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Immigrés, délocalisés, avec ou sans papiers, tous précarisés, quelle que soit notre nationalité !

22 avril 2010, 00:14, par Copas

Je souhaitais rajouter des choses tenant du contexte de ce qu’écrit La Louve.

Il ne m’appartiens pas de décrire

Par la force de prédation des factions les plus hautes et les plus déterminées de la bourgeoisie mondiale, le mouvement des évolutions des classes et des couches sociales internes à celles-ci a été, planétairement, une énorme machine égalisatrice du camp populaire.

Les couches hautes de la bourgeoisie n’ont eu de cesse de miner ce qu’elles avaient auparavant mis des dizaines d’années à construire, des alliances de classe construites par un ensemble complexe de relations avec des classes intermédiaires et des couches hautes de la classe populaire, un ensemble de relais éducatifs construisant divisions du camp populaire et soumissions de ses membres.

Ces soumissions acquises le furent par l’utilisation, la modification d’institutions pré-existantes au règne de la bourgeoisie, comme les églises et la famille, ou des institutions issues de poussées émancipatrices de l’humanité mais détournées vers d’autres fins, des armées de l’an II aux hussards de la république , devenues respectivement des armées de conscription forgeant chaque génération d’hommes à la soumission, et des générations d’écoliers préparées aux chants patriotiques bourgeois.

Tout cela fut taillé en pièces.

Au sortir de 1945, les salariés représentaient un actif sur 2. Ils représentent maintenant la quasi-totalité des actifs, et dedans, le prolétariat en occupe la quasi-totalité numérique.

Ce grand mouvement se fit par la liquidation de la paysannerie. Les hommes et les femmes issus des champs vinrent grossir massivement le prolétariat des villes, on les retrouva dans le prolétariat des grandes usines, accompagnant les prolétariats venus des colonies en Algérie, en Tunisie, au Maroc, et des immigrations polonaises, espagnoles, portugaises et italiennes .

La destruction de la paysannerie se fit essentiellement dans l’après guerre et pris fin pour le plus gros dans la période de 1968.

Ce mouvement continua en profondeur dans deux directions, la première par une diminution numérique, la 2eme par une liquidation de l’indépendance de la plupart des paysans pour les transformer en salariés cachés, sans aucune marge de manœuvre de ce qu’ils achètent et à quel prix en amont, et ce qu’ils vendent en aval, du salariat caché, en grande partie.

L’alliance historique qu’on vit longtemps entre la paysannerie et les franges populistes de la bourgeoisie , de tout la dernière moitié du 19eme siècle, au XXeme siècle, du pétainisme au gaullisme, fut une donnée importante de la domination bourgeoise.
Cette alliance contribua à élargir la base sociale de la bourgeoisie face à la montée du prolétariat et les phases de sur-puissance politique de ce dernier (1936, 1945, 1968).
Elle fut une question si vitale pour le mouvement ouvrier que le symbole de ce dernier s’articula en réponse à l’alliance bourgeoisie-paysannerie, par la faucille et le marteau, comme tentative d’alliance de classe prolétariat-paysannerie.

Mais l’alliance de la bourgeoisie avec la paysannerie est maintenant éteinte, faute de troupes dans la paysannerie (sans compter qu’une partie de celle-ci a basculé en opposition) .

La bourgeoisie a explosé également une grande partie des alliés qu’elle avait dans le petit commerce par deux axes , l’apparition du commerce de la grande distribution qui bascula des couches énormes de cette petite bourgeoisie dans le prolétariat et l’apparition de chaines de magasins, de gérance, et autres statuts liés dissimulant du salariat caché en grande partie.

L’artisanat, par l’apparition de produits manufacturés de haut niveau produits en masse à moindre cout vis également son espace se réduire et l’essentiel de ses forces numériques basculer dans le camp du prolétariat ou rester à des niveaux de niche.

La bourgeoisie qui compta longuement sur ces deux petites classes, ne peut plus y compter car elles les a étranglé et a liquidé en grande partie leur importance.

Dans les rangs de la classe populaire, un grand mouvement d’égalisation est apparu, construit sur le désir de la classe dominante de récupérer ce qu’elle avait du abandonner à une époque.

Dans ce mouvement , une partie des couches qui étaient relativement choyées par la bourgeoisie ont été agressées avec de gros moyens (les agents de l’état et les fonctionnaires, maintenant le corps même en épaisseur de l’encadrement).

Comme dans toute mutation la bourgeoisie, par son mouvement de prédation, a écrabouillé le mythe des classes moyennes, étendant son rouleau compresseur à des secteurs mêmes de la bourgeoisie.

Seules restent choyées par le régime , certaines professions libérales, pas toutes, et les couches nomenclaturistes, minces au regard de la société, mais vitales dans la domination, qui ont continué de progresser en prébendes et numériquement.

Mais ce qu’il faut retenir c’est l’importance numérique colossale du prolétariat moderne, l’étroitesse absolue de la base sociale du pouvoir de la bourgeoisie.

La force du mouvement des classes crée une instabilité profonde de la bourgeoisie qui répond à ce problème, comme face à la disparition du bourrage de crâne des armées de conscription, face à la montée des droits des femmes déséquilibrant les inégalités dans la classe sources de division, face à la disparition des chairs influentes des églises, face à la disparition des écoles relais du discours dominant, PAR une main-mise de fer sur le seul terrain idéologique où elle peut rétablir un avantage face à la classe popualire, les médias, elle répond par l’utilisation de plus en plus forte et violente de corps répressifs, elle réponds par des manipulations cherchant à jeter des franges de la classe populaires contre d’autres (les sans-papiers, les musulmans ou ceux qui paraissent l’être, les personnes estimées à tord ou à raison comme d’origine du Maghreb, etc).

Ce mouvement se fait également dans un contexte international où les frontières de circulation des marchandises et de l’information se sont abattues, où la moitié du prolétariat des pays riches a pu se promener ailleurs dans le monde, où ailleurs le sud ressemble au nord et le nord au sud, dans un mouvement où les plus grandes masses de la population sur la planète deviennent maintenant au courant de ce qui se passe ailleurs, et ici, où elles se prolétarisent rapidement partout.

La bourgeoisie, dont le moteur a été de créer sans cesse des inégalités, mais de révolutionner sans cesse le monde, en est arrivée à un moment clé, un nœud où elle se retrouve dans une situation où elle a puissamment égalisé le monde et où il lui faut reconstruire le l’inégalité sous peine de se retrouver face à une situation où l’enchainement des circonstances et son désir infini de prédation l’a fragilisé.

Elle ne sait pas qu’il lui faut partager un peu pour stabiliser son règne, elle est incapable même d’en saisir l’utilité. Elle n’a jamais réussi d’ailleurs à comprendre par elle même qu’il y avait nécessités par moment d’accepter des limitations et les a enregistrer en les théorisant seulement quand elle y a tété contrainte.

On peut présumer que l’accélération de la crise capitaliste poussera la bourgeoisie comme à d’autres moments clés à ne reine accpeter de lâcher et de pousser aux pires excès de l’humanité en cherchant par sa possession des grands médias, à pousser aux affrontements internes à la classe populaire, pendant qu’elle lancera de plus en plus durement une conduite du monde répressive.

Ces travers se voient par les campagnes lourdes visant à faire se jeter à la gorge, en Europe faute de guerres d’importance suffisante, une partie de la classe populaire contre les communautés de la classe populaire estimées à tord ou à raison comme de culture musulmane, au travers de l’islamophobie, cette peste qui prend lentement les mêmes oripeaux que ceux connus il y a longtemps contre la communauté juive(dans d’autres régions du monde se sont d’autres communautés qui servent d’objectifs).

Là où des gauches abâtardies voient des problèmes de laïcité et de féminisme , il y a une bataille lourde et dure cherchant création de divisions internes à la classe populaire, par le développement méthodique et manipulé du racisme, a une échelle portant potentiel encore plus grave que ce ne fut lors des dominations coloniales .

C’est un objectif startégique ce type de division, du point de vue des interets de la bourgeoisie.

La question des sans-papiers voit le même type d’instrumentalisation, mais là plus pour réussir à casser , niveler un niveau encore plus bas les droits de la classe populaire. C’est pour cela que la question de la régularisation des sans-papiers est une question épineuse à la bourgeoisie et par contre, une enjeu qui propulse vers le haut les plus grandes masses de la classe populaire.

Plus le mouvement des sans-papiers gagne et plus le prolétariat gagne en force, évite le non-droits et les salaires illégaux , sous tous minimas, les conditions de travail effroyables.

Faire gagner les sans-papiers c’est stopper le cliquet inférieur des droits sociaux à un niveau déterminé, c’est également donner du cœur au ventre pour tous ceux, dans des situations légèrement meilleures, qui n’osent pas , qui n’osent plus faire face.

La lutte des sans-papiers, comme la lutte contre l’islamophobie, ou bien le racisme anti-rom en Italie, sont des batailles importantes pour l’égalité du prolétariat moderne car elles sont en mêmes temps des questions stratégiques pour la bourgeoisie pour reconstruire des inégalités dans le prolétariat, assuré ainsi sa domination.

Je vois la contribution concrète de la Louve dans ce contexte non limitatif.