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Ilham, Aubry aurait dit "non" : Le PS ne fait toujours pas ramadan...

Publie le vendredi 5 février 2010 par Open-Publishing

dimanche 5 octobre 2008 de Jacques-Marie Bourget

Non contents d’être, à longueur de journée, adulés sur leurs lieux de travail, dans les rues, dans les journaux, dans les commissariats, les musulmans de France aggravent leur cas : ils adorent le Parti Socialiste. La question qui se pose alors est la suivante : en dehors d’être choyés, les musulmans de France sont-ils masos ?

Sans doute soucieux de connaître les goûts de la chapelle d’à côté, c’est le journal La Croix, le meilleur quotidien français, qui a imprimé ces preuves d’amour, la bonne nouvelle pour François Hollande. Qui d’ailleurs s’en fout. La Croix a demandé à l’Ifop de sonder les têtes de nos compatriotes musulmans afin de savoir quels bulletins glisserait dans l’urne cette « communauté » si jamais elle se mettait à voter, puisque ça, elle ne le fait guère.

Le sondage n’est pas un micro trottoir à la noix, c’est du vrai boulot, bien préparé comme les croyants savent le faire quand l’Ange gardien les surveille.

Ne révélez pas ça à Delanoë, il irait à la mosquée

Résultats : l’extrême gauche se pavane autour de 10%, le PC coule à 2,3%, le PS roucoule à 51,9%, les écolos stagnent à 9,2%, le Modem étonne à 9,5%, l’UMP est à sa place à 9,2%. Je vous passe le FN et le marquis Philippe « de » qui ne font pas trembler l’oscillomètre.

Ainsi, en considérant qu’être écolo c’est être généreux, « la famille de gauche », chez les musulmans, l’emporte avec plus de 73% des suffrages ! Ne révélez pas le résultat à Delanoë, il va se mettre à visiter des mosquées, à se balader dans des quartiers où il y a risque de se salir les souliers.

Sarkozy pas payé

Tant qu’il y a eu Chirac, cet électorat de gauche changeait son bulletin de main et votait à droite pour la présidentielle (environ 40% pour le mari de Bernadette au premier tour de 2002). Avec Sarkozy ces égarés sont revenus dans leur baskets puisque le président de la République Française n’attire que 20% des petits enfants du Prophète. L’analyste de l’Ifop, l’un de ces experts que l’on aime, écrit en commentaire : « La prise de risque de Nicolas Sarkozy n’a pas été payé de retour… » Ce qui signifie, traduit du sciences po, que ce n’est pas la peine de faire ministres Fadela et Rachida si ça ne rapporte pas de voix !

Il n’est pas nécessaire d’apprendre l’arabe, le pachtoun, l’ourdou, le turc ou un dialecte indonésien pour se poser une question de plus : « Mais que trouvent donc les musulmans au PS ? » Certes, l’éléphant est un animal trompeur, mais quand même ?

Un ami qui, en matière de banlieue explore l’ex- ceinture rouge bien au-delà de Neuilly (vous aurez remarqué que, puisque nous parlons muslims, dans un a priori hâtif je parle banlieues), me dit : « Ne cherche pas, tous ces gens savent qu’ils sont moins malheureux avec un maire PS qu’avec un Eric Raoult… ». C’est vrai qu’aimer n’est pas forcément choisir. Il semble que l’analyse soit juste. Tout au moins tant que Malek Boutih n’est pas élu maire. Sous Manuel Valls, il faut donc imaginer le musulman heureux… Petit bonheur.

Cette vie en rose étant une énigme, j’ai tenté de savoir quels efforts déployait le PS pour s’attirer les faveurs des musulmans ? La réponse est : aucun effort. D’où le retour à ma question initiale : ces compatriotes sont-ils masos ? Deux bouquins, Discriminer pour mieux régner de Vincent Geisser et El Yamine Soum (éditions de l’Atelier) et Immigration : Lettre ouverte aux humanistes en général et aux socialistes en particulier de Pierre Henry (éditions « Les points sur les i » ) viennent clarifier l’eau de notre moulin à penser. Ces trois là sont comme moi, ils cherchent les raisons que l’on a d’aimer le PS quand on n’est pas un énarque blanc (pléonasme).

Quand Mitterrand découvre l’anti-racisme…

Dans le bouquin de Geisser-Soum, fait essentiellement de témoignages, on comprend qu’à partir de 1985 le fait que Mitterrand, lassé de faire de l’économie, du social et du marxisme light, ait découvert, grâce à Lang, la musique et l’antiracisme, a changé le programme du PS et la gueule de ses adhérents. Beaucoup de potes d’Harlem Désir ont alors pris la carte d’un PS désormais black, blanc, beur. Enfin, un peu. Paix dans les banlieues, joie de Bergé, Lang et Benhamou et d’une presse gagnée par la rock attitude, le choix de Tonton était donc le bon. Ainsi la grande « Marche pour l’égalité des droits », qui faisait un peu Luther King, est-elle devenue la « Marche des Beurs »… Assez vite dissidente du PS, Chafia Mentalecheta, a eu quand même le temps de décrypter la politique des hommes de la rue Solferino : « Je me suis rendu compte qu’il y avait un tas de dossiers que le Parti socialiste ne traitait pas ou qu’il sous-traitait à des associations de l’époque, style SOS Racisme »… Le PS, « C’est du paternalisme ! Je veux même être plus claire, ce n’est pas du paternalisme, c’est du colonialisme ! » Des associations joliment subventionnées, Elf venant parfois ajouter sa brique à l’édifice.

À la recherche de l’Arabe qui cache la forêt

Mais le PS, que va-t-il faire de tous ces types, pas tous énarques, pas tous férus de Guy Mollet ? Le premier livre nous montre ces jeunes « issus de l’immigration » vieillir sans espoir sur les strapontins du PS. De temps en temps on en prélève un pour le sélectionner dans le team de la « diversité » médiatique. Pour montrer à la télé que le PS ce n’est pas que Strauss-Khan et Georges Frêche. En général Malek Boutih, même s’il manque un peu de largeur d’épaules, joue assez bien ce rôle « d’Arabe qui cache la forêt ». Il y a toujours un éléphant disponible pour servir de cornac à ces jeunes pas bien finis, Akli Mellouli raconte : « J’ai découvert avec les cadres du parti, des phrases du style : « Mais Monsieur Mellouli, vous êtes trop ceci, ou trop cela ! » Et notamment François Hollande qui, pourtant assez ouvert, m’expliquait que je ne pouvais pas tout comprendre . »

Le musulman, ce grand enfant

Bref, au PS le musulman, je veux dire l’immigré, reste toujours un grand enfant. Parfois il y a glissade. Bariza Khiari, sénatrice de Paris venue elle aussi de la « diversité », écrit un mot de soutien à Kheira Drissi, alors candidate aux élections dans la Marne. Manque de pot, cette Drissi ne convient pas au secrétaire fédéral qui écrit à propos de Bariza : « Bariza, c’est la gauche tajine qui habite le XVIe. On va la casser, elle ne représente pas les banlieues. » Si ces mots ne sont pas d’amour…

Pierre Henry, dans son Immigration : Lettre ouverte raconte la même histoire avec une autre musique. On voit Julien Dray et Malek Boutih jongler à l’aise avec les concepts sarkoziens de « discrimination positive », de « quota d’immigration ». Le tout étant de courir aussi vite que le joggeur de Neuilly. Alors que, Pierre Henry le démontre, pas un seul maire ayant pris une position intelligente et humaine sur le dossier de l’immigration n’a ensuite perdu une élection. On en conclut que, voir bientôt le PS tenter de doubler Hortefeux sur sa droite n’est pas un exploit impossible. Cela au nom du bonheur des classes laborieuses et des immigrés clandestins. Pierre Henry voit bien Manuel Valls dans un rôle de sprinteur quand il dit : « Nous pouvons faire un bout de chemin avec la majorité, à condition qu’elle nous entende sur des sujets pouvant faire consensus. » Ah ! Ce « faire consensus » ! Début 2006, dix ans après l’occupation de l’église Saint Bernard par des « sans papiers », le PS n’arrive qu’en 542ème position comme signataire d’une pétition contre le projet de loi « Ceseda » qui entend « réguler » les flux migratoires. Ces deux ouvrages, écrits par des hommes qui ne sont pas vraiment des amis du FN, ne font qu’épaissir le mystère : pourquoi les musulmans aiment-t-ils tellement le parti à la warda, la rose ?

Pourquoi tant d’amour

Jérôme Fourquet, le sondologue qui analyse le sondage de l’Ifop pour La Croix a une idée : « La gauche bénéficierait d’une image plus flatteuse, nourrie de la décolonisation, du combat contre le racisme et du soutien à la cause palestinienne. » Je vous jure que Fourquet a bien écrit ça. Il doit y avoir des trous dans la bibliothèque de ce garçon. Par exemple sur Mitterrand ministre de la « Justice » qui actionne la guillotine contre les « fellaghas » ; ou le Mitterrand de l’Intérieur (c’est-à-dire de la guerre puisque les « évènements d’Algérie » sont officiellement une « opération de police »). Normalement, on ne doit trouver aucune photo des pontes S.f.i.o., Robert Lacoste et Guy Mollet (qui a fait cadeau de la bombe A à Israël), les alliés de Tonton, sur le cosy corner de nos compatriotes musulmans… Voila pour le socialisme « lié à la décolonisation ». En ce qui concerne « le soutien du PS aux palestiniens », notre Fourquet s’égare. Parle-t-il de Collomb le maire PS de Lyon qui a retiré sa délégation à une adjointe coupable d’avoir participé à une manif pour la Palestine ? Parle-t-il de Delanoë qui, comme celle de « l’otage Betancourt », a installé dans le Parc de Bercy les photos de trois soldats israéliens faits prisonniers par le Hezbollah et le Hamas. Notre camarade de l’Ifop ignore également qu’aucun membre du PS n’a réussi à faire adopter par le parti une résolution claire soutenant les droits des palestiniens ?

Ce qui est amusant dans cette étude, où l’on passe du Coran aux urnes, c’est que même le sondeur ne sait pas pourquoi les musulmans votent pour le PS. Les voies du Seigneur sont impénétrables.

http://www.bakchich.info/Le-PS-ne-fait-toujours-pas-ramadan,05258.html