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Bertinotti : « Unité sur le retrait »

Publie le dimanche 3 octobre 2004 par Open-Publishing


Le secrétaire du Prc : « Nous accuser de collaboration avec le gouvernement n’est que de l’idéologie assortie d’un préjugé. Le retrait des troupes ne suffit pas, mais c’est une condition nécessaire. Ds et Margherita doivent réitérer la motion unitaire. Aujourd’hui l’opposition risque l’évanescence.

de BANDREA COLOMBO

Refondation communiste et les partis de la gauche de l’Olivier s’apprêtent à présenter une nouvelle motion sur le retrait des troupes. Ds et Margherita freinent, tandis qu’à sa gauche on n’arrête pas de polémiquer contre le Prc à cause de l’accord avec le gouvernement au moment de la séquestration des deux Simona. Des critiques que Fausto Bertinotti refuse en bloc.

Bertinotti, hier Casarini a employé des mots très forts, en t’accusant de « collaborer avec ceux qui font la guerre depuis le début ». Que lui réponds-tu ?

Franchement, cet argument de la collaboration avec le gouvernement dénote un refus préjudiciel et idéologique de comprendre, ou même seulement de regarder en face les faits. Il y a eu de la « collaboration », si on veut l’appeler ainsi, sur le fait de sauver des vies humaines. Dans ce but, il fallait dialoguer avec les pays arabes, instaurer un dialogue interreligieux, construire des conditions permettant la négociation. Cette influence positive de notre attitude pouvait être mise en discussion jusqu’à il y a quelques jours, elle ne peut pas l’être après la libération.

Les hésitations des Ds sur le retrait semblent elles confirmer ces critiques ?

Et pourtant l’objection est adressée à nous qui, au contraire, avons déjà demandé le débat parlementaire et reproposé la motion sur le retrait des troupes, elle n’est pas adressée aux Ds. Sur cette question les Ds n’ont pas changé d’attitude à la suite de ces évènements. Ils ont eu les mêmes incertitudes avant, pendant et après l’enlèvement.

Que penses-tu de la proposition faite par le secrétaire des Ds de miser sur un « plan de paix » plutôt que sur le retrait des troupes ?

Evidemment il y a une dissension entre nous sur le retrait des troupes. Pour le reste, je pense moi aussi qu’on ne doit pas se limiter au retrait et, en fait, notre motion ne s’y limite pas. Elle le considère comme une condition nécessaire mais pas suffisante. Par contre, il y a un point de convergence sur l’hypothèse de conférence internationale, d’autant plus après l’initiative française, qui est très importante.

Et sur le but de la conférence, y a-t-il entente ?

Pas sur tout. La conférence devrait travailler pour mettre fin à la guerre. Elle devrait donc obtenir que toutes les troupes qui sont en train de faire la guerre se retirent et soient remplacées par des troupes de pays non impliqués dans la guerre. Naturellement sous l’égide de l’Onu.

Fassino, comme le gouvernement et même l’administration américaine, insiste sur les élections de janvier en Irak. Toi, qu’est-ce-que tu en penses ?

Elles sont un passage obligé. Mais pour être décemment considérées comme un moment significatif elles doivent avoir lieu dans des conditions, sinon de cessation complète de l’occupation, au moins d’occupation en voie de conclusion. Au contraire, il me semble qu’on est en train d’attribuer à ce passage un caractère salvateur, comme nous l’avions déjà vérifié à l’occasion de la constitution du gouvernement Allawi. Il semblait qu’à la naissance du gouvernement devait automatiquement succéder une décroissance de la guerre, du terrorisme et de la guerre civile. Cela ne s’est pas passé, parce que si le peuple irakien ne vit pas le gouvernement comme étant le sien mais comme longa manus des Usa, ce gouvernement ne sert à rien. Le même, identique discours vaut pour les élections.

Un autre discours que tiennent les forces modérées de l’opposition est celui sur la possibilité/nécessité d’influencer la ligne du gouvernement italien, en la modifiant. Te semble-t-il crédible ?

Il faut essayer, mais selon moi le lien avec l’administration Usa est structurel dans la stratégie du gouvernement italien. Donc, un changement de ligne politique est très difficile. Certes, sous la poussée des évènements, il y a eu une différence dans le langage du gouvernement italien, mais toujours dans un cadre de pleine compatibilité.

Revenons à l’opposition. Il ne semble pas pour le moment que les forces modérées envisagent de réitérer la motion sur le retrait...

Nous devons aspirer à amener toutes les oppositions à converger sur une demande qui reflète celle de la majorité du pays. Je ne me résigne pas à une division après que le retrait a été demandé unitairement dans une situation qui était meilleure par rapport à celle-ci. Je demande : qu’est ce que c’est qui a changé aujourd’hui pour ne pas réitérer cette demande ? La modification même du langage, sinon de la politique, du gouvernement devrait encourager l’opposition à poursuivre son chemin et ne pas la pousser à diluer ses positions.

Les deux Simona à peine libérées, Berlusconi a lancé son appel pour l’extension de la collaboration à « d’autres secteurs », comme les réformes institutionnelles. Y a-t il le risque que certains dans le centre-gauche répondent à cet appel ?

Selon moi, non. Cela peut être le rêve centriste de certains, mais il n’est pas viable. Ma crainte n’est pas l’imbroglio mais le fait que la construction d’un programme effectif d’opposition soit indéterminée. Le risque est que l’opposition continue à être évanescente, trop divisée et vaine dans les motivations de ces divisions, causant ainsi une méfiance de la politique. La dérive opportuniste est un risque irréel. Le caractère évanescent de l’opposition, par contre, est le vrai risque.

D’où pourrait-on partir pour renverser cette tendance ?

Je partirais d’une plateforme commune pour dire non à la loi des finances. Si l’opposition, en même temps que la mobilisation pour la paix, arrivait à intercepter les premières mobilisations contre la loi des finances, il s’agirait là d’un pas dans la bonne direction.

En attendant, il semble que la première réunion de toute l’opposition, fixée pour le 4 octobre, soit renvoyée...

Oui, mais je crois qu’il y aura une réunion quelques jours après. Et peut-être avec des éléments autrement concrets.

http://www.ilmanifesto.it

Traduit de l’italien par Karl et Rosa