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LA GUERRE SEME SA SIMILITUDE PARTOUT

Publie le mercredi 6 octobre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires


de Franca Maï

« ...Aidez-moi... Ne me laissez pas pourrir dans cette boue. Allez les morts... Ouvrez
un œil...Je saurai vous faire rire...Non, restez...Ne vous éloignez pas sur l’autre
rive...Restez ... J’ai chaud, quand vous stagnez à mes côtés... Lorsque vos fémurs,
vos tibias, vos péronés claquent leur chant,ça me berce... Vous me protégez, ne
fuguez pas...Balayez les mouches... Ne me laissez pas seul, les gars...J’ai la trouille...Une
bière, s’il vous plaît, mademoiselle... Jolie petite poupée... Entends mon souffle
arachnéen... Et sers-moi à boire, jusqu’à plus soif...

Allez vous faire foutre tous autant que vous êtes... Les militaires, les consuls, les stratèges, les politiques, les chefs et les intellos... Allez vous faire foutre !... Vous resterez toujours coincés dans vos fauteuils à envoyer votre chair à canon en première ligne... Trop lâches pour patauger dans la boue avec nous !... Vous continuerez à nous raconter des bobards en nous manipulant dangereusement et en nous assenant la vérité suprême... Vous faîtes tout cela pour le bien de l’humanité. Regardez-là en face l’humanité... Elle se noie... Elle est moribonde, glacée d’effroi, réfrigérée. Regardez bien sa gueule et branlez-vous avec, mais sans nous...

Les potes, réveillez-vous, il faut déserter... Ouvrez vos rétines, désertez... Ne répondez plus à aucun appel... Laissez-les se prendre à leur propre piège... Les potes, réveillez-vous.... »

Extrait Jean-Pôl & la Môme caoutchouc
Editeur : Cherche-Midi (2003)

http://www.francamai.net

Messages

  • « Je veux laisser ici le témoignage de mon intarissable mépris envers tous ces hommes qui donnent des ordres parce que « quelqu’un doit bien le faire », ces homme’ qui croient tout savoir parce qu’ils ne doutent que du doute, ces homm’ qui décident de ce qui est bon là où la bonté ne veut plus rien dire, ces hom’ qui exhortent au sacrifice et traitent les insoumis de sacrilèges, ces ho’ qui fabriquent des bourreaux avec des laissez-passer de victimes, ces h’ qui prennent la vie d’autrui pour un hasard tout ce qu’il y a de plus révocable ! Ces hommes-poucets donc, qui s’égrènent de leur substance humaine chemin malfaisant, et qui à force de devenir des homme’, puis des homm’, des hom’, des ho’ et des h’, finissent en tout bout de course et de pertes par ne plus être qu’une navrante synthèse d’omnipotence et de néant ! Ah, leur chère omnipotence : si seulement ils pouvaient se pendre avec, ces zéros convaincus qu’en se mettant à côté d’un un ils feront toujours dix ! ».

    Sirieix, qui adore Franca depuis "Fascination" !

    (extrait de son roman "Hammour" - Jamais publié aux éditions "Que Dalle")

  • Franca Maï nous prend aux tripes dès les premiers mots de son dialogue sous forme de monologue.
    Un hymne à la paix sous forme de chant de guerre. Quelle leçon de vie dans ce face à face saisissant avec les morts, avec sa mort, avec soi-même, avec nous-même !
    Faut-il se réfugier dans la mort pour retrouver un peu d’humanité ?
    Serions-nous tous des morts-vivants ?
    Réveillons-nous ! Révoltons-nous !
    Je relis ce texte si beau et je me sens moins seule.

    Florence Juliard
    écrivain