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« VOICI L’AUTOMNE D’UN VIEUX MONDE » CORRECTIONS

Publie le samedi 9 janvier 2010 par Open-Publishing

« AQUI’S L’AUTOMNA D’UN MONDE VIELH »

« VOICI L’AUTOMNE D’UN VIEUX MONDE »

http://monsite.orange.fr/metamorphose-travail/

« Aquí’s l’automna d’un monde vièlh » chantaient les Mont Jòia à la fin des années 1970. Magnifiques paroles et musique Magique. (Enregistrement de Juillet Août 1980)
Cet automne d’un monde vieux, c’est dans le poème, ce peuple occitan et cette culture lumineuse des troubadours jusqu’à nos jours.
Mais avaient-ils conscience ou intuition que cela vaut pour l’ensemble humain constitué depuis les débuts de la société marchande ? Oui ce monde vieux est arrivé au bout de son parcours et comme tout ce qui est vieux doit mourir pour laisser la place à la naissance.
Comment ne pas vivre douloureusement ce qui nous quitte et ce que nous quittons, et comment ne pas vivre avec enthousiasme ce que nous inventons, ce que nous créons.

Lorsqu’il y a rupture il y a aussi continuité. Est-ce la fin de l’hiver et le printemps qui va pointer ? Même en cas de régression, c’est un processus que nous poursuivons. Ni les coups de canon du croiseur Aurore ni la prise du Palais d’hiver, dans deux moments complémentaires espacés de 12 ans, ne sont pas un passé disparu. Ils résonnent encore comme résonnent tous les moments forts du passé. Les communismes staliniens sont de l’ordre des tyrannies grecques qui ont préparé la démocratie athénienne. Dire ça ce n’est pas magnifier ces dictatures mais constater le rôle qu’elle ont joué dans le processus général de l’humanité et entre autre, par exemple la pression qu’elles ont exercé sur un patronat mondial et dans les acquis ouvriers et du salariat, en particulier dans les économies et sociétés les plus avancées. Mais pas seulement : aussi dans les prémisses avortées d’un nouveau mode d’échange.

La démocratie n’est pas un idéal figé, une chose en soi, un objet statique, mais un processus qui met dans un rapport d’intervention directe d’une partie ou de la totalité d’une communauté humaine large, dépassant largement le clan, avec « le que, quoi et comment produire » pour se développer. Rien n’est statique, tout est travaillé par les contradictions internes et externes.

Un rapport d’intervention directe d’une partie ou de la totalité d’une communauté humaine n’a jamais existé dans la société de classe, donc ni dans la démocratie athénienne ni dans la démocratie française et les « modèles » qui ont suivi des processus comparables. Ainsi le terme de démocratie peut être considéré à la fois comme une expression d’une volonté populaire (populaire vient de peuple, c’est-à-dire population d’une entité géographique et-ou communauté d’un autre type d’identité) et-ou comme « dictature participative » d’un groupe dominant assurant la direction et la reproduction générale élargie de l’entité, de la communauté. Volonté populaire, dictature d’un groupe social, éléments contradictoires dans l’unité d’un processus social.

Identité nationale ! Il y a confusion entre l’appartenance objective à un groupe humain constitué et le sentiment d’appartenance à ce groupe humain, ce qui ouvre le débat sur la conscience d’appartenance et donc les intérêts et coopérations à développer, et aussi sur la représentation individuelle et collective que chacun se fait de ce groupe humain et de ses règles de vie, de la résultante de la multitude des représentations, et enfin du rapport qu’une communauté entretien avec un ensemble, et « l’universalité » des rapports et la relativité des frontières « physiques » et « subjectives ».

La démocratie généralisée c’est à la fois un développement de la démocratie et une rupture avec la démocratie restreinte qui est la notre. Si tant est que l’on puisse considérer que le processus du capital, les transformations institutionnelles qu’il introduit pour répondre à sa crise de développement, c’est-à-dire à une suraccumulation du capital à qui son propre développement technique et gestionnaire donne une expansion gigantesque, puisse encore conserver cette appellation de démocratie. C’est déjà autre chose qui résiste au nouveau et qui le prépare à son corps défendant et surtout à travers les résistances et les inventions qu’elle suscite. La démocratie généralisée, c’est le communisme.

Une fois constaté cette crise d’une façon superficielle, étroitement et non largement historique, mon avis est que le mode d’échange basé sur le développement de la mesure quantitative de l’échange atteignant l’obsolescence, ce que démontre le point atteint par la crise de l’échange global, et de suraccumulation du capital, il ne s’agit par de reconstituer l’échange tribal étroit ni le troc primitif, mais développer l’échange du travail concerté entre grandes entités à partir des besoins. Ce qui ne manquera pas de modifier objectivement et subjectivement les échanges au niveau micro, locaux et individuels.

Processus, contradictions, morts et héritages. Rien ne me fera jeter les Troubadours ni Victor Gelu, ni les Massalia Sound System à la poubelle. Pas plus que cet extraordinairement nouveau qu’est Karl Marx, les techniques informatisées de gestion et de production à mettre au service de la communauté au détriment des accumulations privées qui ne manqueront pas de défendre par tous les moyens leur existence. Il n’y aura pas transformation tranquille des normes du capital et de leur dépassement. L’histoire de l’humanité depuis que les classes existent est l’histoire de la lutte de classe.

Cette année 2010 ne sera pas la réalisation de nos revendications, mais une préparation nécessaire et essentielle des conditions de leur réalisation.

La « crise des subsistance » ainsi que je l’appelle, c’est-à-dire la crise de la production est imbriqué dans l’ensemble mondial. La solution n’est ni en Chine ni dans l’Europe, ni aux Etats-Unis, ni en Amérique Latine. Mais dans l’ensemble de production-échange globalisé humain. Ce qui ne veut pas dire que chaque entité nationale, régionale de quelque constitution qu’elle soit, et avec la culture qui y est attachée n’a pas un rôle à jouer en tant que telle. Et sa résolution économique trouvera une illustration en dernière instance dans la capacité de lutte et de négociation humaine là où la société de transformation de la nature, de la création de l’agriculture et de la cité, la société de classe, a vu le jour, le Moyen Orient.

Il est aussi permis de noter les traces indélébiles historiques qui traversent les millénaires et même l’histoire totale de l’humanité pour ce qui la concerne, et de la nature pour ce que nous en savons, avec des effets pour l’instant énigmatiques qui montrent que concevoir fortement l’action de l’économie en dernière instance ne nie pas mais confirme l’effet de la totalité de l’activité humaine et son intrication. Peut-on par exemple voir une rencontre entre la migration humaine vers l’Est primitive et celle vers l’Ouest plus récente qui ont convergé en fin de parcours en Amérique dite Latine et la domination de la seconde sur la première, et les évènements progressistes qui s’y déroulent aujourd’hui ? Il y a des causes à effets évidents, ce qui n’est pas le cas de cette question, mais elle mérite d’être posée, justement pour la recherche qu’elle peut susciter.

Les déplacements géographiques mondiaux actuels de la classe ouvrière ne résolvent en aucun cas la crise de la production ni ne permettent son développement qualitatif. Ils ne déplacent pas les problèmes mais renforcent leur globalisation. Et la solution globale n’est que la cohérence des cohérences de l’activité, du producteur en tant que personne à la gestion démocratique globale, en passant par toutes les entités de production et d’échange, dans l’autonomie relative de toutes ses fonctions, industrieuses, artistiques, idéelles, sentimentales, intriquées. L’humanité c’est la nature qui prend conscience d’elle-même pour agir sur la nature. Nous n’en sommes qu’aux prémisses. Avec ce que cela comporte pour cette action.

Pierre Assante, 7 janvier 2010,

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« ….A ceci près, pourtant, où tout peut basculer en un sens ou dans un autre : des valeurs sans dimensions sont liés à tous nos actes de la vie sociale. Sommes-nous prêts à nous regarder les uns les autres, et surtout ceux dont nous passons commande d’activité, avec ce regard là ? C’est là que l’on touche à un point de résistance majeur…. »
Yves Schwartz. Manifeste pour un ergo-engagement 2009, in « l’activité en dialogue II, Octarès.