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Après le 21 janvier....

Publie le dimanche 24 janvier 2010 par Open-Publishing
14 commentaires

La journée d’action dans la Fonction Publique n’est bien sûr pas l’échec proclamé par le gouvernement et les médias aux ordres.

Dans l’Education Nationale notamment, le nombre de grévistes dépasse, et de loin, les 15 % annoncés par le Ministère qui prend en compte dans son calcul l’ensemble des personnels (incluant les congés maladie, maternité, les profs ne travaillant pas le jeudi...).

Pour autant, la mobilisation a semblé dans certains endroits en demi-teinte face aux attaques menées contre la Fonction Publique et les services publics, sous pilotage patronal et européen, par un gouvernement Sarkozy qui n’est rien d’autre que le syndic des intérêts des grands groupes capitalistes du CAC 40 : casse de l’Education Nationale, de la Maternelle à l’Université, casse de l’Hôpital public, suppressions d’emplois par centaines de milliers, privatisations et démantèlement des services et entreprises publics (Poste, Edf, SNCF, équipement...), bas salaires et baisse du pouvoir d’achat, précarité et attaques contre les statuts, souffrance au travail,...

Ce n’est pourtant pas le mécontentement ou la combativité qui manquent chez les personnels de la Fonction Publique : leur présence massive aux côtés des travailleurs du privé en janvier et mars 2009, les remontées des salles des profs ou des réunions syndicales témoignent de leur conscience de la situation et de la gravité de l’attaque subie. Mais ce qui s’impose aussi progressivement, après des années de défaites de mouvements puissants mais isolés secteur par secteur (retraites FP en 2003, régimes spéciaux SNCF en 2007, mouvements des universités en 2009...), c’est le sentiment que les journées d’action, répétées 3 ou 4 fois par an, ne sont d’aucune utilité contre un pouvoir qui mène une véritable guerre de classe contre le monde du travail. Et que les nécessaires mobilisations sectorielles doivent de toute urgence s’inscrire dans le cadre de la préparation d’une mobilisation générale public/privé qui ne serait qu’une réponse logique à ce que les travailleurs subissent tous ensemble.

Le problème est que cette perspective ne trouve aucun point d’appui auprès de ceux qui seraient pourtant sensés la porter : tandis que B. Thibault persiste à « ne pas vouloir bloquer le pays » et que Chérèque « refuse de globaliser les luttes », personne n’a oublié la trahison de ce dernier en 2003 en plein mouvement sur les retraites, les « négociations » du premier avec le gouvernement en 2007 dans le dos des cheminots ou l’attentisme délibéré des deux lors du premier semestre 2009.

Mais la dégradation continue des conditions de travail et de vie de l’immense majorité du peuple de France va continuer d’entraîner des mobilisations et des luttes. D’ores et déjà sont annoncés :
 le 26 Janvier, grève nationale des infirmières et des personnels de soin contre les ordres professionnels,
 le 30 janvier, manifestationnationale pour l’éducation à Paris,
 le 3 février, journée nationale de grève à la SNCF,
 le 4 février, journée pour la défense de l’emploi industriel dans le Nord,

...

L’enjeu majeur est de faire converger toutes ces mobilisations contre le pouvoir du grand capital qui a décidé d’effacer les acquis du peuple arrachés par ses luttes, et en particulier ceux nés de la Résistance et du CNR (retraites, sécu, Fonction publique...).

Il y a dans ce programme de casse à la fois l’esprit de revanche de ceux qui ont dû faire profil bas au sortir de la Collaboration et le même mépris de classe que celui qu’on pouvait trouver à Versailles en 1789. Tandis que la noblesse d’Ancien régime conseillait aux pauvres de manger de la brioche s’ils ne trouvaient pas de pain, l’aristocratie d’aujourd’hui, celle de l’Argent comme la dénonçait déjà Robespierre, explique désormais aux salariés du privé et du public usés par l’exploitation et la souffrance au travail, à la jeunesse populaire au chômage, aux plus de 50 ans virés comme des malpropres, aux 8 millions de travailleurs pauvres qui n’ont que les restos du cœur ou le secours populaire pour se nourrir, aux millions d’ouvriers du bâtiment, des travaux publics, de la sidérurgie ou de la métallurgie qui pour l’essentiel après avoir respiré l’amiante pendant 30 ans ne touchent même pas leur première retraite, qu’il faut travailler plus longtemps !

TRAVAILLEURS ENSEIGNANTS ETUDIANTS PAYSANS : NE COMPTEZ QUE SUR VOUS

Les états-majors du syndicalisme rassemblé au sommet qui ont pris l’habitude d’user leurs fonds de culotte sur les fauteuils de l’Élysée et du Medef ont montré en 2009 qu’ils n’étaient pas pour livrer bataille, et leur patron à la Confédération Européenne des Syndicats, J. Monks, définit leur mot d’ordre : « sauver le capitalisme de lui-même ». Il faut l’admettre, leur mission a pour l’instant réussi tandis que les profits et les subventions coulent à flot sur la Bourse et dans les Conseils d’Administration des groupes du CAC 40.

Dans le même temps, le PS lâche une nouvelle fois les intérêts populaires et se rappelle que Jospin et Chirac signaient en se repassant le même stylo, en mars 2002 au sommet de Barcelone, les accords planifiant le recul de 5 ans de l’âge de la retraite en Europe.Il est vrai que les socialistes européens gèrent l’Europe de Lisbonne, l’OMC, le FMI...

L’HEURE EST AU COMBAT

Nous ne nous laisserons pas piller ni la France devenir un pays sous-développé.

Contre le pouvoir des grands groupes capitalistes et le syndicalisme d’accompagnement qui mène le monde du travail de défaite en défaite par le refus de construire ou même d’évoquer l’affrontement de classe, construisons la seule unité qui vaille pour les travailleurs : l’unité d’action à partir des luttes et des revendications de la base (défense des services publics et de la protection sociale (sécu, retraites), défense de l’emploi et « Produire en France », augmentation des salaires et des pensions, défense des droits syndicaux et des libertés démocratiques). Allons partout où c’est possible, dans les communes ou les départements, vers la constitution de collectifs intersyndicaux et interpro de lutte, de fronts syndicaux de classe locaux, soutenant les différentes luttes et partant d’elles pour construire à partir de la base le « tous ensemble en même temps », seul capable d’imposer le rapport de force victorieux contre ce gouvernement de casseurs. Comme en 36, en 45 ou en 68.

FSC, 23 janvier 2010


quelques photos de la manifestation de Lille

recomposition syndicale : très peu nombreux, les jaunes se regroupent

Méricourt en grève ! (tous...sauf 3)

Messages

  • Aprés le 21 janvier , RIEN,... comme d’habitude.

    Patrice, arrête de t’illusionner. Tant que nous resterons sur les problématiques de mobilisations telles qu’elles sont aujourd’hui,... il ne se passera rien. Tu es honnête, j’en suis sûr, mais profondément naïf.

    Ça fait la nième fois + 1 que l’on nous fait le coup de "Ça y est, ça démarre "... photos à l’appui. Ça ne marche plus !

    Il nous faut dépasser ces structures pourries et vermoulues que sont les syndicats et les partis politiques traditionnels (y compris l’extrême gauche complètement intégrée).

    Phil GERBIER (Toulouse)

    • @Phil,

      je ne suis pas particulièrement naïf, et certes pas à penser "ça y est, ça redémarre".
      Il ne me semble pas non plus cautionner particulièrement l’attitude de la confédération CGT, ni d’aucun parti

      Mais néanmoins, il faut être dans les luttes autant que faire se peut, au moins avec les camarades qui veulent se battre. C’est le cas de ceux qui manifestent, non ? ceux là, par les photos, j’essaie de leur rendre (un peu) hommage

      Oui pour dépasser nos organisations, mais concrètement ? se débarrasser des organisation ouvrières n’est pas une solution : on finit inéluctablement par baisser les bras et jacter sur son clavier ; il faudrait imposer aux bureaucraties ouvrières de mettre en œuvre la lutte commune : je n’ai pas la recette miracle, et seul je ne pense pas que ce soit possible, ni dans un groupuscule.

    • Oui Patrice je connais ton indépendance d’esprit à l’égard des organisations politiques et syndicales, mais tu es encore très imprégné de cette conception qui fait croire qu’en dehors d’elles il n’y a pas de salut ! On ne se défait pas de sa culture politique comme ça ! Moi aussi il m’a fallu du temps pour m’en dégager. Pourtant ce n’est qu’à ce prix que nous y arriverons.

      Les "camarades qui veulent de battre", comme tu dis, se perdent en vaines actions, et tu le sais bien. c’est bien sûr avec eux qu’il faut construire autre chose en rupture avec l’ancien... C’est ainsi que se fait l’Histoire.

    • tous pourris sauf moi , vous faites le jeu de ceux que vous dites combattre ! vous vous auto alimentez sinon sans cela pas d’existence. il est plus facile de critiquer que de prendre des responsabilités. vous découragez les bonnes volontés. chiche prenez leur place et montrez nous ce que vous êtes capables
      soit c’est mieux , alors bravo, soit c’est encore plus le "bordel" les riches encore plus riches et les pauvres........
      pour ma modeste part je participe à un collectif de soutien aux travailleurs sans droit
      suis syndiqué et n’accepte pas la société que l’on m’impose. toutefois cela ne m’autorise pas "d’insulter " ceux qui occupent des postes de responsabilité puisque je n’envisage et ne peux pour x raisons les remplacer. et puis pourquoi " le peuple " ne bouge t il pas ?
      BOU 91

    • "vous faites le jeu de..." oui, OK, on nous fait le coût depuis des années !... tu devrais camarade changer de disque, il commence sérieusement à être rayé.

      Phil GERBIER

    • le tien n’est il pas également rayé ? arrêtons ! remettons nous tous en cause car personne est tout blanc ou tout noir BOU 91

    • "Se remettre en cause"... Mais il y a longtemps camarade que je l’ai fait !

      J’attend de voir comment les bureaucrates, eux, sont prêts à se "remettre en cause"....

      Tu sais très bien qu’ils ne le feront pas, mais tu es toujours d’accord pour leur faire confiance !

      Tu attend certainement la prochaine manif ! ! ! Ne t’en fais pas ils vont t’en proposer une par mois ! ! ! Et tu seras content ! ! ! ! !

    • moi je ne suis pas content mais comment amener une majorité de nos concitoyens à se révolter ? le radicalisme semble ne pas marcher . revenir à une conscience collective face à une attitude individuelle va demander de la patience et surtout il faut une alternative crédible un programme et ne pas imposer un modèle.
      j’arrête notre échange car nous ne serons pas d’accord et je respecte ton point de vue malgré tout . personne ne détient la vérité seulement une toute petite partie .
      cordialement .BOU 91

    • Je suis bien d’accord avec toi quand tu dis « le radicalisme semble ne pas marcher », je pense que c’est exact !… Il faut donc créer une autre logique qui a fois mobilise les gens et permettent d’entrevoir des relations nouvelles,… Et ça ça se construit concrètement tous les jours dans les luttes ( on fait tourner les entreprises que l’on liquide),et dans la vie quotidienne en créant des circuits nouveaux de production et de distribution..

    • le militantisme (et la vie associative) a été gravement bléssé le jour où la télé est entré dans les maisons

      il a reçu le coup de graçe le jour où internet....

      par contre des yaka fokon du clavier il y en a eu des tas de nouveaux......

    • << moi je ne suis pas content mais comment amener une majorité de nos concitoyens à se révolter ? le radicalisme semble ne pas marcher . revenir à une conscience collective face à une attitude individuelle >>

      Cette révolte dont tu parles n’aboutirait qu’à un bain de sang, tout est déjà prévu, tout a déjà été testé. Nos ’concitoyens’ ne veulent tout simplement pas y être "amenés" par des sauveurs qui savent mieux qu’eux ce dont ils ont besoin.

      Non parce qu’ils sont inconscients, mais parce qu’ils ont compris ce que Phil a compris en libérant son esprit : << Il nous faut dépasser ces structures pourries et vermoulues que sont les syndicats et les partis politiques traditionnels >>

      La vraie révolution est ailleurs. Comme tu le dis Phil << Il faut donc créer une autre logique qui a fois mobilise les gens... >>. Elle mobilisera naturellement, il n’y aura pas besoin de militants. Elle existe déjà et mobilise déjà depuis des années.

      Il faut sortir de cette "logique" de SEPARATION, d’OPPOSITION, de GUERRE CIVILE qui a été imposée à l’humanité depuis des millénaires par la pathocratie et qui arrive au bout de sa logique aujourd’hui.
      J’ai écrit dans un autre sujet :

      L’état de guerre civile perpétuelle (y compris les conflits quotidiens hommes/femmes, parents/enfants, soi contre soi-même) sur cette planète est LA SEULE condition nécessaire au maintien au pouvoir de la pathocratie. Un peuple heureux n’a pas de maître.

      Wilhelm Reich essayait de le faire entendre en 1945 :

      << Ce qui nourrit notre espoir c’est le fait qu’on trouve, parmi des millions d’individus actifs et honnêtes, seulement une poignée de pestiférés qui provoquent des malheurs sans nom en faisant appel aux impulsions ténébreuses et dangereuses de l’individu cuirassé, nivelé dans la masse, et en le poussant à l’assassinat politique organisé.

      Il n’y a qu’un seul remède contre les germes de la peste émotionnelle dans l’individu nivelé dans la masse : sa propre perception de la vie agissante. La vie ne réclame pas le pouvoir, mais le droit de remplir sa tâche qui lui est dévolue dans l’existence humaine. Elle se fonde sur trois piliers qui ont pour nom AMOUR, TRAVAIL, CONNAISSANCE. >>

      [Ecoute, petit homme !, Editions Payot & Rivages]

    • ce qui est sûr, c’est que la politique a horreur du vide, et donc si aucune organisation existe, le fascisme n’est pas loin ! merci !

    • << mais tu es encore très imprégné de cette conception qui fait croire qu’en dehors d’elles il n’y a pas de salut ! >>

      (Phil Gerbier dixit)

    • le radicalisme semble ne pas marcher

      a bon ??? Un mouvement radical de masse et que bouge en France ???

      Moi je ne rient vue...

      RF