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La Décroissance serait-elle devenue une mode !

Publie le jeudi 31 décembre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Ou quand on évite de parler d’anticapitalisme !

Par Michel MENGNEAU

Pendant longtemps ceux qui parlaient de Décroissance étaient raillés, quand ils n’étaient pas voués aux Gémonies, ou plus simplement complètement ignorés. Il est vrai que dans une société où l’accent est mis sur le productivisme au service d’un consumérisme dévastateur, lorsque l’on évoquait l’idée de réduire notre croissance cela paraissait pour certains comme une douce utopie ; ou parmi les autres, les plus impressionnables ont même eu peur pendant un temps du terme Décroissance. D’ailleurs, on qualifiait la décroissance de mot-obus, et pour ma part dès le printemps 2007 j’avais intitulé un article : « Décroissance, un mot qui fait peur ! », dont il semblerait que la formulation soit restée dans les esprits…

Mais divers éléments inquiétants ont réveillé les consciences, les déchets du nucléaire, la saturation des sols par les engrais, la déforestation, les OGM, la gestion de l’eau par les exploiteurs, le réchauffement climatique, etc. ; indéniablement la suractivité humaine dans un monde fini mène à la catastrophe. Alors des hommes politiques de diverses horizons, jusqu’alors opposés aux idées de la décroissance, s’en sont emparés pour faire semblant d’avoir une solution pour sauver la planète.

Une sorte de mode c’est créée qui veut qu’il soit de bon ton de parler Décroissance en ce gargarisant du fait qu’il s’agit « d’une utopie en marche » comme l’a précisé l’animateur du Téléphone Sonne le lundi 28 décembre sur France-Inter. Emission dont le sujet était la décroissance pour une fois non décriée, et que les intervenants ont d’ailleurs jugée inéluctable afin de préserver la planète…

Utopie, le mot est lâché et alors on l’a fait miroiter pour donner à croire à la portée hautement philosophique de la solution qui veut que l’on est prêt au partage des richesses.

Le partage des richesses est en effet l’un des moteurs de la décroissance, mais il ne s’agit plus d‘une utopie puisque effectivement il est primordiale que les pays riches devront absolument diminuer « leur train de vie » pour aller vers un rééquilibrage vis-à-vis des pays moins favorisés. Mais cela implique nécessairement une autre façon de voir nos sociétés et il est évident que le capitalisme n’est pas soluble dans la décroissance, s’en est même l’antithèse ; par conséquence aucune avancée vers le « bien vivre » de tous les peuples ne sera possible s’il n’y a pas rupture totale avec le capitalisme, c’est pourquoi l’émission de France Inter n’a aucunement abordé le vrai fond de la Décroissance. On a assisté une nouvelle fois à une mascarade entre gens de bonne compagnie, émission où n’étaient d’ailleurs même pas invités ceux qui défendent l’objection de croissance sur la scène politique…ça veut tout dire !

Pourtant, les objecteurs de croissance ont de véritables projets constructifs et décroissants pour rebâtir nos sociétés en dehors du capitalisme…

La rupture avec le capitalisme est la première condition. Mais dans l’esprit de beaucoup, si la décroissance est devenue une mode et ne fait plus peur, l’anticapitalisme, lui, inquiète !

Pourtant, l’autogestion de petites fabrications locales existe déjà, et cela fonctionne. La dotation inconditionnelle d’autonomie est indéniablement le minimum vital pour tout citoyen de la planète. Le retour à une agriculture non productiviste pour sortir de l’agro-business est déjà la façon de faire et la recommandation d’agriculteurs responsables, qui de cette manière favorise le biologique et redonne à la terre nourricière sa quintessence. La suppression de l’OMC, organisation inféodée à la loi des marchés ; économie spéculative et mondialiste à laquelle on préférera la relocalisation, le commerce de proximité, la collectivisation des transports avec la gratuité dans certains cas ; ce qui mènera aussi vers un système bancaire non spéculatif et apportera, pourquoi pas, le retour des monnaies locales ou autres formes d’échanges

Il est évident que les Objecteur de Croissance ne peuvent être contre certains propos de Dominique Bourg allant à l’évidence dans le sens des idées qui sont aussi les leurs. Mais comme on a pu le constater, les intervenants présents n’étant pas de ceux qui remettent en cause la pensée unique capitaliste, donc l’ensemble de l’émission est resté particulièrement incomplet ; on peut même dire tout à fait superficiel avec les interventions d’un membre de l’UMP, serviteur opportuniste et zélé d’un capitalisme apanage de pays riches ; pays qui viennent, pleins de morgue à l’encontre des pays moins favorisés, de faire capoter le Sommet de Copenhague…

La Décroissance n’est pas une mode, et doit cesser d’être considérée comme une utopie mais comme une réalité tangible dans laquelle est incluse obligatoirement la rupture avec le capitalisme !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • Je suis d’accord avec vous . N’acheter que le strict nécessaire, ne pas changer un équipement qui fonctionne mais le réparer ou l’améliorer (si c’est vraiment une amélioration) , retirer son salaire de la banque le jour où il est versé est un comportement anti-capitaliste très efficace s’il se généralise .

    Mais la grande messe de Copenhague, après Kyoto, où notre président et ses collègues occidentaux veulent se poser en moralistes précisément au moment où les pays émergents accèdent à l’industrialisation (à les croire, avant, la pollution par le seul occident était sans doute propre) ont fait réagir Chavez, le plus cultivé des chefs d’Etat .

    Même si le refus de consommer inutilement est une attitude rationnelle, c’est quand même une manoeuvre politique de la part de Sarko et de ses amis de vanter au peuple les bienfaits de la décroissance juste avant que la ruine financière des caisses d’allocations chômage n’impose aux classes moyennes de tous les pays occidentaux de se serrer la ceinture . Autant qu’elles s’imaginent le faire par un libre choix . Ainsi elles ne se révolteront pas .

    Cela fait quand même deux décennies que les pauvres survivent grâce aux conserves de la banque alimentaire dès le 15 du mois et aux restos du coeur et la décroissance, ils la vivent au quotidien .

  • le vieux capitalisme à un très grand rêve ou "cauchemar" c’est de se voir vieillie ! pris aux pièges de ces contradictions, il pense à l’asile, mais hélas l’asile est trop chère. alors il se retourne vers la mort qui lui conseille d’acheter une "arme". Qui lui dit... tu est libre grasse à moi !.. alors si je suis libre dit le "vieux capitalisme" je ne serais pas vieux ? non lui dit la "mort" puisque que je n’ai jamais réussi à faire des verbes pour cette mécanique ! bonne année comme la lune qui est pleine se soir .Vive la décroissance soutenable pour tous ...