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Le buffet

Publie le dimanche 21 février 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

de Jacques

Dominique est en train d’encaustiquer le buffet du séjour. En fait, c’est un vaisselier, vous savez, ce genre de buffet surmonté d’un « haut » à corniche constitué d’étagères destinées à recevoir une exposition d’ assiettes et de plats inutiles, de bibelots et pas mal de poussière. L’odeur de la cire d’abeilles mêlée à celle de la térébenthine a envahi la maison.

J’aime bien ça. C’est comme les odeurs de cuisine. J’aime bien, quand je bricole dans mon petit atelier au premier étage, qu’elles viennent me chatouiller les narines et m’informer sur le menu du prochain repas. « Tiens ! Ça sent le lard au chou, ou le pot-au-feu, ou la tarte aux pommes ! » Maintenant les hottes aspirantes et les bombes désodorisantes privent les gens de ces petits plaisirs. On vit dans un monde de "mauvaises herbes, d’animaux nuisibles et de mauvaises odeurs" qu’il faut absolument éradiquer et le marché est très profitable qui propose les produits destinés à ces fins exterminatrices.

Elles sont quand même sympas, les abeilles, de nous « donner » leur cire, en plus de leur miel . Quelle générosité ! On a vraiment de la chance, nous, les humains ; tout le monde nous donne : les vaches leur lait, leur veau, leur peau, leur viande ; les poules leurs œufs, leurs plumes et leurs sot-l’y-laisse ; le cochon, tout ! La terre, ses ressources, ses fruits et ses paysages ; la mer ses poissons, ses tempêtes et sa thalasso ; l’Afrique ses ressources naturelles, son soleil, son exotisme et ses contrastes, les rythmes que ses habitants "ont dans la peau". C’est quand même curieux, et révélateur cette façon de dire « la vache nous donne son veau » plutôt que « On prend son veau à la vache », non ?

Bref, ce buffet pourrait, comme celui de Rimbaud, « nous conter bien des histoires ». On le possède depuis plus de quarante ans. On l’a sauvé de la destruction, en 68 (année remarquable) Ce doit être notre premier vrai meuble en vrai bois, du cerisier nous a-t-on dit. Il était chez la mère de mon beau-frère, et, à la mort de celle-ci, après son mari, le sabotier du village, aucun de ses enfants n’en voulait.

C’est comme ça qu’on est venus, Dominique et moi, avec la 204 break qu’on avait à l’époque. J’ai dû scier un pied de derrière qui butait sur un passage d’amortisseur et empêchait d’enfourner l’objet dans le coffre. A La maison, on l’a calé avec un morceau de chevron de chêne10x10.

Depuis ce jour, on a déménagé six fois, et il a toujours sa cale de chêne !

Evitez quand même de sniffer la térébenthine et portez-vous bien .J.B.

Messages

  • Oui, ça fleure bon les plaisirs simples ... hélas, en restera-t-il encore longtemps, c’est à nous de "résister" !!!

  • Evitez quand même de sniffer la térébenthine

    bonsoir ,
    je l’attendais cette phrase, utilisez donc du distilat d’agrumes, la dilution à 50% peut passer à 30%, vos neurones seront saufs et vous aurez une belle et intense odeur d’orange, de citron, de pamplemouse assez surprenante et incongrue au coin du buffet.

  • La térébenthine étant une résine de certains conifères -donc un produit naturel- je ne vois pas l’intèrêt d’utiliser des agrumes qui sont des aliments pour faire un complément à la cire d’abeilles. C’est d’ailleurs une erreur de vouloir absolument transformer des matières nourricières en divers produits qu’ils soient ménagers ou carburants. Les ensachage à base d’amidon vont dans le même optique et risquent, là aussi, de détourner la production agricole de sa fonction qui est de nous nourrir.

    J’entends aussi beaucoup qui préconisent pour les éléctions le papier recyclé, ce qui part d’un bon sentiment. Mais il faut toujours s’adapter aux circonstances, par conséquence il n’est pas dommageable d’utiliser du papier ordinaire car suite aux diverses tempêtes, les forêts landaises par exemple n’ont pas encore été complétement nétoyées et beaucoup de bois pourrient lors de stockages prolongés. Par contre, ce qui est dangereux et polluant dont on parle très peu ce sont les encres utilisées.

    L’écologie n’est pas systématiques dans les faits, mais doit l’être dans les circonstances avec un regard équilibré et non pratiquée comme une sorte de religion, ceci étant pour le côté personnel et le réflexe écologique. Mais les seuls vrais résultats virendront que lorsque l’on se sera débarrassè en paralléle du productivisme capitaliste !

  • Merci pour cette bouffée d’émotion et de tendresse, cet espace-cadeau sans arrière-pensée, cette aide respiratoire inattendue, ce pied de nez à l’indifférence et au consumérisme