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Non à l’extradition de Faruk Ereren !

Publie le jeudi 18 février 2010 par Open-Publishing

Photo : Rassemblement du Comité des libertés (section allemande) devant le tribunal de Düsseldorf

Faruk Ereren est un opposant politique turc de longue date. Durant les années 1970, époque où les Loups Gris massacraient les travailleurs, les étudiants, les intellectuels et les minorités ethniques religieuses ainsi que les habitants des bidonvilles par milliers, Faruk Ereren s’engagea activement dans la résistance antifasciste. Arrêté par la junte militaire qui prit le pouvoir le 12 septembre 1980, Faruk Ereren subira de longues séances de tortures.

Il poursuit cependant le combat politique en prison et ce, jusqu’à sa libération. Durant les années 1990, il entre en clandestinité et prend les chemins de l’exil.

Le 8 avril 2007, il est arrêté à Hagen en Allemagne et placé sous régime d’isolement strict. Vingt mois plus tard, son procès commence devant la Haute Cour Régionale (OLG) de Düsseldorf, comparable à une Cour d’appel. Avec ses plus de 50 audiences s’étalant sur près d’un an, son procès tourne au marathon judiciaire. Faruk Ereren est accusé d’exercer des fonctions dirigeantes au sein du Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) sur base d’un acte d’accusation de 256 pages largement inspiré par la police turque. Il est poursuivi en vertu de l’article 129b du Code pénal allemand qui punit toute appartenance à une « organisation terroriste étrangère ».

Le 29 janvier 2010, la 2e Chambre criminelle de la Haute Cour Régionale de Düsseldorf a donné son feu vert à la demande d’extradition émise par les autorités turques à l’encontre de Faruk Ereren. Mais le 6 février dernier, les avocats de Faruk Ereren ont demandé à la Cour, un délai de quatre semaines afin de pouvoir introduire un recours contre cette demande d’extradition devant la Cour constitutionnelle.

En cas d’extradition vers la Turquie, Faruk Ereren, âgé aujourd’hui de 55 ans, risque indéniablement d’être maltraité par la police politique turque.

En Turquie, les militants issus de la gauche radicale turque ou du mouvement national kurde sont systématiquement victimes de tortures, de mesures coercitives et de privations en milieu carcéral. Actuellement on dénombre plusieurs centaines d’enfants kurdes dans les prisons turques accusés d’avoir scandé des slogans ou lancé des pierres. Des dizaines d’élus kurdes du DTP sont également derrière les barreaux en raison de leurs opinions politiques. Il y a quelques mois, un militant de gauche dénommé Engin Ceber a été tué à la prison de Metris après avoir été torturé durant plusieurs jours par des policiers, des gendarmes et des gardiens. Les tortionnaires échappent systématiquement aux poursuites judiciaires intentées par les familles des victimes et les preuves étayant les actes de tortures « disparaissent » des dossiers d’instruction. Des dizaines de détenus politiques souffrant de cancers en phase terminale comme Abdülsamet Celik ou Erol Zavar sont abandonnés à leur propre sort alors qu’ils sont légalement libérables. Le régime d’isolement en vigueur dans les prisons de type F engendre des séquelles mentales et physiques irréversibles, ce que de nombreuses organisations humanitaires dénoncent dans leurs rapports. Le courrier des prisonniers politiques est régulièrement censuré. Durant chacun de leurs déplacements vers les tribunaux, les prisonniers politiques subissent les passages à tabac et les humiliations des militaires (cf. rapports concernant la prison de type F de Kiriklar à Izmir)… la liste des persécutions visant les détenus politiques est si vaste qu’il est impossible de toutes les énumérer dans cet appel urgent.

Appel à manifester

Le Comité des libertés appelle donc tous les démocrates européens à manifester devant les représentations diplomatiques allemandes afin d’empêcher que Faruk Ereren soit livré à ses tortionnaires.

Non à l’extradition de Faruk Ereren !

Stop aux persécutions politiques en Turquie et en Europe !

Le 12 février 2010

Comité des libertés

comitedeslibertes@gmail.com