasa, mis à nu dans ces tableaux où à travers les couleurs, bleu, rouge et blanc, s’expriment les responsabilités des uns et des autres, l’artiste veut voir une dimension universelle du thème. “ Le thème de la migration a une dimension universelle, et je m’inspire dans ce travail d’un chef d’oeuvre, le Radeau de la Méduse qui a donné à la tragédie des migration sa dimension épique et universelle. Ce tableau de Géricault met en scène des naufragés, des personnes de la même famille, livrées à leur sort et qui ont fini par se manger”. Un clin d’oeil de l’histoire sur ce qui se passe entre l’île de Mayotte et les trois autres îles soeurs.
Kamardine Soulé
Source : Al-watwan N° 1472 du 29 décembre 2009
source : http://wongo.skyrock.com/