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Haïti : La destruction d’un pays mille fois pillé et assassiné

Publie le lundi 18 janvier 2010 par Open-Publishing
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Edito des bulletins d’entreprise

 Le 18 janvier 2010

Haïti est situé sur une zone sismique à haut risque. Mais quand un tremblement de terre survient, il y fait mille fois plus de morts, au bas mot, qu’au Japon ou en Californie. Même chose quand il s’agit d’inondations ou d’ouragans et autres catastrophes naturelles.

Ah, c’est qu’il s’agit d’un des pays « les plus pauvres du monde » nous a-t-on ressassé sur les ondes. Certes. Mais le dénuement d’aujourd’hui n’a rien de naturel ! Haïti est ce pays « pauvre » qui a fait la fortune de certains des pays les plus riches de la planète, à commencer par la France et les Etats-Unis. Haïti, c’était la « perle des Antilles », comme disaient nos esclavagistes français au 18° siècle qui bâtirent leur prospérité sur le sang et la sueur de 500 000 esclaves dans les plantations de tabac et d’indigo d’abord, puis de sucre et de café. Mais Haïti, c’est aussi un peuple révolutionnaire qui a le premier imposé l’abolition de l’esclavage à la France… laquelle le lui a fait ensuite très chèrement payer ! Un pays qui connut l’occupation des troupes françaises au 19° siècle, puis américaines au vingtième siècle, avec à chaque fois de nouvelles formes de pillage économique et d’oppression politiques, via les dictateurs locaux. Un pays dont le peuple s’est révolté à maintes reprises et qui en dépit des répressions, de la dictature et de l’état de délabrement dans lequel les grandes puissances qui prétendent le protéger l’ont maintenu, n’a jamais été dupe.

Ne serait-ce qu’en ce moment, en pleine détresse, quand près d’une semaine après la catastrophe la plupart des dizaines de milliers des plus pauvres en sont toujours réduits à gratter les décombres à mains nues pour récupérer les morts et les quelques survivants, toujours sans eau potable ni nourriture.

La télé, par exemple, commence à nous parler des « pillages » en Haïti, avec une bonne dose de mépris sous-jacent pour ce peuple qui gère à mains nues sa catastrophe. Comme le disait à juste titre un écrivain haïtien rescapé, « il y a une expression qu’il faudrait cesser d’employer à tort et à travers, c’est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s’apparente pas à du pillage mais à de la survie ». Ces plus pauvres sur lesquels la police a déjà tiré, alors qu’ils tentaient de récupérer quelque chose dans des supermarchés effondrés !

En effet. Si dans l’immédiat il y a des questions à se poser, c’est pourquoi nos si grandes puissances, avec leurs porte-avions nucléaires, leurs norias d’hélicoptères, leurs administrations pléthoriques, n’ont toujours pas été capables, au bout d’une semaine, de coordonner l’aide humanitaire qui afflue d’un peu partout. Nos chefs d’Etat promettent 400 ou 500 millions de dollars pour les secours à Haïti, quand en quelques jours ils étaient capables d’en débloquer ici 350 milliards et aux Etats-Unis 700 milliards au secours des banques. Sans parler des milliards engloutis dans la guerre d’Afghanistan.

Il n’y a plus d’Etat, nous explique-t-on, qui de toute façon était fort corrompu. Mais cela fait des années que les forces de l’ONU, sous le nom de Minustah, occupent Port-au-Prince pour pérenniser la misère dictée par la FMI, sans remédier à quoi que ce soit, sauf pour prêter main forte à diverses répressions contre la population, comme on l’a vu lors des émeutes de la faim en 2008.

On nous promet désormais tant et plus grâce à l’arrivée imminente de 10 000 marines américains. Là aussi, le peuple haïtien a de quoi rester sceptique sur les vertus humanitaires des occupations militaires des prétendus grands « protecteurs » de Haïti. L’aide internationale massive face à cette dernière catastrophe, c’est la moindre des choses de la part de ces grandes puissances qui ont fait le malheur du peuple haïtien. Mais à regarder dans les détails, il semble d’ores et déjà qu’il y ait beaucoup à redire sur ses insuffisances… et ses arrière-pensées. Reste l’énergie, la solidarité et la tradition révolutionnaire du peuple haïtien, qui n’ont pas dit leur dernier mot.

http://www.convergencesrevolutionnaires.org/

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