Accueil > ARNAQUE SUR LE RSA

ARNAQUE SUR LE RSA

Publie le jeudi 25 février 2010 par Open-Publishing
8 commentaires

Le RSA, un bel exemple d’auto-financement

En mai 2008, l’économiste Jean Gadrey avait averti : pour « réduire la pauvreté », le RSA va faire payer les pauvres eux-mêmes. Politis en a fait le constat : démonstration.

Un vent de panique est en train de souffler sur le Revenu de solidarité active avec l’arrivée récente, selon les départements, des déclarations trimestrielles envoyées par la Caisse d’allocations familiales aux personnes concernées. En la recevant, nombre d’entre elles découvrent avec surprise que leurs (maigres) ressources sont « taxées » pour financer ce revenu.

Quelques personnes éligibles au RSA m’ont envoyé leur déclaration et, vérification faite, une subtile taxation a été mise en place qui concerne tous les éligibles au RSA, qu’ils soient d’ex-RMistes, allocataires de l’allocation de parent isolé (API) ainsi que des salariés pauvres touchant un RSA de complément.

Le gouvernement avait estimé à près de 3,5 millions le nombre de personnes qui pouvaient prétendre au RSA, dont 1 million de Rmistes et environ 2 millions de salariés « modestes ». Le coût du RSA, estimé à 10 milliards d’euros, devait être financé pour moitié par les conseils généraux (les départements), l’autre moitié par l’Etat.

En fait, ce mode de financement masque une forme de taxation que le site Internet du Haut commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté a été récemment contraint de mettre au jour. Le Haut commissariat a en effet été obligé de mettre en ligne, le 2 octobre, une réponse aux « inquiétudes [qui] se sont récemment manifestées sur le formulaire de demande du RSA à propos de la déclaration des revenus d’épargne ».

La confirmation des « inquiétudes » des allocataires du RSA, une information qui a peu circulé ces dernières semaines, suscite quelques remous dans les CAF : « Oui, les revenus de l’épargne quelle que soit la forme de cette épargne sont pris en compte au même titre que les autres revenus perçus par le foyer (salaires, pensions, retraites, etc.) », avoue le Haut commissariat. Cette disposition, qui ne figure pas sur le formulaire de demande RSA et qui est inscrite dans la rubrique 041 (« autres revenus ») des déclarations trimestrielles, concerne tous les livrets, y compris le livret A, et donc la petite épargne utilisée par les personnes les plus précaires qui ne peuvent avoir accès au système bancaire classique.

Cette taxation des ressources des allocataires au RSA est très perverse : Par exemple, elle consiste à déduire du RSA 3% du montant de l’indemnité de licenciement que vient de percevoir une personne au chômage. Et si cette somme a été déposée, par exemple sur un livret A, 4% seront déduit du RSA.

Explication : une personne au chômage éligible au RSA vient de percevoir une indemnité de licenciement s’élevant à 10.000 euros. La caisse d’allocations familiales déduira du RSA 3% des 10.000 euros, soit 300 euros, soit 25 euros mensuels. Ôtez ces 25 euros sur les 447 euros (maximum) que peut percevoir une personne seule sans emploi alors que le seuil de pauvreté est évalué à 817 euros, et vous avez une (petite) idée de la situation de grande pauvreté qu’est en train de provoquer cette discrète taxation des revenus des pauvres qui sert finalement à financer… le RSA.

K., qui vit dans un village de l’Ariège, salariée saisonnière avec contrat de son employeur, seule avec ses trois enfants, a perdu son boulot et n’en revient pas : « Je viens de toucher une prime de licenciement, je suis éligible au RSA mais sur la prime de 1.000 euros on va m’enlever 3% pour payer mon RSA ! ». Elle me parle de son voisin âgé de 42 ans, « séropositif depuis 23 ans, vivotant de petits boulots » : « Il n’a pas droit au crédit et il a des enfants. Il a mis de l’argent de côté, mais le cash est sur son livret A et il a un livret d’épargne populaire (LEP) avec 42.000 euros dessus. Il n’a plus droit au RSA, car le RSA vient compléter son revenu d’environ 800 euros, mais la somme dérisoire disparaît avec la taxe, ce qui n’était pas le cas avec le RMI ».

Tous les comptes sont concernés : livret A, LEP, LDD, le livret enfant, le compte courant, l’assurance vie, le PEL, etc… explique K. qui obtenu ses informations de la CAF, le service des impôts et sa banque ignorant l’existence de ce dispositif. « La CAF a accès aux informations bancaires via les impôts sans qu’il y ait besoin d’enquête. Le fait d’être au RSA est suffisant », précise aussi K. qui témoigne d’un phénomène en cours : « Les gens commencent à retirer en masse leurs économies pour les mettre dans les matelas et cela commence à se savoir ». La déclaration trimestrielle contient en effet cette mention : « Attention, vos déclarations seront systématiquement vérifiées l’année suivante auprès du service des impôts ».

Résumons : ces personnes m’expliquent que « pour les malades HIV, cancer et autre qui ne peuvent avoir de crédit, qui ont économisé pour payer cash les études des gamins ou le logement se retrouvent éligible au RSA mais ne touchent plus rien car le 3% déduit du montant du RSA » le réduit à… peau de chagrin.

Pour toucher le RSA, les allocataires ont aussi une autre charge à supporter, qui a fait l’objet d’une polémique récente et a été médiatisée parce qu’un élu de l’UMP s’en était étonné. Elle concerne les Rmistes inscrits au RSA. Un certain nombre d’entre eux ont réussi à trouver un petit boulot complété par le RSA. Surprise, ils sont « imposés au titre de la taxe d’habitation et de la redevance audiovisuelle », a reconnu le Haut commissariat. Ainsi les allocataires qui travaillent vont devoir payer la redevance audiovisuelle à partir de 2011.

« Le gain lié au RSA reste toujours supérieur au montant de la taxe d’habitation et à la redevance audiovisuelle payées », assure le Haut Commissariat de Martin Hirsch. C’est sans compter sur le bel édificice de taxation qui concerne la totalité des ressources et, surtout, c’est faire peu de cas de la situation vécue par ces personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Thierry Brun pour Politis

Dans les CAF, tous les revenus sont pris en compte

Pour bénéficier du RSA, le demandeur doit justifier de ses revenus. Une démarche habituelle en matière d’allocation sociale. Les revenus pris en compte sont l’ensemble des ressources, « de quelque nature qu’elles soient, de toutes les personnes composant le foyer » (Art.r 262-6) pendant les 3 derniers mois précédant la demande. Le contrôle repose, lui, sur les dispositions du Code de l’action sociale et de la famille qui autorise la Sécurité sociale à vérifier le « train de vie » des bénéficiaires.
Concernant le RSA, les éléments d’évaluation à fournir sont très complets (Art.R. 262-74). Lors d’une conférence de presse, le 28 mai, les administrateurs CGT de la Caisse nationale d’allocations familiales ont dénoncé cette situation qui oblige les futurs allocataires à signaler que toutes les démarches concernant l’obtention des droits liés à leur situation ont été entreprises y compris par voie judiciaire (exemple de la pension alimentaire qui doit être réclamée à ses ascendants), l’obligation d’inscription au Pôle Emploi avec sanctions à la clé (exemple des 2 emplois ou formations proposés à accepter sous menace de radiation), la déclaration des biens et éléments de train de vie (exemples : épargne, patrimoine et autres éléments dits de confort) qui font l’objet, pour leur contrôle par les CAF, d’une circulaire très précise établie par la Direction de la Sécurité sociale (voiture, équipement ménager et informatique, etc).

A lire également :
Pour réduire la pauvreté, faire payer les pauvres par Jean Gadrey
RSA et épargne disponible : Martin Hirsch nous a menti !

 http://www.actuchomage.org/20091111...

Messages

  • Faire financer en partie le RSA par les pauvres !

    Bravo !

    Mais que fait-il le gentil Mr Hirsch ?

    Comme d’hab., il ne dit rien, ne pense rien, mais il est bien au service du gouvernement le plus réactionnaire que la France ait connu depuis 70 ans.

    Et ça Mr Hirsch, ça va totalement à l’encontre de l’image que vous voulez donner de vous-même, celle d’un bisounours socialo-compatible avec le sarkozysme pour le plus grand "bien" des plus démunis.

    Jak

  • Alors que le seuil minimum de pauvreté est de 910e pour une personne seule,tout ce que l’on trouve c’est de taxer la pauvreté !Bien sur ne taxons pas le capital,RESPONSABLE de cette pauvreté.Bienvenue en sarkoland.momo11

  • Quand on pense que cet homme était proche de l’Abbé Pierre, on se demande comment il a pu lui accorder sa confiance pendant tant d’années !!! L’art de prendre aux pauvres pour enrichir les nantis ....

  • Rencontrant u,e locataire au titre de la CSF ( confédération syndicale des Familles),
    j’ai pu voir que le gain de cette personne au titre du RSA était complèrement anéantie par une baisse de son allocation logement !

    • Quand on lit l’article "les princes de la république" juste après, c’est hallucinant !!!

    • L’abbé Pierre n’a jamais été un homme de Gauche. Quant à martin Hirsch c’est un proche de Laurence Parisot :

      voir les archives de l’express sur les réseaux de Martin Hirsch :

      Archives
      Les réseaux de Martin Hirsch
      Marc Landré - 01/05/2006 - L’Expansion

      "L’héritier spirituel de l’abbé Pierre a également mis à contribution les chefs d’entreprise dont il est proche. Pour qu’ils participent au financement d’une dizaine d’expérimentations cette année, mais aussi pour qu’ils montent au sein de leur établissement des parcours découverte ou initiation destinés à des exclus. Henri Lachmann, le PDG de Schneider Electric - côtoyé à l’institut Montaigne -, a très vite donné son accord. Tout comme Pierre Nanterme, le patron d’Accenture-France - enrôlé dans l’aventure par son prédécesseur, Benoît Genuini -, qui devrait détacher des consultants pour renforcer le staff de l’association. Martin Hirsch compte enfin beaucoup sur ses excellentes relations avec Laurence Parisot, la patronne des patrons, pour que son appel à sponsors soit relayé dans les Medef territoriaux."

      LE RSA est un projet de contrôle de la population précaire et Martin Hirsch promu par la gauche et la droite sait très bien ce qu’il fait quant il attaque le SMIC

  • les personnes qui ont demandé le rsa viennent d’avoir une surprise en découvrant leur avis d’imposition,en effet la prime pour l’emplois leur a été supprimée car les sommes ayant été versées au titre du rsa ont été déduites de celle-ci ex:vous aviez 500€ de prime,on vous a donné 450€ de rsa donc vous recevez 50€ de prime a l’emplois.bravo messieurs du gouvernement vous avez encore mis les plus pauvres dans la panade car la plupart comptait sur cet somme pour payer leur taxe d’habitation.

    • exactement !!! incroyable , j’en revient pas quelle bande d’imbeciles pour etre poli c’est une honte , j’ai fait pas mal de petit boulot interimaires des cdd est il y avait 2 mois au j’avais du mal a joindre les 2 bouts , j’ai eu donc le rsa 124 euro pendant trois mois et 34 euro pour la suite de 3 mois , prime pour l’emploi 457 euro , adieu la prime !!! A LES SALAUDS le rsa devez aider les salaires bas , du coup la baffe arrive l’été !!! ARNAQUEUR