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Lénine : Socialisme et religion

Publie le vendredi 5 février 2010 par Open-Publishing
13 commentaires

3 décembre 1905

La société moderne est fondée tout entière sur l’exploitation des grandes masses de la classe ouvrière par une infime minorité de la population appartenant aux classes des propriétaires fonciers et des capitalistes. C’est une société d’esclavagistes, car les ouvriers « libres » qui travaillent toute leur vie pour le capital, n’ont « droit » qu’aux moyens d’existence strictement indispensables à l’entretien des esclaves produisant les bénéfices, qui permettent d’assurer et de perpétuer l’esclavage capitaliste.

L’oppression économique qui pèse sur les ouvriers, provoque et engendre inévitablement sous diverses formes l’oppression politique, l’abaissement social, l’abrutissement et la dégradation de la vie intellectuelle et morale des masses. Les ouvriers peuvent obtenir une liberté politique plus ou moins grande afin de lutter pour leur affranchissement économique, mais aucune liberté ne les débarrassera de la misère, du chômage et de l’oppression tant que le pouvoir du capital ne sera pas aboli. La religion est un des aspects de l’oppression spirituelle qui accable toujours et partout les masses populaires, écrasées par un travail perpétuel au profit d’autrui, par la misère et l’isolement. La foi en une vie meilleure dans l’au-delà naît tout aussi inévitablement de l’impuissance des classes exploitées dans leur lutte contre les exploiteurs que la croyance aux dieux, aux diables, aux miracles naît de l’impuissance du sauvage dans sa lutte contre la nature. A ceux qui peinent toute leur vie dans la misère, la religion enseigne la patience et la résignation ici-bas, en les berçant de l’espoir d’une récompense céleste. Quant à ceux qui vivent du travail d’autrui, la religion leur enseigne la bienfaisance ici- bas, leur offrant ainsi une facile justification de leur existence d’exploiteurs et leur vendant à bon compte des billets donnant accès à la félicité divine. La religion est l’opium du peuple. La religion est une espèce d’alcool spirituel dans lequel les esclaves du capital noient leur image humaine et leur revendication d’une existence tant soit peu digne de l’homme.

Mais l’esclave qui a pris conscience de sa condition et s’est levé pour la lutte qui doit l’affranchir, cesse déjà à moitié d’être un esclave. L’ouvrier conscient d’aujourd’hui, formé par la grande industrie, éduqué par la ville, écarte avec mépris les préjugés religieux, laisse le ciel aux curés et aux tartuffes bourgeois et s’attache à la conquête d’une meilleure existence sur cette terre. Le prolétariat moderne se range du côté du socialisme qui fait appel à la science pour combattre les fumées de la religion et, organisant l’ouvrier dans une lutte véritable pour une meilleure condition terrestre, le libère de la croyance en l’au-delà.

La religion doit être déclarée affaire privée ; c’est ainsi qu’on définit ordinairement l’attitude des socialistes à l’égard de la religion. Mais il importe de déterminer exactement la signification de ces mots, afin d’éviter tout malentendu. Nous exigeons que la religion soit une affaire privée vis-à-vis de l’État, mais nous ne pouvons en aucune façon considérer la religion comme une affaire privée en ce qui concerne notre propre Parti. L’État ne doit pas se mêler de religion, les sociétés religieuses ne doivent pas être liées au pouvoir d’État. Chacun doit être parfaitement libre de professer n’importe quelle religion ou de n’en reconnaître aucune, c’est-à-dire d’être athée, comme le sont généralement les socialistes. Aucune différence de droits civiques motivée par des croyances religieuses ne doit être tolérée. Toute mention de la confession des citoyens dans les papiers officiels doit être incontestablement supprimée. L’État ne doit accorder aucune subvention ni à l’Église ni aux associations confessionnelles ou religieuses, qui doivent devenir des associations de citoyens coreligionnaires, entièrement libres et indépendantes à l’égard du pouvoir. Seule la réalisation totale de ces revendications peut mettre fin à ce passé honteux et maudit où l’Église était asservie à l’État, les citoyens russes étant à leur tour asservis à l’Église d’État, où existaient et étaient appliquées des lois inquisitoriales moyenâgeuses (maintenues jusqu’à ce jour dans nos dispositions (égaies), qui persécutaient la croyance ou l’incroyance, violaient la conscience et faisaient dépendre les promotions et les rémunérations officielles de la distribution de tel ou tel élixir clérical. La séparation complète de l’Église et de l’État, telle est la revendication du prolétariat socialiste à l’égard de l’État et de l’Église modernes.

La révolution russe doit faire aboutir cette revendication comme une partie intégrante et indispensable de la liberté politique. Sous ce rapport, la révolution russe est placée dans des conditions particulièrement favorables, le détestable régime bureaucratique de l’autocratie féodale et policière ayant provoqué le mécontentement, l’effervescence et l’indignation dans le clergé même. Si misérable, si ignorant que fût le clergé orthodoxe russe, il s’est réveillé cependant au fracas de la chute de l’ancien régime, du régime médiéval en Russie. Le clergé lui-même soutient aujourd’hui la revendication de liberté, s’élève contre le bureaucratisme officiel et l’arbitraire administratif, le mouchardage policier imposé aux « ministres de Dieu ». Nous autres socialistes, nous devons appuyer ce mouvement en poussant jusqu’au bout les revendications des représentants honnêtes et sincères du clergé, en les prenant au mot quand ils parlent de liberté, en exigeant qu’ils brisent résolument tout lien entre la religion et la police. Ou bien vous êtes sincères, et vous devez dès lors réclamer la séparation complète de l’Église et de l’État, de l’école et de l’Église et demander que la religion soit déclarée affaire privée, et cela de façon absolue et catégorique. Ou bien vous ne souscrivez pas à ces revendications conséquentes de liberté, et cela signifie que vous êtes toujours prisonniers des traditions inquisitoriales, que vous voulez toujours avoir accès aux promotions et aux rémunérations officielles, que vous ne croyez pas à la puissance de vos armes spirituelles, que vous continuez à accepter les pots-de-vin de l’État ; et alors les ouvriers conscients de Russie vous déclarent une guerre sans merci.

Par rapport au parti du prolétariat socialiste, la religion n’est pas une affaire privée. Notre Parti est une association de militants conscients d’avant-garde, combattant pour l’émancipation de la classe ouvrière. cette association ne peut pas et ne doit pas rester indifférente à l’inconscience, à l’ignorance ou à l’obscurantisme revêtant la forme de croyances religieuses. Nous réclamons la séparation complète de l’Église et de l’État afin de combattre le brouillard de la religion avec des armes purement et exclusivement idéologiques : notre presse, notre propagande. Mais notre association, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie, lors de sa fondation, s’est donné pour but, entre autres, de combattre tout abêtissement religieux des ouvriers. Pour nous, la lutte des idées n’est pas une affaire privée ; elle intéresse tout le Parti, tout le prolétariat.

Mais puisqu’il en est ainsi, pourquoi ne nous déclarons-nous pas athées dans notre programme ? Pourquoi n’interdisons-nous pas aux chrétiens et aux croyants l’entrée de notre Parti ?

La réponse à cette question fera ressortir la différence très importante des points de vue de la démocratie bourgeoise et de la social-démocratie sur la religion.

Notre programme est fondé tout entier sur une philosophie scientifique, rigoureusement matérialiste. Pour expliquer notre programme il est donc nécessaire d’expliquer les véritables racines historiques et économiques du brouillard religieux. Notre propagande comprend nécessairement celle de l’athéisme ; et la publication à cette fin d’une littérature scientifique que le régime autocratique et féodal a proscrite et poursuivie sévèrement jusqu’à ce jour doit devenir maintenant une des branches de l’activité de notre Parti. Nous aurons probablement à suivre le conseil qu’Engels donna un jour aux socialistes allemands : traduire et répandre parmi les masses la littérature française du XVIII° siècle athée et démystifiante [1] .

Mais en aucun cas nous ne devons nous fourvoyer dans les abstractions idéalistes de ceux qui posent le problème religieux on termes de « raison pure », en dehors de la lutte de classe, comme font souvent les démocrates radicaux issus de la bourgeoisie. Il serait absurde de croire que, dans une société fondée sur l’oppression sans bornes et l’abrutissement des masses ouvrières, les préjugés religieux puissent être dissipés par la seule propagande. Oublier que l’oppression religieuse de l’humanité n’est que le produit et le reflet de l’oppression économique au sein de la société serait faire preuve de médiocrité bourgeoise. Ni les livres ni la propagande n’éclaireront le prolétariat s’il n’est pas éclairé par la lutte qu’il soutient lui-même contre les forces ténébreuses du capitalisme. L’unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l’unité d’opinion des prolétaires sur le paradis du ciel.

Voilà pourquoi, dans notre programme, nous ne proclamons pas et nous ne devons pas proclamer notre athéisme ; voilà pourquoi nous n’interdisons pas et ne devons pas interdire aux prolétaires, qui ont conservé tels ou tels restes de leurs anciens préjugés, de se rapprocher de notre Parti. Nous préconiserons toujours la conception scientifique du monde ; il est indispensable que nous luttions contre l’inconséquence de certains « chrétiens », mais cela ne veut pas du tout dire qu’il faille mettre la question religieuse au premier plan, place qui ne lui appartient pas ; qu’il faille laisser diviser les forces engagées dans la lutte politique et économique véritablement révolutionnaire au nom d’opinions de troisième ordre ou de chimères, qui perdent rapidement toute valeur politique et sont très vite reléguées à la chambre de débarras, par le cours même de l’évolution économique.

La bourgeoisie réactionnaire a partout eu soin d’attiser les haines religieuses - et elle commence à le faire chez nous - pour attirer de ce côté l’attention des masses et les détourner des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux, problèmes que résout maintenant le prolétariat russe, qui s’unit pratiquement dans sa lutte révolutionnaire. Cette politique réactionnaire de morcellement des forces prolétariennes, qui se manifeste aujourd’hui surtout par les pogromes des Cent-Noirs, trouvera peut-être demain des mesures plus subtiles. Nous lui opposerons dans tous les cas une propagande calme, ferme, patiente, qui se refuse à exciter des désaccords secondaires, la propagande de la solidarité prolétarienne et de la conception scientifique du monde.

Le prolétariat révolutionnaire finira par imposer que la religion devienne pour l’État une affaire vraiment privée. Et, dans ce régime politique débarrassé de la moisissure médiévale, le prolétariat engagera une lutte large et ouverte pour la suppression de l’esclavage économique, cause véritable de l’abêtissement religieux de l’humanité.

Notes

[1] Voir F. Engels, La littérature politique des émigrés. Le programme des communards blanquistes émigrés.

http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/12/vil19051203.htm

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Messages

  • il est indispensable que nous luttions contre l’inconséquence de certains « chrétiens », mais cela ne veut pas du tout dire qu’il faille mettre la question religieuse au premier plan, place qui ne lui appartient pas ; qu’il faille laisser diviser les forces engagées dans la lutte politique et économique véritablement révolutionnaire au nom d’opinions de troisième ordre ou de chimères, qui perdent rapidement toute valeur politique et sont très vite reléguées à la chambre de débarras, par le cours même de l’évolution économique.

    Lénine est quand même assez clair sur la déviance que peut créer le fait de mettre la question religieuse au premier plan, "place qui ne lui appartient pas" dit-il à juste titre, opinions qu’aussi il considère de troisième ordre et qui ne doit pas venir entraver le débat politique, ce qui est le cas actuellement avec la stigmatisation d’un symbole religieux. C’est pourquoi, aussi, il considère que l’on ne doit afficher ouvertement l’athéisme du parti communiste, il donc en être pareil des religions.

    • Excuse moi Michel tu me dira que je suis italien et donc je pige pas le française... mais bon je peux lire le même texte de Lenin en Italien, en anglaise, en espagnol et en plein d’autres langues...

      Mais je ne arrive pas a la même conclusion que toi, je la nette sensation que Lenin a précisé que "cela ne veut pas du tout dire qu’il faille mettre la question religieuse au premier plan, place qui ne lui appartient pas" pour la simple raison de évité "qu’il faille laisser diviser les forces engagées dans la lutte politique et économique véritablement révolutionnaire au nom d’opinions de troisième ordre ou de chimères, qui perdent rapidement toute valeur politique et sont très vite reléguées à la chambre de débarras, par le cours même de l’évolution économique."

      C’est pas un hasard que Lenin pose le travail contre les religions, toutes les religions... dans un conteste dialectique et de pratique politique quotidienne... "Notre propagande comprend nécessairement celle de l’athéisme" mais en aucun moment pose un prealable ou un sine qua non a l’adhésion au parti "Voilà pourquoi, dans notre programme, nous ne proclamons pas et nous ne devons pas proclamer notre athéisme ; voilà pourquoi nous n’interdisons pas et ne devons pas interdire aux prolétaires, qui ont conservé tels ou tels restes de leurs anciens préjugés, de se rapprocher de notre Parti."

      Je aime pas quand on tronque les phrases pour avoir raison e pour lui faire dire se que on a envie d’entendre...

      Ciao

      RF

    • On est bien d’accord, il ne pas faut laisser détourner la lutte par des opinions de troisième ordre. Donc, on ne met pas en avant l’athéisme, pas plus que les religions.

      Je n’ai pas tonqué les phrases puique j’ai repris la fin du praragraphe, et après essayer de décortiquer pour en tirer la quintessence, bon, c’est pas grave...

      Je persiste à croire d’ailleurs que l’on est tombé dans le piège qu’a tendu Sarkozy dès Latran, car si l’on considère de fait ce problème de foulard comme de troisième ordre, le débat annimé qui sevit un peu partout sur toutes sortes de médias l’a amené au premier plan, ce qui est à mon avis une erreur car déjà récupéré par Boutin, par exemple.

    • Roberto,je ne te comprends pas là,tu t’acharnes à vouloir avoir raison à tout prix.Ce texte de Lénine est clair et précis (merci de l’avoir écrit).

      Ne pas mettre la religion en avant mais ne pas refuser les camarades qui ont des" restes" nous dit le camarade.

      Dans le cas présent de Lhilam c’est exactement ça : elle retire ce foulard et milite au NPA même comme responsable ,aucun problème.Mais d’abord elle retire ce foulard pomme de toutes les discordes et qui,on peut le dire,ne fait pas de bien au NPA dont elle prétend défendre les idées.

      De tous temps on a lutté avec des Chrétiens de Gauche et ça doit continuer,il n’y a pas de raison.Tout en restant méfiants car ces gens (j’en ai vu plus d’un) peuvent "virer" très vite de l’autre bord.

      Ils sont croyants de gauche mais PAS communistes.Je ne vois pas,à moins d’être schizophrène,comment quelqu’un(e) pourrait être "Croyant(e) et Marxiste" ,c’est totalement antinomique.

    • Et Camillo Torres mon petit canard, tu lui aurais demandé de cacher qu’il était prêtre dans l’exercie de la politique ?

      Et Chavez, tu lui demandes d’abord d’arrêter de se signer et de citer Jesus dans ses discours ? (ce qui est bien pire que la petite Ilham fait).

      Cette histoire est délirante et ne s’explique que par la lâcheté de la gauche devant une offensive dure de la bourgeoisie qui veut trouver des boucs émissaires à la grande crise.

      Le côté délirant d’une partie de la gauche qui paranoye parce qu’une petite jeune au fin fond d’une liste, qui vaut 100 fois bien des soit-disants gens de gauche parce quelle se sent plusà l’aise dans un de ses vêtements confine à l’islamophobie exagérée.

      le plus simple est d’écouter et de voir cette jeune et toute la mayonnaise s’écroule.

      Mais voilà, beaucoup qui condamnent en fonction de leurs fantasmes n’ont même pas pris la peine d’écouter la dame en question.

      Je ne sais sur le cas du camarade là mais ça commence à bien faire les obsessions islamophobes !

      Personne ne peut dire ce que chacun sera demain et comment il aura évolué. Mais nous avons là une partie des musulmans français, en butte à une tentative de la part de la bourgeoisie d’être transformés en boucs émissaires , qui recherche une sortie et a compris que son sort passait par la classe popualire entière, la lutte contre le capitalisme, ainsi que beaucoup d’autres batailles, et vous voudriez que d’abord ils se décoiffent devant vos angoisses ?

      C’est le chemin qui compte et celui-ci est impressionnant malgré ce qu’en disent beaucoup de ceux qui ne valent pas cette militante (dont nui ne peur prévoir la trajectoire).

      Ce n’est pas assez ?

    • elle retire ce foulard et milite au NPA même comme responsable ,aucun problème.

      Pauvre François tu deviens un peux parano avec tes ordres militaires de sergent didactoriel...

      Si Lénine avez donne cet ordre débile a toute les femmes et a toute les camarades de enlevé le voile et a tous les soldat de l’arme rouge de enlevé toutes les croix orthodoxe de leur cou, il ale se retrouvé tous seul a faire la révolution en 1917...

      Un petit clin d’oeil en passant !

      Voila trois affiche de la propagande communiste sovietique, a note que toutte les femmes sont voile... :-) ;-) :-)

      RF

    • Exactement Copas .

      Et à l’heure actuelle, Lugo au Paraguay, on va lui reprocher d’être prêtre, ou apprécier son ouverture d’esprit humaniste de gauche ?

      Paraguay : Fernando Lugo

    • elle retire ce foulard et milite au NPA même comme responsable ,aucun problème.

      Bravo l’autoritarisme ...

  • Pour Lénine ici, son point de vue est claire cette question est SECONDAIRE. Il précise bien que nous ne devons en aucun cas mettre en avant l’atéisme comme préalable pour intégré notre parti. Alors ça commence vraiment a devenir franchement détestable de stigmatiser sans cesse les musulmans au sein même de nos propres rangs ! La liberté n’a pas de frontière, si la camarade souhaite porté un foulard laisser tranquille et foutez lui la paix, quel est votre droit de l’exclure de la campagne et de lui interdire de participer a la vie citoyenne ! Bon courage a toi en tout cas ilam si tuu lit ces lignes car la route est encore longue vers la tolérence et l’acceptation de tout être humain, quelques soit ses croyances ou bien sa couleur de peau. Même au sein de la gauche et de notre propre parti alors qu’ils se prétendent déffenseur du peuple prone l’exclusion et la stigmatisation. Demain, je vais être critiqué et interdit de me présenter a la campagne parce que je porte un t-shirt de jony ! ah oui c’est vrai que c’est un signe qui montre que j’aime un homme qui est incompatible avec de sincères convictions anticapitalistes. Parlons de ce qui importe vraiment et laissons les gens vivre tranquilement !

  • Le texte de Lénine paraît très clair : après avoir défini le rôle social de la religion, opium du peuple, largement distribué manipulé et utilisé par les classes possédantes il réclame la séparation stricte et définitive de l’Église et de l’État.

    Et il fait bien la différence entre la religion affaire privée vis à vis de l’État, mais prise en compte par son parti politique.

    Transposition : qu’une femme voilée s’inscrive au npa et lutte contre le capitalisme, en ce qui me concerne rien à redire, bien au contraire : un parti politique est un lieu de rencontre et de discussion, un lieu citoyen et c’est effectivement un lieu d’accueil privilégié pour toutes les personnes qui naissent à la conscience politique, quelle que soit leur confession religieuse.

    Mais c’est tout autre chose de se présenter à une fonction politique élective, avec un signe religieux explicite ; si cette personne est élue, comment prétendra-t-elle représenter les gens qui ne sont pas de sa confession ou qui sont athées ? C’est la remise en cause de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, prônée avec force par Lenine, qui ne perd jamais de vue la fonction sociale de la religion, alliée objective de l’aliénation de l’abrutissement et de l’exploitation.

    "La bourgeoisie réactionnaire a partout eu soin d’attiser les haines religieuses - et elle commence à le faire chez nous - pour attirer de ce côté l’attention des masses et les détourner des problèmes économiques et politiques réellement fondamentaux." Extrait du texte de Lenine cité par Bella ciao

    Et le npa est tombé dans le panneau de Sarkosy qui sait user magistralement de la manipulation de masse et du détournement de réflexion, au point qu’on se demande s’il n’a pas lu Lenine ! Voici un extrait du chapeau d’un article de Laurent Bazin dans le dernier "Monde diplomatique"(février 2010) :

    "Pendant que le débat français sur l’identité nationale dégénère, le président de la République se réjouit :"A deux mois des régionales, c’est un os qu’on donne à ronger aux médias et à l’opposition"déclarait-il fin décembre, selon le "Canard enchaîné". "on ne parle plus du reste, de la situation économique et sociale, du chômage et de la crise.""

    Oserai-je rappeler que la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat date de 1905, à l’initiative d’Aristide Briand, député socialiste ?

    PS Dans ces conditions, comment interdire les signes ostensibles d’appartenance religieuse aux élèves et aux profs dans les établissements scolaires ?